Arai Haruna | Orpheline endettée
Arai Haruna | Orpheline endettée
Arai Haruna
“ Cours petite, cours. Sinon ta fin te rattrapera. ”
Nature : Joueuse
Sexe : Féminin
Orientation : Plein est !
Métier : Serveuse dans un fastfood
Guilde : Sans guilde pour l'heure
Avatar : Kousaka Reina | Hibike Euphonium
Statistiques
Caractéristiques
Force : 5
Agilité : 10
Constitution : 5
Perception : 0
Intelligence : 5
Affinité élémentaire
Air
Physique et mental
Âgée de seulement vingt-et-un ans, la jeune Haruna a une belle chevelure noire comme ses pupilles qui ressortent au centre de ses iris bleu-violacé. Peu athlétique de base, elle est très fine et dépense rapidement le peu de calories qu'elle ingère. Elle présente des traits fins avec un maquillage toujours absent. Habillée sobrement, régulièrement même vêtue de ses anciens uniformes de lycéenne qui commencent à être un peu usés par le temps, la demoiselle tâche toujours de montrer un visage enjoué, plein de motivation malgré tout ce qu'elle peut traverser. Son corps n'est marqué d'aucune tache de naissance particulière, ni de cicatrice ou de tatouage.
Travailleuse, elle fait de son mieux pour s'en sortir malgré sa situation complexe. Seule depuis trois ans désormais, elle fait preuve d'une grande endurance mentale face aux difficultés que sa vie lui impose, ne sombrant pas dans le désespoir. Battante discrète mais acharnée, elle reste fidèle à ses engagements, se présentant toujours à l'heure pour son travail qui lui permet d'obtenir de quoi manger et de quoi se payer une chambre pour dormir au chaud.
Sérieuse et patiente, elle a une affection toute particulière pour la musique et notamment l'instrument à vent dont elle joue, la trompette. C'est d'ailleurs son unique bien précieux restant. Soigneuse, la jeune fille se montre cependant plus renfermée dans ses contacts avec autrui, ayant du mal à se sentir à l'aise sans un contact prolongé avec les gens qui l'entourent.
Histoire
La petite famille était heureuse, installée dans une merveilleuse petite maison dans une jolie petite ville au sein d'Hokkaido. La petite ville portuaire de Monbetsu. Les souvenirs de Haruna sont flous, mais elle sait qu'un jardin était bien entretenu par un homme qui venait régulièrement pour la petite maison. Elle se souvient du visage déformé de son papa lorsqu'un oncle les appela alors qu'ils étaient en visite chez les grands-parents paternels de la demoiselle qui n'avait alors que six ans. Sa maman était restée à la maison pour son travail. Elle n'avait pas compris tout de suite quand son papa s'était effondré en larmes après avoir raccroché le téléphone. Elle n'avait pas compris pourquoi ils restèrent plusieurs jours de plus que prévu, alors que son papa refusait de sortir de sa chambre.
Ce n'est qu'au bout d'une semaine que le visage encore tâché par les larmes, son papa parvint à ressortir et à la prendre dans ses bras, la serrant contre lui.
« Je suis désolé... J'aurais tellement voulu être plus fort pour toi... Je suis désolé... »
Ne comprenant rien à ce qu'il se passait, la fillette au regard perdu força pour s'écarter de l'étreinte de son papa et le regarda dans les yeux, y cherchant une réponse.
« Ça fait une semaine que papy et mamie me disent que tu vas me dire. Mais qu'est-ce qui a ? Quand est-ce qu'on rentre à la maison avec maman ? »
Son papa eut alors besoin de quelques secondes pour se reprendre, se calmer. Et enfin être capable de répondre.
« On... On ne va pas pouvoir rentrer à la maison... Tu sais, les portails bleus, il faut pas s'en approcher, pas vrai ?.. Eh bien... Parfois, il y a des vilains monstres qui sortent de ces portails bleus... Et... Et... Et il y en a plein qui sont sortis... Dans la ville où on habitait... Ils ont tout détruit... La maison... Tout... On pourra pas revoir maman... Je suis désolé... »
Ouvrant grand les yeux, retenant ses larmes, Haruna se mit à secouer la tête négativement. Non, ce n'était pas vrai. Ce n'était pas possible. Non non non !
« C'est pas vrai c'est pas vrai ! T'es qu'un menteur ! Lâche-moi ! Je veux voir maman ! »
Tapant sur le torse de son père, elle se faufila hors de ses bras et s'enfuit de la pièce où son père avait tenté de lui expliquer ce qu'il s'était passé. Rattrapée par sa grand-mère, cette dernière la serra fort dans ses bras.
« Ma chérie, il va falloir que tu sois forte. Ton papa est très triste lui aussi, ta maman lui manque. Mais la vie est parfois cruelle, elle nous empêche de voir ceux qu'on aime. Calme-toi ma chérie, on est là pour s'occuper de toi nous aussi, et ton papa va faire de son mieux. »
Éclatant en sanglots cette fois-ci, la petite fille aux cheveux noirs comme la suie resta de longues minutes avec la vieille femme qui lui caressa la tête et le dos avec tendresse, l'apaisant doucement. L'allongeant dans sa couchette pour qu'elle se repose une fois s'être endormie, elle se retourna vers le père qui avait toujours le coeur brisé, un air absent sur le visage.
« Reprend toi ! Tu es triste, on sait ! Mais Haruna a besoin de toi. Finis ton deuil et occupe-toi d'elle ! Tu ne peux pas tout abandonner comme ça ! »
Perdu, l'homme désormais veuf mit quelques minutes à nouveau à réagir. Petit à petit, le temps l'aidait à recouvrer un minimum ses esprits. Il avait des difficultés à se reprendre, mais parvenait doucement à agir et non plus juste laisser le temps défiler.
Les jours passèrent lentement, et avec eux vint le temps pour le père et sa fille de retrouver un logement, la maisonnette des grands-parents se faisant malgré tout assez restreinte en taille pour quatre personnes sur le long terme. Quittant donc la campagne où ils se trouvaient pour rejoindre Tokyo où le père espère retrouver du travail.
Sur place, ils restent quelques jours dans des hôtels jusqu'à ce qu'il parvienne à trouver un petit travail en tant qu'aide dans une échoppe qui semble bien tourner en nombre de clients. Rassemblant ainsi un peu d'argent, il parvient avec Haruna à trouver un nouveau logement, un petit appartement dans les quartiers les plus pauvres de la mégapole.
Quelques années passent ainsi, les blessures semblent se panser en apparence et Haruna peut aller à l'école, profite de jours plutôt paisibles. Mais de son côté, son père souffre toujours et lorsqu'elle est absente, il se met à boire de plus en plus. Alors qu'elle entre au collège, il perd son emploi, continuant une lente descente aux enfers sans que la jeune fille ne s'en aperçoive, trop concentrée sur ses études et croyant que son père est trop fatigué pour s'occuper de tout une fois rentré à la maison. Ainsi, par la force des choses, la brune apprend à se débrouiller seule.
Son père de son côté essaie de s'en sortir mais ne fait que s'empêtrer plus encore. Il utilise le peu d'argent qu'il a pour tenter de jouer au casino, espérant gagner suffisamment pour mettre de côté et permettre à sa fille de faire ce qu'elle souhaite, ce qui reste toujours très limité, la fille comprenant déjà qu'elle n'avait pas tout le luxe que d'autres pouvaient se permettre. Lentement, la situation empirait, mais elle ne savait toujours pas pour son père qui cachait le tout de son mieux.
Ce dernier fini même par emprunter de l'argent pour s'en sortir, et si les premiers prêts étaient tout ce qu'il y a de plus légal, arrangé avec quelques amis qui essayaient de l'aider à s'en sortir encore malgré tout, ces derniers en vinrent à ne plus pouvoir se permettre de l'aider sans quoi ils couleraient avec lui. Ou tout du moins, c'était ce qu'ils avaient fini par choisir au vu de son état qui n'allait qu'en se dégradant. Alors, les prêts changèrent. Les taux augmentèrent. Les représailles étaient plus virulentes.
C'est au milieu de son lycée qu'Haruna finit par véritablement remarquer cet état de fait que plus rien ne pouvait arrêter. Ils étaient monstrueusement endettés, son père n'avait plus tenté de sauver quoi que ce soit mais seulement de retarder l'échéance ultime, empruntant plus à de nouvelles organisations mafieuses pour rembourser les précédentes, créant un gouffre infini qui l'entraînait de plus en plus vite vers la fin des possibles échappatoires.
Paniquée, la jeune fille essaya de voir avec son père jusqu'où s'étendaient leurs dettes, mais entre la désorganisation et la multiplicité de leurs origines, elle n'arrivait même pas à les voir dans leur ensemble. Finissant ainsi tant bien que mal ses années pour obtenir son diplôme, ce fut le lendemain des résultats, alors qu'il savait qu'elle avait enfin réussi, que son père choisit de mettre fin à ses jours, se pendant tout simplement au milieu de la pièce.
Horrifiée à son retour d'une journée passée avec ses amies du lycée pour essayer de ne plus penser à leurs dettes et fêter dignement son diplôme, Haruna tenta d'appeler les secours mais il n'y avait strictement rien à faire, ce dernier était déjà mort depuis des heures lorsqu'elle était arrivée à leur appartement.
En pleurs, désormais seule, ses grands-parents ayant rendu l'âme entre temps, la jeune fille laissa la police venir constater le décès et vérifier qu'il s'agissait bien là d'un suicide. Entre la lettre courte d'excuses laissée à sa fille et l'absence de coups et de signes de défense, ils conclurent rapidement qu'il n'y avait pas d'erreur à le déclarer comme mort volontaire et laissèrent la jeune fille. Elle reçut l'aide de quelques parents de ses amies pour organiser les funérailles, puis rapidement, elle se retrouva seule avec les mafieux qui souhaitaient revoir leur argent malgré tout.
Fuyant alors Tokyo, la jeune fille tenta de disparaître de son mieux, se fondant dans la masse à Sapporo. Après quelques semaines, elle finit par trouver un petit travail de serveuse dans un fastfood local, une copie des géants du domaine qui marchait plutôt bien dans le quartier. Elle se cacha ainsi des yakuzas pendant presque deux ans.
Ce qui mit fin à cette période, ce fut une grande bouffée de puissance surnaturelle qu'elle ressentit arriver en elle d'un seul coup, sans prévenir au beau milieu de la nuit, alors qu'elle commençait à s'endormir en terminant de nettoyer le restaurant qui venait de fermer. Pleine d'énergie soudainement, elle remarqua les deux silhouettes en habits sombres qu'elle n'aurait probablement pas vu autrement. Ces deux derniers attrapèrent le gérant qui était devant en train de s'occuper de l'avant du magasin et commencèrent à le questionner avec virulence.
Tous ses sens en éveil, la nouvellement chasseuse se camoufla dans la boutique avec aisance alors que les deux brutes rentraient, poussant le gérant devant elles.
« Haruna ! On sait que t'es là sale petite peste ! T'as des dettes à payer, il est temps d'arrêter de jouer à cache-cache ! »
Retenant son souffle, la jeune fille les laissa commencer à chercher à l'intérieur avant de se glisser jusqu'à la porte, utilisant les banquettes pour échapper à leur vue jusqu'à être suffisamment proche pour fuir. Alors, elle se leva et leur envoya son balai dans le dos, attirant à nouveau leur attention.
« Et vous croyez que je vais l'inventer comment votre argent, bande de voleurs ?! »
Celui qui l'avait menacé en premier et lui avait ordonné de sortir ricana, pointant son gros doigt vers elle.
« On a des solutions, t'en fais pas pour ça. Attend qu'on t'attrape. »
Sans demander son reste, l'Arai tourna les talons et se mit à fuir à toute vitesse. Mais elle se trouva plus rapide qu'elle ne l'avait jamais été. Et à vrai dire, elle distança sans le moindre mal le duo qui criait derrière elle. En moins d'une minute, ils n'étaient même plus à portée de voix, encore moins de vision. Elle avait réussi à les semer si facilement... Qu'est-ce que ça pouvait bien être, cette étrange sensation ?
Réfléchissant à tout ce qu'elle avait pu entendre durant ses cours, n'ayant pas accès à un ordinateur ni à la télé chez elle, elle se souvint de ce qu'elle avait pu apprendre autour des chasseurs. Ces derniers apparaissaient du jour au lendemain, suite à ce qui était appelé un éveil. C'était ça ? Cette bouffée de puissance inattendue ? Sans plus réfléchir, elle courra à toutes jambes jusqu'à la guilde. Dans ses souvenirs, une chose était sûre. C'était là-bas qu'ils étaient, c'était là-bas qu'elle pourrait se faire tester pour peut-être devenir une chasseuse. Après tout, elle avait eu ses vingt ans il y a quelques mois, donc elle pourrait s'en sortir !
Rapidement arrêtée alors qu'elle approchait du bâtiment bien surveillé, elle expliqua, plutôt paniquée, qu'elle souhaitait se faire tester, qu'elle venait de s'éveiller, que c'était urgent. Amusé, le garde qui n'avait jamais vu un tel empressement lui indiqua qu'elle devrait patienter jusqu'au lendemain au minimum, qu'il y avait une procédure à suivre, qu'elle ne pouvait pas tout faire si précipitamment. Affolée, elle secoua la tête, pleurant presque devant lui. Au bout de quelques instants, il ne put s'empêcher de remarquer cette hâte qu'elle avait n'était pas innocente. Il finit donc par observer son collègue et la fit entrer, lui demandant d'attendre dans une salle prévue à cet effet tandis qu'il allait chercher un supérieur qui serait toujours présent sur place.
Tandis que la jeune fille jetait des coups d'oeil répétés vers l'extérieur, le garde finit par revenir et lui dire de suivre son camarade qui venait d'arriver. La femme d'une trentaine d'années qui lui fit face la regarda quelques instants puis soupira.
« Je ne connais pas ton histoire petite, mais tu devrais te calmer. Ici, tu ne risques rien. Personne n'est là à cette heure, personne ne m'en voudra pour ce petit passe-droit. Mais retient bien que c'est uniquement pour cette fois, ne viens plus comme ça, la guilde est remplie de gens occupés, nous ne pouvons pas nous permettre de répondre à tous dans l'instant. Chaque chose en son temps et un temps pour chaque chose. »
L'invitant à s'assoir dans un bureau, la femme lui amena une tasse de chocolat chaud qu'elle venait de prendre à une machine puis s'assit en face d'elle.
« Par contre, on ne peut pas te tester ici. Si tu as vraiment eu ton éveil, il va falloir que tu ailles à Tokyo. Au siège de la guilde. C'est sur rendez-vous, si tu veux je peux appeler et voir pour t'en prendre un. »
Après quelques instants d'hésitation, Haruna hocha vigoureusement la tête, n'osant toujours pas parler. Elle avala difficilement sa salive, jetant encore un oeil vers le couloir, mais rien n'en venait pour tenter de l'attraper à nouveau.
La femme s'écarta alors et après quelques minutes, elle revint en soupirant.
« Tiens, remplis-moi ce formulaire, je l'enverrais au siège pour qu'ils aient toutes tes informations. Tu as rendez-vous là-bas dans dix jours, tu pourras y aller avec tes parents si tu as peur de voyager toute seule. »
Le visage de la jeune fille s'assombrit alors, un voile de tristesse s'abattant sur son expression, mais elle ne dit toujours rien, se contentant de faire ce qui venait de lui être demandé. Prenant le double du papier comme la femme le lui indiqua, elle hésita un instant puis se courba à quatre-vingt-dix degrés.
« Arigato gozaimasu ! »
Se mordant la lèvre, la trompettiste prit une grande respiration et partit presque en fuyant du bâtiment. Elle avançait rapidement vers la chambrette qu'elle avait pu se louer avec l'argent qu'elle s'était faite en tant que serveuse et rassembla toutes ses économies. Avec ça, elle partirait à l'aube vers l'aéroport pour tenter de trouver un vol suffisamment peu cher pour Tokyo.
Paniquée, se tournant dans tous les sens dans son lit, son instrument précieux serré contre elle, la demoiselle en détresse passa une nuit exécrable jusqu'à ce que le soleil vienne poindre par la petite ouverture du toit qui lui offrait un peu de lumière du jour. Alors, elle quitta précipitamment l'immeuble et fila à toute allure vers l'aéroport. Par chance, elle ne retomba pas sur les gros bras qui étaient venus la chercher la veille. Il fallait qu'elle atteigne Tokyo et le siège de la guilde des Chasseurs comme le lui avait indiqué la femme. C'était là-bas qu'elle pourrait espérer changer les choses.
Usant presque toutes ses économies, elle put trouver un vol en fin de soirée qui n'arriverait que le lendemain matin mais qui lui permettait de conserver quelques yens pour s'acheter à manger une fois sur place. Heureuse d'avoir pu trouver ce vol qui lui offrirait un certain répit du côté des récolteurs de dettes, elle profita de la journée pour visiter les alentours de l'aéroport. Elle estimait que jamais ces brutes épaisses ne penseraient à la chercher là, puisqu'elle avait une dette importante sur le dos. Pour l'heure, elle s'en sortait plutôt bien au vu de la situation, mais elle gardait une sensation dérangeante qui la suivait en permanence. Celle d'être observée sans qu'elle ne puisse déterminer d'où, ni par quoi.
Trompette toujours contre elle avec un sac de sport en bandoulière, la jeune femme aux yeux pourpres garda une certaine méfiance jusqu'à ce qu'elle puisse monter dans l'avion et que les portes se referment derrière les derniers passagers. Enfin, elle se sentait protégée. Loin des traqueurs qui la voulaient et ne semblaient pas avoir les meilleures intentions du monde. Passant un voyage rapide mais plutôt agréable puisqu'elle put fermer les deux yeux en toute sérénité, ce qui ne lui était pas arrivé depuis longtemps, la brune s'endormit jusqu'à ce que son voisin de siège ne la secoue doucement par l'épaule.
« Mademoiselle... Mademoiselle... Nous venons d'atterrir, vous devriez rassembler vos affaires pour descendre. »
Émergeant doucement de son sommeil, la jeune fille rougit un peu et s'excusa, remerciant plusieurs fois l'homme d'une quarantaine d'année qui voyageait avec son fils et sa femme à première vue. Ce dernier lui rendit un sourire et lui souhaita un bon séjour avant de quitter le rang pour rejoindre la coursive qui menait à l'aéroport d'arrivée.
Quelques minutes plus tard, Haruna pu elle aussi retrouver l'air libre, observant, pensive, l'aéroport de Tokyo. Elle était de retour dans cette ville qui lui avait apporté beaucoup de peine. Mais cette fois-ci, elle allait s'en sortir, et ce de manière définitive. Enfin, elle allait pouvoir avoir un métier qui rapportait véritablement, quitte à prendre des risques, et elle pourrait balayer ses dettes pour enfin avoir une vie plus normale, où elle n'aurait pas besoin de fuir et de se cacher.
Serrant toujours son instrument contre son ventre, l'Arai fila à pas rapides vers les quartiers qu'elle connaissait, là où elle savait qu'elle pourrait trouver quelques connaissances. Frappant à la porte d'une amie de l'époque, elle se retrouva nez-à-nez avec les parents de cette dernière qui lui indiquèrent qu'elle avait désormais son appartement à l'autre bout de la ville pour être plus proche de son université, pour gagner en temps de transports. Mais alors qu'elle pensait repartir, un peu penaude, les parents de sa camarade de classe lui proposèrent de rester quelques jours lorsqu'elle leur parla de son rendez-vous avec le service d'évaluation du siège de la guilde des Chasseurs. Puisque ce n'était que pour une courte durée, cela ne les dérangeait pas de l'accueillir quelques jours sous leur toit dans la chambre qui était vide de toute façon. Se confondant à nouveau en excuses et en remerciement, Haruna accepta leur offre, bien heureuse d'être ainsi sauvée par eux.
Les quelques jours qui la séparaient de son test passèrent ainsi tranquillement alors qu'elle préférait rester à l'intérieur, aidant simplement en allant faire les courses, s'occupant du ménage et de la cuisine dans la maison du couple désormais seuls puisque leur fille qui avait l'âge d'Haruna ainsi que son grand frère étaient déjà tous deux partis de la demeure familiale. Lorsqu'elle se rendit enfin au siège de la guilde, elle fut accueillie selon le protocole, son précieux papier en main pour prouver qu'elle était bien attendue.
Il ne fallut que quelques minutes pour que le verdict soit rendu, elle était de rang E, à savoir les plus faibles des chasseurs. Elle n'aurait donc sans doute pas un grand avenir, mais elle pourrait au moins faire des petites tâches, assister des chasseurs plus puissants sur les donjons les plus simples. Attristée de cette découverte, elle ressortit de la guilde et partit à la recherche d'une guilde indépendante qu'elle pourrait rejoindre pour participer à un quelconque donjon. Elle aurait besoin d'argent rapidement pour se trouver son propre toit et libérer la chambre que lui prêtait gracieusement les parents de son ancienne camarade de classe.
Il ne lui fallut que trois jours pour qu'un groupe l'accepte, notamment parce que le plus puissant de cette petite guilde indépendante, un chasseur de rang B, l'avait trouvé mignonne. Si l'attitude de ce dernier ne lui avait pas vraiment plu, elle ne pouvait refuser au vu de sa situation et fit mine de ne pas en être ennuyée. Ainsi, après quelques jours d'attente où elle resta encore chez les parents désormais solitaires, elle les remercia chaleureusement lorsqu'elle apprit qu'elle allait partir pour son premier donjon. Guidés par deux chasseurs de rang B et six chasseurs de rang C, le petit groupe allait nettoyer un donjon basique qui ne présentait aucun gros danger pour des gens si expérimentés.
Proche d'une falaise, ils rentrèrent à une quinzaine pour nettoyer le donjon et ainsi refermer la porte. Alors que tout s'enchaînait sans le moindre mal, les créatures tombant sous les coups de leurs camarades plus puissants, Haruna et les autres débutants s'occupaient de ramasser les cristaux à disposition et de récupérer ce qui était intéressant sur les créatures. Une fois tout ceci ramené hors du donjon, ils retournèrent ensemble à l'intérieur pour aller affronter le boss, là où se trouvaient de nouveaux cristaux un peu plus intéressants pour la vente.
Là, une espèce de chouette immense les attendait. Mais lorsqu'ils rentrèrent dans la pièce, les yeux de la créature qui étaient jusque-là s'ouvrirent et étincelèrent d'une aura rougeoyante. Le calme qui régnait alors fut remplacé par une puissante sonnerie qui retentit dans toute la pièce et alors que le chef du groupe commençait à hurler qu'il fallait ressortir, une herse apparut du néant et s'abattit sur le premier qui avait atteint la sortie de la salle finale, le clouant au sol. Un trou de près de cinquante centimètres de diamètre avait ainsi remplacé ses organes vitaux et il gisait sans vie sur le sol, tué sur le coup par la violence du choc.
Horrifiée, Haruna qui n'était pas loin de lui fit quelques pas en arrière jusqu'à ce qu'une voix résonne, venant de la tête de la chouette dont le bec ne s'était pourtant pas ouvert.
« Pourquoi venir troubler mon sommeil ?.. »
La voix était mécanique, grinçante, glaçante. Après quelques instants, deux orques sortirent d'une porte qui venait de s'ouvrir entre les pattes du volatile immense, tenant chacun le bout d'un immense rouleau de parchemin qu'ils déroulèrent sur près de trente mètres, jusqu'à ce que ce dernier atteigne les pieds du groupe qui observait la scène, médusé.
« Voici la liste de vos crimes. Il est temps de payer. Comment comptez-vous régler votre dette ? »
Paralysée par la peur, Haruna resta interdite tandis que les chasseurs qui savaient combattre serraient leurs armes dans leurs mains. Le chef du groupe serra les dents et murmura pour que seuls ses camarades l'entendent.
« À mon signal... »
Il n'eut le temps que de lever le bras, le baisser puis de faire un pas avant que des plumes gigantesques ne viennent transpercer les huit combattants qui avaient suivi sa requête. Découpés littéralement en morceaux par les plumes qui firent des bruits métalliques en se fichant dans la roche quelques mètres plus loin, les chasseurs n'avaient rien pu faire. Le massacre était total, aucun espoir de victoire n'était permit.
Tandis que le sang coulait lentement sur sol, certains survivants qui étaient rang D ou E comme elle se mirent à frapper sur la herse, totalement paniqués. De son côté et avec un autre de ses camarades, l'Arai se mit à lire aussi vite que possible le parchemin qui était sous leurs yeux. Terrifiés, ils essayaient l'un et l'autre d'en trouver une solution, mais rien n'était clair. La chouette répéta alors sa dernière phrase.
« Comment comptez-vous régler votre dette ? »
Deux nouveaux orques sortirent de derrière la chouette et se mirent à approcher d'eux.
« Comment comptez-vous régler votre dette ? »
Ils tremblaient tous, deux d'entre eux tombèrent à genoux suppliant pour leur vie.
« Comment comptez-vous régler votre dette ? »
Deux haches volèrent dans les airs, signant l'arrêt de morts des suppliants.
« Comment comptez-vous régler votre dette ? »
Les orques s'approchèrent. Les deux survivants qui frappaient encore sur la herse pour tenter de la faire s'ouvrirent essayèrent de grimper.
« Comment comptez-vous régler votre dette ? »
Des javelots furent propulsés depuis la porte d'où sortait une dizaine de nouveaux orques. Transpercés, les deux fuyards s'écrasèrent au sol, agonisant lentement, pleurant et gémissant.
« Comment comptez-vous régler votre dette ? »
La voix mécanique résonnait dans l'esprit d'Haruna qui ne voyait presque plus, sa tête tournait, comme assommée par cette litanie glaciale, mécanique, automatique.
« Comment comptez-vous régler votre dette ? »
À son côté, le dernier survivant avec elle, un garçon d'environ vingt-cinq ans, se mit à fouiller frénétiquement dans ses poches et sortit tout ce qu'il avait de valeur. Il s'approcha d'un des deux orques qui étaient les plus avancés et qui continuaient de marcher vers eux et leur tendit tout ce qu'il avait en tremblant.
« C'est tout ce que j'ai ! J'vous le promets ! Je reviendrais vous donner plus si vous voulez je... »
Sa tête roula au sol, son corps s'affaissant quelques secondes plus tard. Il n'avait pas pu finir sa phrase.
« Comment comptes-tu régler ta dette ? »
Tremblante, avec les pas des orques qui claquaient sur le sol en se rapprochant d'elle, Haruna ferma les yeux un instant, prenant une grande respiration.
« Ordonnez... Et j'obéirais...
- Je n'ai pas entendu. Comment comptes-tu régler ta dette ?
- ORDONNEZ ! ET J'OBÉIRAIS !
- Ne sais-tu donc pas lire ? »
Fronçant les yeux, elle baissa la tête vers le parchemin. Tout en bas, en petit, était inscrit son nom. Arai Haruna. Au-dessus se trouvait un mot. Signature :
Réfléchissant à plein régime, elle regarda autour d'elle. Rien pour écrire non. Mais une courte dague avec un manche argenté orné d'une émeraude. Tremblante, elle s'agenouilla devant le papier et prit la dague entre ses mains. Les pas s'approchaient toujours. Sans cesse. Elle hésitait, encore et encore. Puis elle se planta la dague au creux de sa paume sur quelques centimètres, criant alors de douleur. Le sang afflua. Lui recouvrit la main. Elle la posa sur le parchemin, là où il était requis une signature.
« Bien. Tu as reconnu ta dette. Maintenant, il va falloir payer. Payer le prix du sang. »
Alors qu'elle relevait la tête, elle vit une hache arriver droit sur elle en virevoltant, se plantant directement dans son sternum. Un air d'incompréhension dans les yeux, elle s'effondra sur le côté, du sang coulant lentement de sa bouche et de sa poitrine, tachant ses vêtements usés. Son regard se voila. C'était la fin ?..
{ Vous êtes mort. Il faut maintenant payer le prix du sang. Voulez-vous devenir joueur pour vous acquitter de votre dette ? }
Dans le noir complet, une pancarte s'était affichée devant elle. Elle n'avait pas de corps, pas de vision sur quoi que ce soit. Juste cette pancarte dans le vide. Deux boutons semblaient être utilisables en dessous de l'encart qui présentait le texte. Oui et Non. Qu'est-ce que c'était que tout ceci ? Elle n'avait jamais rien entendu de la sorte. C'était un rêve ? Non, impossible. La douleur horrible était trop réelle. Non, c'était réel. Pourquoi ? Pourquoi elle ? Non. Elle n'avait pas le temps d'y penser. Elle devait choisir.
« Comment comptes-tu régler ta dette ? »
La question résonne encore dans son esprit. Il fallait qu'elle la règle, sinon, elle allait mourir. Elle le savait. Est-ce qu'elle n'était pas déjà morte après tout ? Peut-être. Il fallait qu'elle accepte. C'était sa seule chance dans son malheur absolu.
Oui.
Sans corps, elle ne put que penser sa réponse. Elle n'avait pas le choix, alors elle accepta. Elle voulait se battre pour vivre, pour se libérer. Elle en avait désormais la chance, elle allait la saisir. Qu'importe les circonstances. Qu'importe la difficulté. Elle allait se libérer de ce poids avec lequel on l'écrasait. Elle allait se battre de toutes ses forces...
Doucement, Haruna reprit conscience quelques instants. Elle était sur un brancard. On la transportait d'urgence à l'hôpital.
« Préparez du sang ! Type O+ ! Elle en a perdu énormément ! Vite ! On la perd ! »
Elle referma ses yeux, se laissant aller dans un sommeil étrange où la douleur ne l'atteignait plus.
Quelques jours plus tard, elle se réveilla. Les parents de son amie arrivèrent une vingtaine de minutes plus tard. Ils l'avaient reconnu aux informations lorsque l'histoire de ce donjon qui s'était bloqué sur un groupe de faible niveau avait été transmise par les médias. Et ils étaient venus à son chevet pour l'aider à s'en sortir. Respirant lourdement, la jeune fille qui avait apparemment été sauvée de justesse tourna la tête vers eux, leur souriant faiblement.
« Arigato gozaimasu... Je pensais que je serai seule même ici... »
Le duo la rassura alors, prenant sa main avec chaleur et gentillesse. Il lui faudrait encore quelques jours de repos avant de pouvoir remettre un pied devant l'autre. Étrangement, elle n'avait aucune cicatrice, ni sur la main, ni sur la poitrine. Elle avait pourtant bien vu la hache, s'était pourtant bien elle-même planté la dague au creux de la main. Mais il n'y avait plus rien. Plus de signe. Seul son manque de sang était là pour prouver qu'elle avait failli mourir. Ainsi que les corps de tous ses camarades qui avaient été comme recrachés par le donjon qui avait apparemment disparu. Elle avait été la seule survivante du massacre, et elle n'avait rien sinon une très forte anémie qui aurait pu la tuer, sans qu'on puisse expliquer cette dernière. Elle seule savait, et en parler n'était pas véritablement sa seule envie.
{ Félicitations pour votre promotion au rang de Joueur. Vous êtes désormais de niveau 1. Votre première quête commencera dans deux jours. }
Troublée par cette fenêtre qui venait de s'ouvrir devant ses yeux, elle tenta de les fermer mais rien n'y faisait, elle la voyait toujours. Exactement comme celle qu'elle avait vu en mourant. Deux boutons étaient à nouveau disponibles. Mon journal de quêtes et Mes statistiques s'affichaient sous ses yeux. Une petite croix restait sur le côté haut droit de la fenêtre. Perturbée par cette "interface" qui était sous ses yeux et qui avait tout de celle d'un jeu vidéo comme ceux dont elle voyait parfois la publicité sur les grands bâtiments, elle regarda autour d'elle, mais les parents de sa camarade de classe ne semblaient pas les remarquer. D'ailleurs, cet encart qui se présentait sous ses yeux suivait son regard pour rester devant, légèrement sur le côté. Elle était donc seule à le voir. Elle choisit pour l'heure de la fermer.
De cette découverte, beaucoup d'autres allaient suivre. Mais elle attendrait encore un peu. Apparemment, elle avait le droit à deux jours de repos, alors elle les prendrait. Sa dette allait grandir avec ce séjour à l'hôpital à régler, mais elle ne pouvait faire autrement. Et apparemment, cette "promotion" allait l'aider à payer sa dette. Maintenant, elle était libre. Et elle reverrait ses parents. Mais pas encore... Pas encore.
Et derrière l'écran...
Qui es-tu ? - Un étudiant pas super doué dans les études mais qui aime bien écrire '^'
Comment as-tu connu le forum ? - Xue Shen m'en a parlé '^'
Une petite citation ? - On meurt tous un jour petit, qu'on soit mendiant ou empereur.
Autres - Les musiques de Philter sont ultra bien '^' Excellent pour rp
Re: Arai Haruna | Orpheline endettée
Bienvenue @Arai Haruna
Eh bah, longue histoire ! Mais particulièrement plaisante à lire ! Une vie difficile et remuée pour la jeune trompettiste, devenue joueuse. Le passage en joueur est particulièrement bien décrit, et j'ai déjà un peu hâte de voir comment tu va faire évoluer tout ça !
Une fois ta couleur attribuée, il faudra te rendre dans la partie « feuille de personnage et inventaire » : clique ici afin de créer ta fiche dans le groupe qui te concerne.
Bienvenue sur Hunter's Path et puisse le destin t'être favorable !