Pour le meilleur et pour le pire [Hoshino & Shen] (S - 18+)

Bon sang… J’devais avoir l’air fine comme ça. Gros manteau sur le dos, presque comme si c’était une doudoune, avec en plus la valise sous le bras et l’écharpe autour du cou. Franchement, j’pense que tout le monde pensait actuellement que j’étais une touriste bien paumée qui finissait ses vacances au ski avant de repartir dans son pays, les congés terminés et l’âme en peine. Si j’devais compter le nombre de regards en coin ou de travers que j’m’étais prise durant le trajet, je…

Bon, en fait, ça avait pas une si grande importance. Ouais, j’avais mes bagages, j’avais mes affaires et si j’étais une tortue, on aurait dit que j’apportais sous mon bras ma carapace. C’était pas un déménagement hein, juste que j’m’apprétais à passer une semaine loin de chez moi, loin de Sapporo, loin d’Hokkaido en fait. La raison ? Toute conne hein, des formations à passer en présentiel afin de certifier que j’étais bien en mesure d’être parée pour mon poste à venir. Bref, du blabla sur pas mal d’heures, chiant mais indispensable pour l’administration.

Et si jusque là, tout allait bien, c’était la question de « chez qui » j’allais créché qui amenait tout de même un sacré paquet de question. Et la réponse, c’était chez Shen.

Bon, y’avait bien évidemment des moyens d’esquiver ça hein. J’pense que vu la situation, l’université devrait bien être en mesure de pouvoir me payer l’hotel ou un truc du genre, quitte à le retenir sur mes futurs salaires s’ils étaient vraiment pingres. Mais y’avait d’autres points hein, et à vrai dire, c’était pas que ça me dérangeait, mais… Bah y’avait ce mélange d’appréhension et d’impatience qu’arrêtait pas de me poursuivre pour le coup, alors que bon… C’était tout de même ce qu’on s’était proposés, il y a deux semaines de ça.

Ouais… Déjà deux semaines. Deux semaines depuis qu’il avait quitté Sapporo pour lancer sa forge dans la capitale. Deux semaines depuis qu’on s’était séparés sur le quai d’une gare. Deux semaines depuis qu’j’avais trouvée cette lettre qu’il avait écrit, et visiblement jamais posté. Certes, son utilité avait été moindre finalement, mais… Bah, ça me servait de souvenir. Un truc écrit de sa main que j’pouvais lire et relire lorsque le cœur m’en disait. En fait, les souvenirs, c’était pas si mal hein. Mais bon, on avait gardé contact chaque jour et on avait racontés tout de même un sacré paquet de truc et de connerie. J’étais surement un poil plus confiante derrière un pseudo que face à face… Mais là, j’aurais pas trop ça pour me cacher. Genre pas du tout en fait.

Mais pourquoi en aurais-je besoin ? Pourquoi devrais-je me planquer ? J’savais pas trop, et je ravalais ma salive alors que j’étais dans le bus qu’allait m’amener pas trop loin. Je revérifiais encore une fois mon téléphone. Normalement, c’était dans deux arrêts, après quoi j’aurais un poil de marche à faire, mais bon, pas grand-chose hein. Mais ça m’empêchait pas de me sentir un poil oppressé. Déjà par le regard des autres hein, mais par ce qui allait suivre. On allait dormir sous le même toit, probablement dans le même lit. Et avec ce qu’on ressentait l’un pour l’autre, on… Enfin, c’était un risque, et même si j’étais pas non plus ultra super confiante, le moment venu on verrait bien. Qui pouvait savoir hein ? Ça se trouve, j’étais une bête de sexe !

Bon, le fait de penser ça me fit marrer, et ce fut avec un sourire un brin con que j’me retrouvais à sortir du bus, commençant à emboiter le pas. Fallait juste que je trouve l’adresse hein, et que j’évite de me péter la gueule sur la neige. Ce qui n’était peut-être pas aussi facile l’un que l’autre. Après tout, toutes les avenues se ressemblaient dans le coin…

Bref, un quart d’heure après, deux mauvaises rues empruntés et une gamelle sur mon derrière plus tard, je sonnais finalement à la porte de l’appart. Avec mon bonnet vissé sur la tête recouvert de flocons, mes joues rouges et mon souffle un poil haletant… Ouais, on pouvait dire qu’il faisait froid. Genre grave froid… Mais bon, le plus dur était passé, donc j’pouvais enfin souffler un coup ! Enfin, j’espérais tout de même. Après tout, je savais pas comment allait se poursuivre la suite. Pour le meilleur et pour le pire hein ? On verra bien !

Bon, j’étais à sa porte hein. Ouais, j’avais vérifié plusieurs fois l’adresse, et par plusieurs, surement une dizaine de fois. C’était que bon, ça serait genre ultra embarrassant de sonner et de tomber sur une petite vieille qui crierait à l’assassin juste en voyant ma couleur de peau. C’était que bon, j’prévoyais de passer la nuit dans un bon lit hein, pas en garde à vue. J’avais le droit à un peu d’espoir tout de même, non ?

Bref, j’étais un poil impatiente et surement encore plus nerveuse qu’à l’accoutumée. Stress, malaise et compagnie, priant pour que j’me sois pas gourée dans le numéro. La boîte aux lettres indiquaient pourtant le bon nom, et c’était tout de même assez peu probable qu’un homonyme habite à la même rue, au même étage et à la même porte… Ouais, assez peu probable. Sauf s’il avait un jumeau qui portait son nom, et là, j’crois que ça serait une toute autre galère. Mais bon, déjà que j’pouvais générer des clones, donc si on commençait comme ça, tout était possible hein !

Mais la porte s’ouvrit, et le fait de me voir me fit avoir un grand soulagement. C’est bon, c’était la bonne adresse… Mais y’avait en fait toujours cette nervosité qui m’était propre dès lors qu’il se trouvait à quelques mètres. Toutefois, j’étais tout d’même bien heureuse de le voir :

‘’Heeeeyyyy ~’’ Fis-je, avec une voix un brin mollassonne, tout en l’embrassant tendrement. C’était que ça m’avait manqué en fait hein, malgré la fatigue actuelle. Etait-ce le fait d’avoir porté ma valise sur les quelques étages qui me mettait dans cet état ? Ou bien était-ce les nombreuses heures de transport. Humpf, les deux surement, et même si j’me sentais un brin fatigué, ça allait encore. On était qu’en fin d’aprem après tout. Enfin, j’disais ça, mais vu la période de l’année, le soleil se couchait là. Un comble un peu, vu le surnom du pays.

Cependant il était là. Il était là devant moi et me demandait comment ça allait. Le voyage, toutes ces choses. C’était qu’après tout, les cheveux détachés lui allaient bien… Même si la première fois que j’avais découvert cette coupe avait été via une photo quelque peu… Provocatrice ? Ouais, surtout surprenante, surtout par rapport au fait de notre relation à l’époque, quelque peu ambigüe…

‘’C’était long surtout. J’ai pas l’habitude de passer huit heures dans un train. Mais bon, vu le prix de l’avion dès que t’as un bagage plus gros qu’un sac à main… Erf.’’

Mais ça m’empêchait pas d’étirer un poil mes épaules. J’avais mal au derrière, mal au dos, mal partout en fait suite à cette loooongue attente. Heureusement que j’avais prévu l’en-cas pour le voyage, autrement… J’en serais pas sortie. Bref, il prit ma valise comme un parfait gentleman, avant de me demander où il devait la mettre, car il y avait deux possibilités : la chambre, ou bien la chambre d’ami. Vrai évidemment qu’il y avait ça, et que vu comment j’étais parfois un peu… Oui bon, tout le temps en stress par rapport à notre relation, j’pouvais comprendre.

‘’T’as prévu une chambre d’ami ?’’ Fis-je, sourcillant un peu face à ceci, calculant le fait que… Bah, il avait prévu ça, il essayait de faire au mieux pour correspondre à mes sensibilités et co, et alors que j’lui donnais ma valise, j’eu un léger sourire : ‘’C’est super gentil de t’être inquiété, mais… En acceptant de venir chez toi, j’me suis faite à cette idée là. Et puis, j’vais pas te forcer à dormir dans ton canapé ou dans ta baignoire hein !’’

J’affichais un plus franc sourire, plaisanteur sur la fin, même s’il ne dissimulait pas le fait que j’étais tout de même un brin gênée. Après tout… Well, j’m’étais déjà faite suffisamment d’idées en tête pour pas avoir besoin de les partager plus en détail…

‘’Donc euh… Ta chambre, je suppose. Et puis, ça pourra me faire le tour du proprio au moins !’’

Franchement, j’pense que ce petit voyage à Tokyo allait être un des trucs les plus bizarres que j’allais pouvoir expérimenter. Mais genre toute catégorie confondue hein ! Y’aurait pas une fleur de Kasumi qu’aurait cette odeur là, aucun alcool d’Ellyot qu’aurait le goût et même les trucs chelou que pouvait parfois laisser trainer Mirai n’aurait les mêmes sensations, quand bien même sur ce dernier point, j’parlais pas par expérience. Mais ouais, j’me sentais toute bizarre à cette idée là, au fait d’me pointer ici et de passer du temps avec lui. C’était… Assez enivrant en fait.

Mais bref, il s’occupa de prendre ma valise, pendant que, de mon côté, j’enlevais mes affaires. Chaussures, manteaux et compagnie. C’était que le froid de l’hiver était tout de même assez sérieux hein, mais on était pas encore au point de parler de la météo car on avait plus rien à se dire. En vrai, j’avais réfléchie à des montagnes de sujets, des trucs à pouvoir raconter, à lui demander et à faire avec lui. J’avais même vérifiée des adresses, et les quelques onglets sur mon téléphone me laissaient bien entendre que ça avait pas été un rêve, alors que maintenant que j’étais là, j’me souvenais plus de rien. Une sorte d’amnésie de l’amour ou un truc du genre…

Du coup, j’en profitais également pour balader mon regard. C’est que c’était sympa en fait hein ! Plutôt moderne, et surtout avec une vue ! Pouah, y’avait de quoi en prendre pleins les yeux sur ce quartier là de Tokyo, sublimé par les lumières un peu néons de certaines enseignes et des lampes qui tour à tour s’allumaient ici et là, comme si la ville générait elle-même ses étoiles ! Mais même sans ça, son petit chez-lui était plutôt cool, et même si j’pouvais presque tout voir d’ici, je devais admettre que c’était plutôt idéal pour vivre seul ici…

Ou bien à deux…

E-Enfin j’en avais aucune idée hein sur ce point là ! Et je réalisais pas à quel point je pouvais me faire petite ou large. J’étais petite ou large ? Sur la place que je pouvais prendre ! Damn… C’était un peu embarrassant de penser ça, et j’avais commencé un paniquer légèrement à l’idée, alors que bon… C’était ce qu’on allait faire. Temporairement tout du moins, mais une expérience qui pourrait se répéter, voir se prolonger. Et c’était juste les premières minutes… Eh bah, j’étais pas au bout de ce séjour. Et encore heureux hein, j’comptais essayer d’en profiter, même si je savais pas encore où allait être le maximum que j’allais pouvoir réussir à placer et à supporter sans regret.

Mais bon, c’était propre. Tellement propre que ça en devenait suspect. J’étais pas une reine de la propreté hein, certaines pourraient témoigner de l’inverse, mais tout de même… Y’avait anguille sous roche. Donc quand il vint à revenir, j’étais obligée d’y aller de mon petit commentaire :

‘’T’as pas passé trop d’heures à nettoyer j’espère ? Si c’est pas le cas… Va falloir que tu m’apprennes tes méthodes. Ça m’a prit teeeelleeeemeeeent de temps la dernière fois que j’ai fait à fond le mien…’’

Certes, c’était rare et une situation exceptionnelle. Genre c’était à l’état d’un champ de bataille radioactif et compagnie. Mais dans tous les cas, il me prit dans ses bras, rechargeant probablement ses batteries comme il avait annoncé à son départ et la veille sur notre dernière conv’. C’était que ça faisait du bien de l’avoir dans mes bras en fait… Et même si l’étreinte que j’viens à lui rendre était bien molle, restait que j’avais pas forcément si envie que ça de la lâcher.

Enfin, jusqu’à ce qu’il m’annonce ça.

‘’Hum ?’’

Je tendis un peu l’oreille, découvrant l’fait qu’il comptait prendre sa douche avant que j’me pointe. Histoire d’être tout beau et propre pour mon arrivée peut-être ? Dans tous les cas, je l’avais interrompu sur ce plan là, mais… C’était pas ça qui vint à me surprendre…

‘’Attends quoi ? Tu proposes qu’on… Q-Qu’on… Q-Q-Quoi ?!’’

Il proposait qu’on… Qu’on aille tous les deux sous la douche. Genre… Genre en même temps quoi ! Punaise, je venais d’arriver et il était déjà à faire ça ! A ce moment là autant dire qu’il aurait put m’accueillir en pagne et m’arracher les vêtements avec les dents s’il était si pressé que ça ! Et bon sang, il savait que faire ce genre d’avance allait me mettre dans tous mes états ! Punaise, c’était la grosse panique là, et rien que le fait de commencer à imaginer était…

N-Non pas ce genre d’image ! J’avais pas besoin de ce genre d’image même si c’était EXACTEMENT ÇA !

Et le fait était qu’il commençait à faire son air romantique, prenant ma main et tout… Punaise, mais qu’est-ce que j’devais répondre… Déjà il me posait dessus genre masse d’attente, et j’avais pas envie de le décevoir, mais en même temps… Punaise, j’étais pas prête à ça quoi ! J’débarquais à peine, j’arrivais chez lui et on était déjà à se dire ça… Surtout qu’il savait très bien que j’avais besoin de temps ! Il le savait très bien et-

Il le savait… Il savait qu’en faisant ça j’risquais de me mettre à paniquer. J’étais sûre là que ça l’faisait rire. Surtout qu’il insistait hein, comme quoi « rien ne m’obligeait à dire oui » si ce n’était le REGARD qu’il plantait dans mes yeux ! Il me foutait la pression là, mais était-il si sérieux ? Ça se trouvait, il cherchait juste à me mettre dans l’embarras…

‘’Hmpf…’’

C’était que… Euh, c’était ultra gênant en fait. Genre vraiment. J’avais voyagé toute la journée certes, dans des transports en communs à l’hygiène convenable certes, loin de celles d’autres pays que j’pouvais voir sur internet. J’m’étais gamellée, j’avais eu froid et un certain inconfort… Une douche était pas une mauvaise idée certes, mais… Mais de la partager avec lui…

Et pourquoi pas ?

Après tout, on était ensemble hein, et je savais bien qu’au cours de cette colloc un poil improvisée, on allait finir par se rapprocher… Physiquement en fait. J’pouvais pas nier que bon, dans notre situation… Un homme et une femme dans le même lit, les deux qui s’aimaient… On auraient été aveugle à se dire que rien allait se passer. Certes, j’présentais ça comme une fatalité, mais j’étais pas mieux que lui dans cette idée là : Après tout, même si j’étais embarrassée à l’idée, j’m’étais déjà imaginée que lui et moi, on… Enfin, vous voyez l’idée. Et si vous vouliez absolument savoir, oui, la salle de bain était envisagée.

Mais entre un fantasme inavouable au concerné et la réalité dans cet ordre d’idée là, y’avait une sacrée différence ! Certes, peut-être que rien allait se passer là hein, mais bon, restait qu’on allait tous les deux se voir nu, et… Bah… Dans un espace plutôt confiné, donc… On risquait de se toucher, de se sentir et d’entrer en contact. Donc je…

Oh et puis merde au bout d’un moment hein !

‘’Jokes on you, i’m into that shit.’’ Fis-je d’un murmure, avant de le regarder droit dans les yeux, un sourire en coin ne masquant pas tout l’embarras que j’pouvais avoir à cet instant précis et le fait que mes joues étaient pivoines rien qu’après cette réflexion. ‘’Au moins, t’auras pas à m’expliquer comment la douche fonctionne.’’