Histoire

►2005◄

C’était l’année où Nearra avait vu le jour.
Son père tenait un dojo qu’il avait hérité de son père qui l’avait aussi hérité du sien, etc. Bref, c’était un dojo familial assez ancien qu’il espérait légué à son fils à l’avenir. Mais, malheureusement, la mère de Nearra donna naissance à une fille et y laissa la vie. Le père de Nearra, Usami Takeshiro, se retrouvait sans héritier et seul, avec une fille à élever. Celui-ci ne se laissait pas démoraliser et prit son courage à deux mains. Il avait décidé de préparer sa fille à la relève du dojo, même si ce n’était pas, normalement, accepté dans la culture. Comme il ne savait pas ce que réserverait l’avenir, il prit cette décision sans savoir s’il retrouverait une femme qui lui donnerait un fils. Si c’était le cas, alors ce serait le fils qui reprendrait le dojo familial et Nearra serait un substitut en attendant qu’il soit en âge de le reprendre. Donc en clair, j’étais juste une roue de secours.

Enfin, à ce moment-là, je n’avais pas conscience de cet avenir qui s’annonçait devant moi et des décisions déjà prises pour moi sans mon consentement.

► 2010 ◄

Cinq années sont passées depuis ma naissance et j’étais en plein entraînement matinale avec mon père. Je n’étais qu’une enfant, mais je devais travailler mon esprit dans le calme pour l’entraîner à devenir fort. Alors, me voilà dans une baignoire de glaçon a devoir faire le vide dans mon esprit sans penser au fait que je me les gelais. Je devais me montrer digne des attentes de mon père et je faisais ce qui fallait pourqu'il le soit. Malgré mes efforts, cela ne semblait jamais suffisant pour lui. J’étais souvent rabaissé avec ses phrases « et si j’avais eu un fils... ». Je ne savais pas si c’était inconsciemment ou volontairement, mais ses phrases étaient à chaque fois blessantes. Je me morfondais souvent dans le coin de ma chambre et il me fallut pas mal de temps avant de comprendre que je ne saurais rien changer, très longtemps.

► 2015 ◄

On était en hiver et j’étais dehors avec un bokken en train de faire mes katas d’entraînement. Mon père était toujours aussi strict et il n’avait encore trouvé personne pour refonder une famille. Ce qui fait qu’il avait beaucoup d’attentes envers moi. Il y a cinq ans, j’avais beaucoup de mal à le satisfaire, mais avec patience et persévérance, j’ai réussi à lui avoir quelques félicitations. À l’école, j’étais une élève studieuse, mais je n’avais pas beaucoup d’amies malgré mon caractère jovial et souriante. Je devais toujours revenir au dojo pour aider mon père et actuellement, il ne me permettait pas d’avoir du temps libre avec mes amies. C’est aussi là que mon père s’aperçut que je me débrouillais assez bien avec le maniement avec deux épées. Bien que ce n’était pas la spécialité du dojo, il avait décidé de me perfectionner dans cet art. Je devais même aller dans un autre dojo pour suivre des séances de katas à deux sabres. Mon père disait que cela permettrait de diversifier notre dojo, car de nos jours, il était difficile de trouver des élèves pour un domaine.

Il était néanmoins ravi de voir que j’étais assidu dans mes entraînements et commencer à me féliciter un peu plus qu’avant. J’avais réussi à faire en sorte qu’il me remarque autrement et cela avait réchauffé mon cœur.

► 2020 ◄

L’âge ingrat, on pouvait le dire. J’étais au lycée et je voulais me faire plein d’amie, mais revenir à chaque fois au dojo, m’en empêchait. Alors je devais trouver un accord avec mon père pour qu’il me permette de sortir avec mes amies sans négliger mes entraînements. Je lui ai donc dit que je m’en occuperais tous les matins et un jour du week-end. Le soir et un autre jour du week-end seraient consacrés à mes sorties avec mes amies ou à moi-même. Au début, il n’était pas d’accord, car c’étaient tous les jours qu’il fallait suivre la voie du bushidô, mais j’entrais dans un âge de découverte et où le besoin d’autrui était très présent. Aussi, je ne voyais pas l’utilité de savoir manier un sabre si on ne savait pas l’utiliser dans la vraie vie. Je ne pouvais même pas me promener dans la rue avec mon katana, alors à quoi cela pouvait servir. Mon père dû s’y résoudre, car j’étais borné. Il espérait que je changerais d’avis et il aurait raison d’attendre.

► 2025 ◄

C’est l’apparition des donjons qui me fit changer d’avis. Je me rendais compte que le danger était vraiment proche maintenant. Même si le port d’arme n’était toujours pas autorisé, savoir se défendre était primordial. Et je repris les entraînements de façon très assidu. Mon père en était ravi et il m’apprenait donc les meilleures techniques qui se transmettaient dans sa famille. Ce n’était pas évident du tout de savoir tout assembler entre l’école, les entraînements, les amies et sorties. Mais, un jour, cela pourrait m’être utile.

Et c’est aussi à ce moment-là où je ressentais une puissance inconnu envahir tous mon corps. À ce moment-là, je ne savais pas ce que cela pouvait être, mais en faisant mes entraînements par la suite, je compris que c’était une nouvelle force. Plus rien n’était comparable à avant. Avant, j’arrivais à peine à tenir tête à mon père lors d’un entraînement. Et là, après cette sensation, je l’ai mis à terre en quelques secondes. Je regardais ma main, je ne comprenais pas cette force, c’était vraiment tout nouveau pour moi.

► 2030 ◄

En cinq années, j’ai réussi à dompter cette nouvelle force en moi. En étant passé par l’artefact pour calculer ma puissance, j’étais devenu une chasseuse de rang C. Et je comptais bien utiliser cette force pour le bien d’autrui, et je décidais de rentrer dans la guilde des chevaliers. La chance que j’ai eu était que le siège de la guilde a déménagé dans ma préfecture donc, j’ai pu rester auprès de mon père.

► 2035 ◄

C’est à ce moment-là que mon père, se sentant devenir vieux, décidait de me léguer les rênes du dojo. Il m’a encore dit qu’il aurait espérait le léguer à un fils, mais qu’au vu de la voie que j’avais prise que je méritais tout autant cet héritage. Ce fut le plus beau cadeau que j’aurais pu avoir et je lui ai promis d’en prendre soin. Avec les événements de nos jours, le dojo avait encore de beaux jours devant lui. Les élèves étaient plus nombreux et beaucoup espéraient devenir plus fort même sans avoir été éveillés.

► 2040 ◄

Durant ces cinq années, je perdis mon père, ravagé par une maladie. Il l’avait senti en me léguant le dojo. Il ne m’avait rien dit et quand il est parti, je ne m’y attendais pas. Il m’a fallu du temps pour faire mon deuil et je me plongeais dans mes entraînements personnels et ceux de mes élèves. J’étais une combattante à deux épées et cela intéressait pas mal des élèves du dojo Usami. Je ne savais pas ce que me réserverait l’avenir, mais je ne le craignais pas. Comme je me disais tous les jours : un pas à la fois.