Accepter ses erreurs

**Kamui Mirai** Joueur Messages : 112 Date d'inscription : 16/10/2020

Accepter ses erreurs...Solo

Sapporo - Jour

On m'a contactée.

La guilde des chasseurs, pour ce putain de donjon.
Je ne veux plus en refaire... Laissez-moi...
Je ne veux plus être une chasseuse, une joueuse ou je ne sais quoi...
Je veux juste qu'on me laisse en paix. Laissez-moi. Laissez-moi...

J'aimerais continuer d'écouter cette mélodie. Ce son, ce bruit. Cette douceur... Cette fragilité qui me rassure, et qui me serre le cœur.
Cette mélodie que j'entends seule.
Cette mélodie qui joue continuellement dans ma tête. Cette mélodie qui exprime tout ce que je ressens, qui m'enlace comme-
...
Mère... Pourquoi ai-je peur ?
Mère... Pourquoi ne suis-je pas comme toi ?
Chiyo... Grande sœur Chiyo m'a dit que je devais dominer mes peurs, jamais les vaincre. Elle me l'a dit, je l'ai suivie, mais finalement... Je ne suis qu'une putain de lâche.
Je ne suis pas courageuse. Je suis faible. Je n'ai aucun honneur.
Je n'ai même pas essayé. Je n'ai fait aucun effort. Je me suis laissée emporter, comme la première fois... Je n'ai pas attaqué une seule fois. Je suis restée seule, lâche. Et j'ai fini comme eux.
Ici, j'ai survécu. Et pourtant... J'aurais aimé que tout ceci se soit terminé...

Cette douce mélodie de piano...
Elle résonne dans ma tête.
Je suis vraiment pathétique. Si je pouvais, je me cracherais à la gueule.
Je le ferais.

Alors que je suis les chasseurs, je baisse la tête, je fixe le sol. Je les suis dans un bâtiment qu'ils avaient à Sapporo, pas besoin d'aller au QG à Tokyo pour une telle urgence, pas vrai ? Il faut poser les questions vite et bien, haha...
Et évidemment, il faut qu'ils remarquent que j'ai du sang russe. On vérifie ma carte d'identité, on sait tout de moi. Ils bossent pour l'Etat, donc forcément.
Ils m'amènent dans une salle d'interrogatoire, alors qu'on me regarde d'un regard sévère. Si j'étais pas sortie du putain de vagin d'une putain de russe, on ne me regarderait pas avec cette gueule de connard. On me fixe tellement que je n'ose plus lever les yeux.

Je n'ai même plus la force de toute façon.

Je suis fatiguée.
Je n'ai pas assez dormi.
Je dois... Prendre de la drogue... Encore... Encore... Il le faut...
J'ai besoin... J'ai besoin d'oublier... Je dois oublier. Je dois passer à autre chose.
Je dois avancer, haha. C'est mon rôle après tout, non ? Je dois tenir debout. Je dois sourire, parce que...

Levez les yeux.

Je me fais surprendre par un putain de coup sur la table. Je relève les yeux, je croise les siens.
Ils sont froids, et pleins de foutue haine.
Je me tiens les bras. Je n'en peux plus.
Je veux rentrer... Je veux juste rentrer chez moi...
Me reposer... Penser à autre chose... Oublier... Oublier... Oublier...

Concentrez-vous, et décrivez le donjon.

J'écarquille les yeux, me frottant les bras en tremblant.
Je grimace, je me mets déjà à chialer comme une conne.
Une putain de chialeuse.
Je fais que chialer. Je n'ai jamais été aussi forte que grande sœur...
Haha... Chiyo...
J'aurais dû écouter maman...
Je suis tellement désolée...

Dépêchez-vous. Décrivez le donjon !

Un nouveau coup sur la table. Ils s'en fichent. Ils n'en ont rien à battre que je chiale. C'est normal après tout.
Je suis sortie seule de ce foutu donjon.
C'est normal. Normal.
Normal...

Je... Je... Je... Je sais pas... Je sais plus... Enfin... J-Je...

Silence.
Les gars sont silencieux. Ils me fixent, complètement stoïques.
Je renifle. Je me frotte les yeux en y passant mon bras.
Il fait si froid...

Un... Des monstres... D-Des trucs... Des trucs horribles et...

Juste le fait de m'en souvenir...

Des monstres qui... Qui pouvaient... Enfin... C'était... C'était un grand manoir...? Ouais... Un grand m-manoir... Y avait des... Des t-tuyaux sur les murs...

J'avale ma salive, nerveusement.

Un miroir... Et une chose... Une chose répugnante... Elle parlait... D'une voix familière... Elle... Elle pouvait imiter la voix de personnes qu'on connaissait...

Un des hommes soupire.
Mon comportement doit blaser, haha.
Une vraie gamine.

Que s'est-il passé ? Comment avez-vous survécu ? Y a-t-il d'autres survivants ?

Je me frotte les bras à nouveau.
Il fait tellement froid. Si froid.
Pourtant, je me souviens encore de la chaleur qu'elle me provoquait...
Cette chose...

Je me balance de bas en haut en fixant le vide.

La chose... Elle m'a parlée.. J'ai... J'ai essayé de dire à mon équipe de... De tuer les ennemis d'une manière... Mais elle m'a vue...

Je tousse, avant de me tenir la gorge.
Je n'ai pas assez bu.
Elle est putain de sèche.

On a été séparés... Dès le début. Chacun a été dans une pièce différente du manoir... J'avais que les tuyaux pour leur parler. Ils pouvaient pas le faire entre eux...

J'essayais de reprendre un rythme correct de respiration...
Mais ça ne marche pas.
La mélodie...
Je dois penser à la mélodie...

Cette mélodie qui résonne dans ma tête...
Qui ne s'arrêtera pas.
Encore et encore...
Les touches sont délicates et harmonieuses-

La chose... Elle m'a parlée, et elle m'a... Bavée dessus. Sa salive m'a... Infectée. Je...

Donnez-nous plus de détails là dessus. Il y a eu un accident dans l'opération ?

Je me griffe le visage.
Mes ongles se plantent dans mes joues.
Je saigne.
Je saigne.
Je saigne...

Mademoiselle, calmez-vous.

Morts... Ils sont tous morts. Il n'y a que moi... Que moi...!

Je hurle, alors que ma voix est cassée.
Je veux rentrer chez moi.
Je veux me reposer.
Je veux... Dormir.
Je veux oublier.
Ma drogue... J'en ai besoin.
Ma drogue...

Je dois oublier...
C'est mon seul moyen...

Pourquoi n'avez-vous prévenu personne ?

Je... C'est... C'est... C'est...!

Je pleure.
Je pleure en me tirant les cheveux.
Je veux juste...

La mélodie...
La mélodie...
La putain de mélodie...

Elle joue.
Elle continue de jouer.
Encore et encore...

Je veux que tout ça s'arrête.
Je veux que... Tout s'arrête.

Mademoiselle Kamui ! Reprenez-vous, et dites-nous si vous êtes responsable, de près ou de loin, de la mort de toute votre équipe !

...
Responsable...
Responsable de leur...
De leur mort ?

Je...
Je les ai...

NON ! NON, CE N'EST PAS DE MA FAUTE !

Je hurle.
Je craque.
Je n'en peux plus.

JE N'AI RIEN FAIT ! JE... JE N'AI RIEN FAIT ! C'EST... C'EST CETTE CHOSE ! ELLE... ELLE M'A INFECTÉE, J'AI RIEN PU FAIRE ! J'AVAIS PEUR ET...

J'ai mal à la gorge.
Je n'arrive plus à parler.
Ma voix est cassée.

J'ai...
J'ai mal...
Je veux juste...
Fermer les yeux.
Et dormir. Pour toujours.

Je n'ai rien fait... Je n'ai rien fait... Je voulais les aider... Je voulais... Je voulais rendre fière... Je voulais la rendre fière... Et être fière de moi ! Je voulais être comme elle, une bonne cheffe d'équipe ! Je voulais... Réussir ! Je voulais qu'ils survivent, tous ! Je... Je voulais au moins...

Je continue de pleurer.
Sécher mes larmes ne sert à rien.

Je voulais sortir heureuse, fière, avec tout le monde... Me dire que j'ai fini un donjon de rang D, me dire que... Que cette fois, je n'aurai peur de rien...

J'avale ma salive.
Encore.
Le peu qu'il reste...

Mais... Tout a foiré... Je n'ai pas pu faire... Je n'ai pas pu faire quelque chose... Ils... Cette chose... Elle était... H-Horrible...!

Je fixe les chasseurs, en leur montrant que je suis sincère.
Même si... Je ne sais pas si ils me prenaient au sérieux.
J'en sais rien, je m'en fiche.
Je veux... Dormir...

Quand ce truc... Quand ce truc m'a infectée... J'ai eu mal... Mal... Mal... Et... Et je n'avais plus contrôle de rien...! Il m'a rendu complètement folle ! J'ai... J'en ai tué... J'en ai tué... Trois... Trois... C'est ça...

Je me cache le visage, et je me penche en avant.
Je veux partir.
Laissez-moi partir.
Je veux rentrer chez moi...

Le boss... Je crois que c'était ça... Il les a tués... Il a tué tout le reste... Et... Et j'ai pu sortir... Sortir de cette PUTAIN de MERDE !... Cette... Cette merde... J'en suis sortie en le BUTANT !

Je hurle à pleins poumons.
Je ne veux pas croire que c'est de ma faute !

L'infection... L'infection est partie quand je l'ai tué... Et... Et je suis sortie...

Je respire.
Je respire pour reprendre mon souffle.
J'essaie de me calmer.
Je fixe le vide...

La mélodie continue.

Comment voulez-vous que je prévienne qui que ce soit après ça, HEIN ?! Je... J'ai... J'ai... J'ai eu si peur... Je voulais pas... Je voulais pas que tout ça se termine comme ça...

Vous étiez la cheffe d'équipe.

...Je...

J'éclate en sanglots.
Encore une fois.

...Encore une fois...

Vous pouvez sortir. Sachez qu'en tant que cheffe d'équipe, vous aviez tout de même la responsabilité de guider les autres chasseurs. On doit réfléchir à cette situation. On vous dira notre décision très vite.

Je me lève.
Je n'ose pas les regarder.
Je renifle, je sèche mes larmes.
Je ne veux plus m'en souvenir... De ça, de ce donjon de merde...
Je veux oublier.
Je veux rentrer chez moi...

Déguerpis, putain de russe.

Je l'entends.
J'entends l'insulte.
Mais je ne dis rien.
Je sors.

...
Je veux juste...
Je veux juste...

Dormir...

Maman... Grande sœur...
J'ai tellement peur...

Emme

Un, deux, trois, quatre, un, deux, trois, quatre, un, deux, trois, quatre...
Le temps semblait si lent alors que Kasumi faisait les cent pas devant ce bâtiment. Elle était morte d'inquiétude, cela faisait... un peu trop longtemps qu'elle était morte d'inquiétude. Depuis son donjon, les événements fâcheux s'étaient enchaînés et elle n'était pas la seule dans ce cas. Celle qui subissait le plus était Mirai. Déjà, son retour de donjon avec Hoshino avait été catastrophique et son état mental de manière générale s'était dégradé.
Ainsi, pour Kasumi qui ne supportait pas de ne pas pouvoir aider, la voir partir en donjon était une véritable torture. Ce n'était pas faute de lui avoir fait part de ses craintes mais... eh bien la fleuriste était tout aussi coupable de cet excès de zèle, ayant elle-même effectué deux donjons qui s'étaient plus ou moins bien passés.

La louve de Sapporo avait donc indiqué à Kasumi qu'elle irait en donjon ce jour-là, et cette dernière n'avait pu que la regarder partir, regrettant de devoir travailler et de ne pouvoir l'accompagner. Ainsi, son inquiétude se changea en terreur lorsque quelques heures plus tard, elle eut reçu des SMS de Mirai, dénués de toute émotion, smiley ou quoique ce soit, décrivant de manière presque chirurgicale ce qu'elle avait vécu et que, pour ces actions, elle allait être convoquée par la guilde des chasseurs.

Le jour était venu, Mirai ne l'avait pas prévenue mais la jeune femme avait au préalable préparé : Cinq post-its sur le frigo, demandé à Junko de lui rappeler trois fois, ainsi que deux alarmes sur son téléphone. Il était hors de question qu'elle laisse sa bien-aimée seule après ça et elle se doutait bien que celle-ci ne la tiendrait pas au jus.

Ainsi, son air neutre sur le visage, elle faisait les cents pas. Les comptant véritablement, elle en avait finalement effectué 586 en attendant que Mirai ne sorte. Un, deux, trois, quatre, un, deux, trois, quatre... Les chasseurs alentours la regardaient avec plus ou moins de confusion mais elle n'en avait cure. Le sol était ce qui occupait son champ de vision et ce qui se projetait dessus via son imagination était Mirai, comment sortirait-elle, comment avait-elle réagi, comment devait-elle réagir... Un million de scénarios se jouaient dans sa tête dans l'expectative d'un moment qui ne serait sans doute pas si cérémonieux. Kasumi devait juste... être là pour elle, la rassurer. C'était son rôle et elle comptait bien le remplir.

Le temps continuait de passer, refusant de se dérouler plus vite : Un, deux, trois, quatre, un deux, trois, quatre. L'écoulement immuable des secondes, l'atroce sensation de ne pas savoir ce qui se passait à l'intérieur.

-Si dans cinq minutes, elle n'est pas sortie j'entre...

C'est pile à cet instant que la porte du bâtiment s'ouvrit, laissant sortir une Mirai arquée vers l'avant, reniflant quelque peu et séchant ses larmes discrètement. A cette vision, le premier réflexe de Kasumi fût simple, rapide, elle s'avança, posa ses main derrière la tête de la louve, posant cette dernière sur son épaule. Elle lui caressa la tête d'une main, le dos de l'autre.

-C'est pas ta faute. Elle se répéta à voix plus basse. C'est pas ta faute...

Elle serra sa bien-aimée fort sa bien-aimée contre elle. Elle put sentir l'étreinte être réciproque et son épaule se mouiller des larmes de la Russe. Elle s'excusait encore et encore, comme si Kasumi devait lui reprocher quelque chose. Et si habituellement, la fleuriste aurait immédiatement rectifié, elle préféra laisser tout sortir.

-Je sais... Je sais... C'est pas ta faute...

Des paroles parvinrent à sortir entre deux pleurs... Mirai voulait rendre Kasumi fière et elle considérait avoir échoué. A ses paroles, la fleuriste serra d'autant plus l'étreinte avant de se calmer et de prendre le visage griffé de la louve entre ses paumes.

-Tu n'as pas à me rendre fière Mirai... Je suis déjà fière de toi. Et je le serai encore plus quand tu vivras heureuse avec moi. D'accord ?

A ces mots, la Kamui se remit à sangloter de plus belle avant de reprendre l'étreinte, le temps que tout sorte d'elle. Cela dura plusieurs secondes... ou minutes... Un... Deux... Trois... Quatre...

-C'est terminé... On va rentrer et... On fera ce que tu veux. Manger, cuisiner, jouer à tes jeux... tout ce que tu veux...

Précisions:

Accepter ses erreurs

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