Sauvez Willy [Quête hebdomadaire #1]

Mon burger dans la main, je fixe avec inquiétude le message qui vient d’apparaitre en plein de cette interface qui fait maintenant parti de mon quotidien. C’est une blague, n’est-ce pas ? Une caméra doit probablement être cachée quelque part, attendant la scène parfaite ou la piégée appel à l’aide pour qu’on vienne lui annoncer le gag. Sauf que c’est bel et bien réel et il semblerait que cette entité qui m’ait offert cette deuxième chance souhaite ma mort.

Pour vous résumer la chose, j’ai une journée entière pour devenir Wonder Woman au lieu de la grosse faignante chill & netflix que je suis. Et, n’oublions pas le petit détail qui a son importance : je dois effectuer un trail de 20km avec 500m de… quoi ? Dénivelé positif ? Non, mais, à l’aide ? Complètement perdue, j’allume mon téléphone pour regarder ce dont il est question et sens mon visage se décomposer en voyant la définition.

Saloperie. Je vais définitivement crever. Il ne me reste plus qu’à appeler mon notaire pour léguer mes maigres possessions à mon frère jumeau. Ou alors, je peux suivre mon découragement et ignorer ce message. Oui mais et les conséquences dans tout ça ? La vérité c’est que je suis loin d’être prête à assumer les conséquences d’un échec et la punition que pourrait m’infliger cette entité qui semble omnisciente. Désespérée, j’ouvre youtube afin de regarder des tutoriels afin de me préparer et hausse les sourcils en comprenant que rien ne m’aidera à part ma volonté de franchir cette épreuve. N’est-ce pas ce que je me suis promis ? De relever les défis et ressortir victorieuse ?

Galvanisée, je délaisse mon livre, attrape deux bouteilles, une banane, une pomme ainsi qu’une trousse de soin et les range dans mon sac à dos. Une fois changée, je mets mes écouteurs, enclenche ma playlist et prends la direction du bus pour le mont Aso. Au bout de plusieurs minutes, le véhicule s’arrête enfin et je sens mon courage s’enfuir aussi vite que j’enchaine les chaines sur la télévision. C’est… haut, quand même. Et long et loin et… à l’aide. Je vais mourir à coup sûr, c’est certain.

Posant mes fesses sur le sol, je remonte mes jambes contre ma poitrine et pose ma tête sur mes genoux. J’ai du mal à respirer à cause de la hauteur alors comment faire pour exécuter cette tâche dans ces conditions ? Tout me parait impossible et les larmes me montent aux yeux, sentant la panique affluée sur les bords de ma conscience. Je ne suis pas prête pour subir ces quêtes encore et encore, je ne suis pas faite pour ça bordel…

Prenant une inspiration saccadée, je me claque les joues et décide d’adopter une attitude qui semble aider les meilleurs guerriers dans les films : yolo. Concentrée sur la musique, je laisse me jambes me guider et mon esprit se déconnecter. Ou tout du moins j’essaye mais le martèlement du sol contre mes pieds, mon cœur qui tambourine dans ma poitrine, la sueur qui gène ma vision… tous ces détails brouillent ma concentration. S’engage alors une lutte contre moi-même, le mental vs le corps.

Le sport vs la grosse, fight.

Allongée sur le sol, je rampe dans le noir afin de… quoi faire ? Où suis-je ? Je ne sens plus mon corps. Ou alors je le sens trop ? Mon esprit tourbillonne, s’envole et se perd. Je n’arrive pas à réfléchir, je ne suis que souffrance et agonie. J’appuie sur la commande d’alerte confiée par les gardes du sentier avec toutes les difficultés du monde. Je n’arrive même pas à comprendre comment j’ai pu surmonter cette épreuve mais, je l’ai fait. Au prix d’une entorse au poignet lorsque j’ai failli tomber du ravin, d’égratignures lors de chutes répétées ainsi qu’une légère déshydratation.

Allongée sur le sol, je fixe le ciel nocturne et souris. Je ressemble sans aucun doute à une grosse baleine échouée sur le sable en train d’agoniser mais vous savez quoi ? Je ne me suis jamais sentie aussi vivante et consciente de moi !