- Vsevolod Yegorovich
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Date d'inscription : 06/12/2020
Op op op. [quête hebdomadaire solo]
Dim 24 Jan - 12:32
« Je sais que ça va paraître bizarre, mais il ne faut pas me juger. C’est le système qui me fait faire ça, hm ? »
Il ne prêta pas attention à la réponse de son captif. Elles avaient toutes tendance à se confondre dans sa mémoire, au bout d’un moment. Il fallait dire que de manière finalement assez étonnante, l’être humain manquait de manière générale cruellement d’imagination lorsque ça vit était mise en danger. C’était la plupart du temps des suppliques, ou des gémissements résignés, avec en plus de cela l’occasionnelle provocation balancée dans le tas. Aussi tragique que cela puisse être, cela faisait longtemps qu’il ne communiquait plus vraiment avec ses partenaires, se contentant à la place de les réduire à leur fonction essentielle d’ingrédient. D’ingrédient essentiel, certes, mais d’ingrédient tout de même. Il n’était à vrai dire pas sûr de se rappeler du nom de ce dernier. Il lui avait mis la main dessus il y avait de cela plusieurs jours, tombant sur son groupe de randonneurs au détour d’un sentier de montagne de l’est de la préfecture. Il avait rapidement décimé les pauvres types : ses capacités supérieures faisaient que les êtres humains normalement constitués n’opposaient qu’une résistance symbolique, et les balancer au fond d’une congère après les avoir assommés n’avait pas été chose facile. Les températures glaciales s’étaient chargées du reste, et lui avait pu ramener chez lui l’heureux élu.
Il appuya sur le bouton de l’ordinateur qu’il venait de descendre ici. Il n’avait pas de système audio à proprement parler, et devrait se contenter d’une playlist hâtivement créée. L’atmosphère de la pièce exigüe se transforma immédiatement, les chants de son pays lui conférant une superbe ancestrale. Lui demander de danser huit heures de suite était déjà en soi suffisamment ridicule, et il ne voulait pas avoir à le faire sans spectateur pour contempler son calvaire. Il n’avait jamais été un danseur incroyable, mais comme tout bon russe qui se respectait, il avait regardé avec une fierté patriotique certaines les exploits des danseurs qui faisaient revivre les danses viriles de sa nation. De là, il ne lui restait qu’à les imiter.
Ses premiers mouvements furent hésitant, et il décida de démarrer avec quelque chose de simple. Il ignora le regard médusé du prisonnier, fronçant les sourcils pour se concentrer sur ses propres mouvements. Il plia ses jambes, et les déplia, répétant le mouvement plusieurs fois de suite. Ce n’était pas si compliqué, finalement. Restait maintenant à rendre tout cela esthétique. C’est ainsi qu’il passa huit heures à danser, perfectionnant lentement ses mouvements, son corps se faisant le témoin de la mélancolie de son esprit. Il aimait bien le Japon, ce n’était pas le pire endroit pour s’exiler. Mais c’était quand même un exil, et il était loin de son pays. Loin des sonorités civilisées de sa langue, loin de l’esprit résilient des russes de l’extrême-est, loin du manteau immaculé de sa toundra. Il était loin, et il savait qu’il lui serait difficile d’y retourner, même plus tard. Son plan avait initialement été de passer quelques années au Japon, de se faire oublier. La trace que les enquêteurs remontait finirait forcément par disparaitre, et il serait alors libre de mettre fin à son calvaire. Mais les choses risquaient de s’avérer bien plus difficile. Le système, d’abord, compliquait ses plans. Et il se connaissait, lui, Vsevolod. Il allait recommencer. Chaque jour qui passait, il se faisait un peu plus hardi, un peu plus ambitieux. Et les donjons, qui représentaient un terrain de chasse nouveau et inespéré, plein de danger et de mérite à saisir, risquaient d’être sa perte. Soit parce qu’il y crèverait, soit parce que ses actions le plongeraient au contact des éléments les moins recommandables des chasseurs.
Pour l’heure, il fallait danser. C’était de sa survie qu’il en allait, aussi ridicule que puissent être ces deux phrases, mises côte à côte. Et il ne comptait pas mourir, pas sans se battre et se débattre et hurler qu’il était là, et qu’il refusait de se laisser disparaître. Il déplia ses bras, ses membres quittant son torse pour s’envoler dans les airs. Encadrant le haut de son tronc comme deux ailes déployées, alors que ses jambes continuaient de défier la gravité. Il était l’incarnation de l’âme de la Russie. La vraie, celle qui ne se laissait pas dompter, celle qui résistait au changement imposé par le monde nouveau, celle qui croyait dans les ombres des bois et les créatures fantastiques qui peuplaient les confins de la civilisation. Il était la chasse, et l’hiver, et la mort et la vie. Et pour l’heure, il finissait de danser, et le système le récompensait. Quel être fondamentalement mauvais avait bien pu se dire que lui conférer un tel pouvoir était une bonne idée ? Ses dents sortirent des confins de sa bouche, un sourire carnassier décorant sa vilaine face, et il se tourna vers l’homme prisonnier. Il ne le regardait plus depuis longtemps, abasourdi par la réalité infernale de sa situation.
Il était temps.
Il ne prêta pas attention à la réponse de son captif. Elles avaient toutes tendance à se confondre dans sa mémoire, au bout d’un moment. Il fallait dire que de manière finalement assez étonnante, l’être humain manquait de manière générale cruellement d’imagination lorsque ça vit était mise en danger. C’était la plupart du temps des suppliques, ou des gémissements résignés, avec en plus de cela l’occasionnelle provocation balancée dans le tas. Aussi tragique que cela puisse être, cela faisait longtemps qu’il ne communiquait plus vraiment avec ses partenaires, se contentant à la place de les réduire à leur fonction essentielle d’ingrédient. D’ingrédient essentiel, certes, mais d’ingrédient tout de même. Il n’était à vrai dire pas sûr de se rappeler du nom de ce dernier. Il lui avait mis la main dessus il y avait de cela plusieurs jours, tombant sur son groupe de randonneurs au détour d’un sentier de montagne de l’est de la préfecture. Il avait rapidement décimé les pauvres types : ses capacités supérieures faisaient que les êtres humains normalement constitués n’opposaient qu’une résistance symbolique, et les balancer au fond d’une congère après les avoir assommés n’avait pas été chose facile. Les températures glaciales s’étaient chargées du reste, et lui avait pu ramener chez lui l’heureux élu.
Il appuya sur le bouton de l’ordinateur qu’il venait de descendre ici. Il n’avait pas de système audio à proprement parler, et devrait se contenter d’une playlist hâtivement créée. L’atmosphère de la pièce exigüe se transforma immédiatement, les chants de son pays lui conférant une superbe ancestrale. Lui demander de danser huit heures de suite était déjà en soi suffisamment ridicule, et il ne voulait pas avoir à le faire sans spectateur pour contempler son calvaire. Il n’avait jamais été un danseur incroyable, mais comme tout bon russe qui se respectait, il avait regardé avec une fierté patriotique certaines les exploits des danseurs qui faisaient revivre les danses viriles de sa nation. De là, il ne lui restait qu’à les imiter.
Ses premiers mouvements furent hésitant, et il décida de démarrer avec quelque chose de simple. Il ignora le regard médusé du prisonnier, fronçant les sourcils pour se concentrer sur ses propres mouvements. Il plia ses jambes, et les déplia, répétant le mouvement plusieurs fois de suite. Ce n’était pas si compliqué, finalement. Restait maintenant à rendre tout cela esthétique. C’est ainsi qu’il passa huit heures à danser, perfectionnant lentement ses mouvements, son corps se faisant le témoin de la mélancolie de son esprit. Il aimait bien le Japon, ce n’était pas le pire endroit pour s’exiler. Mais c’était quand même un exil, et il était loin de son pays. Loin des sonorités civilisées de sa langue, loin de l’esprit résilient des russes de l’extrême-est, loin du manteau immaculé de sa toundra. Il était loin, et il savait qu’il lui serait difficile d’y retourner, même plus tard. Son plan avait initialement été de passer quelques années au Japon, de se faire oublier. La trace que les enquêteurs remontait finirait forcément par disparaitre, et il serait alors libre de mettre fin à son calvaire. Mais les choses risquaient de s’avérer bien plus difficile. Le système, d’abord, compliquait ses plans. Et il se connaissait, lui, Vsevolod. Il allait recommencer. Chaque jour qui passait, il se faisait un peu plus hardi, un peu plus ambitieux. Et les donjons, qui représentaient un terrain de chasse nouveau et inespéré, plein de danger et de mérite à saisir, risquaient d’être sa perte. Soit parce qu’il y crèverait, soit parce que ses actions le plongeraient au contact des éléments les moins recommandables des chasseurs.
Pour l’heure, il fallait danser. C’était de sa survie qu’il en allait, aussi ridicule que puissent être ces deux phrases, mises côte à côte. Et il ne comptait pas mourir, pas sans se battre et se débattre et hurler qu’il était là, et qu’il refusait de se laisser disparaître. Il déplia ses bras, ses membres quittant son torse pour s’envoler dans les airs. Encadrant le haut de son tronc comme deux ailes déployées, alors que ses jambes continuaient de défier la gravité. Il était l’incarnation de l’âme de la Russie. La vraie, celle qui ne se laissait pas dompter, celle qui résistait au changement imposé par le monde nouveau, celle qui croyait dans les ombres des bois et les créatures fantastiques qui peuplaient les confins de la civilisation. Il était la chasse, et l’hiver, et la mort et la vie. Et pour l’heure, il finissait de danser, et le système le récompensait. Quel être fondamentalement mauvais avait bien pu se dire que lui conférer un tel pouvoir était une bonne idée ? Ses dents sortirent des confins de sa bouche, un sourire carnassier décorant sa vilaine face, et il se tourna vers l’homme prisonnier. Il ne le regardait plus depuis longtemps, abasourdi par la réalité infernale de sa situation.
Il était temps.
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