Le lierre se brode

N’empêche, à réaliser comme ça, ma vie avait bien changée ces derniers mois. Genre du tout au tout. A m’dire que l’année dernière, j’étais encore la sujette du plus grand scandale technologique de la décénie tout entière, et que maintenant, j’en étais là, eh bien… Y’avait un fossé. Un putain de fossé tellement grand que j’arrivais pas à y croire. Combien de fois j’avais relu mes sms et mes mails, à scruter les mêmes pièces jointes, les mêmes photographies, à me dire que peut-être en faisant bien gaffe, j’pourrais desceller que c’était une blague derrière tout ça, mais… Nah, c’était bien la réalité.

Je savais parfois pas où me placer à travers tout ça, si j’devais m’estimer chanceuse que les choses s’arrangent, si j’devais me dire que c’était le juste retour pour tout ce qui s’était produit, et… Enfin, ça avait de quoi me paumer ou me dépasser, mais j’étais juste finalement bien contente, une joie qui m’avait poussé à faire des trucs que j’aurais jamais fait autrement. Genre le ménage. Et la vaisselle. Genre toute la vaisselle hein, même les trucs qui me paraissaient être convenable, bam, grand coup de savon dedans ! Et j’crois que le pire dans tout ça… C’était que j’avais prit mon pied à le faire.

Ouais, j’étais atteinte. Mais au moins j’l’assumais. Enfin, dans un certain sens hein, dans d’autres je serais pas à dire non plus que j’étais complètement timbrée et que j’voyais partout des fenêtres d’une entité bizarre et inquiétante qu’était le système. Mais bref, j’divaguais un peu. Un peu trop même.

‘’Bon, j’ai quoi d’autre à faire ?’’

C’était que bon, j’voulais bien m’occuper, mais là, l’envie d’être sur le pc était pas trop présente. J’avais genre, pour une fois, la motivation. C’qu’était pas arrivé depuis des années hein. J’voulais profiter d’aujourd’hui, du fait qu’il faisait un temps correct et que malgré tout, pour moi, c’était genre un rayon de soleil. Après, j’exagérais hein, tout était pas parfait et j’étais nerveuse d’avance à l’idée de quitter Sapporo. Mais chaque problème en son temps déjà.  J’avais toujours l’option de me balader un peu, faire quelques boutiques et… Tiens, en parlant de boutique, c’était vrai que ça faisait un temps que j’avais pas vu Kas.

Ma cadette hein ? On avait eu quelques discussions, mais vrai qu’elle était pas au courant des dernières nouvelles. J’me demandais déjà sa réaction par rapport à tout ça… Et en vrai, j’savais pas du tout. C’était que c’était un putain de changement dans toute ma vie, et que j’avais surement pas le recul pour me rendre compte de tout ce que ça impliquait… Bon, à cette heure là, elle devait surement être à la boutique, donc… J’pouvais lui rendre visite. Genre sans m’annoncer…

Ouais, c’était un plan ça…

Donc ni une, ni deux, j’me retrouvais chaussée et couverte, avançant à travers les rues de la ville du nord, afin de trouver une boutique de fleur bien particulière. Et si c’était mains dans les poches que j’fis le trajet, ce fut avec un sourire en coin et un signe de la main que j’entrais dans l’endroit, encore ouvert malgré la saison. Après tout, y’avait quelques fleurs d’hivers non ?

‘’Heyyyy ~ !’’ Fis-je, d’une voix d’apparence un peu molle certes, mais qu’était au moins un poil chaleureuse. Presque enjouée en fait, dissimulée sous ma nonchalance habituelle. J’espérais que j’la dérangeais pas. Après tout, elle bossait, donc bon...

Les journées de Kasumi se suivaient, s'enchaînaient et à chaque vingt-quatre heures sa nouvelle petite aventure. Sauver Mirai du suicide et de la drogue, danser pendant huit heures, faire cesser une bagarre de yakuzas, adopter un chien. Bref, une vie bien remplie et la fleuriste n'attendait qu'une chose : une journée NORMALE.
Une journée à laquelle elle avait donc enfin accès sous la forme de son occupation professionnelle à Hot Petal. Elle avait évité avec succès six des avances de sa patronne ce jour-là, refait l'inventaire, commandé de nouvelles graines d'hortensias dont les ruptures de stock avaient ENFIN cessé. Non pas que pour le commun des mortels, deux jours de rupture était une longue durée mais Kasumi avait simplement peur d'oublier de les racheter, les revoir apparaître sur un site d'achat en gros avait été un soulagement sans commune mesure.

-Euh j'aimerais euh... dire à une fille que je l'aime...

-Un ressenti précis à transmettre ?

-Nan... je voudrais juste... lui dire...

-Que diriez-vous de roses rouges ? Elles reviennent à la mode en ce moment.

-C'est peut-être... trop romantique...

-Très bien. Des tulipes rouges donneront un effet moins intense si vous préférez.

-Ouais, c'est mieux... Merci.

Toujours déçue du manque de popularité rencontré par les roses rouges, Kasumi effectua tout de même sa besogne. Combien de bouquets de tulipes avait-elle emballé cette année... ? Trop. Dieux que les hommes n'étaient pas originaux quand ils en venaient aux bouquets. Quitte à vouloir du classique, autant y aller à fond ! Enfin, non pas que la fleuriste eut été du genre expressive mais elle savait pertinemment qu'elle n'était pas la norme.

Le chiffre d'affaire légèrement gonflé, elle fit un tour de la boutique pour humidifier les fleurs qui lui paraissaient trop sèches. Elle en profita pour remettre des bouquets là où elle en avait déjà vendus, histoire d'en mettre de nouveaux en avant. Après tout, il fallait bien rediriger l'attention des gens autre part que sur les hortensias vu qu'il n'y en avait quasiment plus.

C'est à ce moment que la porte s'ouvrit.

-Bienvenue- Oh.

Une surprise. Une... très agréable surprise en réalité ! Hoshino était sortie de son trou pour venir voir Kasumi directement à la boutique, c'était un heureux événement ! Une bénédiction, un hasard ! Un bol ! Un pot !
Plus sérieusement, la fleuriste ne le montrait aucunement mais elle était extrêmement joyeuse. Il lui semblait que la Nakai n'était entrée dans cette boutique que deux fois tout au plus.

-Senpai, ça me fait plaisir de te voir.

Cependant quelque chose clochait... sa façon de saluer... chaleureuse et molle. Bon, la mollesse était habituelle chez la basanée mais la chaleur alors là... Cela faisait bien longtemps que Kasumi ne l'avait pas vue avec un air joyeux !
Elle parvenait à sortir de sa dépression ? Ou alors...
Kasumi s'approcha sans crier "gare", posant rapidement la main sur le front de son aînée.

-Tu n'as pas de fièvre. C'est plaisant de simplement te voir de bonne humeur.

De l'extérieur, ce n'était qu'une réplique aussi stoïque que les autres mais à l'intérieur, c'était un sincère sourire qu'elle affichait.

-Je peux faire quelque chose pour toi ?

Si j’devais être honnête… C’était particulièrement rare que je rentrais dans des boutiques de fleurs. Disons qu’en plus d’avoir personne à qui j’pourrais spécialement en offrir, c’était pas non plus le sujet qui m’intéressait le plus. Non pas que j’avais une aversion envers les plantes hein, quoi que pouvait en dire le funeste destin de toutes les potées qu’avait pu me confier ma cadette, mais…

Enfin bref, même aujourd’hui, c’était pas spécialement pour les belles plantes que j’étais là, mais plutôt pour la vendeuse, qui semblait être surprise de me voir. Enfin, surprise, fallait le deviner, Kasumi ayant la réputation bien confirmée d’exprimer une poker face qu’importe la situation. A se d’mander ce qu’elle donnerait en tournoi de cartes… Eh, honnêtement, ça pourrait se tenter hein, quand bien même j’étais pas certaine qu’elle y prenne son pied.

‘’Et oui, c’est moi.’’

Ouais, j’avais pas grand-chose de plus qu’à dire. J’avais pas spécialement travaillée mon entrée, et auquel cas, j’pense que même en voulant la jouer incognito, j’aurais été grillée direct. C’était que bon, y’avait pas non plus des tonnes de basanées au Japon, donc ça limitait déjà pas mal le choix, d’autant qu’elle me connaissait trop, clairement. Bon, tant pis, la prochaine fois je sauterais d’un hélicoptère pour faire bonne impression. Ou pas hein, j’étais pas folle non plus.

Cependant, elle vint à s’approcher, posant sa main sur mon front sans même me prévenir au préalable ? Elle… Elle pensait que j’étais malade ? C’était vrai que c’était assez inhabituel que j’me pointe ici. Ou tout simplement que je sorte de mon appart, donc j’pouvais comprendre… Mais que ce soit par rapport à ma bonne humeur.

‘’Eh, tu serais pas en train d’insinuer que j’ai tiré la gueule durant tout l’automne, hum ?’’ Petit silence, alors que j’revoyais quelques flash de ce qui s’était passé la saison dernière, avec une canette maladroitement jetée par exemple, ou bien une tarte dans la joue… ‘’Réponds pas en fait, j’connais déjà la réponse.’’

C’était que bon, y’avait eu pas mal d’événements tout de même qu’avaient été assez bouleversant dans ma vie. Je cherchais pas des excuses hein, j’étais responsable au moins en partie du fait que j’avais dégringolée cette pente infernale, jusqu’à tomber au plus bas. C’était vrai que ça faisait même froid dans l’dos de savoir ce que j’aurais été prête à faire dans les pires moments. Mais c’était pas l’instant pour penser à de tels trucs.

‘’Bah… J’voulais t’voir. C’est la raison. J’ai genre… Des tas de trucs à te raconter, et pleins du style « Tu m’croiras jamais ». Même moi j’ai du mal à réaliser encore pour être franche sur l’sujet. Et comme on a pas trop eu le temps de se contacter toi et moi, avec ton road trip et tout l’bordel… J’me suis dit que c’était la meilleure idée !’’

J’affichais un sourire par rapport à ça, avant que mon regard ne parcoure les différents rayons. C’était vrai qu’elle était en train de bosser, et ça risquait d’être un poil pénible si j’devais raconter tout ça en me faisant interrompre sans cesse par les clients. En plus de pas du tout être pro pour elle… Et clairement, si ce genre de problème était évitable, alors toutes mes folles histoires attendraient une autre heure.

‘’Mais… Hum, c’était peut-être pas la meilleure idée de venir durant tes heures de boulot. En tout cas, c’est encore plus beau que dans mes souvenirs, même si j’serais complètement incapable de te dire ce que chaque pot est sans lire l’étiquette.’’

Kasumi avait-elle insinué quoique ce soit ? Oh probablement mais avait-elle réellement besoin de répondre oralement à la question pour qu'Hoshino ne se corrige ? Probablement pas non plus. Ainsi, la fleuriste avait laissé la Nakai finir son explication pour elle, au cas où la première ne parlerait pas assez. Peut-être que ce trait d'humour de la part de la Shimizu provenait de sa joie de voir sa senpai mais clairement, à par avec Mirai, ce n'était pas commun qu'elle ne lance ce type de taquineries. Sans doute la louve avait-elle changé ses habitudes.

-Je dois dire que c'est plaisant de te voir en meilleure forme.

Dans tous les cas, la doctoresse avait éveillé la curiosité de Kasumi, qui avait penché la tête sur le côté en réaction. Qu'avait-elle de si incroyable à annoncer pour résulter en "Tu ne me croiras jamais" ? Après tout, les deux jeunes femmes avaient vécu de sacrées expériences ces derniers mois... et ces derniers jours dans le cas de la panthère. Hoshino décrocherait sûrement la mâchoire au moment où viendrait le tour de notre joueuse d'elle-même raconter les événements.

En tout cas, cela lui confirmait bien que la doctoresse avait bonne mémoire, comme chaque année. Le road trip était devenu une habitude pour elle aussi, habitude de laquelle la Shimizu avait pris l'habitude d'un peu culpabiliser après coup pour que cela ne disparaisse qu'assez vite.

-Je sais que je dis ça à chaque fois mais encore pardon de ne pas prévenir quand je le fais. C'est presque un interrupteur qui s'enclenche dans ma tête. Cela dit... Elle revint au premier sujet. Je me demande bien ce que tu as de si incroyable à me dire. Avec toutes ces histoires de joueurs et de donjons, j'ai l'impression que plus rien ne me surprend.

Evidemment, Kasumi avait encore quelques choses à faire. Voyant Hoshino faire une petite ronde dans les rayons, elle en profita pour finir ce qu'elle avait sous la main, réorganisant les engrais, dont la tâche de porter les sacs se faisait bien moins fastidieuse au vu de sa statistique de force. Elle pouvait aisément en porter quatre sur les épaules sans trop de soucis.
Elle ne se souvenait pas vraiment de la dernière fois où Hoshino était venue à la boutique cela dit. C'était quelques années plus tôt mais le contexte de cette visite lui échappait complètement. Enfin, la basanée ne manqua pas de complimenter la tenue des rayons, provoquant une petite fierté dans le coeur de la fleuriste.

-J'ai évolué avec la boutique, elle a deux fleuristes expérimentées désormais. Même si la première passe plus de temps dans l'arrière-boutique qu'en rayon... Par contre, tu peux me rappeler la dernière fois que tu es venue ? Ma mémoire me joue encore des tours.

Une fois qu'elle eut fini, elle se dépoussiéra les mains, réagissant à la "mauvaise idée" d'Hoshino de venir pendant ses heures de travail.

-Ta simple venue est une forme de miracle, il n'y a pas de mauvais moment pour ça, tu peux me croire. MALONE !

-Une secoooooonde ! ~

-Je prends ma pause en avance ! Je reviens d'ici une heure ou deux, ça vous va ?

-Ca me va mais tu fais la fermeture et tu nettoies l'arrière-boutique ma belle ! ~

Un lourd tribut pour profiter de la présence de la basanée mais elle était prête à le payer. Elle fit signe à la Nakai d'attendre un instant avant de s'engouffrer dans les vestiaires et d'en ressortir dans sa tenue habituelle. Une tenue qu'Hoshino voyait depuis bien des années maintenant et dont elle avait allègrement copié le style !

-Allons dans le café d'en face, on y sera plus tranquilles.

Si ça faisait plaisir de me voir en meilleure forme ? Ouais, j’pouvais bien imaginer ça. C’était évidemment mieux de me voir avec un sourire qu’avec ma gueule des mauvais jours. Mauvais jours qui avaient été le quotidien durant cette période là de ma vie. Mais contrairement à ma cadette, qui portait avec habitude sa petite mine inexpressive, j’pense qu’on pouvait tout de même voir que les choses avaient évolués. J’veux dire, j’avais moins l’air fatigué déjà, moins négligée, et plus… Vivante ? Surement ouais, un truc du genre. C’était que j’étais pas passée par des phases bien agréables, donc ouais, j’avais franchie une bonne étape.

‘’Et j’peux t’assurer que c’est encore mieux à vivre qu’à voir.’’

Petit sourire en coin, légèrement amusé de ceci. C’était que bon, j’imaginais sans peine qu’elle s’était pas mal inquiétée pour moi, et qu’avec tout ceci, bah… J’avais pas forcément été la personne la plus reconnaissante, compatissante et compagnie. J’méritais surement des claques, un bon paquet, rien que pour toutes les idées qui m’étaient passées par la tête lors des nuits d’insomnies à broyer du noir. Mais si ce sourire pouvait montrer quelque chose, c’était bel et bien ce changement qui s’était passé.

Mais well, elle s’excusa succintement pour son road trip, avant de revenir sur la raison de ma venue. Vrai qu’avec les donjons, ça donnait un autre point de vue hein. Après tout, ça pourrait être presque banal ce que j’avais vécu et ce que je comptais lui raconter, mais… De l’autre, on parlait de moi. Genre le cas désespéré à bien des égards.

‘’Oh, j’pense pas que tu sois prête pour ce genre d’annonce. Et t’en fais pas pour ça. T’es pas la première à avoir besoin de te déconnecter un temps durant.’’

D’mon côté, j’m’enfermais dans ma chambre. Bon, pas un grand changement par rapport à ça, et j’avais pas nécessairement beaucoup le besoin d’me déconnecter de cette vie, mais… Bon, j’pouvais couper le wi-fi en deux clics, et simplement jouer à un jeu une bonne partie de la nuit, avec une pizza à proximité pour consommer. Mais bon, vrai que les saveurs étaient bien différentes de c’que j’pouvais sentir là. Non pas que les fleurs étaient bonnes à manger hein, même si j’en savais rien et… C’était pas le sujet.

‘’La dernière fois que j’suis venue ? Hum… Bonne question. J’crois que c’était pas très longtemps après ton embauche ici. Ptête un ou deux mois après, un truc du genre.’’

J’étais venue, histoire de lui faire plaisir, voir ce qu’elle faisait et compagnie. Mais vrai que ça datait, mes souvenirs étaient un peu flou à ce niveau là. Cependant, le fait de voir qu’au fond, ça allait pas être si dérangeant le fait que j’me pointe à n’importe quelle heure, vu qu’elle réussit à négocier avec sa patronne le fait d’avoir une pause. Cependant… Vrai que ça se reportait sur d’autres horaires pour elle. Faire la fermeture, pas la joie ça. Même si être de corvée de ménage… Attends, on parlait bien de SA patrone hein ? Celle qui… Euh… Gloups. J’crois que je l’avais mit dans de beau draps. Enfin, des draps plutôt tâchés. Tu parles d’un cadeau…

‘’Ah euh… j’espère que ça te dérange pas hein.’’

Vrai que bon, vu que j’en étais la cause, ça m’mettait un peu mal de lui faire ça. Mais bon, ça semblait être un deal acceptable, vu qu’elle parti en arrière boutique avant de revenir tranquillement, sa tenue habituelle et prête à sortir.

‘’Bon bah… Let’s go ! Faut qu’on s’trouve un endroit pénard, genre un café ou un truc du genre. J’aurais bien proposé une pizzeria hein, mais j’suis un poil pleine déjà.’’

Puis bon, c’était pas le meilleur moment pour ça, vu l’heure. Puis bon, parler la bouche pleine et compagnie… Ouais bon, ça m’empêcherait pas, mais paraissait-il que j’étais l’ainée, et que j’devais montrer un tant soit peu l’exemple pour ça. Mais bon, j’pouvais pas attendre, j’devais lui parler de toutes ces choses, et dans un premier temps… Lequel.

‘’Bon, du coup… Par quoi j’commence ? Hum… Bon, autant sauter dans le premier plat de suite : J’ai trouvé un job ! Maintenant, devine dans quoi.’’

L'avantage de la réponse donnée par Hoshino, c'était qu'elle confirmait une absence totale de façade. Elle ne faisait pas semblant d'être heureuse, elle l'était. L'on aurait pu se dire qu'ils s'agissait d'ironie mais Kasumi connaissait son aînée, si sarcasme il devait y avoir, elle l'aurait appuyé au maximum. Dans tous les cas, cela ne ferait pas de mal à la fleuriste de recevoir de bonnes nouvelles, sa vie allait à 100km/h ces derniers temps.

Surtout venant d'Hoshino pour qui elle s'était fait beaucoup de mouron ces derniers temps. En vérité, elle avait l'impression de se faire du mouron pour tout le monde récemment. S'il n'y avait pas eu son road trip, elle ne tiendrait sûrement pas aussi bien le coup, en particulier à la sortie d'une dépression qui revenait de temps à autres toquer à sa mentale porte.

Mais sinon, pas prête... ? La curiosité de la panthère se voyait bien piquée. Elle lui avait payé une opération mammaire pour en faire un tel événement ? Enfin, ce n'était pas comme si la surprise allait réellement se voir au niveau du visage, à moins que la Nakai ne lui fasse une demande en mariage, ce qui ne risquait pas d'arriver.

-Tout de même, peu de personnes iraient accepter aussi bien mes absences annuelles comme mon entourage le fait.

Lorsque la doctoresse tenta de se rappeler de sa première venue à la boutique, très peu d'éléments vinrent sortir des tiroirs mémoriels de la fleuriste. Peut-être un vague souvenir de Malone remerciant son employée de lui apporter du "gibier" mais encore... c'était vague et aurait pu coller à n'importe qui. Quoiqu'au vu de la couleur de peau d'Hoshino, aurait-on pu la qualifier de sanglier avec des seins.

-Mmmmmh oui. Sanglier.

Cela dit, évidemment que Kasumi était dégoûtée de ce qu'elle devait faire en fin de journée. C'était l'équivalent de devoir nettoyer un bar gay après une soirée bien remplie dans les deux sens du terme. Mais encore une fois : la fleuriste donnait plus de valeur au temps passé avec Hoshino qu'à sa santé mentale. Elle se contenta donc de hausser les épaules de son air neutre, comme à son habitude.

-Ce n'est pas la première fois, ce ne sera sûrement pas la dernière. Ne t'en fais pas pour ça. Et puis, Malone est assez flexible, sans mauvais jeu de mots, elle a tendance à me laisser partir plus tôt, ce n'est que juste retour des choses que j'assume des heures supplémentaires de temps en temps.

Cela fait, Kasumi alla se changer, tombant sur une Hoshino prête à aller dans une pizzeria... si elle n'avait pas déjà suffisamment mangé. Décidément, surveiller sa ligne, ce n'était pas son truc. Quoique la fleuriste ne serait pas très bien placée pour critiquer vu l'orgie nutritive dont elle avait fait preuve à Osaka. Elle en salivait encore.

-Eh bien si tu n'as pas faim, pourquoi ne pas aller dans un parc à la place ?

Une petite marche se prolongea donc jusqu'au square le plus proche, la doctoresse annonçant qu'elle avait ENFIN réussi à trouver un job ! Ce qui provoqua des applaudissement de la part de la panthère. Mais quand vint le moment de deviner de quel emploi il s'agissait, la liste se réduisit grandement. Ce n'était pas un job pourri vu qu'elle en faisait un événement, exit donc vendeuse en supérette et il était plus que probable que cela mette son diplôme en valeur. Donc soit elle avait été embauchée dans un labo, soit elle irait dans un hôpital ou encore irait ouvrir un cabinet ?

-J'imagine qu'un producteur à l'oeil du destin a remarqué don sex appeal et a décidé de te faire poser pour vendre des maillots de bain.

Elle l'avait dit avec l'air le plus sérieux du monde.