Détente aux sources thermales

- Aaaaaaah ~.

Je laissais mon corps se faire submerger par l’eau chauffer par l’installation.
Les douleurs musculaires liées à la dernière quête étaient encore présentes, alors je ne pouvais voir cette opportunité que comme bienfaitrice.
La serviette autour de mon corps protégeait mon intimité, le bain ouvert permettait d’avoir une vue sur le ciel et le manque de personne créait cette atmosphère de calme, de tranquillité.

- Je ne pouvais pas rêver mieux.

Tout était idéal, que ça soit le lieu, le temps ou même le moment.
En fait, je ne pense pas encore avoir pleinement compris à quel point j’ai été chanceuse. Je ne parle pas bien sur de cette histoire de donjon et de ce qui en découle, ça, j’appelle ça une gêne, mais plutôt le fait que la bonne fortune commença enfin à me sourire.
D’abord la proposition d’augmentation du vendeur de takoyakis (que j’ai du refusé, hélas), puis ceci.
Je n’avais même pas prévu de venir d’abord, pourtant, on peut dire que les bonnes choses arrivent là où on s’y attend le moins.

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Ding ding ~ Ding ding ~

- Et félicitation à la demoiselle qui gagna le gros lot !

Eh ?! Choquée par cette déclaration inattendue, ma voix s’éleva d’elle-même intérieurement.
Pris de court par cette attaque surprise, je fis en sorte de remettre de l’ordre dans mes idées.
Vraiment ? J’ai gagné quelque chose ? Comment ça se fait ? Je n’ai jamais obtenu un prix et voila que j’obtiens le premier prix sur un coup de chance ? Vous ne vous trompez pas de personne ?

- Oui, vous demoiselle, vous avez obtenue le premier prix en un seul essaie.

Une multitude d’émotions étincelèrent en un instant en moi comme un torrent, excitation, joie,…
toutefois, je me ressaisis vite. Je n’étais pas du genre à avoir ce pot et puis, de toute façon, je suis sur que de toute façon, ça sera soit des réductions pour l’Intermarché du coin, du matériel en tous genres, soit un énorme panier-repas. Bien entendu, dans ces trois cas de figure, je restais heureuse, car qui dit réduction ou matériel, dit gain d’argent !

Un sourire béa se dessina sur mes lèvres, imaginant les possibilités que m’offrait cette aubaine.

- Vous avez donc gagnez un séjour d’une semaine dans n’importe quel hôtel de cette liste étant à Hokkaido, allant même pouvoir changer en cours de route.

…. Sérieux ?

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Je bougeai mon corps de façon à de changer de position. Le sol fait de pierre faisait en sorte de garder au maximum la température, cela me faisait bizarre de toucher de la roche pieds nus, après tout, on marchait dessus généralement en chaussures.

- D’ailleurs, on m’a dit qu’il y avait un service pour l’alcool, voyons voir si c’est le cas.

J’ai ouï dire que l’alcool était meilleur lorsque l’on prenait du bon temps, alors pourquoi ne pas essayer ?
Hm ? Mon âge ? J’ai 21 ans, je fais ce que je veux non ?
Toujours couvert par une serviette, je sortis de l’eau afin de chercher le service à boire. Prions pour que la liqueur soit de qualité.

Et punaise…

Et dire que la journée avait, pour une fois, un peu près bien commencée… Faisait pas trop moche, un contact de piston m’avait dégoté un entretien d’embauche dans une boîte d’informatique de l’autre côté de la ville. Genre pour une fois, j’étais parvenue à sortir de moi-même sans risquer de me prendre des cailloux de la part des gamins du quartier. Bon, j’exagérais quand même grave, probablement qu’ils devaient même pas me connaître, mais la moindre petite embrouille pouvait me faire grincer des dents à un point… Audible. Ouais, autant dire ça comme ça.

Mais bon, avec moi, ça part en vrille. L’entretien s’est mal passé, des vieux ont changés de trottoirs en me voyant arrivés, même si je savais toujours pas si c’était à cause de ma couleur de peau ou s’ils m’avaient reconnu, et pour rien arranger, je venais de louper mon seul moyen de retour. Rappel hein, j’étais de l’autre côté de la ville, et j’allais devoir y passer des heures. Le stop, je pouvais oublier, clairement. Stupide journée spéciale de mobilisation de mes deux… C’était bien le moment pour louper ça !

Du coup j’me retrouvais, comme une conne, adossée sur un banc, avec quelques feuilles mortes en guise de colloc. Tu parles d’un plan… Bien évidemment, j’avais pas vraiment de contact avec une bagnole, et ça me saoulait déjà d’appeler un taxi qu’allait me couter deux reins et demi juste pour ça. En même temps, j’avais pas vraiment trop de choix, c’était ça le blemme majeur… Enfin, j’avais toujours d’autres solutions, mais la majorité d’entre elles étaient conne ou autodestructrice, et comme j’avais déjà eu la soufflante qui allait bien sur le sujet, j’préférais éviter. Si Mirai venait à l’apprendre, j’risquais d’être forcée à porter un dentier jusqu’à l’hiver prochain. Tu parles d’une vie…

Fin, y’avait aussi un plan. Genre à deux pas d’ici. Un hotel, pas trop grand, pas trop cher, avec quelques sources thermales. Visiblement, ils cassaient un peu les prix pour faire en sorte d’attirer des clients potentiels. Fin, c’était abordable quoi, et puis… Et puis merde quoi ! Non pas que j’avais une dent contre ma douche et mes produits de bains, mais ça serait pas une infidélité si j’allais tremper mon derrière dans un autre endroit, nan ? Au pire, qu’est-ce qu’elle ferait ? Me balancer de l’eau froide dans la gueule. Désagréable ouais, avec un sale caractère, mais j’étais en train de m’emmerder avec une histoire d’infidélité sur mon mobilier, donc bon…

Bref, petite rentrée discrète, réservation en vitesse pour la nuit, et zou, j’me retrouvais dans la soirée à profiter de ce genre de truc. Enfin, avec les vestiaires pour le moment. D’ordinaire, j’me serais bien demandée où était mon maillot de bain, mais… On est au Japon. A croire que même si j’avais passée ma vie ici, c’était pas complètement bien rentrée le fait que la pudeur était situationnelle.

Mais bon, j’étais pas là pour me poser des questions, bien au contraire. Ça devait être un moment de détente, ou un truc du genre. Ce genre de moment qu’était sensé bien se passer et faire oublier la majorité des problèmes. A tester donc. Au pire, je tirerais toujours la gueule. A poil cette fois, donc bon, la différence serait qu’on regarderait pas au même endroit. Genre « Hey, mes yeux sont plus haut ».

Enfin, au moins y’a pas grand monde. Juste une brune aux cheveux longs qui sort, une serviette autour du corps. Si c’est pas mixte, ça devrait se faire. Le genre de coexistence passive qui se fait, genre dans les transports en commun. Enfin, j’dis ça mais bon…

Et puis, qu’est-ce qui pourrait se passer, si ce n’était qu’il y avait un série ininterrompue d’aboiement, et qui commençait à se rapprocher. Un chien laissé en liberté ? Boarf, pas trop un problème… Normalement en tout cas, car le fait de voir un truc taille berger qui saute la barrière sans gène, et qui fonce sans ménagement en ligne droite, comme si on avait invoqué sa gamelle…

‘’Hey attention !’’ Fis-je, un peu déroutée face à la menace inattendue. Tu parles, j’étais même pas encore dans le bain que les emmerdes commençaient déjà… Et y’aurait quoi après, des voyeurs ? Une attaque alien ? Une attaque d’aliens voyeurs ?

Punaise…

Je n’y ai jamais pensé jusqu’ici, mais ça m’a toujours impressionnée de voir à quel point on était ingénieux pour créer des choses à partir de quelques fruits ou légumes.
Différents types de raisins font différents types de vin, un alcool très rependu en dehors de chez nous, ou, différentes façons de fermenter le riz font différents types de saké.
Cela peut sembler ridicule pour certains, mais c’est ce qui prouve que nous sommes des êtres capables de se diversifier quand on le souhaite.

- Quoi que parfois, on peut être ingénieux pour des choses stupides.

Un léger rire s’échappa de mes lèvres, alors que je pensais à ce genre de possibilité.
Mes pas caressaient le bois un peu humide qui servait de parquet, ma serviette entourait mon corps comme seule protection pudique. Je n’étais pas du genre exhibitionniste, encore moins dans ce genre d’endroit, mais pour profiter d’une telle installation, il fallait le faire avec ce genre de norme.
Voyons voir, hmmmm, hmmmm, non, oui, peut être… C’est surprenant de voir qu’ils ont prévus plusieurs types d’alcool, même pour un hotel comme celui-ci.

- Ah.

Mes doigts glissèrent entre deux bouteilles afin d’en récupérer une plus loin.
Je n’ai pas pour habitude de boire de l’alcool très fort, alors je me laisse tenter par une proposition qu’un camarade de travail m’a conseillé une fois.
Elle était petite et légère, mais qu’importe, ce genre-là se déguste en petite quantité et le goût reste un moment au palet.
Maintenant, il me reste plus qu’à trouver un-

Woof !

Qu- ?!

Le temps que je prête attention à aux alentours, un effet de pression s’aplatit sur mon ventre, me mettant au sol à la seconde d’après.
Qu’est-ce que ?! Un chien ? Mais qu’est-ce qu’il fout là ?! Par où il est rentré ?:
Remuant la queue ici et là, son museau toucha ma joue avant de me la lécher. De par son comportement, il devait être heureux de me voir.
… Cependant, au-delà de ça… TU VA ME LÂCHER OUI ?!

- ÔTE TES SALLES PATTES DE MOI !

Aucune pitié, merci ou je ne sais quoi ! Pas de quartier !
Mon sang ne fit qu’un tour et avant même que mon intellect me dicte ce que je dois faire, mon pied salua son abdomen avant de le projeter de toutes ses forces le plus loin possible.
Maltraitance animale ? Il m’a sauté dessus ce con !

Kaï

Un couinement s’éleva et ni une ni deux, le quatre pattes détala comme un lapin dans une autre direction. Hm, il y avait quelqu’un en plus de moi ? Ha ?! Le chien arrive sur elle ?! Atten-

Trop tard...

Musique

Bon, c’était ce genre de soirée qu’était bien sensée se passer. J’veux dire, j’avais suffisamment trimée aujourd’hui pour me prendre une nouvelle péripétie dans la gueule… Fin, j’disais ça, j’étais sûre que j’allais bien me retrouver avec un quadragénaire dans ma salle de bain, qu’avait oublié d’évacuer. Ouais, du gros coup de malchance, mais bon, des fois, j’me demandais si ce genre de truc n’arrivait qu’à moi.

Mais bon, une fois dans le bain, j’allais bien oublier tout ces problèmes là. Ces merdes dans ce genre et compagnie. Il me restait que quelques mètres, donc j’étais pénard. La voie était sûre, et c’était pas un chien un peu trop bondissant qu’allait m’en empêcher. Enfin, sauf que sa cible initiale est du genre à se défendre, et à ne pas hésiter à se débattre. Résultat, un shoot dans l’cabot, un couinnement suivit de plusieurs, alors que le projectile canin fonçait maintenant dans ma direction.

Attend… Il fonçait vers moi ? Genre vraiment ? Meeerde… Punaise, le genre de truc que j’avais pas envie d’avoir. Bon, devait bien y avoir une méthode. Sachant que c’est un chien type gros. Genre berger. Sa vitesse de course devrait être d’une bonne cinquantaine de kilomètres par heure. Fin, il était encore en phase d’accélération, donc une quarantaine, à tout casser. De quoi lui faire perdre quelques points sur son permis…

Puis bon, vu le spécimen… Une trentaine de kilo aussi. Pas le plus gros que j’avais pu voir, certains étaient plus lourds que des humains, mais un bon spécimen tout de même. Qui fonçait sur moi. Bon, réfléchissons, dans cette situation… Des mètres par seconde, des kilogrammes… Ça serait un choc à plus de trois cents joules que j’allais me recevoir dans le ventre. Ce quoi faire mal tout de même, c’était assez important à réaliser.

Mais le plus important, c’était pourquoi merde je m’étais dit que c’était le truc à faire dans cette situation.

Putain, des fois, je regrette beaucoup de choses.

Bref, un coup de boule dans l’estomac, un souffle coupé et j’me retrouvais complètement allongée, en forme d’étoile, en plein milieu des bains. J’avais comme qui dirais un mal de ventre assez terrible, mais bon… Au moins, j’aurais pas à me faire chier à savoir si l’eau était à la bonne température, vu que j’étais littéralement dedans.

‘’Bordel… J’suis pas une habituée, mais comme tord-boyau… Celui-là il est pas mal…’’

L’impression d’être comme une quille sur une piste bowling. Tu parles d’une expérience enrichissante. J’crois en fait que j’aimais pas beaucoup les chiens. Enfin, surtout que eux ne m’aimaient pas. Toujours à m’aboyer dès que je passais, et maintenant ça…

‘’C’est normal ce genre de truc ? Spécialité du coin ? J’suis pas vraiment fan en fait…’’

A peine le temps de me relever un peu, et de réaliser que ma serviette était comme moi : complètement trempée. Tu parles d’une soirée. En quelques mètres, c’était passé d’un espoir de souffler un peu à être avec un poids de côté sacrément méchant. La joie sur tous les étages…

Si quelqu’un faisant partie d’une de ces associations sur la défense animale me voyait, il aurait déjà commencé à faire un sermon sur mes actes. « Les animaux doivent être respectés », « C’est pas bien de leur faire ça », ecetera ecetera…
Clairement, là, je n’en avais que faire. S’il fallait faire la morale à quelqu’un, ramener le propriétaire et en on reparlera.

- Eurk…

Ce sac à puce a mis sa saleté sur mon visage, le rendant gluant et mêlé à une odeur dont je me serais bien passée. Je tendis la main vers la bassine la plus proche afin de nettoyer cela en quelques instants, c’était mieux que rien.

Remarquant qu’au dernier moment la nouvelle victime de ce quatre pattes décérébré, je pris la décision de lui donner un coup de main.

- Ça va aller ?

Bien sûr, je ne m’attendais pas à ce qu’elle n’ait rien et vu le poids que faisait ce tas de poils, pas étonnant que le recevoir en plein vol n’est pas une partie de plaisir, encore moins avec les non éveillés.
Lui tournant le dos, je vérifai par où exactement cet énergumène avait pu entrer, avant de ne voir rien d’anormal aux alentours… Attend, ça veut dire qu’il est aux proprios ? Ou quelqu’un l’a amené ici ?
Bordel, c’est si difficile de mettre un chien à la niche ou de l’attaché à un poteau.

- Tch’.

J’ai encore le côté gluant qui me revient en tête, alors je remis une couche d’eau au visage.
L’envie d’aller directement me plaindre me traversa l’esprit, mais je pris le choix d’y aller contre pour le moment. Laissant un léger soupire, je tentai de trouver autre chose pour le moment.

- Il fallait que ça nous arrive à nous deux hein ? J’aurais du faire attention, mes excuses.

Techniquement, ce n’était pas de ma faute si cette boule de poils est venue à l’improviste, mais la projection de ce dernier l’était bel et bien.
Il faut assumer ses fautes non ?

- Ah, tu veux que je t’en récupère une autre ? Dis-je en parlant de ce qu’elle avait autour de la taille ; sinon, on peut aller voir ensemble le service et demander des explications. Avec de bons arguments et de la finesse, on pourrait continuer à profiter de cette soirée avec quelques avantages et à moindre prix.

Mes doigts fins mimèrent le frottement d’un billet de yens, tandis que je lui proposai cette idée avec un de mes nombreux sourires espiègles que beaucoup de commerçants et emmerdeurs connaissaient.
Du chantage ? Et pourquoi pas ?

Spoiler:

Un mal de côte était une chose sacrément pénible. Avec l’âge s’ajoutait les raideurs musculaires, le mal de dos, les courbatures et tout ce bordel que j’étais en train de raconter avec mon âge ô combien avancé de vingt sept balais. Pourtant, là, maintenant, j’avais l’impression d’être aussi immobile qu’une sexagénaire sous médoc vu mon mal de ventre. J’crois que j’avais besoin que cette journée se termine. De préférence sans autre problème et assez rapidement. Tch, juste pour une envie subite de profiter de quelques sources thermales. Définitivement, j’avais la guigne.

‘’Pas sûr.’’ Répondis-je mollement, en continuant de me laisser flotter comme la malheureuse que j’étais. Mais bon… J’allais peut-être la faire inquiéter pour pas grand-chose. ‘’Juste mal hein. J’ai pas encore crachée mes deux poumons ou mon estomac.’’

Constat rassurant je dirais, de savoir que je n’étais pas en train de mourir. Du moins pas encore. Tu parles d’une galère… Pas banale, mais forcément, dès que je me pointais quelque part, les choses finissaient toujours par partir en couille… A me demander comment j’m’étais pas surnommée miss malchance plus tôt. Enfin, j’exagérais peut-être, mais si ça continuait j’allais finir par broyer du noir dans cette piscine traditionnelle.

‘’Y’a pas de raison de vous excuser. Sauf si c’est votre clebs, dans ce cas… Mais vu le shoot qu’il s’est prit, j’dirais bien qu’c’était pas le vôtre. Humpf… Raison de plus pour préférer les chats.’’

C’était vrai que ça pourrait pas être une si mauvaise idée que ça. Un animal de compagnie. Enfin, j’disais ça, j’étais certaine que Kasumi ou Mirai le prendrait avant que la première semaine ne soit écoulée. J’étais déjà pas capable de faire survivre une plante verte, alors un animal, qu’avait au moins quatre fois plus de besoin… Ouais, pas vraiment un bon plan cette affaire. Dommage.

Mais j’allais bien devoir me sortir de là un jour, et me tourner déjà un tant soit peu vers mon interlocutrice. Une femme, un peu plus grande que moi et avec de longs cheveux bruns, visiblement plus japonaise que moi, avec ma peau métisse. Et qui voulait me donner un coup de main.

‘’Hum ? Ma serviette ? J’crois que ouais, j’vais en avoir besoin d’une nouvelle…’’ Commençais-je, avant d’entendre la suite de sa proposition. De jouer nos Karens et d’aller se plaindre de ce qu’il venait de se passer afin d’essayer d’obtenir des ristournes ou un surclassement… C’était un bon plan ça. Le genre que je pouvais penser et que j’appliquais jamais, baissant la tête pour éviter le contact social.

‘’C’est pas une si mauvaise idée… Y’a bien moyen ouais en fait.’’ Fis-je en regagnant la rive, me redressant non sans un petit peu de mal avec le coup que je venais de recevoir. ‘’Faut que je surjoue ? Que je fasse comme si ma vie était en jeu après ce « terrible » accident ? Fin si j’fais ça, j’vais me retrouver aux urgences en fait, et les lits là-bas sont… Pas très confortables. Et ils seraient capable de me facturer les deux chambres les cons ! Ouais, va peut-être falloir être un peu subtile en fait… Une idée ? Ou de l’expérience dans le domaine ?’’

Les paroles de ma nouvelle camarade arnaqueuse au teint bronzé me firent réfléchir quelques instants, le marchandage est tout un art et tous les petits détails ont leurs importances, le plus important était de tourné tout ceci à notre avantage en jouant correctement nos cartes.

- Il y a plusieurs façons de faire en effet. La clé, c’est de rien laisser au hasard sans aller dans la démesure. C’est comme aller au marché, on regarde le produit, on le juge, on le compare avec les autres au niveau qualité-prix, puis on attaque si c’est jugé possible.

Ma mère m’a apprit ce genre d’astuce lorsqu’elle était encore présente, à chercher les moindres petites choses lorsque l’on faisait nos courses, à observer deux consommables venant de deux magasins différents pour trouver le meilleur,…
À cause de ça, on a acquis une sacrée réputation dans le quartier où l’on vivaient, les voisins blaguaient un peu dans notre dos, tandis que les commerçants nous craignaient comme la peste.

La mélancolie me gagna un instant avant de disparaître, ce n’était pas le moment et je n’étais pas vraiment du style à tirer une tête de Caliméro devant la première inconnue.

- Vu que le chien est rentré jusqu’ici, ça veut soit dire qu’il y a une brèche, soit que le restaurant n’a pas fait en sorte de le tenir en laisse. Dans tous les cas, ça vient surtout de leur manque d’attention. C’est un peu comme si tu achetais la dernière console neuve et qu’au moment d’ouvrir le carton, tu vois que son état n’est pas celui que tu avais demandée. Le produit était peut être neuf au départ, mais il y a eu dégradation en cours de route.

Cela m’a fait penser la fois où j’avais commandée une machine pour la cuisine, pour finalement ouvrir son emballage et de le découvrir à moitié démonter et avec des pièces en moins. Ce jour là, le manager du magasin a bel et bien entendue ma douce voix insultée de trente six façons sa chère maman.

- Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que c’est nous qui avons payés les pots cassés, donc du moment que l’on ne va pas trop loin, ça ira.

Mes lèvres se sont automatiquement arrangés pour faire place à un de mes plus « charmants » sourire. Oups, mauvaise habitude, j’espère que je ne l’effraie pas trop, je ne voudrais pas perdre ma carte maîtresse.

Des rapides bruits de pas résonnèrent à l’entrée du bain, avant qu’un autre plus sec nous signal que la porte coulissante était ouverte. Une dame en tenue de kimono arriva juste après, quelque peu essoufflée par ce qu’il semblerait une mise à l’épreuve de son corps.

- Mes-mesdames, y a t-il eu un problème par ici ?

Parfait.

J’crois qu’à aucun moment j’m’étais imaginée avoir mal au ventre et me recevoir un cours sur comment marchander / Arnaquer les gens en pensant aller simplement prendre un bain pas très loin. Punaise, tu parles d’une soirée tout de même… Et le pire c’était que j’étais pas vraiment au bout de c’t’affaire, car maintenant qu’elle avait une opportunité, j’étais un peu près sûre qu’elle allait vouloir pousser le bouchon jusqu’à obtenir ce qu’elle voulait. Et j’allais me r’trouvée emporter par l’élan qu’elle mettait à ça.

Quand même zarb comme soirée.

‘’Euh… Ouais, j’crois comprendre. Enfin, peut-être pas. Mais le concept est rentré, on va dire.’’

Pas très clair j’imagine. Mais bon, j’avais pas non plus d’exemple concret. Je savais pas où était spécialement la limite entre la démesure et ce qui fallait faire, donc… Ça serait de l’impro. Pas comme si j’allais apprendre un texte ou un pas de danse juste pour dire que j’avais le ventre dans tous les états suite à l’agression d’un molosse qui connaissait l’attaque coup d’boule. Ou ptête que c’était une erreur de ma part de penser que tout allait bien se passer.

‘’J’vois le genre ouais.’’

Mais restait que oui, dans cette affaire nous étions les « victimes ». Bon sang, tu parles d’un terme. Pas très glorieux, mais bon, pour avoir des réduc il allait bien falloir jouer la corde sensible, l’outrage ou je sais pas quoi. Après, ça restait elle l’experte dans le domaine, donc… Ce serait probablement elle qui serait la mieux placée pour négocier quelques avantages… Enfin, je crois ?

Me tenant un peu le ventre, tout de même un peu endommagée par ce qui s’était passé, ce fut un peu près à ce moment là qu’une personne vint à débarquer. Visiblement la proprio. En tout cas, si c’était pas elle… Bah j’sais pas qui ça serait. Faudrait tout de même tenter de jouer la sérénade jusqu’à ce qu’il y en ait un qui accepte, même si c’était à contrecœur. Surtout si c’était à contrecœur en fait !

‘Ouais, un peu…’’

Bon, rappel. Pas trop en faire, mais tout de même un peu. Bien montrer qu’ils étaient responsables de la connerie et qu’on subissait ça… J’crois que j’avais un peu près ça en tête.

‘’Y’a un cabot qu’est rentré ici et qui nous a chargé ! Il m’a pas loupé en plus le con… Z’avez rien contre ça ? Ou c’est normal de s’faire tacler par des animaux ici ?!’’

Un peu d’énervement. Un peu de trop aussi j’dirais, qu’était qu’à moitié simulé en plus. J’aimais pas les chiens, ou plutôt, les chiens m’aimaient pas, et avec ce qui venait de s’passer, j’avais bien le droit de grincer des dents un peu. Même beaucoup.

‘’Dur d’être pénarde lorsqu’on s’fait attaquer…’’

Peut-être que des gros termes comme ça pourraient être un peu efficace. J’allais pas sortir agression et co, mais bon, si c’était nécessaire… devrait bien y avoir une méthode pour appuyer sur les points sensibles, mais ça, faudrait encore pouvoir les déterminer, et… Ce serait plutôt ma camarade d’infortune qui pourrait mieux faire ça. Peut-être un. J’étais une noob en marchandage. Débutant + on pourrait dire… Et encore, peut-être que ce serait un – vu mon social…

L’explication ? Parfaite.
Le talent ? Elle avait l’air d’en avoir, mais son bleu compensait.
Le taux de succès ? Inévitable.
Je remercie encore une fois mon expérience dans ce domaine, qui, grâce à lui, va nous permettre de pouvoir tiré un maximum de bénéfice pour un problème qui vient de leur faute.

Je crie victoire trop vite ? Ceux qui ne croient pas en eux ne gagneront jamais, c’est aussi simple que ça.

Celle qui semblait faire partie de l’entreprise attendait une réponse de notre part, mais je préférais rester en stand bye, les pros frappent toujours au bon moment.
Bien sûr, je ne restais pas debout sans rien faire, mon corps soutenait celle de ma partenaire blessée, tandis que je jaugeais la nouvelle arrivante qui écoutait les plaintes de ma camarade de crime.
Hmmm… De part ce qu’elle dégageait : le manque de confiance en elle, ce côté hésitant, la peur… Verdicte : c’est une chiffe molle !

- M-mais ne vous appartient-il pas ? Peut être qu’il appartient à un autre client et qu’il a oublié de l’attacher, c’est donc à lui de...

… Attends quoi ?

- Ce-cependant, je vois que vous n’êtes pas si blessée que ça, sinon, vou-vous pouvez toujours aller faire un tour à l’hôpital et voir avec le propriétaire pour payer les soins...

Elle nous fait vraiment ce coup-là ?

- S’i-s’il n’y a pas de problème, je vais vous laissez...

Oh putain, la salope.



Du génie ou un culot de rang maître ?
Une peau épaisse ou des nerfs en acier ?
Bonnes questions, peut-être qu’elle n’est pas si facile à avoir, qu’elle ne faisait que posée comme une pauvre brebis égarée… Elle est forte la bougresse.
Si elle n’était pas mon adversaire du jour, je lui aurais donné mon soutien et lui aurait payé un verre, or, elle était l’ennemi à abattre, ma némésis du jour.
Calme toi Elena, calme toi, sourire n’arrangerait pas les choses ~.

Je devais donc entrée en scène si on voulait que notre plan ne tombe pas à l’eau ~.

- C’est donc comme ça que vous traitez vos clients ?

Un peu trop brutal, mais il faut se remettre en course.

- Devons-nous allez voir votre manager pour lui expliquer ce qu’il ne va pas ?

Il faut amener le sujet doucement, mais sûrement.

- Vou-vous l’avez devant vous.

- Oh eh bien, je vois que vous avez le chic pour traiter vos problèmes en les mettant sur le dos des autres.

Eeeeeet maintenant !

- Vou-vous êtes aussi une victime ?

- Une victime ? Bien sûr que j’en suis une, il m’a sautée dessus.

- Mai-mais je vois que vous n’avez rien de grave.

- Et mon cœur, vous y avez pensé ?!

Un regard apeuré, des yeux larmoyants, je tentais de mettre un terme à tout cela, le fait que je réplique aussi brusquement n’était pas dans ses calculs.

- Ce chien s’est jeté sur nous, telle une bête enragée à fondre sur sa proie. Et s’il avait la grippe ? La rage ? Vous y avez pensé ?!

- Vou-vous allez trop loin madame, ce n’était qu’un chi-

- Et si ce n’était pas un chien ?! Si c’était un homme aux intentions perfide, voulant profiter d’un moment d’un moment de faiblesses des deux beautés que nous sommes ?

Mes chevilles ? Elles vont bien, merci.

- Et si ses mains dégoûtantes avaient touchés nos corps, auriez-vous eu le culot de nous dire que c’était de notre faute si nous étions si envoûtantes ?!

Et objectivement, je n’ai pas tort. Environ un mètre soixante en taille, la peau bronzée, des abdos visibles mais renforçant son charme, couplé par ses yeux verts, je ne pouvais dire qu’elle était tout sauf repoussante.

- Mes-mesdames…

- D’accord, j’ai compris. Nous n’avions qu’à aller pleurer notre malchance, nous dirons aux gens que nous, les deux belles créatures que nous sommes, avions subis un terrible malheur car l’établissement ne voulait pas nous protéger et qu’en plus, elle ne voulait pas nous aider à traverser cette terrible épreuve...

J’en ai trop fait ? Question de point de vue. De plus, il fallait bien lui rabattre son caquet et lui faire envisager les possibilités qu’x ou y personne aurait pu être à la place du cabot, mais surtout : le fait que l’on puisse attaquer la réputation de son établissement.
Ça ne paye pas de mine, néanmoins, les hôtels fonctionnent sur plusieurs critères, dont l’un est le bouche-à-oreille. S’il gagne une mauvaise réputation, dans le meilleur des cas, les employés auront une sévère réprimande de la part de leurs supérieurs… Or, si on peut boucher le bouchon plus loin, ça peut aller jusqu’au licenciement…

- Je-je m’occupe de vous tout de suite ? Vous voulez une suite ? Un repas ? C’es-c’est offert par l’entreprise.

Yay !

Evidemment que ça allait pas être si simple. Evidemment que la gérante allait tenter de nous la mettre à l’envers pour que limite ce soit à nous de courir après le chien qui nous avait aggressé. Bon, peut-être pas à c’point là, mais j’étais un peu en train de me dire qu’elle allait tenter de refuser complètement notre demande.

‘’Ça se saurait si j’avais un clébard comme ça.’’ Fis-je, un peu grinçante face à ce qu’elle avançait. Et là, j’exagérais même pas lorsque j’me disais que dans tous les cas, il aurait pas dû pouvoir rentrer dans cet endroit là, attaché ou non… Fin, si on trouvait le proprio, lui aussi pourrait payer sa tournée… Hey, double récompense non ? On a bien l’droit à ça après une épreuve si… Difficile à vivre. Sauf qu’elle en démordait pas !

‘’Attendez, « Pas si blessée que ça » ? C’est genre… Comme ça que vous traitez vos clientes ? Et « aucun problème ?! Vraiment ?’’

Elle avait de l’audace. Ou un j’m’en foutisme égal au mien. Pas bon signe ça… Pas bon du tout en fait, et c’était l’heure pour moi de laisser les professionnels faires, à savoir celle qui avait eu l’idée de ce chantage improvisé. Qui… Eh bien, sortie le grand jeu. Demandant le manager, jouant sa Karen, sa femme blessée, sa sainte nitouche qui…

Attends, elle venait vraiment de mettre en doute si c’était un homme ou un chien ?

Wah…

J’me sentais subitement penaude là, surtout que le pire, c’était que ça fonctionnait. Mais à vrai dire, j’crois pas qu’on avait réussi à l’emouvoir ou à plaider notre cause. J’crois dans les faits que si elle se tirait, c’était pour plus avoir à nous entendre, et à laisser cette histoire derrière. Visiblement, elle était tombée face à quelqu’un qui lachait rien, et qui serait prête à faire un scandale international en jouant de la vérité juste pour profiter de quelques intérêts. Mais qui obtenait ce qu’elle voulait, car la gérante s’avoua vaincue.

‘’Je s’rais pas contre les deux… Ce serait le minimum pour qu’on se remette de nos émotions quand même… Après tout, c’tait une grosse bête. Et sale en plus.’’ Fis-je en roulant à moitié les yeux, pendant que notre victime haussa les siens, avant d’acquiescer, partant un peu rapidement. Peut-être même en gromelant, fuyant cette zone qui ne lui était clairement pas favorable.

‘’Eh bah, j’crois que j’ai encore pas mal à apprendre sur comment s’plaindre.’’ Fis-je en faisant un sourire en coin à celle qui avait gérer cette affaire. ‘’Mais c’est concluant, et c’est pas un mal.’’

Restait tout de même à profiter un peu, et je retournais dans l’eau afin de m’y poser. Après tout, j’étais là pour ça à la base non ? Pour me détendre… Et maintenant que les dommages du canidé étaient derrières, même si j’avais encore un poids sur l’estomac, j’pouvais peut-être commencer à entamer le plan détente.

‘’J’m’appelle Hoshino. Et toi, c’est quoi ?’’

Satisfaite ? Oui. Sans gêne ? Carrément.
Et puis, s’ils ne voulaient pas avoir de problème à la base, ils n’avaient qu’à faire attention. C’est horrible dis comme ça, mais c’est ainsi que fonctionne le monde des adultes : tu propose, on accepte, mais si ça fonctionne mal, tu paye les pots cassés.

- Oh et n’oublier pas de ramener une autre bouteille, merci ~.

Commençant déjà a extor- tousse, profiter de la gentillesse de la manager, je retournais me laisser bercé par l’eau chaude qu’offrait l’établissement.

- Aaaah~

Depuis combien de temps n’avais-je pas profité d’un tel moment ?
Travailler, manger et dormir, travailler manger et dormir, puis on recommence. Une routine qui s’est installé depuis 5 ans déjà, me collant à la peau tel une glu qui ne voulait pas s’enlever. Soupire, j’espère que ça ne va pas empêtré dans ma vie, sinon je sens que dans peu de temps, je parlerais comme la voisine grincheuse d’à côté, disant qu’elle avait tout fait, tout vu et tout vécu.

- Elena. Lui répondis-je amicalement avant de reprendre ; Tu est japonaise ? Je dis ça comme ça, mais il est rare d’en voir avec une couleur de peau avec la tienne.

C’était rare en soit d’en voir par ici, et quelque chose me dit que ce n’était pas un bronzage exprès comme certaines filles le faisaient lors de mes années au collège.
Je détendis mes bras et mes jambes, voulant apprécier un peu plus la douce chaleur des bains en les trempant dans l’eau, ma serviette cachant toujours les parties importantes de mon corps.

- Tu vis dans les environs ? Je vais rarement en dehors de Tokyo ces temps-ci, alors je me demande si tu connais de mon coins afin de profiter de l’endroit.

Bar, boîte de nuit, ou tout simplement source chaudes et lieux touristiques, j’ai rarement bougé de mon cocon qui est la capitale, j’espérais donc trouver quelques endroits où me faire de bons souvenirs. D’ailleurs, ne serait-ce que voir du monde est déjà un bien en lui-même, ma compagne de bain respirait l’honnêteté et la sympathie, cela faisait chaud au cœur en soit.

Attachant mes cheveux avec un chouchou, j'écoutais Hoshino avec intérêt.

Maintenant qu’la soirée s’annonçait garnie, on pouvait profiter des bains. C’était tout de même con hein, qu’on en soit arrivée là suite à l’arrivée de ce cabot culbuteur, mais bon, maintenant que c’était derrière, c’était plus ça qui avait de l’importance. De toute façon, j’avais déjà pu tester un peu la température de l’eau (contre mon gré cependant, j’me serais bien passée d’un tel test en fait si on m’avait demandé au préalable) et maintenant que je m’y replongeais un poil plus sereinement, c’était… Pas la même expérience.

Juste le fait de m’asseoir sur les pierres, de sentir l’eau qui remontait jusqu’au niveau de mes épaules… C’était comme me replonger dans une piscine ou une grande baignoire. Pas la même histoire qu’avec une douche hein, mais ça prenait moins de place… Peut-être faudrait que j’pense à avoir ça un jour. De me r’trouver avec une bonne salle de bain… Ouais, un jour, peut-être, mais là, j’avais cet endroit pour moi, et j’aurais presque l’occasion de m’étaler complètement, mais… J’étais pas seule dans cette affaire, qui elle aussi s’était installée, avant de se présenter sous le nom d’Elena, en me demandant par ailleurs si j’étais bien japonaise. Longue histoire j’crois. Enfin, plutôt courte en fait.

‘’J’le suis, mais j’ai des origines Puerto-ricaines, un truc paumé des caraïbes qu’a un lien assez fort avec les States. Mais ouais, c’est pas la première fois que j’ai cette question là. Je crois que chaque mois durant mes années d’études, j’y ai eu le droit. Y’en a même qui me parlaient en anglais en pensant que j’parlais pas la langue, et même en leur répondant en Jap ils continuaient ! Ils devaient penser que c’était ma LV2…’’

Un léger sourire me gagna. La lassitude avait depuis longtemps fait place à une sorte d’amusement de la politesse curieuse que pouvaient avoir certains nippons. Et ça, des anecdotes, j’en avais pas mal !

‘’Y’en a un une fois qui m’a demandé de quel pays d’Afrique je venais ! Et j’avais beau lui dire que j’étais Japonaise, il arrêtait pas m’dire que j’étais Congolaise ou un truc du genre. Mais mon préféré, c’était un gamin qui m’a demandé si j’étais de la famille de l’acteur, le caillou j’crois… Pour déconner, j’ai dit oui et j’lui ai signé un autographe !’’

J’passais mes épaules en arrière, en relevant un peu la tête. P’tain, c’était pas mal en fait cette température, à m’demander pourquoi j’avais pas plus souvent ce genre de caprice…

‘’Fin, j’dis ça, mais Elena c’est pas hyper Jap comme prénom. Des origines ou un truc du genre ?’’

Ça pouvait aussi être une lubie des parents hein. Et en pensant à ça, forcément que ça me faisait à moitié grincer les dent. J’tenais mon côté étrangère de mon père, et… Ouais, plus il était loin de moi, mieux j’me portais. Cependant, elle vint à me poser une question, à savoir si j’connaissais les environs et les bons plans des environs. Là… C’était pas la meilleure idée.

‘’Euh… Nan, j’connais pas trop. Fin, j’vis dans les environs hein, mais je suis pas, mais alors pas du tout une guide touristique. J’connais deux trois commerces, mais vite fait, et pas spécialement de truc à faire absolument dans le coin… Fin, surtout par rapport à Tokyo hein. Fin, bon, quand tu tapes sur internet et les trucs à voir c’est le parc et une tour télé… Y’a mieux j’pense.’’

Je réfléchissais quelques instants. C’était quoi les poitn de renommée de la fille, à défaut…

‘’Euh, sinon… Y’a bien les pistes de ski, le festival de la neige ou la bière locale, mais… J’ai jamais essayé.’’

Caraïbes ? C’était où déjà ? Ah oui, ce genre de petites îles pas loin de que l’on appelait le Mexique, lui même relier aux États-Unis. Aïe, j’ai tout d’un coup peur pour ma mémoire. Si je commence à ne plus me souvenir ne serais-ce où se situe la France ou le Canada, je devrais creuser une tombe à l’endroit le plus proche pour cacher ma honte si découvrait mon manque de connaissance générale. Pitié Hoshino, ne me fait pas ce coup là…

J’écoutais cette dernière avec attention, parfois en souriant, celle qui m’acheva le plus était le coup de l’autographe. Du génie !

- Je ne sais pas qui plaindre le plus, toi qui te fais harcelée une énième fois, où le petit que tu as manipulé pour se moquer de lui.

J’ai ris, j’ai ris pendant un long moment. Ce genre de récit était peu banale, même anodin, mais c’était surtout le fait que de rester là, assise, à rigoler pour des broutilles, ça ne m’était pas arriver depuis un bout de temps, depuis ma mésaventure dans ce donjon de malheur.
Elle m’interrogea ensuite sur mes origines, normal dirais-je, même si ce genre de questions était plus facile à répondre à certains qu’à d’autres.
Je suis à moitié russe, le genre de racines que les japonais ne portent pas particulièrement dans leurs cœurs. Cela m’a amené des ennuies parfois, et ma mère ne souhaitait pas que je change de nom ou prénom : « C’est la seule chose qui te lie à ton père. » qu’elle disait, sauf que, de loin de ce que je me souvienne, je n’en ai jamais eu. Et c’est très bien comme ça.

- Eh bien, disons que ça vient de mon côté paternelle qui ne vient pas d’ici. Il est russe.

Bombe larguée. Le tact ? Dans les toilettes.

Hélas, elle n’avait pas l’air du genre à sortir en soirée. Casanière ? Ou peut être une Neet ? Chacun ses délires, ce n’est pas mon histoire. Peut être que ce n’était pas le genre d’endroit à avoir des lieux très mouvementés, ou comme elle dit, c’était peut être qu’elle ne s’y connaissait pas. Après tout, ce genre de chose était trouvable que si on traînait tard le soir en ville, à sortir en boîte et ne revenir qu’au matin, parfois avec la gueule de bois. Vu le physique un peu chubby et ses cuisses un peu ronde, Hoshino devait être plus du groupe de gens à rester chez eux la plupart du temps...
No offense hein.

- Bah, ce n’est pas grave. C’était juste pour connaître les coins en avance, j’irais faire un tour quand le temps ou l’envie m’y autoriseront.

Il n’y a pas le feu et puis, ce n’est pas comme si ça allait disparaître du jour au lendemain. Le moment que je voulais profité était celui-ci, dans l’eau chauffé du bain recouvert de bois et de pierre, une coupe de sake à la main et-

- D’ailleurs, il est où le sake ?

Elle va pas nous faire le coup du « je vous ai oublié » quand même ?

- Excusez-moi.

Arrivant en toute hâte, elle déposa un plateau munie de deux coupes et une bouteille avant de repartir aussitôt vers la sortie.

- Un verre ?

Remplissant les coupes d’alcool, je lui donna la sienne avant de prendre ma part.

- Santé !

D’un revers de la main, le breuvage descenda à l’intérieur de mon corps. D’abord par la bouche, titillant le palais, puis passant par la gorge avant de finir dans l’estomac. L’effet fut direct, me laissant échappé un soupire de joie qu’il procurait.

- D’ailleurs Hoshino, que fais-tu dans la vie ?

Me servant un autre verre, je tendis le flacon vers elle, lui en proposant entre temps.

Etais-je une mauvaise personne pour avoir manipulée un gamin pour me moquer de lui ? Ou une bonne pour avoir illuminé sa journée, pour lui avoir fait pensé qu’il avait eu un truc exceptionnel. Après tout, qui s’en foutait de savoir si c’était vrai ou nan, tant que c’était sensas. C’était comme ça que fonctionnait les news depuis toujours, donc bon… Après, de là à dire que d’avoir abusée de la confiance d’un gamin faisait de moi une journaliste, ou pire, une politicienne, là…

‘’J’sais pas. Et j’m’en porte pas plus mal. Ça sert d’anecdote à la con.’’

Que j’présentais de temps en temps. Comme là en fait. Punaise, faudrait un jour que j’m’écrive un carnet ou un truc du genre avec toutes ces petites merdes là. Comme ça, dès qu’il y a un plat, bam, un petit trivia et hop, on était reparti jusqu’à atteindre le point godwin… Ah, enfin, si les gens les connaissaient pas déjà, et comme j’parlais presque jamais aux gens maintenant, bah… Difficile. Mirai allait me ressortir que j’me répétais et Kas répondrait simplement qu’elle était là. Un peu chaud de faire son show donc…

Mais la concernant, elle expliqua son prénom par une raison toute conne, à savoir… Son paternel. Russe donc ! Punaise, à croire que j’les attirais. Si elle connaissait Mirai, là… J’pourrais alimenter des clichés, comme quoi tous ceux d’une même ethnie dans l’même endroit se connaissaient. Mais détail ça.

‘’Le paternel hein ? C’est du mien aussi qu’j’ai mes origines. Mais en quelques mots… C’est un connard.’’

Ouais, j’allais pas non plus trop m’étendre sur le sujet ou son cas. Franchement, je l’aimais pas et depuis qu’il avait quitté ma vie, tout allait. Bon, j’exagérais un peu, j’réussissais à avoir mes propres emmerdes, mais plus j’étais éloigné de c’type, mieux j’me portais.

Après, j’crois que normalement j’devrais m’offusquer car elle est russe. Genre c’est pas bien vu, c’est l’ennemi et toutes ces merdes… Mais balek hein. On était dans un bain, pas l’genre d’endroit pour afficher un uniforme ou des couleurs, si c’n’était celles du bronzage mais… C’était genre pas la saison. Du tout.

M’enfin, après ça, y’eu le coup du saké. J’étais presque tentée de croire qu’elle aurait pu l’obtenir d’un claquement de doigt, en tendant sa main dans le vide à l’aveuglette pour obtenir son verre. Pas mal comme assurance, pas mal… En tout cas, elle en avait, et ce fut ainsi que j’me retrouvais avec une coupe de saké dans les mains, un peu conne. A vrai dire… J’savais pas si y’avait une méthode ou un protocole à respecter, genre pas du tout en fait… Putain, j’devais avoir l’air conne à fixer mon verre, avant qu’elle me pose une question, genre… C’que je faisais dans la vie…

‘’Euh…’’

Putain, la question piège. Mais y’avait pas d’autres solutions là. J’allais pas m’inventer un emploi pour la frime.

‘’Chomeuse.’’

Et un verre d’enfilé cul-sec, un. Punaise, c’était pas terrible comme goût, un truc vachement fort et amer qui me fit froncer les sourcils. Pas l’habitude de l’alcool… Y’avait pas un arôme ice-tea qui trainait ? Nan, évidemment… Fin, peut-être que j’devais ajouter quelques précisions.

‘’Fin, j’l’ai pas toujours été. J’étais docteur avant. Fin, théoriquement, j’le suis toujours, via mes diplomes, mais… L’endroit où j’bossais a fermé y’a quelques mois, donc…’’

Punaise, où j’amenais ça ? Pourquoi je parlais de ça ?! Pas le bon plan ça Hoshino ! Tu risquais de te faire griller et bam, marquée à vie et jugée instant…

‘’Fin, du coup, j’essaye de trouver deux-trois trucs à faire pour m’occuper et gagner un peu, mais… Eh, pas trop le bol en fait.’’

Les sourcils froncés, le visage pensif, à partir de ce moment là, j'ai sentis que la question posée faisait partie de la catégorie sensible.
... AH ! En effet, vu comme ça, ce n'est pas forcément quelque chose dont on est fier.
Mettant la main devant moi, lui montrant que je m'excusais pour la possible gêne d'un geste, je réfléchissais à changer de sujet.

- Hahaha... Désoler, sujet sensible hein ?

Je pouvais comprendre ça, j'en ai moi-même fait l'expérience plusieurs fois depuis la fin de mon parcours scolaire... Et heureusement que je savais où chercher ou à qui parler, sinon, la rue m'aurait recueillit directement.
Bref, ne voulant pas rester dans une ambiance gênante, je repris la conversation avec la première idée qui me passa par la tête.

- Docteur ? Docteur en quoi ? C'est quand même rare que les hôpitaux ne recrutent pas des médecins. Ou alors, c'est un autre doctorat ?

Bon, ce n'est pas un changement total de sujet, mais ça reste mieux que de ne rien dire. Et puis, c'est simple, mais ça ne m'empêche pas de m'intéresser à son parcours. De toute façon, ce n'est pas comme si elle avait fait pire que moi, elle au moins, elle avait eu un diplôme.
Mettant les mains au niveau de mes cheveux, je réajustais la serviette pour ne pas qu'elle s'enlève, écoutant la docteur au chômage.

- Vrai que maintenant, le système me permet d'améliorer mes capacités physiques. Pensais-je.

La statistique intelligence.
La force doit augmenter la force musculaire, pour l'agilité, c'est la vitesse, etc... Mais pour l'intelligence ? Si je l'augmente, je pourrais réfléchir plus vite ? Être capable de me remémoré des trucs en un claquement de doigts ? Si c'était le cas, pourquoi ne pas essayer ? Et si ça marche, je pourrais toujours reprendre les études quand ma situation s'améliorera.

Tendant la main pour me resservir un coup, je refis de même pour Hoshino avec gaîté de cœur. Le liquide coula de nouveau au fond de ma gorge, agitant mes sens à coup de sensation fort. Y a pas à dire, la gérante avait beau être une arnaqueuse, elle avait au moins bon goût en terme de liqueur. Je pourrais même m'en reprendre avant de partir, une petite bouteille ou deux traînant par là, se glissant dans l'inventaire après l'accord du staf... Quoi ? C'est pas du vol, c'est de l'emprunt à durée indéterminée !

- Peut être qu'il serait temps de sortir de là. Quand pense tu ? Tu veux rester un peu ?

Rester ou partir, je n'ai pas d'avis dessus, mais vu qu'Hoshino est avec moi, autant rester ensemble pour la soirée. Pour l'instant, elle a l'air d'être quelqu'un de simple et sympathique, même si un peu renfermée sur elle-même et plutôt molle.

Si la perte de mon job était un sujet sensible ? Ouais, plutôt. J’avais clairement des choses dessus. Des rancoeurs que je gardais au fond de moi, une colère qui me minait et compagnie. Bref, le genre de truc où j’pourrais passer des journées chez un psy juste à exprimer toute ma misère sur une faute qu’était pas la mienne. Une bien longue histoire, celle de ma dépression et compagnie qui… Fin, j’allais pas épiloguer dessus bien longtemps, et j’hochais finalement un brin la tête tout en haussant légèrement les épaules, feignant un poil le détachement alors que… Bon, voilà hein.

Mais bref, changement de sujet. Tout du moins légèrement hein, puisqu’on restait sur la question de mon job. Elle devait pas penser à mal hein, mais mon job était lié tout de même à mon diplôme, donc… Enfin, si elle était russe, est-ce qu’elle était au courant de toute cette affaire ? Enfin, elle avait plus des origines que tout le reste et… Enfin, j’en savais rien. Mais vrai que souvent, les médecins trouvaient une place là où ils avaient été interne. Le service public manquait pas trop de poste, même s’il fallait les pré-requis et l’envie de se retrouver parfois affecté à l’autre bout du Japon.

‘’Ouais, c’est un autre doctorat. En bio-mécanique. Genre les prothèses et compagnie.’’

Après, tant qu’elle me demandait pas le labo, ça devrait aller… Ou pas. Après tout, juste à ma gueule, ça suffisait à me mettre dans le cas des gens problématiques, voir dans celle des gens qu’on aimerait bien voir disparaître un peu définitivement. C’était… Well, un poil déprimant quand même comme constat quand même, mais bon, j’allais pas nier l’évidence ni tout ce qui avait put se passer dans ma vie.

Fin, tout ceci ne s’arrangerait peut-être pas avec un verre, au goût légèrement désagréable faute à mon inexpérience en matière d’alcool, mais bon… Au moins je pourrais faire genre de me réfugier dans quelque chose d’autre que les pizzas et l’ice-tea. Après, pas certaine que c’était mieux hein, surement l’inverse, et j’me retrouvais comme une conne à regarder mon reflet et celui de la lune dans un verre bien trop petit. J’pourrais presque méditer à ça en fait, même si j’étais pas certaine du résultat, loin de là même… Enfin, jusqu’à ce que ma camarade du jour me fasse signe qu’il était peut-être l’heure de sortir en fait.

‘’Hein ?’’

Je sais pas combien de temps je venais de passer un brin dans cet état. Des minutes surement ? Mais j’crois que j’étais pas mal ailleurs en fait… Euh, de quoi on causait déjà ? Ah oui, de sortir du bain. Au fond, j’en avais même pas profité tant que ça en fait, mais je sentais mon corps un peu mieux, donc… Victoire ? Fin, ça remplacera pas ma baignoire en fait.

‘’Euh ouais, ça m’parait être un bon moment. Le poulet a fini de cuire et c’est le moment de le laisser reposer un peu.’’

Drôle tout de même, alors que j’avais jamais cuisiné ça de ma vie. Enfin, fallait pas que ça se fasse mal interprété hein !

‘’Fin, là-dedans, c’était moi le poulet hein ! Enfin, la poulette plutôt et… Euh… J’crois que je vais la retirer avant de m’enfoncer encore plus.’’

J’avais un problème avec la bouffe… Et c’était pas la taille de mon derrière qui me fera dire le contraire.

‘’Du coup, on a une chambre ? J’imagine qu’il faut qu’on aille demander les clef à l’accueil… Plus qu’à espérer qu’ils aient laissés un petit « cadeau » à l’intérieur… Enfin, c’était l’idée non ? Fin, tant que c’est pas le molosse de tout à l’heure, moi ça m’va.’’

Me redressant tout en étirant mes bras vers le haut, un soupire de contentement s'échappa tandis qu'Hoshino et moi sortions du bain, sous une tentative de blague plus ou moins foireuse de l'américaine. Try again, my dear ~.
Entrant dans le vestiaire des femmes, j'enlevais les serviettes entourant mes cheveux et mon corps pendant que je mettais un des peignoirs mis à dispositions par l'hôtel.

- Repas et chambre aux frais de la maison, c'est pas tous les jours que l'on peut profité de la générosité des gens, alors autant en profité, pas vrai ? Disais-je d'un sourire espiègle, répondant à sa question.

Profitant qu'Hoshino soit occuper, j'avançais vers la réception afin de confirmer l'accord avec la gérante des lieux...

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Un peu plus tard

- Et donc il m'a dit : "Bouge ton cul sale 'tchoin, sinon je t'en met une" ; et je lui répond "vu ta gueule et la tête insatisfaite de ta copine, je suis sûr que tu sais aussi bien frappé que de lui faire plaisir."

HAHAHAHAHAHAHAHAH. À chaque fois que je raconte cette histoire, j'éclate de rire, je ne sais même pas pourquoi. Hein ? Quoi ? Où on est ? À l'hôtel je crois, oui, c'est ça, on a la chambre pour la nuit, rien que toutes les deux !

- Elle est où la bouteille ?.... Ah ! La voilà ! Tiens, une coupe de plus !

Mon bras vacillait de droit à gauche, renversant presque le doux nectar à côté. Houlà, je devais faire gaffe, sinon j'allais tout gaspiller.

- Tiens Hoshino, tu dis que a doctorat en Bio-mécanique pas vrai ? Pourquoi tu ne ferais pas un robot ici et maintenant pour nous servir un verre... Euh, comment on les appelles déjà ? Ah oui ! Un Gundam !

C'est vrai ça, pourquoi s'épuiser à se servir à boire alors qu'on pourrait construire un truc pour le faire à notre place ? Je m'étonne de mon propre génie.

- Et puis, tu les vendras sur le net et tu te fera un paquet de thunes ! Il aura un nom du genre : robot butler, ou butler robot, un nom qui doit faire classe, tu vois ce que je veux dire ?

Descendant une énième fois le contenu alcoolique dans ma gorge, je continuais.

- Comme ça, même au chômage, paf ! T'en auras rien à faire des autres et tu pourras rester tout le temps chez toi à dire "merde" aux autres.

Me rapprochant de ma nouvelle copine, j'entourais cette dernière avec mon bras tout en souriant, remarquant entre deux qu'elle sentait bon.

- Ou sinon, tu recrée une entreprise si tu a peur de t'ennuyer avec le temps, au choix.

Ma vision flouta. Fermant les yeux, je secoua ma tête pour faire partir cette désagréable sensation. La nuit était encore jeune... je crois ? Et m'endormir maintenant n'allait qu'abrégé cette soirée.

- T'a quelqu'un en vue ?

Aller ! Dis oui ! Ne sois pas timide ! Raconte tout à ta nouvelle amie !

- Je parle de couple hein. Aller, dis-moi tout. Moi, Elena Orlov, ta nouvelle grande soeur de coeur, est à ta disposition pour parler de tes petites histoires... Ou tes problèmes en général, y a pas de soucis.

Je t'aime bien Hoshino, aller ! Dans ma grande bonté, je suis là pour t'épauler !

Tenue du jour : un peignoir. Franchement, j’aurais pas pensée me retrouver comme ça. Fallait dire que j’allais pas souvent à l’hotel, pour pas dire presque jamais, et que donc les services proposés m’étaient au mieux bien abstrait. Mais même là, on partait sur un cas un peu spécial, le genre où on pouvait abuser presque intégralement de tout c’qui pouvait y avoir dans l’endroit. Fin, avec modération hein. Restait que j’étais un peu sceptique sur la suite, me demandant pas mal comment toute cette affaire allait tourner. Mais bon, ça pouvait pas mal se passer… Hein ?

*****

‘’Oh le con !’’

Je poussais en même temps un rire amusé tout en basculant un peu en arrière, m’étalant ultimement sur le lit. Le tchoin putain, le con. Oh punaise… C’était qu’elle avait du répondant. J’crois que j’aurais pas sut où m’placer dans cette situation. Fallait dire que j’sortais pas, donc que j’avais pas l’expérience du domaine pour rembarrer avec classe les gens. Et pas le physique pour éviter d’en subir les conséquences.

Et un autre verre était-il raisonnable ! Ou plutôt… Est-ce que ça aurait été raisonnable de refuser ? C’était offert t’façon, et c’était impoli de refuser des cadeaux. Et nous, au Japon, on était très poli ! Donc on buvait !

‘’Et une autre !’’

Enfin, j’disais ça, mais j’voyais un poil flou déjà. Même si de son côté, elle m’posait des questions sur mon doctorat. Ah oui, c’te merde… C’était vrai que j’avais ça. Et que c’était plutôt un poil exagéré ce qu’elle commençait à dire.

‘’Euh nan, pas des gundams. Mais j’peux faire des prothèses. Ou faudrait que j’essaye de faire un truc à la… Octopus là. Les bras mécaniques dans l’dos. Mais en évitant que ça tourne mal. Mais ouais, avec une telle invention, bam un brevet et si ça fonctionne bien, j’dors sur un tas de pognon d’ici la fin de l’année.’’

Ouais, un poil trop utopiste, mais bon, on avait bien le droit de rêver un peu ! D’autant qu’elle passait un bras autour de mon épaule, et qu’on était presque sur le même rythme. Comme un métronome, mais sans pendule. Enfin j’crois. Y’en avait un qui résonnait dans ma tête et dans mes tempes.

‘’Ouais bof. L’entreprise, à créer, c’est chiant. Genre masse de papier et de contrainte. Pas la foi de faire ça. J’ai eu des cours dessus. Putain l’enfer que c’était. Après on s’étonne des suicides… La joiiiie.’’

Enfin, j’pourrais épiloguer dessus durant des heures, clairement, car c’était le bordel. Ma vie était un bordel, le monde était aussi déréglé qu’un putain d’oubli de pilule. Non, elle était pas de moi celle-là. Mais bon, c’était pas le sujet de la joie, et j’pris une longue gorgée de mon verre. Le travail, c’était chiant. Alors que l’autre sujet ?

‘’Hein ?’’

Ah, niveau vue sur quelqu’un.

‘’Euh… Nan. Y’a pas vraiment quelqu’un. Et j’sais pas si y’en aura un. J’cherche pas activement aussi et… Ouais, dans la rue, les gens sont plus du style à me cracher dessus plutôt qu’à m’offrir des fleurs. Ou autre hein, j’suis pas difficile.’’

j’fis un geste devant mon visage, avant de l’expliciter.

‘’La couleur de peau hein. Ils aiment pas trop ça ici.’’

En fait, dès que t’avais des différences, et que t’entrais pas dans le moule qu’ils voulaient que t’ai. Bam, jugé et balancé sur la place public. Joie, vraiment.

‘’Et toi, « Grande sœur ». C’est quoi tes emmerdes ?’’