Histoire

Ernest est né à Gitega au Burundi, sous les fortes chaleurs du mois de Juillet, issu d’une famille de 16 enfants, il en est le septième membre. De ce fait il a été autant élevé par ses frères et sœurs que par ses propres parents. Par la suite il a lui-même aidé sa famille à éduquer l’ensemble de ces frères et sœurs. Leurs parents étaient les gestionnaires d’une plantation de café à l’est de Gitega, ainsi dès son plus jeune âge, Ernest apprit à moudre le café comme l’ensemble de sa famille ce qui leur permettait de survivre.

Le jeune garçon grandit donc au milieu des arbres et de la verdure, sa famille n’ayant pas l’électricité comme plus de neuf dixième de la population du pays. Ces passes temps se retrouvaient donc bien limités. Ernest prit l’habitude de sculpter le bois et essayait toujours de faire de belles réalisations principalement pour ses frères et sœurs. La vie aurait pu paraitre rude à une personne étrangère mais c’était la seule que le burundais connaissait, il devait s’en contenter n’ayant simplement pas le choix.

Le monde changea en 2026 alors qu’Ernest s’apprêtait à atteindre ces dix-neuf ans, les portails avaient commencé à apparaitre et des personnes commencèrent à avoir des pouvoirs étranges. L’un des membres de la tribu des Hutu dont faisait partie Ernest commença une purge chez les tribus Tutsi grâce à ces nouveaux pouvoirs. Il en massacra plusieurs centaines avant de finalement trouver la mort. Les Tutsi en conséquence commencèrent une action de représailles vis-à-vis des Hutus.

Après la mort de l’un de ses frères alors âgé de 9 ans seulement et l’enlèvement de deux de ses sœurs, la famille Makumbo fuit le pays pour se diriger vers la Tanzanie qui connait beaucoup moins de troubles et qui avaient déjà accueilli des réfugiés lors de la crise de 2015, 11 ans plus tôt. Ernest et quelques-uns de ses frères avaient souhaité rester pour essayer de retrouver leurs sœurs cependant leurs parents les retinrent mettant en avant qu’ils devaient protéger les plus jeunes et surtout éviter d’autres morts pour rien. La mort dans l’âme, l’adolescent s’exécuta.

Ce dernier commence à prier dieu. En tant que catholique, il n’avait jamais vraiment fait attention à dieu et au paradis, il s’était toujours dit que cela serait pour plus tard. Maintenant que la mort s’approchait, le plus tard devenait maintenant. Peu avant l’arrivée de la famille en Tanzanie, la matriarche Makumbo commença à tousser de plus en plus et à être de plus en plus fatigué. Après trois jours d’affaiblissement, elle finit par s’éteindre dans une forêt au milieu de nulle part.

Ernest et les siens durent improviser une tombe en sachant que perdu ainsi au milieu de la jungle, ils ne pourraient plus jamais se recueillir sur la tombe de leur mère. C’est ainsi que les membres de sa famille et lui creusèrent tandis que les larmes coulaient sur leur visage. La tombe devait être suffisamment profonde pour que les charognards ne viennent pas dévorer le corps de la mère de famille. Après une prière, ils reprirent la route pour arriver en Tanzanie. Là-bas ils obtiennent le statut de réfugié mais n’avait ni argent ni connaissance.

Ce n’est qu’une fois arrivé en Tanzanie, qu’ils comprirent les différentes histoires de portail et de potentiels monstres qui pouvaient en sortir. La Tanzanie avait à cet égard finit par s’organiser selon, les recommandations mondiales. Sur les 16 enfants qui étaient vivants durant leur enfance, 7 étaient déjà morts ou disparus et ils n’étaient plus que 9. L’une de ses sœurs était morte de cause naturelle avant les évènements tragiques. Ernest avait perdu trois frères et une de ses sœurs lors des massacres Tutsi. Et deux de ses sœurs avaient été kidnappées par cette même tribu.

Pour survivre le jeune homme devient mineur dans les mines d’or de Tanzanie, un métier dur et compliqué qui pouvait être éprouvant physiquement, mais cela était nécessaire pour pouvoir survivre. Le mineur effectuait le travail de récolte à plusieurs centaines de mètres sous terre. Quelques temps plus tard, lui et son frère Gilbert découvrent qu’ils ont la capacité de passer à travers les portails. Alors qu’Ernest semblait avoir des capacités particulièrement faibles, son frère lui démontrait une puissance dans la moyenne de la plupart des « élus ». Ces donjons offraient un revenu supplémentaire pour la famille Makumbo qui en a bien besoin.

Cependant, les deux frères ne tardèrent pas à se retrouver face à la défiance des Tanzaniens, pour autant ceux-ci le leur étaient pas ouvertement hostiles. Ils préféraient simplement que les butins de donjons aillent au Tanzanien qu’aux étrangers ce que l’on pouvait tout à fait comprendre.

Plusieurs évènements survinrent alors dans la famille Makumbo, tout d’abord Ernest devient oncle pour la première fois, l’une de ses grandes sœurs ayant eu son premier enfant entamant ainsi une nouvelle génération au sein de la famille. De plus, autre bonne nouvelle, une de ses sœurs kidnappés, Fleur, fût libéré ou s’échappa de ses ravisseurs et finit par rejoindre la famille. Fleur avait passé deux ans dans un camp de combattant Tutsi. Bien qu’elle ne parla jamais de ce qui lui arrivait là-bas son frère pouvait sentir sa détresse face à ce passé. Ainsi il l’observait parfois alors qu’elle pleurait sans raison apparente simplement car un souvenir de son long calvaire lui revenait.

A force de passer de donjon en donjon, son frère Gilbert finit par décéder dans un portail de rang B avec l’ensemble de son escouade d’attaque. Une nouvelle tragédie frappa ainsi de nouveau la famille déjà meurtrie. Celle-ci de nouveau en deuil commençait à de moins en moins supporter cette situation. En parallèle n’acquit un nouveau neveu appelé Gilbert en l’hommage de celui qui venait de perdre la vie. Après cela, Ernest poussé par sa famille essaya de se rendre le moins possible dans les donjons qui sont jugés trop dangereux.

Son avenir change le jour de ses 29 ans. Nous sommes alors le 7 Juillet. Un élément anodin va changer la vie d’Ernest, il propose à l’un de ses supérieurs si il va venir au bar avec Ernest et plusieurs de ses collègues pour fêter son anniversaire. C’est quelque chose de tout à fait banal, néanmoins ce moment changea sa vie à jamais. Son supérieur était avec un de leur partenaire commercial japonais du nom Ryota Ishida, un de ses clients de la mine qui venait de temps en temps acheter des pierres pour les revendre au Japon.

Celui-ci décida de se joindre à eux et une fois dans le bar, il commença à poser des questions sur la vie d’Ernest. Ce dernier en fût un peu surpris, il ne comprenait pas pourquoi cet homme étranger s’intéressait à lui, un simple mineur parmi tant d’autres. Cependant c’était l’un de leurs clients et le burundais ne tenait pas à froisser une personne pouvant avoir une haute influence, il répondit donc du mieux qu’il put aux différentes questions que l’homme lui posait en particulier sur sa vie. Il avoua également au japonais qu’il était capable de rentrer dans des donjons mais jugeait cela trop dangereux pour lui au vu des possibles conséquences. Le reste de la soirée se déroula normalement et le mineur ne pensa plus à cette conversation.

Quelques jours plus tard le dénommé Ishida vint lui proposer un contrat pour venir au Japon. Ernest ne put cacher sa surprise et son incrédulité devant cette situation, il ne savait même pas situé le Japon sur une carte. Et pourquoi lui demander une chose pareille ? La raison en fût simple, le burundais était né le 7 Juillet 2007 et il était le 7ème enfant de sa famille et actuellement il avait perdu 7 frères et sœurs sur les 16 qu’il avait. Pour le Japonais qui pensait que le 7 portait bonheur, c’était une très bonne idée de recruter Ernest, car il était béni du nombre sept.

Bien qu’il trouvait tout cela extrêmement stupide, l’argent qu’on lui donnait en acompte pour partir au Japon était suffisant pour subvenir à l’ensemble des besoins de ses frères et sœurs ainsi que de ces neveux et nièces. L’homme lui proposait d’être son manager pour les donjons et qu’il pourrait ainsi faire office de porte bonheur pour ceux –ci. Ishida s’engagea aussi à instruire Ernest qui était analphabète. L’africain pourrait ainsi apprendre l’anglais et le japonais tout en exerçant un poste dans une entreprise d’ébénisterie que connaissait Ishida. Ernest pourrait continuer à sculpter le bois comme il le faisait pendant ces passes temps.
Les sommes proposées étaient dérisoires pour un japonais mais considérable pour le burundais qui finit par accepter malgré les réticences de certains membres de sa famille qui avaient l’impression qu’Ernest se sacrifiait.

Il partit donc pour le japonais où il devint ébéniste, tout en apprenant les langues Anglaise et de japonaise. Pendant la première année qu’il passa au Japon, il ne participa à aucun donjon étant donné la difficulté qu’il avait à s’exprimer auprès des autochtones. Tout n’était pas forcément évident pour l’Africain qui se retrouvait plongé dans une nouvelle culture. Ce pays était à la pointe de la technologie là où lui n’avait pas connu l’électricité avant d’avoir une vingtaine d’années. Chacun pouvait manger à sa faim et le jeune homme découvrait des mœurs dont il était peu familier. Par exemple il se demandait pourquoi les gens regardaient ses émissions où les protagonistes se disputaient tout le temps. Pourquoi les films de guerre existaient alors que la guerre n’était pas une chose que l’on avait envie de voir ou de vivre.

L’adaptation à la vie japonaise était donc bien compliquée pour Ernest qui essayait de s’intégrer comme il pouvait. On peut dire sans l’ombre d’un doute qu’il s’agissait d’une vie considérable différente que celle vécu dans son continent d’origine.

Cependant malgré ses difficultés Ernest se devait de respecter ses engagements ainsi il commença à participer aux différents donjons même si il pouvait y laisser la vie. Les japonais qui faisaient équipe avec lui, était généralement plus rassuré quand il était informé de sa date de naissance, ce qui pour le principal intéressé était un peu absurde.

Sa vie de petit chasseur bascula quant à la fin d’un donjon des plus banal il finit dans une salle qui lui paraissait pour le moins inhabituel. Pour sortir de cette salle, il fallait passer par une fente dans un mur. Cependant, chaque fois qu’une personne passait par cette fente, le plafond se rapprochait inexorablement du sol. Il devint vite évident que l’une des personnes de cette salle ne pourrait sortir et serait donc écrabouiller par le plafond. La plupart des membres du groupe d’Ernest avait, soit des enfants, soit était plus jeune que lui. Il prit donc la décision de rester seul en attendant une mort qu’il n’avait pas envisagée.

Alors que le plafond se rapprochait de sa tête, il fit alors une chose qu’il n’avait pas faite depuis très longtemps. Il prit la croix qu’il avait autour de son cou et commença à prier.

Notre Père,
qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses,
comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation,
mais délivre-nous du mal.
Amen.

Alors qu’il sentait la pierre recouvrir son dos, il reçut un étrange message, lui demandant s’il voulait devenir un joueur. Il ne savait pas si cela venait de Dieu, du diable ou d’autre chose, mais il accepta. Ernest débuta ainsi une seconde vie.