Délinquante est un bien grand mot
- Dr. Nakai HoshinoJoueur
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Délinquante est un bien grand mot
Mais tout d’même quoi. Etre menottée dans une salle d’interrogatoire pour j’sais pas trop quelle raison, là, j’faisais fort.
Le pire, c’était que j’en avais vraiment aucune idée ! J’m’étais arrêtée à un starbuck, espérant pouvoir m’gaver avec un truc chaud après cette dure journée. Au moins, la rencontre avec la guilde des chasseurs s’était bien passé, et j’en étais ressortie plutôt contente en fait ! Evidemment, pas d’admission à la clef hein, ça Ski m’avait prévenu que ça s’ferait pas comme ça, mais… Disons qu’on a pas mal papoté, et que c’était un tant soit peu prometteur, malgré mon dossier et co.
Bref, j’étais en gare, attendant d’recevoir mon gobelet, avec un nom qui serait probablement orthographié Auchy’nnot, ou un truc du genre, tout en patientant pour mon train, qui aurait débarqué dans quelques temps. C’était que bon, on était en fin d’aprem, et j’devais être de retour à Sapporo avant qu’il soit j’sais pas trop quelle heure, histoire de dire et de pas me geler les miches sur le trajet retour.
Mais, j’sais pas. Un truc en a décidé autrement. Dès lors que j’ai eu mon verre en main, et avant même la première gorgée, y’a deux policiers qui se sont pointés. Contrôle d’identité, tout ça, et une fois terminé, bam, embarquée au poste ! Au début, j’pensais qu’ils avaient besoin d’une déposition de ma part, pour un truc urgent, mais lorsqu’ils m’ont passés les menottes et m’ont annoncés que j’pouvais garder le silence, là j’avoue, j’étais pas bien, mais genre pas bien du tout.
Donc voilà où j’me retrouvais. Assise dans une salle d’interrogatoire en attendant qu’y’en ai un du tas qui se pointe, pour me demander des explications. J’crois que j’avais entendu dire que j’avais été signalée par quelqu’un pour un comportement criminel… Punaise, si c’était une nouvelle fois une vieille qui m’a prise pour une poseuse de bombe, je… J’pense que j’porterais plainte en retour, mais… C’était pas vraiment sûr d’aboutir. Les japonais, sont bien mignons, mais punaise, des fois, j’peux tomber sur des racistes vachement cons… Alors que j’suis jap hein ! C’est ça l’pire !
Donc bon, j’avais pas eu le droit d’passer un appel à un ami. Mon train était parti maintenant, j’sais pas comment j’allais pouvoir rentrer chez moi et si j’pouvais me permettre de loger à l’hotel et, peut-être ce qui me frustrait encore plus dans c’t’affaire... Mon café était froid. Et j’avais pas pu en boire une gorgée.
C’te vie, des fois j’me dis qu’c’est pas vivable hein…
- Yun HaoJoueur
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Re: Délinquante est un bien grand mot
Je me demandais si je ne devais pas quitter totalement mon travail. Après tout, les récompenses d’un chasseur suffisait à ce que je puisse avoir un certain revenu stable. Ainsi, je pouvais me consacrer davantage à mon statut de joueur et à mes projets de vengeance qu’à suivre les ordres d’un chef que je ne respectais même pas réellement.
Ceci dit, il était vrai que si je me débarrassais subitement de mon job de fonctionnaire, cela pourrait éveiller des soupçons. Et puis, même si je pouvais me permettre de le faire, je n’étais pas certain que ce temps gagné était des plus utiles. Je n’étais pas sûr de vouloir enchaîner les donjons afin d’augmenter mon niveau, même si ça aurait été possible. Bien que je voulais évidemment devenir plus fort au plus vite, je ne pensais pas que c’était une des meilleures idées à faire.
Je prenais donc mon mal en patience et continuais cette routine sans réelle conviction. De plus, étant donné que ma sortie officielle de l’hôpital était récente, je n’étais toujours pas apte à surveiller les rues et aller sur le terrain. J’étais cantonné à de la paperasse ici et là, et à diverses activités assez peu physiques. Pour résumer, mes journées étaient vraiment longues…
Néanmoins, celle-ci était assez particulière. Par chance, un cas spécial se présenta à mon bureau de poste, même si celui-ci était quelque peu étrange. D’habitude, je ne participais pas à ce genre d’affaire, mais je préférais m’y plonger un peu dans le but de taire ma lassitude. Approchant donc la chose, j’examinais en premier temps le dossier qui avait été rassemblé et les détails de cet interrogatoire. Habituellement, j’étais plus la personne qui emmenait l’individu jusqu’à cette salle, mais cette fois-ci j’allais être en charge de faire parler cette femme.
Nakai Hoshino. Si je me fiais aux papiers que j’avais sous les yeux, son passif n’était pas très beau. Elle aurait un certain lien avec un incident concernant un massacre en donjon. Pour être plus précis, elle aurait réussi à augmenter les capacités du principal responsable de ce massacre. Évidemment, tout ce malheur lui avait été accablé, et elle n’échappait donc aucunement à une réputation salie. Mais, oui, si je pensais de cette manière, c’était parce que je préférais avoir un aperçu concret des choses avant de faire un jugement. Mon père pouvait paraître être un homme admirable, mais je savais parfaitement quelle genre de saloperie il était. Au contraire, je connaissais aussi des personnes aux allures mesquines et à la notoriété assez sombre qui étaient pourtant de très bons individus.
Quoi qu’il en soit, j’avais approximativement compris de quoi on l’accusait. Pénétrant la pièce, seul, je m’installais face à la demoiselle la jaugeant discrètement de l’œil en premier temps. Sa peau quelque peu mâte, bien que peu commun de la populace japonaise, me remémorait certains énergumènes que je ne souhaitais pas avoir en mémoire. Ceci étant, cette teinte apportait un certain charme à la dame, une splendeur accentuée par l’éclat émeraude de ses prunelles, surplombé par une chevelure brune mi-longue aux reflets ébènes.
J’aurais pu me sentir quelque peu mal à l’aise au vu de la différence d’âge entre nous, mais ma nature restait fidèle à elle-même. De fait, je n’hésitais pas à prononcer les premiers mots.
« Vous n’aimez pas le café ? », dis-je afin de tester la température avant de reprendre. « Bien, allons au vif du sujet. Vous avez été accusé d’agression, de vandalisme et même de menace de mort… Ce n’est pas vraiment rien vous savez. »
Je restais attentif quant à son comportement, essayant de déceler si elle gardait un calme, si elle tentait de jouer la comédie ou si elle venait à être surprise. N’importe quel mouvement pouvait la trahir, mais ce que je ressentais davantage en elle était une quelconque fatigue qui lui prenait.
« La personne vous ayant porté cette charge se prénomme Hakuki Mona… 55 ans… ? Alors vous êtes du genre à vous en prendre à plus vieux ? Quelle est votre version des faits, Miss Nakai ? »
Malgré mon envie de me montrer plus intime, je me devais de rester professionnel. Ainsi, je n’échangeais qu’un simple sourire au début, avant de garder de nouveau une distance adéquate et garder une neutralité absolue.
- Dr. Nakai HoshinoJoueur
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Re: Délinquante est un bien grand mot
Enfin, ce fut au bout d’un temps qui m’paru interminable que vint enfin quelqu’un. Un homme, plutôt jeune, cheveux noirs et longs… Plus longs que les miens en fait. Genre vachement plus long. Après bon, j’étais plus vraiment pressée sachant que j’avais complètement raté mon train, et que j’savais même pas comment j’allais pouvoir me débrouiller une fois sortie d’ici… Enfin, si j’sortais ? Ça s’trouve, j’étais là pour mes « quelques » téléchargements illégaux qu’j’avais fait… Mais normalement, ça passait pas comme ça ! Y’avait les lettres, les recommandés et tout avant d’en arriver ici !
Mais bon… J’aurais pas trop le droit de savoir tant qu’on m’aurait pas informé, et j’restais le regard un peu dans mes chaussettes jusqu’à ce qu’il ne prenne la parole, mentionnant le fait que mon café était terriblement froid et plein. Terrible comme histoire n’empêche.
‘’Non, fin… Ça m’dérange pas d’en prendre un de temps en temps, mais… Fin, pas comme ça.’’ Fis-je en soulevant un peu mes mains, montrant ainsi les menottes attachées à mes poignets. J’étais bien premier degré là. Surement un peu trop et peut-être un poil trop sur la défensive également. Pas vraiment top comme entrée en matière. Mais y’avait pire, j’pense. Comme d’me parler de mes chefs d’accusation !
‘’Hein ?’’ Fis-je d’abord, premier réflexe, en ayant un mouvement de recul au niveau de ma tête, mes yeux qui se fronçaient et compagnie. C’était… C’était une blague ? Elle était où la caméra dans ce cas ! J’regardais un peu partout dans la salle, et si y’en avait une, c’était derrière cette vitre teinté, mais… Qui pourrait me faire ça ? C’était un test ? Un truc du genre ? Ou quelqu’un m’avait piégé ! Chaud comme histoire… Et c’était la mienne en plus !
‘’Euh… J’me doute que c’est pas vraiment rien hein, mais… Euh, je vois pas. J’ai clairement pas souvenir d’avoir fait ça ! Punaise, ça se trouve je l’ai fait et j’m’en souviens pas… Mais quand dans c’cas ?! C’est genre la première fois que je viens à Tokyo depuis des années !’’
J’étais confuse. Confuse et inquiète ! J’pensais pas avoir eu de moment d’absence particulier aujourd’hui, et j’avais plutôt eu des problèmes qui me mettraient plutôt dans la case des victimes que des accusés, si l’on comptabilisait les Yakuzas… Mais que j’vienne à me faire accuser de ça ! J’arrivais pas à y croire.
Mais lorsqu’il détailla la plainte, les choses vinrent à s’éclaircir. Bon, pas du tout en fait hein, j’avais toujours aucune idée de qui était cette personne et des faits qui m’étaient reprochés, mais j’devais admettre que ça me tapait sur les nerf ça...
‘’[…] Me dites pas que c’est que c’est encore une ménagère pré-retraite qu’a inventé cette histoire parce qu’elle a pas aimé ma tête…’’
Je lâchais un soupir, bien audible. Surement un peu trop, si bien que j’mettais ma main devant la bouche, un peu gênée de ce que je faisais et de la manière dont j’me donnais en spectacle. C’était tout de même… Un sacré bordel ouais.
‘’E-enfin, je… Je connais pas cette personne, ni de quoi elle m’accuse en fait. J’en ai vraiment aucune idée !’’
- Yun HaoJoueur
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Re: Délinquante est un bien grand mot
Les réactions de la demoiselle paraissaient authentiques… Ou dans le cas contraire, elle mériterait sans aucun doute un oscar pour ses performances théâtrales. Ceci étant, elle n’avait pas complètement réfuté l’idée qu’elle aurait pu causer du tort à quelqu’un de la région par le passé, étant donné qu’elle avait suggéré qu’elle n’était pas des lieux. Tout portait même à croire qu’elle était du genre à pouvoir être turbulente par moment au vu de sa gestuelle et de sa réponse. Tout cela n’arrangeait vraiment pas son cas, je ne savais pas pourquoi elle avait dit ces mots à voix haute, mais j’en prenais tout de même note dans un coin de ma tête.
Toutefois, son comportement suivant laissait aussi croire qu’elle paniquait vraiment, qu’elle n’avait aucune idée de quoi je lui parlais. À vrai dire, cette affaire sentait le coup fourré à plein nez dès le départ, et ainsi peut-être était-ce dû à cela que je fus plus enclin à croire en ses gestes. Cependant, cette histoire de réputation jouait beaucoup en sa défaveur, et je ne pouvais pas me permettre de la relâcher uniquement parce que je pensais qu’elle était innocente aux premiers abords. Et dans tous les cas, je devais passer par mes supérieurs pour qu’elle puisse vivre sa vie normale.
« Surveillez vos accusations je vous prie… »
Maintenant que j’y pense, la vieille n’avait pas non plus de preuves tangibles et concrets contre cette personne. Malgré tout, elle était quand même là. Était-ce comme cela que travaillait mes compagnons de la police de nos jours ? Il était donc possible d’embarquer un individu innocent uniquement parce que quelqu’un avait porter des charges sans fondements contre lui ? Ce monde était vraiment… Corrompu.
À côté de cela, mon père était toujours en liberté, et ce même après avoir tué multiples personnages dans l’ombre. Pas une fois mes plaintes avaient été écouté, mais là… Sigh. La réputation jouait vraiment beaucoup sur les droits d’une personne.
« Écoutez, voici les… Preuves de vandalisme que nous a fourni la personne nous ayant contacté plus tôt. », dis-je alors sans trop de conviction en sortant plusieurs photos.
Dans le lot, on y percevait la victime blessée ainsi qu’une belle voiture. Cette dernière portait les traces d’un évident délit, étant rayée sur toute la longueur à trois reprises. Le gros problème était qu’on ne percevait que ces rayures, et rien d’autres. La situation était similaire avec l’autre image, ne démontrant qu’une femme d’un certain âge avec le visage légèrement gonflé. Ainsi, appeler ces photos de preuves était un peu excessif. Rien de concret n’était dessus, on pourrait tout autant crier au vandalisme en citant mon nom que cela ne changerait rien.
« Niez-vous donc les faits… ? », demandais-je par professionnalisme. « Vous niez donc. », affirmais-je sèchement.
Bien sûr qu’elle le faisait, vu qu’elle n’était absolument l’auteure de tels actes… M’enfin, peut-être que mon instinct se trompait, et de fait je continuais à lui poser des questions.
« Que faisiez-vous donc hier aux abords de 17 heures, miss Nakai ? »
Si elle avait un alibi qui tenait la route, il serait simple de nous sortir de cette situation. Ainsi, je pourrais convaincre mes camarades de la laisser partir… En tout cas, l’affaire arrivait à me faire perdre de ma lassitude. En même temps, c’était bien mieux que de m’occuper des papiers…
« Ne vous en faites pas, je crois en votre version des faits, j’espère juste avoir suffisamment d’informations venant de vous pour vous permettre de vous échapper au pire. », lui adressai-je finalement d’un léger souffle, accompagné par un aimable petit sourire.
- Dr. Nakai HoshinoJoueur
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Re: Délinquante est un bien grand mot
Donc bref, si cette quinquagénaire était responsable de fausses déclarations, là… J’sais pas ce que je ferai. Probablement des trucs très… Enervés. Mais pas vraiment en fait. Genre du passif agressif. J’mettrais des coussins de travers, les verres à l’envers et des tasses pas droites. Le genre de truc qui se remarque par personne si c’n’était pas celui qui faisait l’coup. Mais avant ça, j’devais sortir d’ici, prouver mon innocence et me taper une soufflante sur c’que j’avançais !
‘’E-Euh désolé. C’est… Hum, pas la première fois que ça m’arrive en fait.’’
Ardeurs refroidies ouais. J’étais pas une fetichiste de l’uniforme, mais lorsque j’avais un policer face à moi, j’faisais pas la maligne, quand bien même ils étaient encore plus contrôlés que moi. J’sais pas, un mélange d’autorité et d’respect mêlé à l’intimidation qu’ils pouvaient dégager, même les plus frêles. C’était que bon, fallait pas trop les contrarier. J’devais pas être bien subtile hein…
Bref, on passait aux preuves, et en regardant les photos, bah… Ça m’paraissait être crédible pour du vandalisme hein. Sauf que j’étais pas dedans. Donc ça m’reliait pas à ça, même si y’avait visiblement quelqu’un qu’avait secoué un peu la vieille. Sauf si elle s’était piquée avec sa machine à couture ou qu’elle simulait l’attaque de son chat obèse. Aucune idée en fait.
‘’Euh, d’accord ?’’ Commençais-je, analysant un peu plus en détail pendant qu’il me demandait si je confirmais ou pas ces clichés. Question stupide hein. ‘’Ouais je… Euh, je nie ces faits. Je connais pas cette personne ni cette rue là. J’saurais même pas vous dire si c’est proche ou loin d’ici en fait !’’
Mais bon, c’était ma parole contre celle d’une potentielle victime, et j’étais la principale –et seule- suspecte, donc restait à voir si j’étais vraiment liée à ça… Et lorsqu’il me demanda ce que j’faisais, j’crois que j’tenais là ma défense. Restait à trouver le pourquoi j’étais incriminée dans toute cette affaire. Après tout, même lui l’annonçait, comme quoi il me pensait innocente ! Même s’il me mit la pression tout de même…
‘’Ouais je… A-Attendez, comment ça le pire ?!’’ Fis-je un peu, surréagissant probablement, alors qu’il fallait que j’me consacre sur l’essentiel, à savoir où j’étais. ‘’Bon euh… Hier à 17 heures ? J’étais chez moi, et clairement pas ici. J’habite à Sapporo en fait et j’suis là car j’avais un rendez-vous avec la guilde des chasseurs. Rien d’officiel ou d’important hein, mais… Euh j’m’égare.’’
J’allais pas commencer à raconter ma vie et mes déboires avec lui. Ça l’intéressait probablement pas.
‘’Sinon, vous pouvez toujours retracer ma position à partir de mon téléphone. Je l’avais sur moi, et j’crois qu’au moment que vous me parlez, j’étais sur mon canapé d’vant une série, en discutant avec une pote. D’ailleurs vous devriez pouvoir trouver aussi mes tickets de train ! J’en ai prit un tôt aujourd’hui pour venir.’’
Bref, si j’étais pas sur place au moment des faits, j’crois que ça m’disculpait pas mal. Mais restait à savoir pourquoi j’étais ici, pourquoi on m’avait accusé.
‘’Vous savez pourquoi elle m’a accusée moi en fait ? Elle a dit un truc sur mon sujet ? Car honnêtement… A part à la télé, j’vois pas où elle aurait pu voir ma tête. Et encore !’’
- Yun HaoJoueur
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Re: Délinquante est un bien grand mot
J’avais cru comprendre que ce n’était pas la première fois qu’elle était mise en garde à vue avant qu’elle ne me l’annonce. Mais bon, c’était compréhensible, moi non plus n’étais pas le plus clean de tous les hommes. Par le passé, j’avais déjà pu me tenir à sa place, même si les cas n’avaient jamais été abouti, ou bien que j’étais uniquement amené en tant que témoin ou pour diverses informations, j’étais déjà venu là avant de devenir officier. Bon, pas là, là, mais dans un poste de police.
Bref, la demoiselle s’était exclamée à cause de ma dernière expression qui n’était qu’un ajout que je ne pus m’empêcher de prononcer. Il était vrai que ce n’était pas la meilleure solution pour tenter de rassurer la dame que de lui dire qu’il pourrait arriver quelque chose de « pire »… J’avais l’impression d’être à la fois le gentil et le méchant flic, c’était une sensation assez étrange et je doutais même de son efficacité, mais je ne pouvais plus revenir en arrière.
Donc, si je résumais, Hoshino était sur Sapporo la veille, chez elle. Sans alibi donc, intéressant. Peut-être n’était-elle pas si innocente qu’elle n’en avait l’air. Ce qui me surprenait davantage était son entrevue avec la guilde des chasseurs, surtout au vu de son passif avec le criminel Faucheur. Il était possible que cela avait un lien avec cet événement, mais là n’était pas le sujet de cette rencontre.
« Eh bien, je dois avouer que votre réputation est assez ternie pour que mes supérieurs cherchent aussi à vous nuire. », admis-je alors faiblement, après avoir jeté un vif coup d’œil en direction de la vitre teintée.
Sans doute donnais-je une mauvaise impression de la police de Tokyo, mais ces traits étaient réels. Ce monde était abject et corrompu, et elle l’était d’autant plus avec l’arrivée des donjons. Nombres de lois pouvaient être esquivées en ayant un bon rang de chasseur… Des règles juridiques qui ne s’appliquent pas à tous, voilà qui était réellement amusant ! Tss.
Je recentrais ma concentration sur ses prochaines paroles. Il était vrai que si l’on pouvait récupérer son ticket, il serait simple de lui procurer une justification en béton.
« Vous surestimez les capacités de la police mademoiselle, nous n’avons pas les compétences pour remonter la position de la veille d’une personne à partir d’une géolocalisation. Ceci dit, si vous avez toujours votre ticket sur vous, cela permettrait de vous innocenter un minimum. Dans le cas contraire, votre cas n’évoluera pas je ne le crains. »
En toute franchise, je n’étais pas certain de ce que j’affirmais, mais je savais qu’il était difficile de retracer les mouvements d’une personne sans gros indices. Par exemple, si elle avait acheté son ticket en liquide, il serait impossible de retrouver cela à moins d’interpeller chaque représentant de guichet des gares. Toutefois, pour un cas comme celui de Miss Nakai, je doutais que l’on aille recourir à de telles ampleurs.
« ‘Cette catin de peau mâte. À cause d’elle, mon fils est…’ », dis-je alors en prenant un certain air externe, avant de revenir avec un doux sourire. « Je pense que vous comprenez. Je vous laisse réfléchir et vous calmer. », finis-je alors en me levant, avant de quitter la pièce.
Je vins me concerter par la suite avec mes collègues, révélant les quelques informations que j’avais pu déceler tout en essayant de les convaincre de ne pas prendre en compte son casier judiciaire. Après tout, rien qu’en regardant objectivement cette affaire, il était simple de comprendre que ce n’était qu’un traquenard de la part d’une vielle dame qui cherchait exclusivement à nuire à une individu qu’elle n’appréciait guère.
Après quelques minutes avec eux, je pénétrais de nouveau la salle d’interrogatoire, m’installant de nouveau devant la femme aux yeux émeraudes.
« Je pense pouvoir vous tirer de là, mais je crois que vous devez dire adieu à cette bonne journée, et probablement celle de demain. Je suis encore assez jeune au sein de cette office, donc mes paroles n’ont pas tant de valeurs que cela. Je ne connais pas le fin mot de l’histoire, mais on dirait que même certains politiques ne vous voient point du bon œil… », soufflais-je en secouant faiblement la tête.
- Dr. Nakai HoshinoJoueur
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Re: Délinquante est un bien grand mot
Tss…
Finalement, j’savais juste pas quoi faire, et je tombais un peu plus dans l’inconfortable chaise sur laquelle j’devais être vissée. C’était pas drôle tout de même, à aucun moment, et j’avais juste envie de taper ma tête contre un mur, ou contre la table. Même si… Le fait que le policier face à moi supposait que ses supérieurs avaient une dent contre moi me fit hausser les sourcils. Carrément ?! Punaise, c’était chaud Tokyo tout de même. Les gens avaient pas digérés mon cas ou bien ?
‘’C’est bien ma veine ça… Et pas comme si je manquais de galères en plus.’’
J’me serais bien passée de celle-là en tout cas. Et dire qu’à cette heure, j’devrais être en train de roupiller avec ma musique dans les oreilles en étant dans le train pour Hokkaïdo. Et à la place j’devais glander là, à répondre à des questions vue et revues… Même si j’étais un peu surprise d’apprendre qu’ils pouvaient pas. Y’avait pas un espionnage catalogué des gens ? J’mettais peut-être perdue dans une fiction…
‘’Mon ticket est dans mon tel. J’vous le montre sans problème hein ! Et puis… Y’a toujours les cams des gares non ? J’suis peut-être pas grande, mais j’pense qu’on devrait pouvoir repérer ma tête au passage.’’
J’demandais des efforts hein, et c’était peut-être ça que les gens étaient pas prêt à faire pour m’aider. Sauf celui que j’avais en face de moi en fait, qui menait son petit interrogatoire. Punaise, un interrogatoire… J’me faisais interroger. C’était vachement badant en fait… Et au moins autant que l’truc qui m’annonçait après, le début de la cinglante réplique de la « victime »
‘’Eh bah… Pas dans l’originalité. J’sais pas combien de fois j’ai entendu ça. Fin, sur ma peau hein. Le mot d’avant, les autres sont généralement moins… Subtils.’’
Et ça, c’était quand j’lisais pas les lettres de menaces qu’il y avait dans ma boîte aux lettres. Peut-être que j’devrais porter plainte hein, mais… Vu que les officiels avaient pas trop l’air de me porter dans leurs cœurs, j’crois que j’passerais. T’façon, j’avais pas non plus l’envie de me noyer dans ce genre d’affaires.
Bref, le policier s’absentait, et j’me sentis d’un coup bien seule. Encore cette foutue affaire qui voudrait jamais disparaître hum ? Mon nom était entaché à vie. Ma gueule aussi, et probablement tout c’qui pourrait être lié à moi. J’crois que par sécurité, j’devrais éviter d’avoir des gamins. Ils subiraient trop à cause de moi… T’façon, c’était pas au programme !
Mais ça m’rendait un peu nostalgique tout ça en fait… Nostalgique d’un autre temps. Où c’était simple. Certes, j’avais toujours des critiques par rapport à cette couleur provenant d’mes origines, mais… C’était une autre merde j’dirais.
Et finalement, quand il vint à revenir, il annonçait qu’il pourrait me tirer de là ! Super ! Le seul problème, c’est que ça ne serait pas de suite. Et j’allais devoir glander ici… Deux jours ?!
‘’P-Pardon ? J’vais devoir rester ici jusqu’à après-demain ?! Sans même que j’sois déclarée coupable ?’’
Y’avait pas des lois contre ça ? Nan mais à continuer comme ça, fallait que quelques vieux enchainent les fausses déclaration sur ma gueule pour que j’passe des années ici… Punaise, mais j’avais fait quoi au monde bordel ?
‘’Punaise…’’
Ça m’énervait. Ça m’agaçait et ça me blasait. Franchement quoi, système de merde. Vie de merde. Tout ça à cause d’une pute qu’aurait rien derrière car c’était moi qu’on accusait… Putain, ça m’saoulait toutes ces conneries là !
‘’J’sais que c’est pas d’votre faute hein, mais… Punaise quoi… J’étais à l’autre bout du Japon hier ! C’est ridicule là !’’
Bon, j’pouvais pester autant que j’le voulais, mais ça changerait rien, au contraire. Peut-être même que ça empirerait mon cas. Ma tête tomba lourdement sur la table, créant un bon « bonk » sonore. Et qui me fit mal au front. Putain la conne…
‘’Même certains politiques ? J’fais fort visiblement… Mais bon, c’est pas si étonnant dans les faits. Si vous êtes pas au courant, le labo où j’bossais encore l’an dernier a… Grave merdé en fait. Y’a une équipe qu’a rendu un plus fort un type qui s’est révélé être un faucheur, et après… Bah c’est parti en vrille, le premier ministre qu’a dû faire des excuses et co.’’
Je soupirais. Encore cette histoire, que j’avais dû raconter je sais pas trop combien de fois en fait. Mais vu que j’étais au poste, peut-être j’pouvais lui poser cette question là :
‘’D’ailleurs, y’a eu des progrès sur… Les meurtres ? Ou c’est toujours au point mort ?’’
- Yun HaoJoueur
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Re: Délinquante est un bien grand mot
Elle avait un alibi grâce à son ticket, mais il était vrai que c’était toujours insuffisant pour l’innocenter complètement. Pour ce faire, il fallait bel et bien intervenir dans les gares dans le but de saisir les informations que l’on manquait, c’est-à-dire la visuel à l’aide des caméras de surveillance. Mais, en toute franchise, je doutais que les démarches aillent jusque là. Rien qu’avec son justificatif sur son téléphone, il était possible de la relâcher sur le champ et de forcer des excuses de notre part… Mais, ça, c’était uniquement réalisable avec une police qui se respectait. Certes, il ne devait pas y avoir que de mauvais agents, mais la plupart des officiers faisaient preuves d’abus de pouvoir, et ce sans forcément s’en rendre compte. Ils n’étaient pas totalement objectif, et parfois, des affaires simples pouvaient être compliquées juste par leur bon vouloir, comme c’était le cas ci-présent.
Quoi qu’il en soit, je pouvais comprendre son agacement. Pour tout dire, moi-même étais quelque peu exacerbé par le comportement puéril du gouvernement, et pour une fois, je préférais cette famille qui ne cachait en rien ses intentions envers ses alliés… Du moins, c’était l’impression que j’avais eu lorsque j’étais au sein de cette mafia dont mon père se trouvait.
Un souffle de dépit s’échappa de ma bouche, et ce malgré ma tentative de paraître professionnel. Haussant finalement mes épaules, lâchant mon image d’inspecteur un instant, je rebondis sur la remarque de la demoiselle par rapport au ridicule de la situation.
« Votre karma ne doit pas être des plus positifs… », dis-je en essayant de détendre l’atmosphère comme je le pouvais.
Mais, suite à son acte démontrant sa grande fatigue, je doutais de l’efficacité de mes mots. Évitant de m’attarder sur cet échec, j’observais simplement la dame aux yeux émeraudes qui avait son visage plaqué contre la table, avant de le décaler légèrement de sorte à pouvoir dialoguer.
Elle me révéla alors des informations que j’avais déjà pu avoir en feuilletant son dossier, mais c’était toujours bon de l’apprendre de la part de la concernée. Cela devait signifier que j’avais légèrement gagné sa confiance, et si c’était le cas on ne pouvait qu’avancer vers le meilleur. Pour en revenir à son passif, je compris assez vite qu’elle était le martyre choisit par l’état pour cette faute. Sachant qu’elle n’avait pas lâchement fui le pays, elle était la cible idéale pour rediriger la colère du peuple hors de gouvernement. Évidemment, ce dernier souhaitait toujours avoir une image des plus irréprochables, donc il fallait trouver un jambon à agiter devant la foule enragée…
Je fus faiblement pris de court lorsque Miss Nakai me posa sa question par rapport aux meurtres du faucheur. Cependant, mon sang-froid reprit le dessus, et je pus répondre assez vite.
« Je ne suis qu’un jouvenceau aux yeux des hauts gradés, une affaire pareille n’a donc pas pu atteindre mes oreilles. », répondis-je adroitement.
Ceci dit, je repris juste après un soupir, souhaitant éliminer la barrière qui se plaçait entre mon interlocutrice et moi dû à mon uniforme.
« Mais vous savez, ce qui est un donjon reste dans le donjon… Les nouvelles lois qui se sont formées autours de ces portails et de leurs espaces surnaturelles… Elles sont un peu compliquées. », avouais-je en me massant délicatement la nuque, perplexe de cette dure vérité. « Tout ce que je peux affirmer, c’est que l’on m’a confirmé qu’une équipe d’experts était sur le coup, mais allez savoir si c’est réel, ou si l’affaire fut étouffée dans l’ombre… », soufflais-je alors en fermant les paupières.
Je faisais incontestablement attention à la tonalité de mes mots, ainsi qu’à leur niveau sonore si jamais la pièce était sous surveillance auditive, en plus de la présence de plusieurs paires de yeux derrière les vitres teintées.
« Mais nous nous égarons. », fis-je sèchement de sorte à revenir sur le sujet principal de ce cas précis. « Pourrais-je avoir votre téléphone ? Je vais persuader mes collègues de lâcher l’affaire avec vos contre-preuves. Dans le pire des cas, je pourrais user de rhétorique mais le fait que vous avez pris un ticket grâce à votre portable vous sauve d’un surplus d’ennuis… »
- Dr. Nakai HoshinoJoueur
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Date d'inscription : 11/10/2020
Re: Délinquante est un bien grand mot
‘’Visiblement… Ouais. J’sais pas, j’ai dû torturer des chatons dans une autre vie, ou des bébés phoques. Ou les deux en fait… Ou bien j’paye pour toutes les conneries d’mon père.’’
Et s’il avait une importance dans cette affaire là, je… Nan, fallait pas que je pense à lui. Il méritait pas ça. Il méritait même pas que j’dérive sur son nom, sur son image ou même sur le fait que j’en avais un. Ouais, ma mère s’était autofécondée et… Nan, c’était ridicule. Ridicule au possible. Et pourtant, à chaque fois que ça allait pas, j’finissais par lui mettre ça sur lui. C’était un peu mon bouc émissaire en fait… Erf, j’voulais pas y penser.
M’enfin. Y’avait d’autres sujets, notamment sur cette fameuse affaire qui avait fait de moi la chômeuse d’aujourd’hui. Et l’problème, bah… C’était que ça allait pas forcément avancer beaucoup, et s’il y avait des progrès, ça tomberait pas dans ses oreilles… Misère. Le fait de savoir qu’un tel truc allait pas être jugé me laissait une boule très amère dans la gorge, car c’était juste « compliqué », et même s’il y avait des experts sur le coup, j’pense qu’en l’espace de ces nombreux mois, ils avaient plus la moindre piste à explorer. Donc chou blanc complet…
‘’Erf… J’aurais dû m’y attendre… Et j’imagine que c’est la même pour ce qui s’est passé en dehors. Affaires étouffées et compagnie.’’
Pas de bonnes nouvelles en perspective. J’aurais espérer que ce genre de merde qui me courait derrière puisse un jour se régler, mais il semblait qu’j’allais devoir vivre encore avec cette crainte morbide dans le coin de la tête…
Enfin bon, ça m’avait pas empêché de survivre jusqu’à maintenant, donc… Déjà, sortir de ce commissariat, et si possible en évitant d’avoir quinze milliards de policiers sur le derrière. Bref, réussir à dire que j’étais innocente à des types qui faisaient la sourde oreille.
‘’Mon tel ? Le voici. J’espère juste qu’ils vont bien voir ça, et pas, euh… Faire genre comme si de rien était. Hum, faites attention par ailleurs. J’commence devenir un peu parano hein, et j’aimerais pas que quelqu’un le fasse tomber dans un aquarium où j’sais pas quoi pour enlever c’qui me sert de preuve…’’
Ouais, j’devenais vraiment trop parano, alors qu’ils étaient sensés nous protéger et compagnie. Mais bon, j’devais jouer la liberté sur peut-être mon seul allié que j’avais dans ce bâtiment, donc… J’espérais qu’il réussisse. J’avais pas d’autres choix en fait.