Idées noires

C’était pour moi l’occasion de prouver que j’étais autre chose qu’un boulet. Depuis l’début, j’avais cette impression là, comme quoi j’étais une tanche à tous les étages. Fallait dire que j’avais jamais trop eu l’occasion de faire mes preuves, mais… A qui aussi ? J’avais quelques gens qui me fréquentaient, un peu, mais… C’était peut-être à moi-même que j’avais le plus besoin.

J’avais finalement qu’assez peu confiance en moi, et mon sommeil vide, les deux yeux grands ouverts devant mon réveil n’avait pas vraiment changé les choses. Bien au contraire. J’étais molle, plus que d’habitude, alors qu’aujourd’hui était sensé être un grand jour. J’me foutais une pression de dingue, j’avais l’impression d’en être timbrée, tant ça pouvait me rendre malade. J’avais presque rien mangé ce matin en plus. Juste une tasse et le reste de café dans la thermos. Tu parles de grosses provisions pour un donjon quand même…

Car ouais, c’était là-bas que j’me rendais.

J’étais peut-être pas très claire, ou même lucide. En fait, ça faisait pas si longtemps que j’étais revenue du dernier, où y’avait eu Mirai et Ellyot. S’était passé des choses hein, mais… J’avais surtout eu l’impression d’être la pièce rapportée qui se retrouvait ballotée de gauche à droite. A bien regarder, j’avais surement pas été inutile, mais ça, fallait que je me le persuade maintenant, et la seule manière que j’avais était d’y aller sans connaître personne. Limite en solo, mais c’était pas trop possible non plus ça. Il fallait que je réussisse à faire mes preuves, à me sortir à la force de mes bras de ça. C’était… Bon, fatigant aussi, mais… J’en avais besoin.

J’en avais besoin pour… Moi.

C’était devenu rare les moments comme ça. Où j’me sentais flotter. Genre la chute libre en fait. Pourtant, le bus que j’étais en train de prendre roulait bien hein, et mes écouteurs continuaient de sortir quelques sons, mais j’entendais même pas en fait. C’était comme si j’étais… Concentrée ? Ou alors sur le point de mourir. Peut-être bientôt les deux. Je savais bien qu’il y avait des risques. De gros risques. Au besoin, j’avais programmé vite fait l’envoi d’un mail à Kas, si jamais je… Eh bien, je revenais pas d’ici ce soir. Le truc glauque certes, mais… Je sais pas. Contrairement à la première fois, j’avais l’impression que les choses allaient être différentes. J’y étais allée la fleur au fusil, et là c’était presque le flingue sur la tempe que j’avançais.

Les sautes d’humeur, quand tu nous tiens… Ah, j’aimerais que les choses soient différentes, de pas être obligée de prendre de tels risques pour me sentir exister, ou au minimum moins vide. Avec ces quêtes hebdo, me trouver à la fenêtre me faisait moins cet appel du vide que j’avais pu ressentir bien des fois avant… Et j’en étais réduit à ça. A m’accrocher à une piqûre d’adrénaline pour savoir qui j’étais. Et en avais-je vraiment besoin ? De foncer en donjon sur un coup de tête ? Punaise, j’arrivais pas à savoir.

Foutues idées noires...

Le bus ne s’était pas vraiment arrêté longtemps. A peine les dernières personnes avaient-elles finies de monter que le chauffeur, pressé par des délais surement monstrueux, était déjà reparti. Si quelques personnes étaient descendues et avançaient comme des âmes sans émotions vers le centre ville, c’était pas vraiment par là que j’allais.

Marchant à côté d’un fossé le long de la barrière de sécurité, j’gardais mes mains dans mes poches et le regard bas. Bon sang, j’avais pas envie d’être ici, à Asahikawa. C’était pourtant pas l’autre bout du monde, mais déjà, j’avais l’impression de pas être à ma place. Enfin, ce sentiment là était un peu permanent ces derniers mois. D’être une étrangère dans mon propre appart, comme si les proprios étaient devenues les araignées, les canettes vides et la poussière. Heureusement que j’étais pas phobique.

Passant ma main au niveau de mes yeux avant de soupirer, j’avançais, vérifiant mon téléphone de temps à autre. Peu de réseau certes, vu que j’avançais dans la forêt, mais c’était la bonne direction. Le donjon avait ouvert ses portes dans une zone un peu plus reculée, un endroit pas forcément si accessible, assez loin des habitations en fait, et qui donc forçait un peu de marche. Pour certains, ces quelques kilomètres n’était rien de plus qu’un petit jogging, ce qu’ils se mangeaient chaque matin. Mais pour moi, c’était une épreuve.

Pas physique hein. Ces quêtes hebdomadaire et ce système que je subissais m’avait fait prendre un peu de ressource. J’étais certainement pas la plus forte, surtout par rapport à des chasseurs, mais j’étais au moins capable de me bouger maintenant. Nan, la véritable épreuve, c’était mentale. Le fait perpétuellement de me dire que c’était pas une bonne idée, que j’allais y passer et tout…

Et c’était surement vrai en fait.

J’espérais inconsciemment que quelqu’un puisse m’aider là, me faire reprendre un peu de raison dans ce que j’étais en train de faire. J’allais me faire mal, j’allais me blesser, peut-être mourir aujourd’hui… Et tout ça pour quoi ? Deux cents balles et un peu de respect ? J’avais l’impression d’être ce genre de mec qui acceptait n’importe quel défi si tenté qu’ils étaient payés là.

Mais je devais le faire. Pas pour l’argent. Pour moi. Pour me prouver que j’en étais capable, et que…

Putain, je tournais en rond là. Cette boucle, je sais pas si j’en finirais. Si je finissais ça, j’irais me confronter à un moment ou l’autre à un truc plus dangereux encore. Si je carburais au frisson, ça allait me tuer, je le savais et j’en angoissais putain d’énorme. Mais je pouvais pas faire autrement. Je savais pertinemment que c’était une idée de merde, et j’y allais presque les yeux fermés.

D’autant que je voyais s’approcher le petit sentier que je devais prendre. Deux cents mètres plus loin, y’aurait la carcasse d’une voiture, brulée par des Yakuzas y’a quelques années, et qui servait d’avertissement maintenant. Y’en a même qui racontait que y’avait eu un type enfermé dedans lorsque les flammes dévorèrent cette bagnole. Joyeux comme monde, nan ?

Je devais cesser ça. Je devais cesser, et me consacrer sur cette expédition. J’avais pas d’autres choix en fait, surtout si je voulais en ressortir vivante. Mais… Etait-ce le plus important ? Ou pire…

Etait-ce vraiment ce que je voulais ?

J’y étais. Je crois que je pouvais plus reculer maintenant, du moins, plus sans me retrouvée fichée comme pas permis et foutre potentiellement le restant de ma vie en l’air. Plusieurs gens me dévisageaient déjà, comme si j’étais un animal qui venait de débarquer, comme si j’étais clairement pas à ma place… Et j’pense qu’ils avaient en partie raison. Voir même totalement en fait.

Qu’est-ce que je foutais là ? J’avais déjà la réponse évidemment, mais j’continuais ma connerie. Y’en a qui me sortiraient que la persévérance c’était une qualité hein, mais dans ce cas précis, c’était juste de l’entêtement. Juste la volonté d’aller sauter les pieds joints en enfer en espérant tomber sur quelqu’un. Clairement, je transpirais pas la confiance, et le reste du groupe, eux, semblaient faire comme ils pouvaient pour se détendre.

Deux types, assez grand et large, étaient en train de jouer aux cartes sur le capot de carcasse qui marquait le lieu. Probablement nos tanks, en tout cas, ils s’étaient même pas arrêtés pour nous dire bonjour. Après tout, les gens semblaient peu se connaître ici, notre groupe, si tenté que nous en formions un, était tout sauf soudé… Erf, j’avais encore cette angoisse que ces types là viennent à m’abandonner dans cet enfer, ou que dans le tas y’ait une saloperie de faucheur infiltré qu’attendrait le bon moment pour nous planter.

Punaise, j’étais même pas dedans que je voyais déjà tous les autres comme une menace potentielle. J’crois que j’vivais ma vie en mode post apo là. Pas très la joie. Rajoutons à ce groupe quatre guerriers ou rodeur, qui serviraient de première ligne, et qui trépignaient d’impatience à l’idée de rentrer.

‘’Bon, elle arrive cette conne ?!’’ Commença l’un d’eux, en direction du soigneur et visiblement chef de groupe.

‘’On peut partir sans elle ?’’ Compléta un second.

‘’On a déjà une des mages qu’est arrivée, on aura pas besoin de l’autre !’’ Continua un troisième en me désignant.

‘’C’est non.’’ Répondit le chef de groupe autoritairement en redressant ses lunettes. ‘’Sans elle, nous manquerions d’un potentiel offensif magique et de distance.’’

Et en parlant de distance, y’avait cette femme là. La peau un basanée, comme moi, qu’attendait le dos contre un arbre, mâchant du chewing-gum non sans bruit. Voyant que j’la reluquai un peu, elle me fit un signe, m’invitant à la m’approcher d’elle.

‘’Hey, t’as l’air tendue. Ça va ?’’

‘’J’sais pas trop. Mauvais pressentiment.’’

‘’Tu pars avec la poisse toi… Chewing-gum ?’’

Un peu hésitante, je m’adossais à côté en acceptant au bout de quelques secondes. J’étais pas une experte des bulles cependant, loin de là, et toutes mes tentatives plus jeunes s’étaient terminées sur un triste constat.

‘’J’prend toujours un paquet lorsque j’pars en donjon. Ça m’aide à destresser.’’

‘’Ouais… Réflexe nerveux j’imagine.’’

‘’Va pas croire que j’ai besoin d’un truc dans la bouche pour sentir comme chez moi hein !’’ Fit-elle, un sourire en coin qui affichait sa plaisanterie. J’ai tout de même mit deux-trois secondes à comprendre, avant de manquer de m’étouffer avec son truc à la con ! ‘’Tu verrais ta tête !’’

‘’J’étais pas prête à celle-là !’’

‘’Au moins tu tires moins la gueule, c’est déjà ça !’’ Fit-elle en croisant les bras derrière sa nuque, un sourire en coin : ‘’Je m’appelle Chihori, mais on me surnomme Ski. Et toi ?’’

‘’Hoshino.’’

‘’Eh bah Hoshino, lève un peu la tête et fait genre que ça va. T’auras moins de problème si tu donnes au moins c’t’impression là !’’

Haussant un sourcil, je fis un peu la moue. D’au moins faire semblant hum ? Bon, à défaut, ça pourrait être utile… Mais restait encore à l’appliquer, et ça… C’était pas gagné.

‘’Oooooopsie, je suis en retard !’’

Un bon quart d’heure s’était écoulé depuis que j’étais arrivée. J’avais eu un peu la frousse d’arriver la dernière, genre ça fait pas sérieux, mais j’étais tout de même un poil en avance, contrairement à celle qui venait de débarquer. J’devais admettre que dans un sens, ça me soulageait, tout comme le fait d’avoir potentiellement quelqu’un avec qui discuter dans cette affaire. Ski, vu que c’était comme ça qu’elle se faisait surnommer, était notre rodeuse du groupe, comme pouvait témoigner le fusil qu’elle avait à côté d’elle. Elle était tout de même assez sympa, bien qu’elle cachait un peu son stress sous un air faussement détendu, tandis que moi… Eh bien, j’galérais toujours à faire avec.

Mais j’étais pas prête à ce qui allait suivre.

‘’Bah c’est pas trop tôt !’’

‘’On a faillit partir sans toi !’’

‘’Héhé… My bad !’’

‘’Tu trouves ça drôle ?!’’

‘’Oh… Un petit peu ?’’

‘’Elle se fout de notre gueule !

‘’Retiens-moi j’vais la tabasser !’’

‘’J’te retiens pas.’’

‘’Un peu de retenu.’’ Fit le soigneur en montant un peu la voix, modérant un peu le groupe qu’il avait sous sa responsabilité : ‘’Je ne vous demande pas de vous apprécier, mais simplement de travailler ensemble. Votre retard est clairement un manque de professionnalisme, et ceci sera mon seul rappel à l’ordre, suis-je bien clair ?’’

‘’Huuuuumpf, z’êtes pas drôle…’’ Fit-elle en faisant la moue, roulant des yeux telle une enfant qui aurait été envoyée au coin. Ce qui était zarb par contre, c’était que sa tête me disait vaguement quelque chose… Et sa tenue aussi en fait, mais d’où…

Nan, ça serait pas elle…

Et pourtant…

Putain.

Ma livreuse de pizza est une chasseuse.

Imprimant ma main droite sur mon visage, j’eu un grand moment de solitude alors que je réalisais ce point là. Pourquoi, parmi tous les mages d’Hokkaïdo, il fallut que ce soit elle précisément ?! Punaise… J’étais vraiment, mais alors vraiment malchanceuse là… Encore une fois, il avait fallut que j’tombe sur des visages connus alors que pour une fois je souhaitais être seule dans ma merde.

‘’Tu la connais ?’’

‘’Plutôt que je l’ai déjà rencontré… Elle m’a livré des pizzas une fois.’’

‘’Vraiment ? Pas banal.’’

Sauf que cette idiote vint à s’approcher, grand sourire et tout. Genre comme si elle m’avait reconnue… Quelle galère.

‘’Hey vous deux !’’

‘’Hum… Salut ?’’

‘’Hey Proxi, la forme ?’’

‘’Cubique ! Mais ça pourrait partir sur un dodécaèdre.’’

‘’Quoi ? Tu la connais aussi ?!’’

‘’Et ouais. Y’a pas que toi qui commande des pizzas.’’ Fit Ski en se redressant, mettant une tape sur l’épaule de cette « Proxi » au passage, pour écouter les instructions du chef. Bon, les classiques je suppose. Les mêlés devant, les distances derrière, ça inventait rien… Mais j’sais pas. Le fait de tomber sur ça, ça… Ça me faisait tirer la tronche un peu, comme si l’espoir de pouvoir faire mes preuves allait être gâché par cette livreuse qui… Eh bien, faisait des donjons. Mais bon, j’étais pas mieux hein. J’étais juste une chomeuse qui faisait des donjons aussi.

Et qui avait probablement nettement moins d’expérience…

Bon. C’était là un autre monde hein. Mais pourtant, ces images… J’devais admettre que d’un côté, c’était vachement beau. Une sorte de ville, complètement abandonnée depuis ptête… des centaines d’années ? Une sorte d’ambiance post-Apo certes, mais pas en mode désert nucléaire impossible à vivre, au contraire ! Tout l’endroit avait été reprit et complètement dominé par la végétation, qui tourbillonnait autour des immeubles aux vitres brisées et des carcasses de voitures complètement envahies par la rouille.

Pendant un instant, j’me demandais si c’était pas une vision du futur, et si, au détour d’une plante, on allait pas tomber sur le nom d’une rue que j’connaissais, ou bien sur un monument à peu près conservé. Hey, ça aurait été drôle de tomber sur mon appart, à voir s’il avait survécu à tout ce cataclysme là, mais… Ouais, j’délirais un peu. C’était un autre monde, un autre endroit, avec évidemment beaucoup trop de dangers pour être simplement anodin. Fallait pas oublier que cet endroit était un donjon, et que forcément, y’allait avoir une nuée de monstre qu’allait fondre sur nous dès qu’on aurait le dos tourné.

‘’Ouah, c’est joli !’’

‘’Pas faux, plutôt sympa comme décor.’’

‘’Vous trouvez ?’’

‘’Je préfère ça que d’être dans le cadavre d’une baleine géante.’’

‘’Sérieux ?’’

‘’Je te raconte pas l’odeur…’’

‘’Hey ! Vous pensez qu’il y aurait moyen de fouiner un coup ?! Histoire de récupérer deux-trois babioles inutiles et sans valeur ?’’

‘’Euh, j’suis pas sûre de-‘’

‘’On ne se sépare pas.’’

‘’Mais je suis sûre qu’on pourrait trouver des sac-à-mains complètement démodés dans une boutique !’’

‘’Proxi, on est en donjon !’’

‘’Mais c’est la parfaite occasion de faire du shopping entre fille !’’

‘’J’dirais plutôt que c’est la pire hein…’’

’’Z’êtes pas drôle…’’

’’Effort, puis réconfort. C’est comme ça que ça marche.’’

J’lachais quand même un soupir bien senti. Décidemment, cette livreuse était… Complètement à l’ouest. Je regrettais presque qu’on soit pas partis sans elle en fait, mais bon, c’était un poil tard maintenant, d’autant qu’elle aurait été capable de renter derrière et de nous retrouver juste avant le boss, l’air de rien. Bon, on allait devoir faire avec ce spécimen, d’autant qu’au final, on savait pas trop où aller. Peut-être que quelqu’un avait une idée…

’’Bon… Comment on le ferme celui-là ?’’

’’Il faut qu’on trouve le point central de ce monde. Il y a surement un point qui se démarque du lot par rapport à tout ça.’’

’’Je peux escalader cette façade. A partir de là, je devrais avoir une vue suffisante pour indiquer ce qui ressort.’’

’’Je n’attendais pas moins d’une telle initiative. Le reste, sécurisez le secteur et maintenez un périmètre de sécurité. Les mages, vous la couvrez. Au moindre danger, vous n’hésitez pas.’’

’’Okidoki !’’

’’D’accord.’’

Bon, je commençais, et j’avais pas le bon rôle. Mais… C’était surement essentiel pour débuter. Après tout, j’me sentais pas d’escalader un tel truc, et même si j’en étais capable… J’crois que j’me serais contentée des escaliers. C’était plus simple. Et moins chiant aussi.

Est-ce que j’commençais à devenir parano ? J’en avais un peu cette impression là en fait, et ça me faisait pas plaisir de me demander si parmi les types qui m’accompagnaient là y’en aurait pas un qui me planterait son arme dans le dos pour le plaisir de me voir souffrir. J’avais une dent contre les faucheurs, une dent qui continuait d’être douloureuse. Après tout, si ce connard de gars s’était pas révélé être de ces types là, je…

Erf, ça servait à rien de ressasser le passé. Ce donjon me faisait stresser ouais, beaucoup trop pour mon bien, et j’commençais même à comprendre pourquoi Kas était pas chaude à l’idée d’y retourner d’une manière générale. Mais… C’était lié à nous maintenant, et même si j’regrettais énormément le confort de mon plumard là, j’devais admettre que si je voulais savoir ce que j’étais devenue, j’allais devoir me mettre au pas, d’une manière ou d’une autre.

‘’Hey ! Regardes comme c’est beau !’’

‘’De ?’’

‘’Là-haut, entre les immeubles !’’

Regardant un peu confuse dans la direction indiquée par la concernée, je pouvais voir qu’il y avait une nuée de couleur, qui correspondait à… Des papillons ? Wait, un nuage entier de papillon qui slalomait entre les batiments de la ville ? C’était particulier… Mais je devais admettre que c’était également un brin paisible, comme si ce monde pouvait…

Nan, qu’est-ce que je racontais ?

Bien évidemment que ce truc allait vouloir notre mort d’une manière ou d’une autre !

‘’Ah ouais… Rameute tout le monde.’’

’’Pour les observer ? Chouette !’’

’’Nan, pour combattre.’’

’’Quoi ? Mais ils sont surement siiii innoffensif !’’

’’Hey, on est dans un donjon. Bien évidemment que tout c’qui bouge va vouloir nous bouffer. De plus, vu la distance, euh… Le moindre papillon doit faire un bon mètre d’envergure.’’

’’Ouah ! Gros papillons !’’

’’Grosses emmerdes plutôt. Si Ski se fait choppé par l’un de ces trucs, ce serait…’’

’’Hyper méga mauvais of the dead ?!’’

’’J’allais dire la merde, mais ça passe aussi.’’

Bon, restait à prévenir tout le monde, et c’est ce que j’fis sans attendre. On allait devoir prendre leur attention, servir de distraction pour éviter les emmerdes. Sauf qu’on allait se retrouver dans un désavantage numérique évident, et ça serait pas forcément la meilleure idée du siècle… En fait, déjà j’me retrouvais dans une situation où l’on pouvait sacrifier quelqu’un pour éviter un affrontement hyper désavantageux duquel on en ressortirait pas indemne. Mais j’étais pas opportuniste comme ça, et on s’était engagés sur ce plan. On allait devoir le respecter.

Même si ça allait être dur, mais bon, à quoi d’autres je m’attendais ?

Ok, alors, si on m’avait dit un jour que j’allais devoir me battre contre des papillons géants dans une ville en ruine et envahie par la nature, je l’aurais pas crû. Genre pas du tout hein. Mais pourtant on en était là, regardant l’armée de gros insectes foncer dans notre direction comme une cascade colorée et mortelle. J’ravalais un peu nerveusement ma salive face à ça en fait… D’autant que j’étais responsable du fait qu’on était la diversion. Après tout, c’était moi qui avait lancé quelques boules lumineuses dans les airs pour qu’on serve de phare dans les environs.

Mais rien qu’à voir leur nombre qui fonçait sur nous… C’était pas la bonne idée. Pas la bonne idée du tout. On allait se faire déborder, submergé, attaqués de tous les côtés. Chacun d’entre nous allait devoir affronter en même temps une dizaine de ces créatures, et même si certains se sentaient chaud, ce serait un putain de suicide !

‘’Faut qu’on se replie, on aura pas l’avantage ici !’’

‘’Qu’on se replie ?! Mais putain, le combat a pas débuté !’’

‘’Elle a raison cependant. Minimisons autant que possible leur avantage numérique et de mobilité.’’

‘’On peut rentrer dans ce bâtiment là, et les laisser venir jusqu’à nous.’’

‘’Bordel !’’

‘’C’est un plan. On se replie vers la boutique !’’

‘’Putain, dès qu’on laisse une femme s’exprimer on doit forcément aller dans un magasin de vêtement !’’

‘’Hey l’sexiste, tu veux mon poing dans ta gueule peut-être ?!’’

‘’Un problème la donzelle ?!’’

‘’Super, baston !’’

‘’Repliez-vous, c’est un ordre !’’

Mauvaise compagnie certes, mais bon, même si des tensions étaient présentes, et j’en étais l’origine en plus, tout le monde vint à se replier dans la boutique. Plus facile à tenir évidemment, les papillons n’allaient pouvoir venir que d’un seul côté, à sa voir la façade, et l’on pourrait accumuler les corps en tenant une première ligne solide. C’était déjà un setup un peu plus convenable, à croire que mes nuits blanches sur des jeux de strat pouvaient servir. Hé, j’en avais même un bon p’tit sourire là, alors que notre féroce première engageait le combat, devant chacun faire face à un ou deux adversaires en même temps, le reste ne pouvant pas rentrer.

Cependant, notre chef et soigneur me toucha quelques mots par rapport à la situation, sans me regarder. Il était plutôt focus sur le fait de jeter ses sorts de soin, la mêlée étant tout de même assez violente.

’’J’apprécie les initiatives. Cependant, évitez de présenter les choses ainsi à l’avenir, ou faites-moi en part au préalable.’’

’’Euh… d’accord ?’’

’’C’est tout ce que j’avais à vous dire. Concentrez-vous sur le flanc gauche et empêchez ces créatures de déborder nos compagnons.’’

’’Euh… A vos ordres.’’

Merde.

J’crois que j’venais de me recevoir une sorte de compliment.

’’Blizzard ! Blizzard Bizarre ! Bizarre Blizzard !’’

Le combat faisait rage à l’avant, donnant lieu à un festival d’effet spéciaux et d’ailes tranchées. Visiblement, mon plan quelque peu improvisé avait été le bon, et les résultats étaient plutôt là ! Les papillons étaient rapides certes, et sacrément agile, mais compressés les uns contre les autres et sur les cadavres de ceux qui les avaient précédés, ça était pas trop à leur avantage, bien au contraire, d’autant qu’ils étaient finalement assez fragile, notamment pour les énormes attaques physiques qu’enchainaient les tanks et les guerriers de notre ligne.

De mon côté, j’avais lancé quelques sorts pour protéger le flanc, conformément à c’qu’on m’avait demandé de faire. Rien de bien passionnant, j’étais clairement pas à jeter des sorts en permanence, mais plus à être réactive. Rien d’exceptionnel en fait, mais un travail qui devait être fait, je suppose.

Finalement, il n’y avait qu’assez peu de blessures à soigner, et majoritairement des assez mineures. Les gens étaient tout de même un peu fatigués par ce qu’il venait de se passer, mais au terme d’un combat intense de plusieurs minutes, les insectes vinrent à être défait, et ceux qui avaient tentés de prendre la fuite se firent bien coincés par des attaques de Proxima, qui jeta l’équivalent de quelques congelateurs pour les gérer.

’’C’est bon Proxi, tu peux arrêter, ils-‘’

’’Jojo Blizzard Av-‘’

’’Stop. Ils sont d’jà morts.’’

’’Mais ils ne le savent pas encore ?’’

’’[…] Toi, faut que t’arrêtes les animés.’’

’’Mais non !’’

Un soupir se fit tout de même bien sentir là, alors que je me demandais comment elle pouvait chasser avec cet état d’esprit… Genre pour elle, tout était un jeu ? Y’avait pas de logique au reste ? Punaise, j’commençais à croire que j’étais vraiment acollée à une timbrée qu’avait pas la lumière à tous les étages. Mais bon, au moins on avait géré ce premier combat, et on allait pouvoir faire la suite normalement. Ce fut en plus peu après ça, alors qu’on commençait à sortir du batiment, que Ski vint à faire son retour, examinant un peu le champ de bataille.

’’Eh bah, beau bordel !’’

’’Au rapport.’’

‘’Il y a l’air d’avoir des créatures un peu partout en ville. Des nuées comme celles-ci patrouillent un peu partout, et y’a des rapaces un peu plus isolés qu’ont l’air de donner les informations. Au sol, on part sur des meutes de loups et quelques rhinos.’’

‘’Je vois. Et au niveau point d’intérêt ?’’

’’Y’a un grand arbre au milieu de la ville. Genre massif. Les bêtes ont pas l’air de s’y approcher. Probablement que notre boss se trouve là-bas.’’

’’Il va falloir qu’on se rende au milieu de la ville donc.

’’De notre position, on serait à environ un kilomètre deux. Peut-être un peu moins.’’

’’Quelqu’un aurait des suggestions ?’’ Fit-il en se tournant vers moi, attendant visiblement une réponse de ma part. Je lui avais tapé dans l’œil à ce point ?!

’’Hum… Si on reste à découvert, on va se repérer par les rapaces. Mais au sol… On a toutes ces créatures à gérer, et j’imagine que les loups nous flaireraient… Euh… Ski, les immeubles, ils sont éloignés comment ?’’

’’Pas de grand-chose. Quelques mètres généralement. Quelques fois plusieurs dizaines aux carrefours.’’

’’Et est-ce que tu penses que la végatation est solide ?’’

‘’Euh, ouais. Je l’ai utilisé pour grimper, et ça a pas vaccillé, donc… Ouais ?’’

‘’Une idée ?’’

’’J’en ai une ouais. Ce sera pas le plus simple, ni le plus rapide, mais… On devrait pouvoir esquiver tous les combats si on fait comme ça.’’

’’Nous vous écoutons donc.’’

’’Alors en fait…’’

Ouais bon. Qu’on se tourne vers moi pour essayer de trouver des idées, c’était un peu la classe ouais, un peu gratifiants, mais punaise, ça foutait une de ces pressions. Genre qu’on s’attende à c’que ce soit moi la génie dans cette affaire, qu’on mette nos vies en jeu sur une idée qu’était… Même pas si bonne que ça. Elle était vachement risquée dans les faits, et elle pourrait péter à je sais pas trop combien de reprises.

Et c’était pile lorsque j’étais face au gouffre qu’il fallait que j’ai des doutes hein…

Avalant d’une manière particulièrement nerveuse ma salive, j’attrapais de mes deux mains la liane qui allait servir de pont de singe. A plus d’une cinquantaine de mètre au dessus du sol. Ouais bon, niveau plan, on partait sur une obscure idée complètement improvisée. Genre si au niveau du sol, on serait confrontée face aux loups et autres bestiolles bien capables de nous faire voler comme des quilles un soir de bowling, aller au milieu des airs et sur les toits aurait été difficilement également avec la présence des nuées de papillons.

Donc on était parti sur le milieu. Mais genre vraiment le milieu. On était un peu près quinzième étage d’un building, et depuis tout à l’heure, on passait de batiment en batiment en explosant au passage les fenêtres. Dans un pâté de maison, ça allait, Ski pouvait éliminer au fusil les quelques sentinelles avant qu’on soit repérés, mais lorsqu’il fallait franchir une rue avec une telle hauteur… Là c’était une autre affaire, et les lianes qu’on avait pu récupérer nous servait de pont un peu rustique lorsque la nature était pas complètement maîtresse de l’endroit.

Dans l’équipe, certains de nos guerriers pouvaient faire les sauts, donc on les laissait aller devant, avant de suivre, jouant les funambules à cette hauteur de dingue. Au début, tout le monde m’avait prit pour une cinglée, et même moi j’étais finalement pas si convaincue de l’idée. Mais avec l’absence de combat et le fait qu’on pouvait looter convenablement les apparts et les bureaux qu’on traversait… Eh bah on a continué comme ça.

T’façon, j’avais pas le choix. Je pouvais pas me permettre de juste faire ralentir le groupe. Donc j’avançais, putain de nerveusement, à travers les étapes. J’étais pardonnée hein, j’étais mage, mais certains trépignaient d’impatience d’avancer. Au moins ça leur laissait le temps de faire l’étage et de sécuriser. Des fois, on tombait sur quelques bestioles, mais rien de plus gros que des ours qui se faisaient défoncer en groupe.

‘’Eh bah, t’es sûre que t’es rang D ?’’

‘’Je… J’débute.’’

‘’Ouais bah faut que tu te mettes au rythme ! On t’attendra pas à chaque fois !’’ Fit-il en me donnant la main pour me permettre d’arriver sans encombre, ce qui était au moins une sorte d’entraide. Au moins, on me laissait pas seule dans le vide ou on coupait pas la corde, donc… A défaut, c’était pas mal !

‘’Ouais, euh… Merci.’’

‘’Par contre, on dira ce qu’on veut hein, mais cet endroit empeste.’’

‘’J’ai l’impression qu’il s’agit des murs. On dirait de la craie.’’

’’Je peux voir ?’’

‘’Bah, regarde tout autour de toi hein ! Tu vois pas ces trucs blancs sur les murs ?’’

‘’Euh, ah si, je vois… C’est pas de la craie par contre, c’est du salpètre.’’

‘’Du salpêtre ? Ici ?’’

‘’C’est qu’à moitié étonnant en fait. Faut un mur, de l’humidité et des matières organiques. Avec les plantes ici et vu que l’endroit est abandonné… Surtout qu’avec les animaux, y’a toute l’urine qu’est dans le coin, et donc… L’ammoniac doit s’y former.’’

‘’Putain, si tu sortais autant que tu passais le nez dans des bouquins, on aurait déjà fini ce donjon !’’

‘’De toute façon, qu’est-ce qu’on s’en fout ?’’

‘’Tant qu’on y touche pas, c’est bon !’’

‘’Ouais, c’est à peu près ça.’’

’’Hey, plutôt que de discuter de la couleur des murs, on avance ? On a un donjon à se finir !’’

‘’On arrive, c’est bon !’’

‘’T’es un cas bizarre toi ! T’es trop scolaire pour foutre les pieds dans un donjon.’’

‘’Euh… Peut-être ?’’

‘’Fais gaffe à toi, on apprend pas à survivre dans un manuel !’’

Punaise. Des gens que j’connaissais pas qui se montraient… Prévenant envers-moi ? Bon, j’avais envie de lui rétorquer qu’il y avait bien des guides de survie et compagnie, mais… J’crois que j’étais choquée. Genre pas mal ouais.

Putain de journée quand même.

Bon, on y était. Le centre ville, un grand arbre encerclé par des immeubles. A croire que toute la place était devenu un immense sapin. C’était pas un sapin hein, j’disais ça pour… Zut, voilà quoi. Bref, j’pouvais apercevoir en contrebas ce qui était autrefois un rond-point. Probablement herbeux, et qui maintenant avait donné lieu à un Hyperion en puissance. C’était quand même assez impressionnant comme structure, et dans notre monde, on appellerait tout simplement ça un miracle ! Et au moins, on était arrivé là-bas en un seul morceau. Quelques frayeurs certes, mais rien de plus.

‘’Eh beh… Ça aura été du sport.’’

Et punaise, j’crois que j’étais un peu forcée de remercier ces foutues quêtes hebdo. Bon, déjà elles m’avaient fait gagnées quelques niveaux, mais également elles m’avaient fait bouger et me muscler. Un peu certes, j’étais surement la plus frêle du groupe, mais au moins j’étais capable de faire une traction sans mourir. Ce qui était déjà une nette amélioration. Par contre, j’crois que mon derrière allait jamais se remettre des pizzas… Erf…

’’Bien. Nous sommes arrivés à destination. Je vous félicite de la coopération que vous avez fait preuve, mais il nous reste encore une épreuve à accomplir, à savoir défaire le gardien de ces lieux et ainsi conclure notre aventure en ces terres.’’

Personne ne fit d’objection à cela. En même temps, nos guerriers avaient envie de taper des choses, et probablement seraient-ils servis dans cet effort là. Probablement que je serais en soutien à ce moment là, mais. En fait, ça me dérangeait pas. A croire que le fait de truander les quêtes hebdo m’avait donné l’habitude de trouver une manière de contourner les difficultés. Punaise, est-ce que je devenais astucieuse ? Genre… Vrai de vrai ? Punaise, un truc à rajouter sur mon CV ça. Peut-être que ça me donnerait un boulot en fait !

‘’Bon, il est où ce boss maintenant ?!’’

‘’J’ai envie d’me défouler là !’’

‘’Au pire avant de sortir on fera une petite exploration de la zone.’’

‘’J’peux venir ?!’’

‘’Non !’’     ‘’Non !’’     ‘’Non !’’

‘’Mais euh…’’

‘’Au moins c’était synchro.’’

’’Vous voyez quelque chose ?’’

’’Pas la moindre entrée pour le moment. Elle serait peut-être du côté opposé, ou au dessus, mais d’ici je vois pas.’’

’’Hum, c’est forcément ici, ça ne peut être qu’ici...’’

’’C’est le seul truc qui se voit en tout, des lieux à la ronde.’’

’’On va descendre du coup et allez-voir.’’

Et chose dite, chose faite. Les escaliers étaient un sacré bordel tout de même, effondrés par endroit, ce qui laissait quand même bien comprendre que la structure était vacillante. Si le combat avec le boss était un peu trop explosif, on risquait de terminer cette aventure sous les décombres. Pas le bon plan du coup, loin de là.

’’Putain, les racines sont jusque là ! Matez-moi la taille.’’

‘’Mec, on s’en fout. Défonces-ça et on avance !’’

Se faisant, il prit son épée avant de donner de grands coup dans le bois. Il lui fallut cependant plusieurs attaques pour briser l’équivalent d’un tronc et nous permettre de passer. Toutefois… Vu que j’étais dans les dernières à passer, je pus me rendre compte d’un truc. Tout con hein, mais…

Les racines bougeaient.

Pas super normal ça…

Minute, ça bougeait quand même vachement, pas juste un simple tremblement en fait ! Et ça fonce sur moi ! Purée !

Un vol plané sur quelques mètres plus tard, une certaine douleur aux côtes et au dos suite à l’atterrissage sous le regard médusé de mes partenaires. C’était ce qui venait de résulter de cet échange bref, mais révélateur… Car j’venais de comprendre. Le boss était pas dans l’arbre en fait.

Le boss…

C’était cet arbre.

‘’Merde ! Est-ce qu’il y en a un qui serait pas bucheron par hasard ?!’’

‘’J’ai une tête de bucheron ?!’’

‘’Un peu, la barbe en fait !’’

‘’Mais ta gueule !’’

‘’Attention la racine !’’

Punaise, c’était ça notre boss. Un putain d’arbre géant. Comment on était sensés faire pour défoncer un truc comme ça, un truc aussi… Enorme punaise ! On devait détruire un putain de monument à la force de nos bras et de nos épées. Comment on était sensés faire pour gérer un truc comme ça ? Comment on pouvait faire pour détruire des choses dans ce style là ? C’était juste… En dehors de notre puissance, et on s’en rendait compte que maintenant... Punaise, j’étais ultra défaitiste ! Les autres ils se battaient, ils tentaient de s’attaquer aux racines, d’esquiver les fruits géants qui tombaient comme des pianos du haut du vingt-quatrième étage.

Un faux pas et ce serait peut-être la mort qui nous attendrait.

‘’Ok chef, on fait comment là ?!’’

‘’Humpf…’’

‘’Je peux tenter de tirer sur les fruits, mais ça va le détruire, et vu sa taille… Je sais même pas si on pourrait lui mettre le feu.’’

‘’Je peux l’arroser sinon !’’

‘’Pas le bon plan Proxi, pas le bon plan.’’

‘’Je dois admettre qu’on manque de potentiel offensif pour détruire ceci…’’

‘’On peut frapper dessus jusqu’à temps qu’il tombe sinon !’’

‘’On en aurait pour des années à le faire tomber.’’

‘’Je savais que j’aurais dû amener une tronçonneuse…’’

‘’Elle aurait pas fonctionné dugland !’’

‘’C’est qui que t’insultes de gland ?!’’

‘’Ta mère connard !’’

’’Calmez-vous bordel ! On est loin d’être sortis d’affaire là !’’

Un silence se fit alors, perturbé seulement par les tremblements que faisait l’arbre en attaquant. Les racines se déplaçaient, se concentrant sur notre côté afin de se préparer à nous réceptionner si nous tentions d’avancer. Mais c’était pas la pire, car alors que ça semblait déjà être compromis, tout le monde me regardèrent en silence, espérant que j’ai la solution à leurs problèmes.

‘’Euh… Euh…’’

‘’Dis-moi que t’as une idée.’’

Putain, fous-moi encore plus la pression…

’’Je…’’

‘’Dis-moi que t’as un sort, une arme quelque chose !’’

Trop de pression, trop de pression…

’’En fait je…’’

’’Dis-moi que tu peux lui faire tomber une montagne sur la gueule !’’

Punaise, mais elle me prenait poru qui ? Jesus Christ ? Mais j’étais pas en mesure de faire des miracles moi, j’étais juste une-

Attends.

"Tomber" ? "Une montagne" ?

PUNAISE !

’’[…] Ouais. Je peux faire ça. Et j’vais avoir besoin de l’aide de tout le monde.’’

Encore un plan foireux hein…

Mais un plan tout de même !

’’Voilà c’qu’on va faire…’’

Je sais pas comment j’serais sensée appeler ce plan foireux. Je sais pas du tout, ni même si en fait c’était bien d’avoir ce genre d’idée. J’voulais dire, dans tous les trucs militaires, ils nommaient leurs opérations avec un truc classe, un truc qui laissait bien dire que, forcément c’était LA grosse opération ultra importante. Mais bon, on avait pas le luxe d’une salle d’opération, et on devait improviser comme on pouvait.

Bref, la stratégie… Les tanks devaient faire diversion. Ils devaient captiver un maximum l’attention de l’arbre afin qu’il concentre ses attaques sur eux. Un rôle ingrat, clairement, mais ils étaient supportés dans cette opération par les guerriers et le chef de groupe, qui m’avait laissé carte blanche pour cette opération. Même Proxima était de cette corvée là, pour essayer de briser en vol les fruits qui risquaient de leur tomber dessus. Ils servaient de diversion, et même si ça les mettait en danger, j’avais besoin qu’ils fassent ça.

Car d’mon côté, j’étais partie avec Ski. On contournait la bête, ou plutôt le végétal, afin de trouver l’endroit idéal. Ski était celle qui avait clairement le plus de chance de trouver, et à proximité d’un batiment, elle me fit signe que celui-ci serait le bon. Ce fut ainsi qu’elle et moi rentrions dans une sorte de banque, grande de je sais pas trop combien d’étage, mais qui serait parfaite.

‘’Putain, ça empeste ! C’est parfait pour c’qu’on veut faire.’’

‘’Si j’avais sût que j’rentrerais dans une banque pour tout faire péter…’’

’’Profites, ce sera peut-être la seule fois où tu pourras.’’

Car après… Aie, clairement, ça serait compliqué. Car après notre passage, il n’y aurait plus de banque, il n’y aurait plus rien, si ce n’était un énorme paquet de décombre. Car le plan, si tenté que c’en était un, c’était au final assez simple, tout con même.

On allait lui faire tomber un immeuble sur la gueule.

Minute, ça a une gueule ?

Merde, pas le moment de penser à ça ! Fallait que je récapitule pour être sûre. Le salpêtre était en abondance dans les environs, suite à l’état dans lequel cette ville se trouvait. Il se trouvait dans les murs, et à peu près à tous les étages. Sauf que, point important, le salpêtre c’est un élément hautement explosif, et particulièrement instable. J’allais omettre également que c’était toxique, mais au point où en était, y’avait un danger plus immédiat. Restait juste à faire une détonation contrôlée, mais pour ça… Fallait que j’étudie un peu. Le but était après tout de faire tomber le truc dans une direction précise.

‘’Punaise, on t’apprend ça dans les études ?’’

‘’A ton avis ?’’

’’Je savais pas que les écoles d’ingé était aussi marantes.’’

’’Chacun s’emmerde à sa manière, et lorsque t’as une friche indus pas loin de ton campus… Bah tu testes. T’expérimentes et t’en tires les conclusions.’’

’’Tu passes un niveau ? Woh la p’tite chimiste, tu sais ce que tu fais là ?’’

’’Si j’te dis non ?’’

’’Toujours plus que moi. A ton signal.’’

’’A mon signal… Maintenant !’’

Une détonation, celle de l’arme de Ski évidemment, qui vint frapper un des pilliers présent sur place. J’avais gratté avec mes gants pour bien révéler le salpêtre. Une explosion vint alors à se produire, suivit d’une et d’une autre, une sorte bien spécifique de dominos qu’était assz inquiétante, surtout lorsque l’on vit la tour se pencher, commençant une chute inexorable vers le gros végétal !

’’Timber connard !’’

Un énorme vacarme perturba la place pendant plusieurs minutes. Des vitres se brisaient, des pierres chutaient et un immense nuage de poussière et de particule se formait à l’endroit. Avec Ski, on s’était protégées en entrant dans une cave à proximité, espérant que tout ça vienne à se calmer, et surtout, en espérant que cet arbre n’ait pas survécu à la chute qu’il venait d’avoir. La violence du choc avait été immense, suffisante pour faire trembler le sol durant plusieurs minutes, au bout desquelles une sorte de flash bizarre vient à se produire, m’aveuglant au passage.

Et… On se retrouvait au niveau de la voiture. On… On avait vaincus le boss ? Il était tombé ! Damn ! On avait réussis ! Tout le monde était là ! Certes, plusieurs blessés à déplorer hein, mais… On venait de réussir. On venait de s’en sortir face à une galère énorme. Un truc tellement improbable qu’on avait dû sortir des solutions alternatives. Ou un truc du genre.

J’tombais à terre, dos dans la terre. Pas très propre, mais j’m’en foutais un peu là. On s’en étaient tous sortis… Et les bras chargés avec les apparts explorés ! Au moins, ça, ça faisait plaisir, une bonne paye m’attendait suite à cette victoire.

‘’Punaise, j’arrive pas à y croire. Ça a fonctionné…’’

‘’T’étais si peu confiante que ça dans ton plan ?’’

‘’Pour être honnête, depuis le début, j’aurais jamais pensé qu’un seul aurait été efficace.’’

‘’Hoshi est une génie !’’

‘’Hey hey, doucement.’’

’’Et pourtant, je ne pense que quelqu’un aurait songé à une meilleure idée que celle-ci. Vous devriez continuer dans cette voie, et prendre contact avec des guildes plus importantes.’’

’’Euh… J’en suis pas à ce point là.’’

’’J’en parlerais. J’ai quelques contacts et peut-être tenderont-ils une oreille.’’

’’Woah euh… Merci ?’’

’’Après ça, c’est normal.’’

‘’Mais ce qui le serait encore plus, ce serait de faire la tournée des bars ! Faut bien qu’on fête ça !’’

‘’Ouais !’’

Punaise.

Après m’être embarquée dans un donjon pas possible, voilà que j’étais trainée de force dans une tournée des bars de la ville. Une nouvelle galère qui s’ajoutait, mais… Au fond.

J’étais peut-être pas si inutile que ça en fait ?