Roule ou crève

Ah…

Bordel.

Comment j’en étais arrivée là moi ?

Ça avait commencé y’a plus de deux heures, lorsqu’un message d’alerte bien voyant et bruyant était apparu dans mon champ de vision. Genre comme si j’étais la seule à la voir. La petite particularité bien sympathique d’être « différente » des autres. Et voilà que, comme une conne, j’me retrouvais à arpenter les environs sous une pluie bien pourrie pour obéir à une sorte de voix dans ma tête. Soit j’étais la future prophète, soit j’étais juste complètement timbrée. Les deux cas m’étant également désagréables à vrai dire…

Et donc j’étais là, vieux K-Way sur les épaules, à raller toute seule face à des consignes dont j’étais même pas certaine que ça valait le coup. Au pire, qu’est-ce que ça allait m’apporter ? Deux chupa-chups et un paquet de kinder-Bueno ? Pour me taper une sortie en montagne ? Franchement, j’crois que je m’en serais bien passée. J’étais plus une habituée du canapé que des balades en forêt, alors improviser comme ça un trek…

Mouais. Pas le bon plan.

J’étais trempée, tout comme mes vêtements. A croire que ce que je portais pour me couvrir n’avait finallement servit à rien. Mes jambes étaient lourdes, avancer était une chose bien pénible, surtout sur un sentier forestier qui ressemblait plus à un terrain de boue qu’à autre chose. J’avais fait quoi pour mériter ça ? J’avais tué des chatons ou des bébés phoques durant mon sommeil, ou une connerie du genre ?

Si y’avait un dieu qui me suivait là…

Qu’il aille bien s’faire voir pour ça.

Je sais, j’m’emporte trop… Juste que ça m’agace cette histoire, de me retrouver à devoir me bouger sans raison si ce n’est pour une consigne système qu’a, à mes yeux, aucun sens. Comme si ça allait changer quelque chose. Comme si j’allais pouvoir changer quelque chose dans ma vie en fait. La mauvaise farce ne cessait de revenir, plus crédible que jamais. A croire que le bad trip perpétuel allait me consoler.

Et surtout, ça n’en finissait pas. Chaque fois que j’arrivais aux coordonnées, merci le gps sur mon portable d’ailleurs pour réussir à me repérer, y’en avait d’autres, avec un temps plus court. J’étais pas une triathlète, et par ce temps, j’allais droit au pétrin. Surtout que bon… J’avais plus de chance de finir la tête dans la boue qu’autre chose. Mais je devais presser le pas, comme je le pouvais. J’avais pas trop de méthodes en fait, hormis avancer à pas rapide, ce qui était déjà bien plus que ce que je faisais habituellement…

Mais… Avec ce temps, ce climat et la boue, ça allait être galère. Genre grave. J’allais avoir besoin de trouver un truc… Réfléchis Hoshino, réfléchis… T’es sensée être bonne dans ce point là ! Doit bien y avoir quelque chose…

Genre… Peut-être ça.

Une moto.

Ouais, ça semblait improbable de trouver une moto accidentée au milieu d’une route montagneuse par temps de pluie, mais avec l’absence de rouille dessus et les traces, l’accident devait être récent. Peut-être même quelques heures seulement avant que j’me pointe. Bon, coup de bol, y’avait des traces de pas dans l’herbe, donc le type qu’avait dégringollé de quelques mètres s’en était sorti. Sauf qu’évidemment, il avait embarqué les clefs. Ça aurait été trop beau.

Mais… L’engin semblait pas être complètement pêté. Salement ammoché, mais les pièces les plus importantes étaient toujours là. Après, à quoi allait me servir ce véhicule là… D’autant que j’ai pas le permis moi ! Eh bien… J’avais une petite idée derrière la tête. L’intitulé de ce truc, de cette… Quête ouais, j’ai pas d’autres mots, disait juste que je devais me rendre d’un point A à un point B. Mais pas comment. C’était pas vraiment de la triche du coup, c’était juste profiter d’un petit flou dans le règlement !

Enfin ouais, peut-être. Ça m’empêcherait pas de recevoir la claque si le truc qu’il y avait au dessus de moi en avait envie. Le petit revers accompagné d’un entrainement extrême, Kamui style. Ouais, c’était peut-être pas la bonne idée… Mais vu comment j’avais perdu l’habitude de marcher longtemps, j’crois qu’autrement, j’aurais pas trop la forme de tenir jusqu’à la fin.

Restait à espérer que ça fonctionne, et que je sois pas trop mauvaise. Après tout, j’avais jamais fait de moto, et avec ce climat là, je me facilitais pas les choses.

Remontant la bécane du virage qu’elle avait loupée, et ce à bout de bras, j’essayais de la remettre en état comme je le pouvais. Au moins la chaine pour la transmission et faire en sorte que ça tourne un peu près. Des branchages à enlever du moteur et une fuite à colmater avec un mouchoir coincé dans le trou. C’était complètement improvisé, mais au moins, je savais un minimum ce que je faisais. Après tout, je savais comment ce genre d’engin fonctionnait, ayant passé mon tout premier stage dans un garage. Pas le milieu où les nanas étaient le mieux perçus, mais bon, je m’étais rendue utile entre deux cafés à devoir apporter.

‘’Allez ma belle, montre moi ce que t’as dans le ventre !’’

ça aurait été plus facile avec une clef certes, mais l’avant était un peu pété, ce qui permettait de voir les fils. Donc d’actionner le démarreur pour ceux qui s’y connaissaient. J’me posais tout de même des questions, me demandant si cette idée était si géniale que ça ou si j’allais me tuer en la faisant. En vrai, les deux étaient possibles, tout simplement pour suivre un truc à la con. J’avais vraiment un grain en fait…

Mais bon, pas le choix, et le simple fait d’entendre un vroum mécanique me rassura. Au moins, j’allais pouvoir tenter cette aventure !

*****

Putain…

j’ai mal partout. J’suis tombée une bonne sixaine de fois. J’ai des bleus, des bosses et des hématomes. Sans compter la boue qui me fait un seconde peau. J’raconte pas la gueule de l’engin à la fin du parcours. Bon sang, j’avais l’impression d’avoir commis un crime de guerre avec tant c’était fracassé. Enfin, je l’étais autant, et j’m’étais assise dans ma douche sans avoir l’envie de me lever, nettoyant mes jambes rouges et un peu ensanglantées.

Journée de merde tout de même.

Mais… Journée accomplie. Au moins, j’avais terminé cette foutue mission. Mais, je devais avouer, je flippais grave pour la prochaine. Si c’était ça la première… Je serais sensée faire quoi après ? Escalader un immeuble ? Faire un strip-tease ? Le pire, c’était qu’avec ces conneries, j’étais sûre de rien.

Sauf du fait que j’allais roupiller là. Sous la douche. Jusqu’au moment où l’eau serait froide, mais… J’avais juste trop la flemme.

Une semaine plus tard

Quand j’me disais que ça allait difficilement être pire. Tu parles, à m’demander comment j’étais aussi conne pour m’infliger ça chaque semaine. Un nouveau message du système avait pop, accompagné d’une nouvelle mission. Et si la course dans les montagnes avait déjà été une sacrée plaie, là ça partait sur un truc encore pire… Genre de la natation dans de l’eau bien froide. Bordel, c’était plus pénible là, ça m’incitait juste à allez crever !

Et pourtant, j’étais au moins aussi conne que la tête derrière tout ça, puisque j’me retrouvais à faire ça. Pour la science hein… Plutôt que si je voulais en savoir plus, je pensais que répondre aux exigences serait la meilleure option. Peut-être qu’à la longue, y’aurait un moyen pour en apprendre plus sur cette chose qui me frappait maintenant.

Bon, c’était face au lac que j’me retrouvais sur mon tel, à étudier la faisabilité de la chose… Fallait que je fasse dix kilomètres ? Ça en faisait des allers retours… Surtout qu’en plus, niveau natation, j’étais loin d’être une bête. Genre pas du tout. J’pouvais tabler sur un 3 kilomètre par heure en moyenne, ce qui allait faire que j’en aurais pour plus de trois heures non stop.

Et le problème venait de là. Non stop. Bon déjà, j’avais clairement pas l’endurance pour faire ça hein, mais surtout… Le risque d’hypothermie. De ce que je savais, ça pouvait arriver rapidement selon les personnes. En quarante minute, j’aurais déjà les premiers symptomes, ce qui signifiait tremblement, frissons, fatigue et difficultés respiratoires. Et en ptête deux heures, c’était direction la morgue. J’allais devoir faire des pauses, mais… J’étais même pas sûre que ça suffise. Le temps de réchauffer mon corps, j’en aurais pour plusieurs heures à chaque fois. Et dix kilomètres… Punaise, rien qu’à faire les calculs ça paraissait être déjà foutu d’avance comme ça, surtout que c’était tabler que l’eau serait pas plus basse niveau température.

Bref, sans même avoir mit un pied dans l’eau, c’était déjà la merde.

Mais bon, fallait que j’le fasse. Après tout, j’étais sensée avoir un cerveau non ? Et ce dernier me disait simplement que c’était pas du tout un bon plan. Genre suicidaire. Mais la dernière fois aussi, et finalement, j’m’étais retrouvée à faire le trajet restant en moto. J’en gardais encore un paquet d’hématome…

‘’Bon… J’imagine que j’suis sensée trouvée une manière ingénieuse de faire cette merde…’’

J’commençais à parler à voix haute, dans l’espoir que quelqu’un m’entende et me fasse bien comprendre que j’allais faire n’importe quoi. Mais bon, personne. Au moins, c’était une bonne nouvelle aussi, je pouvais me servir. Et y’avait justement un cabanon à proximité… Bon, ça serait pas du vol si je leur laissais ce que j’empruntais après coup non ? Si en fait, mais bon… C’était soit ça, soit j’allais me noyer dans le grand bassin.

Voyons voir ce que cette boite de Pandore pouvait me réserver…

Niveau plan foireux, j’crois que je m’y connaissais pas mal. Le donjon et la moto en faisait partie. Mais celui-là… Celui-là c’était vraiment une idée de merde.

Pour résumé, j’avais passé bien huit heures à bricoler un truc dans un cabanon de la forêt. Et par truc, j’entendais une sorte de système de propulsion. Y’avait quelques bouteilles d’air comprimée ici, probablement utilisées pour… Je sais pas quoi en fait. Un stand airsoft ? Bref, y’avait des bouteilles et quelques autres truc. Et plutôt que de nager à une vitesse de tortue, j’avais potentiellement le moyen de me faire une sorte de propulseur. Petite taille hein, mais ça pourrait que m’accélérer !

Heureusement que je m’y connaissais en bricolage et en débrouille. Souder ce genre de truc était pas la meilleure idée, loin de là. Une mauvaise fuite, et tout le local pouvait partir en fumée. Dès qu’il y avait de la pression en fait… D’ailleurs, j’en ai eu une tout à l’heure, lorsque j’ai vu passer pas trop loin des voitures de flics ! Visiblement il se passait un truc dans la forêt, et j’me suis faite toute petite durant un sacré moment. La frousse de ma vie, pas moins.

Mais… Au moins j’avais une solution. Complètement improvisée et un peu dangereuse ouais, mais restait que ça pouvait faire son affaire. Bon, maintenant, j’me retrouvais à devoir faire ça en maillot. Tu parles d’une idée… Si j’avais le nom de celui qui donnait les quêtes je-

"PUTAIN C’EST FROID SA MERE !"

Et j’avais qu’un pied dedans.

Tss… Clairement, jamais j’allais aimer la suite.

*****

Qu’on me dise JAMAIS que c’était pas une idée de merde.

J’ai froid. J’suis enroulée sept serviettes et deux couvertures contre le radiateur de mon appart. Tu parles d’un tableau J’ai l’impression de mette improvisée un château fort de gamin, et même avec ça je grelotte. J’crois que j’ai dû m’approcher de l’hypothermie avec ces conneries. Même si ça a été efficace au moins ! J’ai plus que triplé ma vitesse de nage avec ce système. Enfin, jusqu’à ce que les bouteilles soit vide, et que j’doive finir au bras, mais ça a été, et avec quelques recharges, j’ai pû terminer ce défi à la con.

Mais si c’était ça le deuxième… j’allais devoir faire quoi après ? Du saut en parachute sans parachute ? Devoir buter un type ? Bordel, jusqu’où j’allais devoir faire ces trucs à la con… Et si je galérais, c’en était quoi les autres ? Mirai, Kasumi, j’espère que vous avez trouvées une idée pour vous en sortir, car autrement…

Autrement, j’sais pas. Mais ça doit pas être cool.

Clairement, l’arrivée de la notification dans mon champ de vision pendant que j’étais en train de me brosser les dents était pas une super nouvelle. Directement, un mal de dos suite aux dernières courbatures se fit sentir, et je serrais les dents rien qu’à imaginer la suite. J’allais me taper quoi cette fois-ci ? Le parcours militaire ? Ramper dans la boue ou la neige ? Dormir dans un fossé ? Ou bien des trucs urbains mais complètement illégaux ? La réponse allait pas se faire attendre trop longtemps.

Et… De l’escalade. Plusieurs centaines de mètres à escalader.

J’crois que si mes bras étaient syndiqués, ils feraient grèves là, de suite, sans même poser un préavis. Ça bloquerait les raffineries, les lignes de trains et tout le bordel qu’il y a derrière juste car ils étaient pas content. Et clairement, je les comprenais. C’était pas la joie, mais bon… J’avais réussi à m’en sortir un peu près à chaque fois en utilisant ma tête, et là, j’avais deux jours pour faire cette merde. Donc en gros… J’avais le temps de me préparer.

Bon, cumulé, ça voulait dire que je pouvais faire plein de fois une petite montée pas trop difficile. Restait la descente et de quoi éviter de chuter, mais avec un peu de matos, genre une poulie et une dizaine de mètre de corde… Ouais, ça pouvait genre bien se faire. Suffisait d’avoir le temps de se setup un petit peu et après, roule ma poule.

Ouais bon. C’était rare les fois où ça se passait aussi bien. J’avais encore un paquet d’hématomes des dernières fois, et surement que ça serait pas aussi simple. Mais… Au moins j’avais un plan, et plus surprenant encore, j’avais un peu près confiance en lui. Punaise, si l’on m’annonçait que j’commencerai à me retrouver débrouillarde y’a quelques semaines, lorsque je découvrais à peine ce qu’était ce rôle et cette nouvelle vie… Et finalement, ça m’obligeait à me sortir les doigts et à me geler les miches.

Bon, un tour au magasin, et c’était parti pour une balade dans la montagne afin de retrouver l’endroit le plus intéressant à grimper sans trop être sur les grands axes, histoire qu’on évite de me prendre pour une folle complètement timbrée. Même si, pour certains, notamment mes voisins, ça devait déjà être le cas.

Mais bon… Peut-être que ça amènerait une sorte de bon truc cette affaire. En tout cas, ça me faisait les bras, donc y'avait une sorte d'évolution. Ça serait le top cependant si j'étais pas morte à chaque fois. Genre un jogging serait pas mal, un petit truc établit sur toute la semaine à la place de mourir une journée et de galérer le reste.

Peut-être qu'à la longue, ça s'améliorera, mais là, j'ai du matos à aller prendre. Punaise, des dépenses en plus...

Et voilà… Le système était mit en place. Je m’étais trouvée une sorte de gros rocher, d’une dizaine de mètre, au détour d’un chemin de terre qui se perdait dans les montagnes. Faisait pas chaud, un peu humide, mais au moins tout le système était en place. J’avais même fait des recherches google rapide sur comment les alpinistes faisaient pour se sécuriser, et c’était un peu près la même chose, juste que c’était fait avec les moyens du bord. Une corde autour d’un arbre, une petite tyrolienne pour descendre et hop, j’improvisais un accro’branche complètement illégal.

Ouais bon, dit comme ça, c’était ghetto. Mais ça faisait l’affaire. Je m’étais déjà fait une petite série, histoire de voir si ça allait tenir et si c’était bon pour le marathon qui allait suivre. Ça et les autres endroits où j’avais fait grimpette pour me rendre compte que l’endroit était pas top, j’avais déjà fait une bonne centaine de mètre durant cette journée. M’en restait encore beaucoup, mais ça allait juste être monter et descendre en boucle. Pas le plus passionant, mais bon… J’avais du temps à perdre. Avoir une vie à côté, un boulot, là ça aurait été l’enfer, car ces quêtes là elles popent quand elles ont envie. Et chaque semaine en plus. Tu fais ta journée de boulot et bam, un marathon.

T’façon, demain serait un autre jour.

*****

Alors ouais, ça a été un autre jour… Mais putain, même équipé comme ça, ça a été… Putain de galère. Ouais, à ce point.

Mes bras sont si fatigués que j’arrive même pas à tirer ma couette. Et pourtant pas faute d’être fatiguée. Ou de pas être mon lit mais d’être affalée sur le sol, le côté de ma table de nuit me servant d’oreiller particulièrement inconfortable. J’crois que demain j’aurais tellement de courbature que j’pourrais même pas bouger. Genre pas du tout.

Mais une nouvelle fois… J’ai eu des sueurs. Et pas que pour l’effort. Par deux fois, les flics sont passés, chien et compagnie. Bon, ils m’ont regardés bizarre, ils m’ont posés quelques questions sur si j’avais vu des trucs suspects dans les environs. Apparamment ils font une battue, je sais pas trop pourquoi, mais… Ils doivent surement avoir une raison. Peut-être qu’il y a une cache d’arme ou de drogue dans le coin… Boarf, ça m’étonnerait pas en fait.

Mais ça m’inquiète un peu. Je sais pas ce que sera la suite, et… ça sera pas glop. Genre pas du tout si je me retrouve avec les poulets pour me voler dans les plumes.

Hé…

J’crois que j’dois dormir en fait…

C’est terrible comment j’ai la flemme de la faire cette quête là… C’t’objectif qui arrive toutes les semaines. Une sorte de petite torture hebdomadaire auquel j’avais le droit. Bon, on était tous dans cette galère hein, Kasumi et Mirai étaient pas mieux logées que moi, mais bon, si je voulais un stage de remise en forme, j’aurais simplement été faire une soirée pyjama avec la russe. Au moins, ça se serait réglé en deux temps, trois mouvement et une bonne clef de bras lorsque j’aurais voulu arrêter pour cause de mal de jambe. Mais non, j’me retrouvais à devoir faire plus de cent kilomètres à vélo.

Bon, comment j’allais pouvoir tricher aujourd’hui ? Ouais, c’était peut-être pas le bon terme, mais jusqu’à maintenant, j’avais toujours trouvée une méthode pour m’en sortir en utilisant les règles. Enfin… En quelque sorte. A vrai dire, la simple vue du « quête accomplie » me suffisait pleinement, c’qui pouvait croire que je commençais à faire ça juste pour le résultat. L’envie de tout laisser derrière était un peu présente, mais je pouvais pas, pour bien des raisons. Et l’une d’entre elle était d’être celle qui parviendrait à trouver les mystères derrière tout ce tapis.

Du cyclisme donc… Avec un dénivelé positif à devoir réaliser. Et le problème était qu’il y avait un temps complètement pourri dans les environs. A croire que franchement que le temps du Nord était bien dégueulasse, avec cette couche de nuage qui ne cessait de recouvrir le ciel. Bon, déjà, avec le dénivelé positif que j’allais devoir me faire, autant dire que j’étais partie pour une petite virée dans les montagnes. Qui n’adorerait pas faire une telle balade sous la pluie ? L’occasion parfaite pour chopper la mort et se gamellée tous les quarts d’heure histoire d’être en sang au retour. Franchement, je commençais à croire que c’était la pire idée du siècle, rien de moins.

Surtout que j’avais pas de vélo…

Bon, en louer un pour la journée à pas cher devrait pouvoir se faire. En espérant que les proverbes soient vrai, comme quoi le vélo s’oublie pas… Fin, Kas serait capable de le zapper, donc bon… Mais c’était une autre histoire ça, pas la mienne.

Du coup, une bonne galère. Monter la côte aux mollets était clairement pas agréable, et en bien deux heures, j’avais à peine fait une vingtaine de kilomètres à travers les pentes de la montagne. Au moins le dénivelé positif était fait, mais moi j’étais morte. Complètement claquée la Hoshino, vlam, deux gamelles pour la route et un casque en piteux état. Autant dire que c’était pas ma journée, genre zéro, nada et niet.

Et j’éternuais. J’éternuais comme une malade. J’étais malade en fait, et j’allais devoir porter un masque pour les prochains jours. Après, docteur avec un masque, c’était presque dans la panoplie, mais ça restait pas forcément ce que j’avais envie de faire pour le reste de la semaine, surtout qu’il y avait encore une bonne centaine de borne à devoir faire…

Bon, pas le choix. J’allais devoir improviser.

Ça y est, j’en ai marre.

Mes mollets sont en feu. J’ai la gorge sèche, et bien évidemment, plus de batterie sur mon téléphone. Mes écouteurs, emmelés autour de ma nuque pendant que j’étais trempée. La transpiration évidemment, c’t’effort était une plaie pour tout le monde j’imagine, et encore plus pour moi, la spécialiste du canapé. Et en partant de ce dernier, je sautais dedans avec une flemme grandiose.

Mais oui Hoshino, meilleure idée que de faire un peu de rab ! Au moins ça te fera enlever les quelques bourelets que les pizzas t’ont donnés ! Putain, quelle idée de prendre sa vie en main. Bordel. Y’avait moins de déchets qui trainaient déjà, juste quelques sacs poubelles que j’avais pas encore descendu, et surement une bonne demie-tonne de poussière répartie à travers l’appartement, mais… Y’avait un progrès. Surement pas assez pour les autres monstres fans de ménage et hyperactif qui trainaient dans les environs de Sapporo, mais c’était déjà mieux. Fin bon, si elle venait, j’suis sûre que j’allais avoir la marque de sa semelle sur mon postérieur.

En même temps, quelle idée d’aller affronter la mort par temps de pluie ?

Un vélo d’appartement. J’étais tombée sur ça en rentrant. Un type, brocanteur sans doute, faisait une promo d’enfoiré dessus. La bonne affaire. Genre l’hyper bonne. Genre le bol, le pot, le facteur chance, la chatte, bref, beaucoup de ptits trucs qu’étaient pas mal motivant pour faire passer une bonne journée. Et du coup, je m’étais servi de cet engin de ses morts pour faire cette quête. A croire que dieu avait compris que j’étais une glandeuse de haut niveau et avait eu un peu de miséricorde. Jusqu’à ce qu’il me la mette à l’envers, mais pour aujourd’hui, ça irait je crois.

Du coup, j’avais passé la journée à écouter de l’eurobeat sur un vélo d’appartement en pédalant comme jamais. A croire que je pouvais presque envisager une reconversion pro. Mais pas mon style. Puis trop vieille. Hey, j’commençais à approcher de la trentaine déjà. Y’a ce point là qui craint un peu, surtout qu’avec ces quêtes, ça ménage pas mon corps. Kamui sait pas ce que c’est que de se lever le matin avec un mal de dos, d’avoir des courbatures de dingue en se redressant ou de carrément avoir la nuque défoncée après avoir dormi dans une mauvaise position. Tu parles d’un état… Mais bon, au moins ces conneries me faisaient prendre un peu de muscle, mais y’aurait bien un moment où ça prendrait au dépourvu.

Genre résoudre une équation du troisième ordre. Là, mais alors là, je paierai pas mal pour voir sa tête, et admirer avec une bonne smug ses galères face à ça… Oh punaise, j’imaginais déjà… Le pied ! Bon sang, mais quand est-ce qu’elles arriveraient ces trucs là ?! J’veux un retour karmique !

Fin bon, j’dis ça, j’suis sûre que ça va être moi qui vais me le prendre dans la gueule…

J’crois que ça commençait à vraiment devenir un sport tout ça. De trouver la manière de faire ce qui était demandé sans vraiment le faire. Bon, je faisais avec mes capacités physiques, c'est-à-dire pas grand-chose, mais jusqu’à maintenant, j’avais réussi à plutôt bien me débrouiller. Preuve était, j’avais perdu quelques kilos avec ces conneries ! J’étais toujours assez loin d’une japonaise, mais.. Hey, y’avait du progrès, et une certaine satisfaction dans cette histoire. Pouvoir remettre quelques habits qui me plaisaient était presque un luxe en cette période en fait…

C’était donc ça, avoir une vie saine ?

Bon, pas encore. J’avais toujours la flemme de sortir mes poubelles et de laver mon linge. J’portais ceux qui sentaient le moins mauvais, et si jamais je devais faire une lessive dans l’urgence, je m’emmerdais pas à séparer les tissus et les couleurs. Bam, tout dans la machine et on en parlait plus. De toute façon, j’aimais bien le gris, donc j’étais gagnante à ce niveau là. C’était pas encore au niveau d’une personne normale, mais… Y’avait une sorte de progrès là dedans.

Mais c’était pas tout ça, c’était que j’avais une quête à faire. Finallement, la contrainte était devenue une sorte de jeu, un moyen de sortir de chez moi. En fait… Même si punaise j’en sortais avec des courbatures et l’envie de cracher mes poumons au moindre effort… J’commençais à apprécier un peu ces quêtes. Un peu hein. Disons que ça me dérangeait moins qu’avant, et au moins ça m’obligeait à sortir. Une sortie par semaine, y’avait du progrès par rapport à avant, non ?

Bref, aujourd’hui… Tiens, j’allais pas devoir trop bouger. Du moins, ça restait en ville cette fois-ci. S’agissait de faire un peu de parcours donc… Le genre de quête que Mirai devait faire tous les jours en fait. J’vois même pas en quoi ça serait un problème pour elle. Pour moi, en revanche, c’était une autre galère, un truc déjà un peu plus risqué et hardcore. Surtout que me connaissant, en sautant d’un toit à un autre, j’allais me péter une cheville dès la troisième fois.

Hum… Rien n’empêchait de sauter en boucle du même toit. Et de préparer l’atterrissage également. J’crois qu’il y avait un vieux matelas pas très loin, dans un vieux parking. Le genre vraiment inconfortable et qui pu aussi, mais si j’pouvais le déplacer un peu… ça se gérait. D’autant que la distance, si c’est juste faire 10km, j’peux prendre le bus en fait. Pas dit que c’est les faire à pied !

Ouais, ça se fait comme ça… par contre les tractions, aucune idée pour le moment. Bah, je les ferais plus tard, j’aurais tout le temps d’y réfléchir pendant ça. Là j’allais juste m’improviser une petite routine de saut à la con. J’espérais juste que les ressorts soient pas complètement intraitables avec mon dos…

Pfuh… Quelle idée tout de même. Déplacer un matelas c’était chiaaaant au possible. Et sauter, bon, depuis un toit pas très haut, c’était marrant les quelques premières fois, mais une cinquantaine, là… Nan, c’était trop. Juste beaucoup trop en fait. Mais bon, l’ennui faisait partie de ces quêtes, et ça devenait une nouvelle routine.

Juste que j’avais pas rempli tous les objectifs encore. M’en restais encore un, à savoir… Les tractions. Et j’m’étais passée quelques plans en tête pour réussir à les faire d’une autre manière. J’pouvais baisser la barre, ou encore qu’on vienne à me soulever, mais… Cette fois non.

J’veux dire. Ouais, c’était bien beau de faire des conneries etc. Mais cette fois, j’voulais voir si ça m’aidait vraiment. Si ces quêtes et le sport que ça me faisait faire m’entrainait, que ça avait un sens, et que les niveaux que je gagnais étaient pas juste là pour faire jolie ou servir comme statistique d’un truc qui servirait jamais. J’en avais aucune idée, j’étais restée loin des donjons jusqu’à maintenant, mais… Peut-être que ça pourrait être utile un jour ou l’autre.

Donc bon. Fallait que j’en ai le cœur net.

Posée juste sous ma barre de douche, je terminais de la renforcer avec quelques vis. Histoire d’éviter un accident ou de me dire que c’était pas une si bonne idée en fait. Mais bon, pas le choix, car fallait bien que je fasse cette quête, d’une manière ou d’une autre. Fallait que je lève mes bras, que je l’attrape et…

‘’Un… ne…’’

Punaise, c’était chaud en fait. Genre ultra dur… J’étais pas si grosse pourtant ! J’étais presque certaine que j’avais maigri déjà ! Mais… Au moins j’en avais fait une. Ma première. Genre de toute ma vie. Y’avait une sorte de fierté, un sentiment d’accomplissement et un mal de bras qui commençait déjà à s’installer. J’allais devoir en faire. Et en faire même pas mal… Après, je pouvais m’organiser en plusieurs séries et…

Ouais, moins de cerveau, plus de muscle.

*****

Ce fut en m’affalant sur mon lit que j’me rendis compte que je sentais tout simplement plus mes bras. Gosh, j’avais beau me renforcer que… Que je me renforçais ouais. Mais ça restait un progrès léger. Ma faute de pas tout mettre en force, et de vouloir privilégier ma tête. Mais bon, au moins y’avait quelques progrès, et j’pouvais être fière de moi. Genre un peu en fait. J’avais l’impression de reprendre ma vie en main.

Genre maintenant je faisais des tractions. Ma chambre n’était plus un immense dépotoir, j’étais capable de sortir. Même la plante de Kas avait survécue ! Bon, pas dans le meilleur état, mais c’était déjà des semaines de plus qu’avant ! J’pouvais même songer à lui donner un petit cadeau d’anniversaire, genre… de l’eau pure, à la place de l’ice tea ou des autres trucs.

Ou un comparse.

Ouais, peut-être bien ouais…

Mais pas aujourd’hui. Pas la force.

Musique

Bon, fallait que je récapitule ce qui s’était passé, car là, clairement, j’avais l’impression d’être dans un mauvais film. Un mauvais film de merde dans lequel j’étais l’héroïne putain de malchanceuse qui se retrouvait embarquée dans une série d’aventure sans qu’elle n’ait rien demandé. Le genre de jour où t’avais juste envie de rentrer chez-toi et de t’enfoncer dans tes draps en disant « Nan pas aujourd’hui, demain ». Mais la vie, elle m’a regardé, comme Mirai, et elle m’a fait tombé une baignoire sur la gueule.

Littéralement.

*****

Survivre ?

Qu’est-ce quoi ?

C’était quoi cette quête encore ? J’devais survivre durant un timer précis. Allo le jeu ? J’avais survécue durant vingt sept ans ! On pouvait pas la valider un peu rétroactivement là ? J’voulais dire, y’avait rien d’exceptionnel à survivre une journée. Genre un peu près n’importe qui le faisait en fait.

C’était ce que je m’étais dit sur le coup. J’me doutais un peu qu’il y aurait quelques rebondissements, que ces quêtes seraient pas aussi pénardes que ça, mais j’étais franchement, mais alors tellement loin du compte… C’était comme si la terre avait envie d’être une pute envers moi.

Bon, ça va être quoi ? Une apocalyspe zombie ou nucléaire ? Ça serait vachement extrême… Mais bon, j’ai de quoi bouffer pendant une bonne semaine, donc bon, une journée devrait pas être un truc si difficile à vivre. Et si faut faire que ça, j’ai qu’a verrouiller mon appart, me poser sur mon canapé et regarder une série. De préférence pas à mourir de rire, ça serait malvenu avec l’objectif. Ou sinon j’étais sensée mourir du diabète dans la journée. Tu parles d’un cadeau… La quête aurait été un peu mieux avec le manuel !

Putain que j’étais conne. Comme si tout allait bien se passer avec ces foutues quêtes. Franchement que j’étais crédule des fois, à penser que tout irait bien, que j’pourais gruger comme à l’accoutumée. Mais nan putain. J’étais ultra conne, au point où j’méritais une bonne dizaine de torgnole, voir plus. Peut-être une centaine en fait. Mais bon, c’est ainsi qu’a commencé mon apocalypse.

Timer restant : 23h30

Bon, faut que ce soit la joie. Evidemment, problème réseau, et du coup, j’ai plus internet. Pas moyen de contacter l’opérateur, à croire qu’ils sont responsables de ça et qu’ils ont décidés, en tout honneur, de me faire mourir d’ennui face à un internet qui ne fonctionnait pas. Un soupir, et tant pis. De toute façon, j’ai bien des trucs à faire autrement. Genre des trucs téléchargés par centaine, et surement un ou deux jeux à terminer. Genre ceux que j’avais jamais installés et qui… Putain, comment je voulais lancer un jeu pas installé moi ? L’idiote. Bon, j’en avais surement un ou deux de dl, ça devrait se faire, et au pire, j’bougerais mon derche.

Timer restant : 23h00

Evidemment, les jeux que j’avais sont introuvables, ou pire, corrompus. Des saves que j’me souviens même plus parti en fumée. Tu parles d’un drame. Mais au moins, bonne nouvelle, j’ai retrouvée internet ! A croire que c’était rien de plus qu’une petite coupure de merde. Bon, pour le moment, première heure certes, mais pénarde. J’crois que j’pourrais en faire plus des quêtes comme ça.

La conne putain…

Timer restant : 22h30

Ok  alors là, ils ont fait pire. Genre pire que l’internet qui fonctionne pas. L’internet qui LAG A MORT ! Putain, j’ai l’espoir qu’en attendant un bon siècle devant mn navigateur, il pourrait m’afficher quelque chose, mais rien ! Putain l’enfoiré ! J’vais l’gifler moi ! Mon clavier a déjà prit un coup ou deux.

Putain, ça me gonfle déjà…

Et t’a pas idée ma conne.

Timer restant : 18h00

Ok, alors, là, il m’est arrivé un truc de dingue. Genre vraiment de dingue. J’étais en train de rentrer de la pharmacie après que j’me sois chopée un mal de ventre pas possible sur ma malbouffe habituelle, j’passe quand même les détails, quand y’a eu un putain de séisme ! Genre au Japon, c’est pas inhabituel hein, ça arrive souvent, mais là y’a la façade d’un immeuble qui a quand même sauté, emportant avec elle plusieurs pièces ! Y’a une putain de baignoire qu’a failli me buter ! Heureusement que j’ai eu une détente là, car sinon punaise j’finissais sous les briques. Mais clairement, là c’est sûr. Y’a un truc qui veut ma mort, et j’sais pas si c’est le mauvais sort ou une sorte de karma de j’sais pas quoi, mais faut que je fasse gaffe.

Bravo, il t’a fallu six putains d’heures pour le réaliser.

Timer restant : 16h45

Pu… Si on m’avait dit un jour que je serais en train de faire une de ces foutues quêtes en étant sur les chiottes en douillant ma mère, j’crois que… J’crois qu’on a peut-être pas besoin de se rappeler de ça…

Timer restant : 13h50

Ok, alors restez chez-moi, c’était pas un bon plan. Y’a une bande de yakuza russe, de j’sais pas quoi en fait, qui ont commencés à tambouriner. Et j’étais pas certaine d’avoir envie de savoir si c’était des potes à Mirai ou pas, donc j’suis passée par la fenêtre, me suis niqué les genoux au passage, et j’me suis barrée vite et loin ! Tu parles d’une journée de merde !

Timer restant : 12h45

J’ai toujours mal au bide, la batterie de mon téléphone est morte, et évidemment, je suis paumé comme jamais !

Timer restant : 12h15

Je hais les chiens. Il a fallu que y’en ai un qui se pointe et qui me morde le mollet de con ! Putain, j’avais envie de lui claquer une rune dans la gueule là, mais bon… Ça m’aurait amené encore plus d’emmerde. Mais le pire, c’est qu’il me poursuit le con !

Timer restant : 12h00

Bon, chien semé et j’en suis à la moitié de ce calvaire. Punaise, je sais pas si je vais en voir le bout. Maintenant, j’ai juste une autre question qui me trotte un peu en tête. Pas grand-chose hein, mais… Pourquoi ils parlent pas japonais dans ce bus ? J’suis où encore ?

Bordel..

Timer restant : 10h45

J’commence à me demander si j’apporte pas la guigne hein. Le bus a crevé, les gens ont cru que je les insultais et je suis toujours paumée ! Bon, au moins, je sais pas comment ça pourrait être pire.

Timer restant : 10h30

J’ai rien dit.

Et je hais toujours les chiens.

A chaque semaine sa peine nan ? C’était en tout cas comme ça que j’me réveillais ce matin, les yeux complètement embrouiléls et noyés dans des informations et des pop-ups de la part du système. Oui, je savais que mon sommeil était de l’ordre de 53% et d’autres conneries dans ce genre là. En vrai, j’ignorais si c’était ce genre de truc qu’était affiché ou pas hein, mais tant que j’avais pas eu quelques minutes pour décanter un peu…

En fait, faire le tri dans ces notifs, c’était un peu comme lire le journal, mais centré sur soi-même. Genre des articles sur le fait qu’on avait croisé un chaton hier mais que dans les faits on s’en battait les reins. Comme des vraies infos hein. Aussi terrible que pouvait être la présidence aux Etats-unis, bah… Ça m’impactait genre pas du tout hein. Puis bon, j’avais déjà suffisamment de bordel sur le net et sur le feu. Mais bon, c’était aussi l’arrivée de la quête hebdomadaire. Le petit rituel de la semaine. Heureusement que j’étais chômeuse hein, sinon, devoir cumuler ça avec un 35 heures… Punaise, bonjour la fatigue. Déjà que j’étais pas forcément si motivée…

Bon, c’était quoi le programme du jour ?

*****

Alors, l’œil du tigre hein ? Jamais pensé être comparée à une tigresse moi. Plus à un panda, grâce aux cernes… Mais bref, j’allais me retrouver à devoir bouger mes fesses pour toucher une centaine de cible dispersées le long d’un parcours à la con… Un truc qui, forcément, demandait de s’bouger les miches, mais… Hey, c’était pas précisé d’à quelle vitesse je devais être en mouvement, ni même si c’était chronométré.

Bref, j’me retrouvais ainsi, les mains dans les poches dans mon gros blouson, à arpenter un sentier forestier, un pistolet à air comprimé dans la poche. Certes, c’était un peu chiant de faire quelques pas ralentis lorsque j’devais faire en sorte de viser, mais un tir un vingt mètre était pas le plus impossible à faire. D’autant que j’avais pas de limite de tentative, si ce n’était les p’tites billes de plastoc jaune que j’utilisais.

En gros, quelques heures à faire de la rando, un rhume de choppé et une quête d’accomplie. J’pouvais me rendormir moi ! Enfin, c’était c’que je pensais, vu qu’en fait, c’était le genre de quête avec plusieurs petits objectifs. Et si j’avais pu truander l’premier avec ma manière habituelle, c'est-à-dire le minimum d’effort plutôt que le minimum de temps possible, le second risquait d’être peut-être un peu plus chiant…

Peut-être.

*****

Bon, tirer cents kilo sur un kilomètre… J’sais pas ce qui inventaient hein, mais j’étais pas culturiste moi. Cultivée, peut-être, et encore, mais j’avais clairement pas l’physique de Terminator moi… Enfin, j’dis ça, ça m’avait pas empêché de l’faire ce truc à la con.

C’était ainsi que j’m’étais retrouvée à tirer un caddie d’supermarché remplit de pack d’eau. Un truc chiant hein, mais clairement possible. J’voulais dire, c’était pas comme si j’avais juste une corde ! Ce truc avait des roulettes et j’l’avais pas sur mes bras. Par contre, j’crois que les gens me dévisageaient. J’avais l’air conne à faire des aller retours dans le magasin avec de l’eau que j’achèterai même pas. Et puis quoi encore, me privée d’ice-tea ? Ça jamais !

*****

Je sais pas. Ça doit être une sorte de karma en fait.

J’avais critiquée l’eau hein, disant que j’préférais l’ice-tea. Et du coup, qu’avait décidé de faire le système ? Bam, cinq heures sous une cascade ! Tu parles s’il voulait ma mort ce con ! Si j’lui obéissais, déjà que j’avais un rhume, j’allais finir a l’hosto. Surtout par ce putain de temps d’hiver. De quoi crever ouais…

Donc à la place, j’étais allée à la piscine. Ouais, drôle de choix et surement l’endroit où j’allais le moins souvent. J’avais même pas de maillot, c’était dire si j’avais dû en prendre un à l’arrache. Mais bon, pour un fois que la pub aura été utile… J’m’étais souvenue qu’ils en avaient parlés sur un dépliant, comme quoi y’avait une sorte de cascade dans le grand bain, et que tu pouvais faire genre que t’étais concentré ou un super guerrier de l’espace.

Ouais bah, cinq heure là-bas, ça avait été extrême. Clairement au début hein, où j’arrivais pas à tenir plus de trente secondes sans me faire chier. Mais… Après plusieurs essais, j’m’étais trouvée le courage de l’faire. Et… Bah j’me suis retrouvée là, comme une conne, à « méditer ». J’savais pas vraiment comment faire, donc j’ai improvisé, mais… C’est peut-être subjectif non ? La méditation…

Et là, j’me retrouve dans mon plumard, avec surement la honte de ma vie. Déjà que j’avais un mal de tête affreux après que l’équivalent d’un immeuble m’était tombé en eau sur la tête durant la journée, y’avait un gamin qui m’avait ramené à la réalité en faisant détacher le haut de mon maillot. Et l’pire, c’était que j’m’en étais pas aperçue de suite. J’sais pas combien de temps j’avais passé les nibards dans l’eau, mais…

Putain, l’angoisse. Ces quêtes hebdo finiront par avoir ma peau… Et les gamins aussi. Tu parles d’une priorité…

Baillant une nouvelle fois, j’m’étirais d’une manière un peu bruyante. J’crois que mes épaules venaient de craquer. Deux fois en plus. Décidemment, le matin, c’était pas forcément le moment le plus marrant hein… Mais bon sang, ça faisait un bien fou de s’étirer. On devrait peut-être s’étirer en permanence en fait. Enfin, si ça fonctionnait, j’crois que je serais pas dans c’t’état. J’devais le faire chaque jour, et surement plus fréquemment encore.

Bref, une matinée qui commençait comme d’habitude. Petit tour sur le pc, un truc chaud histoire de dire et de pas avoir l’ventre complètement vide, et direction la douche pour faire trempette. Au moins, ça m’aidera à être pénarde et à peut-être me réveiller un peu plus. J’sais pas ce que je comptais faire de ma journée, mais avec mes petits yeux, surement que j’me prendrais un mur avant d’avoir fait quelque chose.

Par contre, faisait froid dans ma douche, genre vachement. J’avais fait tombé ce qui me servait de pyj, les laissant en plan, avant d’accrocher ma serviette sur un truc qui dépassait. Il était haut par ailleurs, beaucoup plus que d’habitude en fait. C’était zarb… J’connaissais par cœur cette routine que j’pouvais faire, expérience à l’appui, les yeux fermés. Ça m’était déjà prit de le faire. Sauf que… Bah au moment de faire couler l’eau, j’trouvais pas la commande. Punaise, j’m’étais paumée dans ma salle de bain… Tain, la boulette.

Sauf qu’en ouvrant un peu plus les yeux, après les avoir frottés, j’vis qu’il y avait une notif du système. Ouais genre, la quête hebdo. Elle pourrait attendre hein. A moins que… « Terrasser le Krampus ». Euh… C’était qui ce con là encore ? Aucune idée. Mais pourquoi j’étais pas dans ma douche en fait ? Genre j’avais l’impression d’être au pôle nord, avec la neige et tout. Mais c’était quoi cette merde en fait ?

J’crois que c’est le genre de question qu’on s’pose lorsqu’on s’retrouve à poil dans le froid. Punaise, heureusement que tous mes neurones étaient pas encore connectés, sinon j’crois que j’serais morte d’embarras et de froid. Surement les deux en fait, une bonne raison de rougir même si y’avait pas vraiment de gens. Bon, primo, mettre un truc, et en me retournant, je vis ma serviette, posée à quelques mètres de là.

Et attaché sur la corne d’un énorme truc à sabot.

‘’Oh.’’

Je savais que j’avais un mauvais réveil des fois hein. Mais là, j’tiendrais à préciser que c’est pas forcément ma faute.

‘’C’est toi donc le… Euh, le Krampus ?’’

Ouais, question conne. Avec un nom comme ça, il devait être le seul truc moche à des lieux à la ronde.

‘’Tu pourrais… M’rendre ma serviette en fait ? Et te briser la nuque aussi. J’suis pas trop exigeante pour l’ordre en fait.’’

‘’GRAAAARGH’’

J’crois que ça voulait dire non. Et merde putain… J’avais pas envie là. Genre pas du tout. Mais ce foutu système me demandait pas le choix en fait, et pire que ça, j’étais sûre qu’il se marrait comme un con derrière. Punaise… Bon, j’imagine que j’allais pas vraiment avoir le choix.

Bon, première étape, ça avait été de courir. Genre vite et loin. Mais dans la neige, c’était une galère… Heureusement que ce gros tas derrière moi galérait au moins autant, mais il balançait des éclairs comme suppression, m’envoyant à terre plusieurs fois… Punaise, ça faisait un mal de chien ! Et j’aimais pas ces bêtes là…

Mais bon, première étape faite, j’avais prit un peu de distance, et j’m’étais réfugiée dans un chalet. J’avais pu trouver des vêtements aussi… Une tenue rouge et blanche, colorée, dans l’esprit de la saison. Punaise, les seuls sapes que j’avais trouvé c’était des trucs de Noël. Mais bon, c’était toujours mieux que d’être les fesses à l’air pour combattre je sais pas trop quel truc. Dommage que j’avais pas un accès au net pour apprendre ce que c’était…

Bref, j’devais trouver un plan, et vite. Si j’voulais vaincre cette créature, j’allais devoir ruser… Mais en combat comme ça, là… j’avais fermé toutes les fenêtres, barricadé la porte et j’m’étais préparée au pire. Mais dans le blizzard qui soufflait à l’extérieur, je le voyais plus. Déjà que je sentais plus mes doigts ni mes orteils… J’avais bien l’envie d’allumer un feu, mais…

Attend, il passerait par la cheminée ?

Oh punaise, j’crois que j’ai jamais craqué une alumette aussi vite pour foutre le feu à des buches, et punaise, j’ai bien fait, car dans la dizaine de seconde qui suivit, le monstre déboulait de là, se foutait le feu aux miches au passage, mais avec cet air terrifiant et imposant. Et ma serviette aussi. Il était couvert par endroit de neige, et portait autour d’une de ses mains une longue chaine. Pas trop le genre sympa, même si j’faisais du déli de facies là.

Oh et puis merde quoi, j’allais pas restée là à le regarder avancer ! La neige avait fondu sur son corps, l’humidifiant en plus. Donc autant dire qu’une attaque électrique passerait sans problème. Mais combien de coups il prendrait pour y passer, ça… C’était une autre question, d’autant qu’il semblait être particulièrement résistant ce con là… Bon, comment j’pouvais lui faire plus de dégâts que ça ? Surtout qu’il riposterait…

Hum… Faudrait que j’l’attaque depuis un endroit pour le surprendre. Sauf qu’aller derrière lui serait difficile. Et… Oh. Ma serviette. Elle lui cachait une partie de son champ de vision. C’était peut-être à partir de là que j’pourrais bien frapper ! Ouais, ça semblait être un bon plan. Long, chiant, mais un bon plan.

Enfin, en théorie.

Il me fallut un quart d’heure entier pour le vaincre, et j’crois que je l’avais achevé en lui balançant des buches dans la gueule. Punaise… Ça avait vraiment pas été terrible, et clairement, j’avais eu mal. J’étais toute rouillée, couverte d’hématome et de bleus. J’crois que… Qu’avec mes stats, j’étais résistante, mais ce con l’était aussi. Limite on aurait gérer ça à Shi-Fu-Mi on aurait perdu moins de temps.

Mais c’était une victoire. Au prix de ma serviette, blastée et déchirée dans l’opération, mais c’était une victoire. Et j’avais gagné une tenue de Noël en plus… Mais là, j’crois que la seule envie que j’avais, c’était d’aller me recoucher.

Le reste attendrait demain.

Hmpf…

J’me sentais bien là… Complètement empafée sur mon oreiller. C’était cool. Genre vraiment en fait. Les bonnes nuit de repos comme ça, ça manquait. Ça me manquait graaaave. J’pourrais rester comme ça durant des heures en fait, oublier qu’la journée venait de démarrer pour moi et faire comme si de rien était. Ouais, c’était un plan vachement tentant en fait. J’pouvais toujours, au bout de plusieurs heures, prendre mon tel et flemmarder encore jusqu’à ce que ma vessie sorte victorieuse de cet affrontement. Ouais… Un bon plan.

Pourtant… J’entendais des bruits. Des petites rires amusés et étouffés, cumulés à des petits chocs de plastique. C’était pas très normal en fait, et j’avais une certaine inquiétude à deviner ce que c’était. Mais en même temps… Qu’est-ce qui m’empêcherait de rester là, comme ça, à juste espérer que c’était rien de grave. Nan, ça l’ferait pas. J’risquais trop de m’inquiéter. Donc fallait que j’me lève. Fallait que j’aille voir. Qu’importe ce qui aurait perturbé la qualité de mon sommeil, ou plutôt mon sommeil de qualité, il risquait de…

‘’Proxima ?’’

‘’Eeyup !’’

‘’Mais… Qu’est-ce tu fais là en fait ?’’

‘’Oh, moi ? Bah je joue !’’ Fit-elle en reprenant le contrôle de son jeu. Visiblement, elle était en train de faire une course de monstertruck. Virtuelle hein, sinon ça serait la catastrophe complète, mais… J’devais admettre que de trouver ma livreuse de pizza en train de squatter dans mon appart était… Au moins zarb.

‘’Nan mais quand j’disais ça… C’était plus, pourquoi chez moi en fait ?’’

‘’Bah tu m’a invité pardi !’’

‘’J’m’en souviens pas. En fait… J’me souviens de rien du tout. Il s’est passé quoi en fait ?’’

‘’Oh ? Tu fais un hangover en fait ! Ouah trop classe ! J’adorerais trop en faire un une fois ! Mais jamais réussie. J’supporte trop bien l’alcool en fait…’’

‘’T’aimerais… Avoir un truc proche de la gueule de bois ?’’

‘’Ouais, ce serait trop cool ! J’imagine pas ce que ça donnerait si j’étais cooooomplètement débridée ! Surement que j’me réveillerait la tête dans les boobs d’une ange. Ouaaaah, le rêve en fait…’’

‘’Alors… T’es pas débridée de base ?’’

‘’Vrai que j’ressmble pas trop à une japonaise…’’

‘’Nan mais je…’’ Fis-je, avant de baisser les bras. Les conversations avec Proxima finissaient de toute façon par perdre toute logique, de même sur le pourquoi elle était là. J’avais donc… Perdue une partie de mes souvenirs ? A cause de l’alcool ? J’vois même pas en quelle occasion j’aurais pu faire ça. Et si j’avais invité Kasumi dans c’t’affaire ? Atta, fallait que j’vérifie si je l’avais pas trainé dedans ! Vu sa résistance à l’alcool, ça pourrait être une catastrophe complète et…

rsgq:l 21.qf

C’était ça le message qu’elle m’avait envoyé.

Bordel, qu’est-ce que j’ai foutu de ma soirée ?

‘’Là j’avoue, ce message là j’ai pas compris ! Je crois qu’elle parlait de la politique tarifaire de Montessori 21, en fonction du quotient familial des familles. Mais j’ai pas zappé.’’

‘’Hein ?’’

‘’Le message !’’

‘’Euh… Elle s’est pas plutôt endormi sur son clavier ? Ou son tel ?’’

‘’Auuuuucune idée !’’

‘’Punaise c’est… Bon, Proxima. Simplement… Racontes-moi tout.’’

‘’Okidoki !’’

''Alors, tout à commencé vers vingt-trois heures hier soir. Rien qu’à la voix, je pouvais comprendre que t’étais mais alors coooooooomplètement torchée ! Et sur le coup, j’étais vexée ! Tu faisais une fête sans moi en fait ! Ou sans même commander une pizza ! J’avais toutes les raisons de pout sur le coup, mais tu t’es rattrapée, en commandant six plats différents et ta livreuse préférée ! Et là, j’étais en mode « chouette chouette chouette ! », car à chaque fois que je traine avec toi, je m’amuse beaucouuuup trop ! Hé, t’es comme un sourire en fait, mais un peu fermé, et moi, j’suis la pilule du bonheur !

Donc je suis venue aussi vite que j’ai pu, en quatrième vitesse. Je m’étais même mise dans un emballage. Je sais plus où il est par contre… Mais lorsque je suis arrivée, bah… Il y avait pas de fête en fait ! Alors j’ai pas compris là, je me demandais mais où est-ce que Hoshino aurait fait ça ! Puis je me suis dit que c’était une surprise, genre mon anniversaire ! Mais je me souviens plus de la date en fait, donc je sais pas trop comment t’aurais pu l’apprendre. Sauf si t’as fait des recherches sur moi, mais là, ça serait inquiétant. Et mystérieux aussi. Mais surtout inquiétant !

Mais t’étais surtout seule, et dans un état… Eh bien, comme après trois bouteilles de whisky ! Tu machais touuuut tes mots et t’étais super bizarre ! Et du coup, j’me suis dit que t’avais besoin de compagnie, mais t’arrêtais pas de répéter « Quête hebdo, quête hebdo ! » Enfin, je traduis là, car c’était un peu iné… Iné… Incompréhensible quoi ! Et donc, on est parties un peu partout en ville en pleine soirée, et on a fait n’iiiiiimporte quoi !

Ce qu’on a fait ? Tu veux même pas qu’on fasse un super truc où on chercherait tout ce qui s’est passé en cherchant à travers les différents endroits ? Humpf, t’es pas drôle des fois… Mais d’accord ! Du coup, on a commencé par faire du cloche pied, mais à chaque fois on se gamalait. Enfin, tu te gamélais sur moi en fait, et donc on tombait. La galère ! On a mit du temps à le réussir celui-là, surtout avec les chutes. Aie aie aie, j’ai encore mal aux fesses.

Après, on s’est amusées à compter jusqu’à 1000 à l’envers. C’était comme compter les moutons avant d’aller dormir, sauf que tu comptais uniquement ceux qui restaient, car ils allaient tous se faire manger par le grand méchant loup. Enfin, une fois qu’il avait fini de tricoter, car la laine c’est pas bon à manger. Crois-moi sur parole, j’en ai déjà fait la douloureuse expérience ! Bref, on a compté, et c’était limite si tu comptais juste derrière moi. En fait, t’arrêtais juste pas de répéter ce que je disais. Et du coup, c’était super drôle ! On aurait dit un duo comique ! ça faisait pas beaucoup rire les autres cependant…

Les autres ? Oh je sais plus. Des passants, des types… En costard souvent. Oh, oui, des yakuzas ! Ils étaient drôle, surtout lorsqu’ils nous on emmener à ce karaoké, et que pendant qu’ils chantaient, tu tenais une pose vahcement dur à tenir. Mais tu répétais que c’était ton dernier objectif de la journée ! Donc tu le faisais, et ouaaah, les muscles que tu prenais ! Hey, tu pourras me porter comme une princesse ?

Hein, la suite ? Bah… t’as refusé leurs avance, en répétant que t’étais une femme mariée maintenant. Ils étaient un peu surprit, moi aussi j’avoue, avant de montrer une photo de toi qu’était… Ouaaah, hot ! En serviette et tout ! Et pour le prouver, tu l’as envoyé ! J’aimerais bien recevoir ce genre de cadeau aussi, d’une grande ange blonde… Oh, ça sera mon prochain objectif en fait !

Après ? Bah on a flaner en ville, mais tu t’es complètement écroulées. Du coup, on est rentrés, et t’as bredouillé qu’on pourrait rester ici. Du coup, j’ai dormi dans le canapé et pour pas partir comme une voleuse, j’ai commencé à jouer. On a des pizzas si tu veux !''

Quel

Bordel.

‘’Aussi, tu viens de recevoir une photo sur ton tel !’’

‘’Hm ?’’

Putain.

Une photo hot de Shen.

‘’Q-Que-Queeee !’’

‘’Ouaaaah. J’préfère les blondes, mais… Pas mal !’’

‘’T’as rien vu ok ?!’’

‘’Oh si, j’ai tout vuuuuu !’’

Et merde… Encore une journée qui commençait mal… Mais à y réfléchir, j’avais fait cette quête hebdo. D’une manière un peu surprenante certes, mais… Au moins, c’était réglé. Même si j’avais encore une fois un quiproquo à devoir régler, surtout avec Shen en fait… J’allais devoir lui parler de toute façon.

Quelle galère n’empêche…

Nouvelle semaine, nouvelle quête, hum ? Cependant… Cette fois-ci, j’avais comme un mauvais pressentiment. Genre un très très très mauvais pressentiment. J’voulais dire, rien qu’à l’énoncé, j’allais bouffer de la poudreuse jusqu’à ce que mes jambes me supplient d’arrêter. Ou pire. Ou un truc du genre en fait. Bref, j’allais devoir glisser. Et ce, durant des kilomètres. Punaise, j’étais pas prête à ça.

Surtout que le pire, c’était que je vivais à Hokkaïdo. L’ile du Nord, l’île du froid, l’île de la neige… Ouais, et j’avais jamais fait le moindre sport d’hiver. En fait, j’avais pas fait beaucoup de sport, et je devais admettre que la quête chaque semaine était mon principal moyen de me faire quelques muscles. Le pire étant que ça fonctionnait hein, j’étais moins chétive qu’avant, mais… Y’avait encore bien des progrès à obtenir pour arriver à d’autres gens. Après, c’était pas une course, ni un défi, mais simplement d’éviter ce donjon punitif qui était présenté comme une menace bien crédible.

Mais bref, j’m’étais donc posée devant mon PC. Drôle d’endroit pour glisser hein, mais c’était d’abord ma phase de préparation. J’allais devoir trouver le sport où je pouvais glisser le plus longtemps sans interruption. Evidemment, le ski était une évidence quand on parlait de sport de glisse, mais le problème était qu’on glissait la moitié du temps, et j’avais pas envie de me faire des années d’attentes dans le télésiège pour qu’avec ma chance légendaire, il vienne à tomber en panne et que le saint Bernard vienne à m’écraser après coup.

Et je rayais comme ça la majorité des idées qu’il y avait. Snowboard, bobsleigh, même la luge en fait ! Surtout que j’allais devoir bouger mes fesses à la station de ski la plus proche et vendre un rein pour toutes les locations, tout ça pour une journée. C’était compliqué pour pas grand-chose, mais…

Y’avait bien un truc.

Une patinoire, ça pourrait aller non ? Pouvoir glisser sans interruption, à condition de pas se manger les gens et de tomber en boucle. Ça c’était une option, même si ça allait devoir dire que j’allais devoir en faire durant des heures. Et en vérité, pas tant que ça. J’risquais d’aller plus vite qu’en marchant, et j’pouvais presque tabler sur un bon 8 km/h. Donc en trois heures environ, ça pourrait se faire. Restait que ça partiat sur trois heures d’efforts hein, mais y’avait tout ce dont j’avais besoin pas très loin. Et moins cher.

Non, j’étais pas radine. Juste que je surveillais un peu mes économies lorsque j’y pensais !

Mais bref, manteau sur les épaules, chaussures bien lacées et un bon paquet de pansement dans la poche pour les chutes. Je savais que j’allais me faire mal en procédant. Je savais que ça allait être chiant, répétitif, et que la batterie de mon balladeur suffirait peut-être pas. Mais bon, y’avait pire hein ?

*****

‘’Bordel…’’

Je venais ENCORE de me planter. A croire que je collectionnais les gamelles. C’était pas croyable hein. J’avais des bleus et des coupures partout. C’était que bon, les patins dans la gueule, ça faisait mal. Mais plus de peur que quelque chose de sérieux. Surtout que ça progressait bien. Allez, on se démotive pas !

*****

Je déteste le patin à glace.

J’suis trempée. De sueur, de l’humidité, de froid et de tout. J’suis assise dans ma douche, de l’eau chaude me tombant sur la gueule pendant que ma rune verte s’occupe de faire ce que les pansements avaient temporisés. Franchement, découvrir un nouveau truc en abusant durant des heures… Ouais, pas le meilleur plan. Mais bon, au moins, je sais patiner. Un peu. Du moins, sans trop tomber. Et derrière, j’ai mal aux chevilles. Et au derrière aussi.

Mais bon, faut que j’en profite. Car après, une fois à Tokyo… Gloups, ça m’fait zarb de savoir que j’vais être amenée à déménager…

Bon, dernier préparatifs avant de m’retrouver parachutée à l’autre bout du Japon. J’devais admettre que de quitter Sapporo dans les prochains jour avait cet effrayant sentiment de sauter les pieds joints vers l’inconnu. Après tout, non seulement j’allais vivre dans une ville où j’avais presque jamais mit les pieds, mais en plus vivre avec quelqu’un qui… Bon, que j’aimais hein, là n’était pas le problème, loin de là, qui savait même ce qu’on pourrait faire… Mais le problème était que… Bah on se connaissait pas, et que j’avais la peur bleue de faire une erreur stupide dans ma relation.

C’était que les quelques trucs que j’avais, j’aimais bien les garder, donc bon, autant essayer d’être prévenante, même si c’était un brin délicat avec ce sujet là. Par contre, celui des quêtes hebdos, celui-là… J’devais admettre que j’m’en serais bien passée. Des fois, j’me demandais pourquoi j’avais ça. Pourquoi ça existait encore. Oui, c’est bon, j’avais compris que j’allais devoir remuer mes fesses jusqu’à je sais pas trop quand. Et une fois terminée, une fois niveau cent, si ça arrivait un jour, je ferais quoi ? J’continuerais à m’faire chier pour ce genre de truc ? Peut-être bien ouais… Mais ce jour était pas arrivé. Donc direction je sais pas trop où pour accomplir je sais pas trop quoi dans l’espoir d’être pénarde une semaine de plus. Un bien maigre prix pour être en vie certes, mais… Bon, voilà, c’était lassant.

Donc, objectif du jour… Aller à cent mètres de profondeurs. Cents mètres ? Eh bah… Heureusement qu’il y avait l’éveil et compagnie, car autrement… Couic, j’aurais pas réussi. Surtout sans équipement hein, comme précisé. Bon… Vu que les plus profondes piscines du monde devaient arriver à quarante mètre, pas le choix. J’allais devoir mouiller le maillot et punaise c’que je pouvais détester ça.

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Franchement, dans une journée où j’faisais tout de même mes préparatifs, j’avais autre chose à faire que de partir à la mer pour une raison à la con… Surtout que bon, fallait prendre le train, prendre le taxi, nager je sais pas combien de minutes juste pour arriver au bon endroit, et une fois ça fait, fallait ENSUITE commencer à plonger. Rien que les préparatifs étaient une galère en soit, et là j’y allais brut-force, donc j’imaginais pas l’horreur que les autres devaient avoir. Mais bon, quand il faut y aller…

Bref, maillot de bain, et j’commençais à plonger. Punaise, la mer était froide, et encore plus en profondeur. Heureusement que j’avais zieuté quelques tutos pour faire de la plonger. Genre au moins respecter un semblant de palier de pression à 10 mètres, histoire de pas s’exploser. Mais bon, c’était aller tout de même à une pression de 11 Bar, et ça, c’était graaaave chaud. Mais ça semblait pas trop déranger mon corps, qui semblait s’être renforcé à force d’avoir fait autant de conneries et de quêtes. Un mal pour un bien non ?

Sauf que bon, tenir autant sa respiration, c’était chiant. Mais ça l’était encore plus lorsque la quête s’actualisa, pour commencer à faire apparaître un timer, où j’devais rester cinq minutes à cette profondeur. CINQ MINUTES PUTAIN ! Certes, j’avais des capacités plutôt pas mal, surtout pour résister, mais j’avais prit mon temps et ma respiration. Là, on parlait d’un truc complètement timbré ! Merde, merde… Ça m’paraissait difficile, et si j’voulais éviter de prendre une nuit d’hotel et d’me faire chier sans pc ni chargeur, j’allais devoir faire vite… Tout le drame de ma vie hein.

Bon, me fallait une solution. Une pour tenir quelques minutes. J’étais pas une experte en plongée, et il me fallait une source d’oxygène. Sauf qu’à part mordre des poissons et espérer prendre quelque chose, je savais pas trop. Et c’était risqué hein, surtout qu’il y aurait personne pour me faire du bouche à bouche. Et ce serait awkward pour Shen. Sauf si c’était lui qui venait me récupérer mais, j’devais pas réver hein…

Hum, du bouche à bouche…

Alors non, j’étais pas en train d’imaginer Shen m’en faire ! J’avais pas besoin d’un tel embarras là maintenant. Enfin, juste à penser ça, je… BON, j’avais peut-être une idée, et surement pas la plus… Normale en fait. J’avais mes runes, et ici, au fond de l’eau, personne allait me faire chier.

J’invoquais donc une copie de moi-même. Un clone, comme j’avais pu en faire quelques uns et qui servaient à distraire les gens. Sauf que là, il allait me servir de bouteille. Après tout, si ça me clonait, ça devait aussi prendre l’oxygène dans mes poumons, ce que je pouvais me servir donc pour respirer. Punaise, c’était zarb hein, mais c’était une méthode.. Donc voilà comment j’me retrouvais à faire du bouche à bouche avec moi-même, en plein milieu des profondeurs de l’océan, juste pour un défi à la con.

‘’Plus jamais ça…’’ Fis-je en regagnant la côte, trempée et un peu déshonorée d’avoir autant embrassé mes sosies. Punaise, paye ta Narcisse quoi…

Des fois, je hais ma vie, mais des fois, j’me dis aussi que je suis putain de conne. Et aujourd’hui, c’est surement les deux.