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Vsevolod Yegorovich
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Les effusions spontanées [Yadomaru Kyo/Vsevolod] Empty Les effusions spontanées [Yadomaru Kyo/Vsevolod]

Sam 26 Déc - 14:07
Noël. Il haïssait toujours Noël, finalement, et même l’interlude proposé par le système n’avait pas été suffisant pour le faire changer d’avis. Alors quand un beau matin, se levant avant que les premiers rayons timides du jour ne viennent illuminer dans leurs élans impudiques sa journée et ses plans, découvrant l’humble paquet déposé sur le pas de sa porte, son premier réflexe n’avait d’abord pas été de remplir son devoir civique. Il s’était saisi de l’objet intrusif, l’avait considéré, serrant dans ses grosses mains la boite toute légère, et avait d’abord eu comme réflexe de l’ouvrir, avant de se raviser. Il lui avait semblé curieux que l’on puisse à se point se tromper d’adresse. Sa propriété se trouvait loin des sentiers les plus fréquentés, accessible seulement par une route de terre battue qu’il était plus ou moins le seul à emprunter. Personne ne lui envoyait jamais rien, si l’on occultait les éventuelles lettres des vieux croulants encore incapable d’utiliser internet, et qui voulaient lui commander un chien et les diverses formalités administratives qui elles trouvaient toujours le moyen de se matérialiser devant chez lui. Tout ça pour au final dire qu’il n’était pour lui pas normal de recevoir un colis. Et Vsevolod n’aimait rien tant que la normalité, sa normalité, la sienne à lui, dument cultivée et entretenue, qui le protégeait des yeux inquisiteurs de ses contemporains. Il crut d’abord reconnaitre dans les formes anguleuses du paquet plusieurs choses. Un autre mauvais coup du système, ravi de lui imposer une autre de ses épreuves ridicules. Un piège, de quelqu’un qui aurait remarqué ses agissements les plus subversifs. Le présent d’une admiratrice, ou bien l’avertissement d’un enquêteur de sa Russie natale, qui remontait jusqu’à lui. Il ne savait pas, et ne pas savoir le perturbait. Et pourtant, entre ses mains épaisses et rudes, qui secouraient prudemment le petit paquet, il ne sentait rien.

Il était léger, encore une fois, et cette légèreté était dans son monde inacceptable.

Il finit par le ramener à l’intérieur, braquant sur lui les rayons aseptisés d’une lampe halogène, dissipant l’obscurité maternelle qui avait jusque-là inondée la scène. Carton. Scotch noir et épais, à l’américaine. Une étiquette. Un examen rapide dissipa ses questions, et il se sentit un instant idiot de sa paranoïa, avant de se souvenir de toutes les fois où elle avait sauvé sa mise. Il n’était pas paranoïaque. Il était prudent, et en vie, et cela n’était pas le cas de nombre de gens qui avaient croisé sa route. Il grogna, et lut l’étiquette en question. Le paquet était destiné à un certain Yadomaru Kyo, résidant à Tokyo. Il se balança en arrière, un nouveau grognement s’échappant d’entre ses lèvres plissées, et il réfléchit à la marche à suivre. Le plus simple aurait été de ramener le paquet à l’office postal le plus proche, et d’expliquer l’erreur de procédure. Comment cette dernière avait-elle pu se produire, et faire en sorte que le paquet se retrouve aussi loin de son vrai destinataire, il n’en avait aucune idée. L’administration sans doute, mère de tous les maux de l’homme moderner. L’idée de démarrer son camion pour se taper les vingt kilomètres qui le séparait de la poste ne l’enchanta pas. Il avait en plus de cela déjà soigneusement planifié sa journée, voulant profiter de cette période festive pour se ressourcer un peu. L’arrivée du système dans sa vie promettait de nombreux changements, et l’année prochaine risquait d’être pour lui particulièrement significative. Il voulait donc l’attaquer reposé et gaillard.

Ses yeux se posèrent de nouveau sur l’objet. Ou alors, il pouvait l’amener directement au type. L’idée était stupide, et pourtant elle fit naître sur son visage un grand sourire, qui reflétait avec un entrain animal les rayons crus de la lampe industrielle. Retourner à Tokyo, quelques jours à peine après l’avoir quitté, quelques jours avant la visite qu’il avait déjà planifié. Passer pour un énergumène auprès d’un étranger, faire ce long trajet simplement pour lui offrir un petit paquet, et chambouler les plans soigneusement établis qu’il avait dressé jusqu’à présent. L’idée était audacieuse, et dangereuse et idiote. Elle lui rappelait ses plus jeunes années, lorsqu’il découvrait doucement ses premières pulsions.

Il ne lui fallut pas plus de quelques heures avant de faire démarrer le moteur fatigué de son vieux modèle. Quelques heures pour chercher toutes les informations nécessaires sur sa victime, pour mettre en pratique ses méthodes bien établies. Internet était une vraie mine d’or. Quelques heures pour écourter la vie de ses hôtes. Il avait initialement prévu de passer avec eux des vacances prolongées, mais après leur avoir expliqué l’impératif qui lui imposait maintenant de changer leurs plans, il fut ravi de voir ces derniers coopérer. La fatigue et le désespoir avait fini de leur prendre ce que ses crocs et ceux de sa meute leur avait laissé. Quelques heures encore pour traiter les restes de leurs cadavres, pour broyer les os et fertiliser ses cultures, et pour ranger cheveux et autres parties précieuses qu’il transformerait en beaux trophées lorsqu’il aurait plus de temps. Quelques heures pour que le soleil se lève, et pour installer sa masse pesante dans le siège en cuir, ses grosses dents blanches mordant dans le sandwich artisanal. Quelques heures encore, pour que la nuit tombe et qu’il avale la route. Il avait contacté le type ce matin, lui expliquant succinctement la chose, fixant un rendez-vous dans un petit bar-café proche de chez lui (mais pas trop non plus, il ne fallait pas lui donner l’impression qu’il s’était trop renseigné sur lui.).

Vova ne savait pas exactement ce qu’il allait trouver, mais il était persuadé que tout cela serait bien et beau et présagerait une fois terminé quelque chose de merveilleux et de bien charnu.
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Lun 28 Déc - 16:01
Les effusions spontanées
C’était un matin comme les autres pour moi : réveil à sept heures du matin, douche, toasts à la confiture de framboise accompagnés d’un café avant de me poser dans le canapé pour regarder un peu la télé. Bref, un matin classique, jusqu’à ce que je sois contacté par un homme que je ne connaissais ni d’Ève, ni d’Adam. Ah, c’était encore cette histoire de colis livré à la mauvaise adresse, décidément. Bref, nous fixâmes un rendez-vous dans un bar-café non loin de la maison avant que je ne reprenne le cours normal de ma journée. Tout en continuant de regarder mon programme, je m’interrogeais quand même sur ce délire de colis qui arrivait à une adresse qui n’était pas celle de la personne prévue, parfois avec des écarts assez violents. Enfin, ce n’était pas comme si la réponse m’intéressait vraiment au final .Je finis par éteindre la télé avant de prendre mes affaires et de me diriger vers le travail.

La journée se passa plutôt rapidement, enchaînant correction d’examen sur correction d’examen, pour finalement s’approcher peu à peu de l’heure de mon rendez-vous avec l’étranger qui m’avait contacté dans la matinée. Je rangeais mes affaires et prenais donc la direction de notre lieu de rencontre, me demandant comment j’allais devoir me la jouer et si je ne devais peut-être quand même pas prévenir au moins l’un des deux de ma fratrie de ce que j’allais faire. Bien que je n’avais aucune raison de me méfier de celui qui m’avait contacté, je ne préférais pas prendre de risques inutiles. Après tout, et malgré le fait que les informations étaient traitées de manière à ce que la panique ne gagne pas le pays, les accidents en donjon étaient encore monnaie courante et comme j’ignorais tout sur celui qui était l’actuel possesseur de mon colis, il pourrait très bien être un de ses fauteurs de troubles de la guilde des Faucheurs.

Je finis par simplement envoyer un message à mon frère, lui disant que je reviendrais un peu plus tard que d’habitude. Vu l’endroit où nous allions, je doutais que quoi que ce soit puisse arriver, surtout vu l’heure qu’il était. Un début de soirée dans un quartier assez vivant et bondé de Tokyo, c’était difficile de réussir à être discret et au pire, j’avais les capacités pour me défendre par moi-même, bien que ces dernières ne seraient qu’à utiliser en dernier recours, aucune envie de créer un incendie dans un lieu public, surtout si c’était pour terminer en prison pour chasseur par la suite. Mais bon, je préférais ne pas penser de manière négative, tout allait bien se passer et qui sait, j’allais peut-être même avoir une bonne conversation avec cette personne.

Je finis par arriver à destination, entrant directement pour ne pas devoir attendre dans le froid. L’endroit n’était pas vide sans être pour autant bondé, probablement une dizaine de personnes en comptant les deux employés. Un bonsoir fut lancé aux personnes présentes avant d’aller m’installer à une table près des fenêtres du bar, ma longue veste bleue étant posée sur le dossier de ma chaise et mon sac à mes pieds. La serveuse qui se présenta à moi me demanda si quelqu’un comptait arriver, question à laquelle je répondis par l’affirmative avant de commander un grand mokaccino en attendant. Ne sachant pas quand la personne allait arriver, je sortis mon ordinateur afin de continuer à faire quelques corrections d’examen.

Une dizaine de minutes plus tard, la serveuse finit par arriver avec ma commande, déposant le verre, qui était plus une chope en réalité, à côté de moi avant de me souhaiter une bonne dégustation. J’appuyais une dernière fois sur la touche “Entrée” de mon appareil avant d’attraper la boisson et d’en déguster une première gorgée, le liquide chaud descendant dans ma gorge et me réchauffant de l’intérieur. J’avais assez corrigé pour aujourd’hui et je rangeais donc mon ordinateur dans mon sac, sac duquel ma main ressortit avec un roman déjà bien entamé et dont l’histoire, laissée en suspens, était marquée par une languette de carton bleue sans la moindre inscription. C’était donc avec mon livre entre mes mains, ma boisson devant moi et la ville visible à travers la fenêtre à ma gauche que j’attendais la suite de ce début de soirée.

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Lun 28 Déc - 17:51
Beau comme ce professeur-chasseur-streamer blond, qui trônait avec un grand sourire confiant sur les photos de l’université. Beau comme la jeunesse triomphante et la savoir qui auréolait son front d’académicien. Beau comme ses vêtements choisis, et le soin évident qu’il accordait à sa tenue. Il se demanda un instant combien de ses élèves fantasmaient sur l’étranger, se voyant déjà les actrices vedettes d’un nouveau film pornographique, avec pour seuls spectateurs le professeur passionné et l’élève entreprenante. Le scénario était éculé, et c’est pour cela qu’il plaisait : de la familiarité des images naissait l’habitude du désir, et le désir de l’habitude dans tout ce qu’elle avait d’insolite et de nouveaux pour ces jeunes adultes à peine libérés du carcan familial. Il l’imaginait de tant de façons, les informations de son profil se mêlant aux faciès et aux voix des gens qu’il venait de tuer. Il le voyait d’abord sévère et distant, ses yeux rougeoyants considérant avec toute la gravité nécessaire les sujets qu’il enseignait. Il le voyait grandi par sa fonction, cherchant à se vieillir avant l’heure pour se draper de l’aura de respectabilité qui venait partout avec l’âge, et plus encore au Japon. Il le voyait sûr de lui, aussi, issu de son microcosme académique, brillant qu’il était. Il le voyait se détendre le soir, lié à des inconnus par le truchement de deux écrans pixelisés, sa façade se fendant légèrement. Il le voyait déchainant sa magie dans les donjons, il le voyait souillant les cadavres carbonisés des monstres de son talent arcane. Il le voyait de tant de façon, et il avait hâte que ses illusions volent en éclat. Aussi distrayantes que soient ces pensées nées du long voyage, rien ne pouvait jamais être comparé au plaisir tout particulier que l’on ressentait en découvrant un nouveau sujet. Il y avait toujours là-dedans tant de matière, et tant de façons de la gouter.

C’est ainsi qu’il gara son véhicule dans une rue attenante, à quelques centaines de mètres de l’endroit dans lequel il avait pris rendez-vous. Il était déjà tard, et malgré son allure rapide, il craignait d’avoir fait attendre le type. Cela n’aurait pas été convenable, et Vsevolod était très à cheval sur la convenance et la politesse. Il pressa donc l’allure jusqu’au bar, sa grosse veste de cuir marron (il l’avait fabriqué lui-même, et la qualité du produit était selon lui tout à fait remarquable) serrée autour de son gros corps. Il trouva le petit bar, et poussa la porte, jetant un coup d’œil circulaire aux alentours. Des gens, partout. Cela était normal. En groupes isolés, soigneusement répartis loins des autres. Rien de surprenant. Et là, soudain, planté sur sa chaise, le petit professeur, les yeux perdus dans son livre. L’esprit de Vsevolod se mit aussitôt à fonctionner, détaillant la créature. Le langage des hommes, couleur artificielle qu’il imposait à son esprit pour facilité son apparence de normalité, s’estompa l’espace d’une fertile fraction de seconde.

Livre. Roman. Entamé. Pas usé. Marque-page. Bleu. Vierge. Page non corné. Veste pliée. Sac. Relativement plein. Apparence soignée. Objets soigneusement disposés. Mokkacino. Boisson urbaine. Attitude détendue. Posture ouverte. Froid dissipé. Couleur des yeux, couleur des joues, couleur des doigts. Normalité. Non. Couleur des doigts échauffée. A pianoté récemment. Impatience ? Non. Ordinateur. Lit depuis peu de temps, transition travail-loisir. Emplacement avec vue sur ville. Pas au centre. Pas dans un coin. Ouvert. Récurrence de l’ouverture. Attente. Attente de quoi ? Retenir interrogation.

Il avança vers le jeune professeur. Il avait déjà l’impression de le connaître de manière intime, et il aimait ce qu’il voyait. Il y avait tant à faire, ici, et l’idée que ce dernier soit à ce point plus puissant que lui faisait naître en lui des frissons d’anticipation. Il aurait pu, d’un simple claquement de doigt, l’annihiler, avant que le joueur n’ait le temps d’atteindre son plein potentiel. Il était en ce moment à une impulsion neuronale de la mort, et si cette dernière était aussi improbable qu’illégale, la simple possibilité de son existence suffisait à l’emplir d’un sentiment diffus de contentement. L’animal était dangereux. Arrivant finalement au niveau de la petite table, il se présenta rapidement, sa voix enjouée récitant les politesses d’usage alors qu’il s’inclinait légèrement :

« Heureux de vous rencontrer, je suis Vsevolod Yegorovich, la personne vous ayant contacté au sujet de votre paquet. Oh, je l’ai ici avec moi. Un instant, je vous prie… »

Il ouvrir sa large veste, sortant le petit emballage cartonné qu’il avait précautionneusement gardé tout contre lui, et le tendit des deux mains. Restait maintenant à attendre une réaction du fascinant individu, et voir comment la réalité se mesurait à son imagination.
Yadomaru Kyo
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Jeu 31 Déc - 3:39
Les effusions spontanées
Je continuai ma lecture tout en regardant par la fenêtre à côté de moi de temps en temps jusqu’à ce que je remarque un homme, qui semblait avoir le pas pressant, se diriger vers le bar. Était-il celui avec qui j’avais un rendez-vous ? C’était bien possible étant donné que quand il me vit, il s’approcha de moi. Il connaissait donc mon nom et mon visage, pas spécialement étonnant vu les informations qui trainaient sur le net à mon sujet. Il était grand, probablement deux mètres, taillé comme une armoire à glace, portait une veste en cuir qui me semblait faite main, peut-être par lui d’ailleurs. Avant même qu’il ne parle, je pouvais affirmer qu’il n’était pas japonais, son physique me faisant rapidement pencher pour l’Europe de l’est, Russie probablement.

Il se présenta à moi sous le nom de Vsevolod Yegorovich. Sa manière de parler était plutôt polie, presque soutenue, et entrait en contradiction avec son style qui, bien qu’il n’était pas forcément désordonné, me semblait un peu plus brute de mon point de vue. Même dans sa manière de me donner le colis, c’était poli, courtois, presque maniéré. Je remettais mon marque-page à l’endroit où je m’étais arrêté de lire avant de poser mon bouquin sur la table, de me lever et d’attraper délicatement le paquet avec mes deux mains en souriant, paquet qui avait été soigneusement entretenu par mon interlocuteur avant qu’il ne m’arrive. Je jetais rapidement un coup d’oeil à ce paquet : rien de particulier n’en ressortit, il était presque comme celui que j’avais donné à Hoshino peu de temps avant. Je le posais sur la table avant d’inviter Vsevolod à s’asseoir à ma table.

”Tout le plaisir est pour moi ! Oublie le vouvoiement et appelle moi Kyo, c’est une rencontre dans un bar, pas un rendez-vous professionnel ! Encore merci de m’avoir amené ce paquet en main propre, vu le talent des livreurs actuellement, il aurait sûrement fini à nouveau chez un inconnu si tu l’avais ramené à la poste. À croire que Noël est difficile à gérer cette année. Tu comptes bien rester un peu pour boire un verre ? T’as l’air d’avoir fait un bon bout de chemin pour venir, la moindre des choses serait au moins que je t’invite en remerciement. D’ailleurs, ça a été pour venir ? Tu vas voir, ils ont des bières et des plats à tomber ici ! Mademoiselle, nous aimerions passer commande !”, disais-je tout en faisant poliment signe à la serveuse de venir à notre table.

En attendant que la demoiselle arrive, je ne pu m’empêcher de sonder rapidement l’homme en face de moi. Ma perception n’était pas celle de mon frère ou de ma soeur, mais je pouvais aisément sentir le pouvoir des éveillés chez cet homme. Il devait être sur le fil qui séparait les rangs E des rangs D, quelqu’un avec un pouvoir décent, mais qui n’avait pas encore atteint l’espèce de grosse moyenne que représentaient les chasseurs de rang C. Ces informations ne me seraient utiles que dans certaines situations bien précises, elles n’étaient donc nullement prioritaires. Ses mains trahissaient le fait qu’il avait conduit un certain temps, signe qu’il avait bien fait un voyage d’une durée déjà certaine. Venait-il d’une autre grande ville non loin de Tokyo ? Pas sûr, il me donnait plus l’impression de venir d’un coin plus reculé, peut-être une petite ville, voire même un village. La serveuse finit par arriver, calepin à la main, pour prendre nos commandes. Je laissais d’abord mon invité choisir avant de passer moi-même commande.

”Une pinte de Brewdog Tokyo avec un cheeseburger et un plat de seize takoyakis je vous prie ! J’y pense, j’aimerais aussi que vous mettiez de côté une bouteille d’Honjōzō-shu que je compte emporter à la fin de la soirée. Merci à vous !”, adressais-je à la demoiselle avant qu’elle ne nous quitte et de me retourner vers l’homme en face de moi. ”Bien, parle-moi un peu de toi Vsevolod ! Je te parlerais bien de moi, mais internet peut tout t’apprendre à mon sujet, même ce que je ne veux pas, donc j’avoue avoir peu de choses à raconter ! Donc, d’où est-ce que tu viens et qu’est-ce que tu fais comme métier ? Probablement quelque chose de manuel vu la stature imposante que tu as, mais je dois reconnaître que tes manières et ta façon de parler dénotent pas mal avec ton visuel. Jolie veste d’ailleurs, elle me semble être d’une bonne qualité et on dirait presque du sur mesure d’ailleurs. C’est toi qui l’a faite ? Si c’est le cas, je te tire mon chapeau que je n’ai pas, car c’est vraiment du bon boulot !”, disais-je en posant mes coudes sur la table, entrelaçant mes doigts entre eux avant de les faire soutenir mon menton tout en continuant de regarder mon interlocuteur.

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Mar 5 Jan - 16:43
Il jacassait. Le terme n’était pas très poli, mais il était précis, et à vrai dire le seul qui lui venait en ce moment. Il jacassait, il babillait, il parlait et parlait et parlait encore, comme si le son de sa voix avait été la voix tant désirée de celle d’une amante depuis longtemps perdue, et que se taire l’aurait une fois de plus précipitée loin de lui. Le joueur s’assit en face de l’étonnante créature, répondant à son invitation avec un hochement de tête courtois et un regard étonné. Il avait ruminé plusieurs moyens d’en apprendre plus à son sujet le long du trajet, et maintenant que ce dernier s’offrait à lui sans la moindre résistance, il devait avouer être légèrement surpris. La serveuse qu’il invoqua le regarda, et il comprit qu’il était attendu de lui, entre deux déluges verbaux, qu’il commande à manger. N’ayant pas eu le temps de choisir le menu, et comprenant facilement que le type qui lui faisait face, malgré sa nature académique, était porté sur le convivial et le copain-copain, il commanda une large pièce de viande (insistant pour être certain que la serveuse comprenne bien ce qu’il entendait par large) et une bière locale. Son devoir accompli, il put voir la bouche de son interlocuteur se remettre à bouger, toujours au même rythme endiablé. Il le bombarda de questions, l’interrogeant sur ses occupations, sa veste, et lui révélant au passage quelques pans de sa personnalité. C’était curieux. Pour quelqu’un d’aussi intelligemment, il ne manifestait aucun des schémas verbaux habituellement présents chez ces gens, ni les éléments de déviance qui pouvaient justifier cette absence. Et malgré cela, il semblait honnête. Une construction atypique, ou un menteur compulsif-pathologique d’une rare efficacité. S’il penchait pour la première option, il était encore bien trop tôt pour l’affirmer définitivement. Il était à vrai dire si intrigant qu’il pouvait même lui pardonner son faux-pas. Un cheeseburger. Nourriture de gros porc américain décadent, honte à tout ce qui était beau et juste et savoureux.

« C’est très gentil de votre… De ta part, répondit-il avec un sourire flatté. Merci. Le voyage a été relativement long, mais j’ai l’habitude de le faire, rapport à mon travail. J’élève des chiens, et mes clients sont dispersés un peu partout sur le territoire, donc bon… »

Il s’installa plus confortablement, et se contorsionna brièvement pour retirer sa veste et l’installer sur le dossier de sa chaise. Son partenaire improvisé avait de l’œil, pour ainsi remarquer aussi rapidement qu’elle était parfaitement bien taillée, et qu’il l’avait lui-même confectionnée. Deux épaisseurs, trois en comptant la doublure. Mais certains détails n’étaient destinés aux oreilles du grand public. Ainsi plus à son aise, il fit mine d’hésiter un court instant, cherchant à remettre ses idées en place.

« Et oui, je m’en suis occupé moi-même. De la veste. Je traite du cuir, à mes heures perdues. En tout cas, merci beaucoup, ça me touche venant de quelqu’un d’aussi soigné ! »

Sans doute un peu maladroit. Le type avait sans le moindre doute l’habitude des compliments et du regard approbateur de la société et de ses membres. Il dominait après tout allégrement l’échelle sociale, et tout en lui respirait l’assurance des gens inconscients de leur propre suffisance. Ceci dit, il pouvait sans doute se le permettre, et Vsevolod doutait que le charme du brave professeur se soit un jour avéré insuffisant pour laisser certains problèmes faire surface. Sa simple présence devait le propulser de manière naturelle au centre des groupes, et il n’était pas acceptable, surtout au Japon, de la contester. Il suffisait de voir comment la serveuse avait toléré son écart de conduite, ne manifestant pas, même discrètement, le moindre déplaisir. Ou encore la manière qu’il avait de lui parler, lui disant assez peu subtilement qu’il semblait être un péquenaud, et le félicitant de sa manière de parler. Sa tête d’américain devait probablement l’aider considérablement. Le Japon était après tout un pays très ambivalent, et la frontière entre le fétichisme et les cendres froides de la haine et du mépris facilement franchie.

« Mais tu sais, j’pense pas qu’on puisse tout savoir des gens en fouillant sur internet. Pis c’pas trop mon truc, j’ai déjà eu du mal à te retrouver alors que j’avais ton nom. Du coup, t’es professeur, c’est ça ? De quoi ? »

Il savait de quoi. Mais là n’était pas la question. Il fallait que l’autre parle, maintenant, qu’il accepte d’être, d’exister devant lui, pour que lui puisse inspirer son essence et peindre son image sur le canevas de son esprit. Il voulait le comprendre, maintenant plus simplement parce qu’il était un outil potentiellement utile placé sur son chemin par les forces miraculeuses du destin, mais parce que sa personnalité révélait certaines facettes inattendues. Et cela était pour Vsevolod toujours de ces rares surprises qu’il savait apprécier, faisant naître en lui des courants excités et bouillonnants. Il avait faim, maintenant, et il espérait que la viande serait bonne.
Yadomaru Kyo
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Mar 12 Jan - 2:15
Les effusions spontanées.
Alors que nous attendions l’arrivée de nos commandes, j’écoutais le peu que mon interlocuteur avait à dire tout en continuant de l’observer. Habitué aux voyages car éleveur de chiens donc. À l’entente de cette information, je ne pus m’empêcher d’être plus méticuleux dans mon observation, ne montrant pas particulièrement cette dernière car ce n’était pas quelque chose à faire vis-à-vis de quelqu’un qu’on ne connaissait que depuis dix minutes après tout. Quelque chose me titillait, me disait que l’homme en face de moi était particulier ou possédait quelque chose de spécial qui le démarquait des gens ordinaires.

Je ne pus m’empêcher de lâcher un petit rire quand il me considéra comme quelqu’un de soigné. C’était probablement l’impression que ça donnait, mais quand je me voyais, avec mes cheveux qui faisaient coiffés décoiffés et ma chemise qui n’était pas boutonné correctement, j’avais plus la sensation de me négliger un peu, mais au fond, c’était mon style de tous les jours. Il me rétorqua qu’on ne pouvait pas tout connaître des gens sur le net, ajoutant que ça n’était pas son fort et qu’il avait eu du mal à me trouver alors qu’il avait mon nom avant de me demander de quelle matière j’étais prof.

Quelque chose n’allait pas dans ce qu’il venait de dire, je le savais. C’était minime, pas forcément important au fond, mais à ce moment-là, je savais qu’il me cachait la vérité. Avoir du mal à me trouver alors qu’il avait eu mon nom ? Ne pas savoir de quelle matière j’étais prof ? Les premières informations sur les moteurs de recherches étaient toujours les mêmes à mon sujet : page wikipédia, fiche de présentation de l’université et un article du Tokyo Journal sur mon admission en tant que professeur dans ladite université. Rien qu’avec ses pages webs, il pouvait aisément récupérer de quoi me contacter et même savoir ce que je faisais. Peut-être n’avait-il pas été attentif et avait directement cherché de quoi me contacter, excusant le fait qu’il ne savait pas ce que je faisais, mais difficilement me trouver, c’était un mensonge et je le savais.

Le temps me manqua pour lui répondre, nos commandes arrivant à notre table, apportées par la demoiselle à qui nous avions donné lesdites commandes auparavant. Je la remerciai avec un petit hochement de la tête et un sourire avant de prendre mon cheeseburger et d’en prendre une simple bouchée, ne me jetant pas sur le repas comme un affamé, me permettant ainsi de continuer à réfléchir. J’allais devoir amener une discussion qui me permettrait de lui tirer des informations, voire les vers du nez pour comprendre ce qu’il voulait réellement, en plus du paquet qui était arrivé par inadvertance chez lui. L’idéal serait que je parle, ne brisant pas la dynamique que j’avais installée plus tôt afin de l’amener à me répondre et que je tente peu à peu de brider ses possibilités de réponse, de la manipulation de discussion en bref, un grand classique.

”Sérieusement, tu sais que je suis professeur, mais tu ignores de quoi ? Plutôt étrange vu que ce que j’enseigne est toujours noté à côté de mon titre de professeur sur internet. Après, si tu as surtout cherché à me joindre sans chercher plus, ça peut se comprendre. Pour te répondre, je suis prof de sciences et c’est marrant sans être passionnant. Je fais surtout ça car je suis bon dans ce domaine à vrai dire et parce que c’était l’option de facilité. Une place garantie, un bon salaire, des horaires à la cool, pas envie d’aller plus loin.”, répondais-je, mordant ponctuellement dans mon cheeseburger qui finit par être à moitié mangé avant que je ne le repose dans mon assiette pour prendre une gorgée de ma bière. ”Et toi alors, tu travailles depuis combien de temps comme éleveur de chiens et surtout, tu élèves des chiens de quel genre ? Simplement de compagnie, qui aide les personnes avec des difficultés, peut-être même des chiens de chasse ?”, demandais-je tout en reprenant mon cheeseburger afin de le finir.

Les quelques informations que j’avais sur lui étaient trop maigres pour que je puisse réellement tirer des conclusions, mais c’était déjà suffisant pour déduire des hypothèses que j’allais devoir vérifier sur le temps que je continuerais à passer avec lui. Je n’excluais pas le fait qu’il pouvait juste être un monsieur tout le monde comme les autres, mais au fond de moi, je savais que ça ne pouvait pas être aussi simple, ça n’était jamais aussi simple. Peut-être un homme vivant dans un endroit avec peu d’habitant, un peu reculé et menant un mode de vie plus primaire et moins technologique que les grandes villes en tant qu’éleveur de chiens. Un gaillard qui avait un physique et visuel assez brute, visuel peut-être voulu d’ailleurs, et qui avait une vie plus animée, habitant dans une petite cabane reculée dans les forêts où il s’occupait tel un reclu. Éventuellement quelqu’un qui cachait une part bien plus sombre et qui était en réalité un criminel dangereux dans la catégorie des meurtriers ou psychopathes. Je n’aimais pas cette dernière hypothèse, mais elle avait germé dans mon esprit et elle ne disparaîtrait que lorsque j’aurais confirmation qu’elle était erronée.

”J’y pense, vu que tu voyages beaucoup, je suppose que ça t’arrive de faire des trajets de nuit. Tu n’as pas peur de tomber sur un criminel en cavale, voire même un faucheur ?”, questionnais-je tout en finissant mon cheeseburger avant de reprendre une gorgée de ma bière. L’interrogatoire allait commencer et mon objectif était d’apprendre beaucoup de choses sur toi Vsevolod, beaucoup de choses...

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Vsevolod Yegorovich
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Jeu 14 Jan - 17:56
Il l’écouta parler. C’était merveilleux à voir, la manière dont quelqu’un parlait, quand quelqu’un parlait beaucoup. Le jeu subtil des muscles du visage, l’agitation et la déformation des lèvres, l’éclat intermittent de l’émail sous la chair. Et lui parlait, et parlait encore, sa curiosité éveillait. Il était malin, donc. Il avait compris, ou du moins avait eu l’esprit titillé. Vsevolod l’imita, ravi de voir que ses demandes avaient été suivies à la lettre : le morceau de viande rouge et juteux qui trônait fièrement au centre de son assiette en occupait la majeure partie, la faïence blanche disparaissant sous la masse épaisse de nourriture. Il ne s’attendait pas à ce que les japonais, peuple adepte de la baguette et donc des bouchées microscopiques, comprennent l’art délicat de la cuisson de la viande, même dans un bouge aussi occidentalisé. Mais il s’en contenterait. Il trancha dans le steak, un morceau généreux, et mastiqua, écoutant le professeur terminer. Beaucoup de questions, encore une fois. Aurait-il été plus vindicatif, il aurait sans doute été facile de penser qu’il faisait ça pour le désarçonner. Mais sans doute n’était-ce pas le cas, son attitude étant restée la même avant et après que son intérêt ait été piqué.


A vrai dire, ce n’était sans doute pas quelque chose de malin à faire. Mais Vsevolod était toujours aussi fasciné, et l’idée de flirter d’aussi près avec le danger faisait naître de coupables pulsions. Il voulait voir, encore et toujours et sous toutes les coutures, c’était là son premier défaut.

Il ne savait pas exactement pourquoi il faisait ça. Son existence était toujours polarisée de la sorte, oscillant entre des phases d’une extrême lucidité, pendant lesquelles il planifiait même la plus triviale de ses actions avec le soin maniaque d’un maître d’échec, et des périodes de grâce et d’illuminations, bien plus courtes, durant lesquelles il suivait les fils multiples de ses passions. Mais ce n’était pas là l’heure de l’introspection. Il avait en face de lui quelqu’un de plus fonctionnel que le format standard auquel il était régulièrement confronté, et cela demandait de lui qu’il y prête une certaine attention. Le professeur n’avait pas réagi quand il avait changé la manière dont il parlait, mais avait repéré une faille pourtant plus subtile. Encore une fois, cela montrait qu’il ne correspondait au schéma classique des gens intelligents, son rapport pour le moins atypique au langage le démarquant de ses pairs. Il fallait continuer à creuser dans cette direction, s’il voulait trouver la porte d’entrée de son esprit.

« Bah, j’dois avouer que j’ai pas trop été attentif, fit-il sur un ton dans lequel transparaissait une pointe d’énervement. J’ai juste cherché comment te joindre, et pis prof de science, c’est générique et moi j’suis pas super calé dans ce domaine. »

Il marqua une pause, attaquant sa viande d’un geste sec, le visage renfrogné. L’autre avait continué en lui livrant un véritable interrogatoire, et sa manière de parler ne laissait planer aucun doute sur la hiérarchie qu’il comptait établir entre eux deux.

« J’élève des bêtes depuis toujours. Ma famille élevait des bêtes, et j’ai continué à le faire quand je suis venu ici. C’est surtout des chiens de Russie, des huskys et des bergers du Caucase. J’pense pas trop que ce soit ce qu’il y a de mieux pour chasser ou s’occuper des aveugles, mais pourquoi pas, hein ? Et j’vends à tout le monde, même si c’est surtout à des professionnels. »

Il s’autorisa une autre bouchée, machant en considérant brièvement les questions de son vis-à-vis. Il aurait été facile de lui faire répéter, lui faisant ainsi remarquer que son rythme était trop rapide. Cela aurait rajouté de la crédibilité au propos de Vsevolod. Mais ce n’était pas nécessaire, et à vrai dire contre-productif. Au vu de la dernière question, il n’avait clairement pas besoin de ça. Il se passa tout de même une main sur la tempe, avant de continuer sur un ton plus calme, l’indignation qui avait contaminé ses paroles se dissipant quelque peu :

« Bah, rarement de nuit. Mais non, tu sais, le Japon c’est un pays tranquille, et je vois pas qui s’occuperait d’une camionnette d’éleveur de chien. De t’façon j’pas bien le choix, faut bien bosser. C’est une question bizarre, quand même. »

Devait-il le laisser continuer ? Il mourrait d’envie de lui laisser l’initiative, de voir ce qu’il allait lui inventer ensuite. Sa pièce de viande était déjà à moitié terminée, et il pouvait voir à travers le jus rouge et translucide le support et les motifs bas de gamme qui le décoraient. Il ingéra un autre morceau, le jeu de ses mâchoires puissantes ayant tôt fait d’atomiser la bouchée.

« Bah, en vrai, j’peux comprendre, décida-t-il de conclure. La tranquillité, la facilité, être prof, tout ça. C’est un peu pareil avec moi, c’pour ça que j’aime bien la campagne d’ici. Pis les gens sont sympas, même avec ma tête d’étranger louche. »

Il passa sa serviette sur ses lèvres.
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