L'attrait de la loi du plus fort [James W.]

C’est quoi, cette affiche énorme placardée irrespectueusement sur ces murs ? Pourquoi cette police énorme et ses couleurs exorbitantes ? Et surtout, était-ce nécessaire de disperser des copies ici et là au travers de la ville ? D’ailleurs, comment ont-ils pu couvrir autant d’espace en aussi peu de temps ?! Et pourquoi ça se déroule le soir-même où ils le placardent ?!
Il a suffi d’un jour de repos à la suite d’un donjon pour que la rousse voit sa ville natale couverte de prospectus, non loin de son appartement. Même, il ne serait pas exagéré de dire que la façade même de sa résidence se voit affublée de cette affiche de mauvais goût. Dans le cas contraire, il lui aurait fallu quelques heures de plus pour le remarquer —peut-être un jour entier si cette feuille A1 n’était pas aussi tape-à-l’œil. Ces mots sur fond coloré feraient pâlir les danseuses hawaïennes comme les plus grands charlatans.

Mais rien de tout cela ne paraît étrange à la guerrière. Même, la récompense à la clef paraît et est indéniablement alléchante.
L’hôtel Jozankei Daiichi. N’est-ce pas cet hôtel luxueux coûtant plus de 15,000 yens (soit 150€ environ) par nuit ? N’y a-t-il pas des bains privés également ? S’agirait-il d’une offre pour quarante-huit heures de bonheur pour le maigre prix de la force physique et 1500 Yens ?
Impossible que ce soit un mensonge, ce serait bien trop gros ; telle est la pensée de Tsubaki, dont les muscles des bras se voient soudainement soulagés de toutes courbatures survenues la veille. Ça tombe bien : son appartement l'ennuie un peu, ses livraisons ne font que dégourdir ses jambes. La simple idée de pouvoir se mesurer à d’autres gros bras est intéressante pour son petit ego de chasseuse de rang C, et, il faut bien l’avouer, elle voit déjà sa sœur se prélasser après des jours d’études acharnées. Y a-t-il seulement besoin de réfléchir ? Bah, de toute façon, elle en est incapable.

Un billet de 1000 et une pièce de 500 en main, son déplacement est un des rares dénué de distractions. Partie en ligne droite direction le fameux bar Yabaiyatsura, celui-ci est son objectif premier. Aucune seconde n’est à perdre, pas même le fait de le repérer. Et il n’est pas dur à repérer : incroyablement, une petite foule se rassemblait déjà aux portes du bar, une heure avant même que l’événement ne commence.

Où pourrait-elle bien mettre son vélo ? Scrutant les lieux tel un suricate, son regard se pose autant sur un éventuel coin à vélos que ses potentiels adversaires …

Le vélo déposé, c’est la bouche béante que Tsubaki observa la foule. Il y avait du monde, beaucoup de monde, et son mètre soixante-cinq n’allait, cette fois-ci, pas vraiment l’aider. Une majeure partie du public comme des participants la dépassait, faute de ne pas avoir autant de testostérone qu’eux circulant dans son corps. Elle ne pouvait même pas entendre sa propre respiration, tellement l’homme qui était au centre de tous les rendait fous d’excitation.
“Pardon … Excusez-moi, laissez moi passer s’il vous p— ouch ! Pardon !”
Désespérément, Tsubaki essaya de se faufiler entre les passants. Mais avec son kimono d’entraînement, son hakama se prend dans les ceintures et les pieds des spectateurs, et il lui est difficile de se faufiler sans se faire pousser à l’arrière. Cependant, la motivation environnante, sa propre ambition et la simple pensée, sonnant presque incestueuse, de Haruki se relaxant grâce à sa réussite ? Il lui fallait absolument prendre sa place. Surtout pour la dernière raison !

“Quelqu'un parmi vous, est-il assez courageux pour commencer le tournoi en affrontant le grand champion !
— Moi ! James Wilson relève le défi !”

Sa tête dépassant enfin d’entre les torses saillants, Tsubaki crut entendre un nom familier, prononcé avec un léger accent américain qu’elle-même pouvait percevoir. James Wilson ? Ses oreilles ne lui jouaient pas des tours, même si cela aurait pu, étant au milieu de cette foule. Et même si le doute aurait pu s’installer, celui-ci fut rapidement écarté lorsqu’elle vit, au sommet de presque deux mètres, une touffe de cheveux blonds.

“... AH !
— Oulà, la p’tite dame, c’est un sacré cri que tu nous fais, là,” ricana l’un des géants à ses côtés. “Y a un souci ?”
— Désolée de vous avoir fait sursauter ! Et, non, enfin disons que j’ai cru entendre “James Wilson”, je ne rêve pas ?” demanda-t-elle par précaution.
“Hein ? Si tu parles du blond, là-bas,” dit-il en pointant du doigt l’homme confiant les frais de participation, “oui, c’est lui. Tu le connais ?
— Hein ! C’est plutôt à moi de vous demander comment vous ne le connaissez pas, non ?!”

Au cours de ses années collège comme au début de son lycée, il n’est pas exagéré d’avancer que les étagères de Tsubaki étaient remplies d’ouvrages, du double de taille de celles de Haruki. Cependant, et à l’opposé de sa petite sœur, ses bouquins relevaient principalement de magazines et autres mangas, ainsi que de multiples boîtes DVD. La majeure partie de sa collection portait sur les super héros et autres Sentai, qu’il s’agisse de séries old school comme plus récentes ; remontant parfois même à des antiquités datant du siècle dernier —soit déjà plus de cinquante ans en arrière pour quelques-uns.
L’autre partie, quant à elle, était révélatrice du domaine qui l’intéressait le plus et dans lequel elle a toujours eu du potentiel : le sport. Entre sports d’équipe, de force, de précision : elle n’avait pas de préférence, mais tous les sportifs et athlètes méritaient pour elle de la reconnaissance pour leur maîtrise. Cette pensée se renforçait encore plus envers ceux qui étaient reconnus et prouvés comme étant droit, avec un grand sens moral.
Parmi eux, le boxeur américain James Wilson, plus communément connu comme le taureau écarlate, en faisait partie. Il était peut-être même de ceux qui avaient le plus inspiré Tsubaki adolescente, leur rattachement à leur famille étant un point commun.

Et cet homme, qui lui avait indirectement inculqué l’importance de la famille, comme de la vie, était à seulement quelques mètres. Abattant le bras d’elle-ne-sait-qui contre la table, sans même qu’il ne puisse réagir.
… Non, vraiment, c’était quoi son nom déjà ?

“Formidable ! Nous avons un vainqueur !!! Bravo à James d'être qualifié pour la suite de la compétition !”

Quelques instants : c’est ce qui suffit pour que celui qui était auparavant connu comme le grand champion se laisse traîner hors des lieux, tandis que le gagnant partit du côté du comptoir. Un laps de temps bien trop court pour que Tsubaki ne vienne à enregistrer ce flot d’informations. Heureusement, son voisin du public —Tecchan, qu’il s’était présenté comme entre temps, caressa sa tête en même temps qu’il l’enfonça à moitié.

“Eh bah, c’est qu’il a de la force le bonhomme ! T’es venue là pour le regarder, si j’ai bien compris ?
— Non ! Enfin, je savais pas qu’il venait participer de base ! Mais maintenant …” Tsubaki marqua un temps de pause. … Non, il n’y a pas d’hésitation à avoir. C’est même encore mieux. “Je suis venue pour participer, et j’en ai encore plus envie !
— Oh ? Est-ce que j’ai bien entendu une petite voix qui dit vouloir veut participer ? Où est-elle ?”

Le présentateur, loin d’être sourd, avait entendu l’exclamation du singe. Impossible de l’ignorer : sa voix se différencie du reste, étant la seule fille à parler aussi fort. Ça, et le fait qu’elle venait, inconsciemment, de se décaler pour faire face à Tecchan, la mettant en évidence du reste du public.

“Mademoiselle ! Oui, vous, l’étrangère rousse— ah, à moins que vous soyez métisse ?” Le présentateur brandit son bras d’un geste théâtral en direction de Tsubaki, qui resta bouche bée et se crispa lorsque tous les regards se braquèrent sur elle. “C’est bien vous qui disiez participer ?
— Eh ? Ah, euh, ahem,” maladroitement, Tsubaki sortit de la poche de son hakama la somme requise, confirmant sa participation. “Oui !
— C’est ce que j’aime entendre ! Quel est ton nom, jeune fille ?
— Kinoshita Tsubaki !
— Hey, hey, ma p’tite dame, t’es sûre que ça va aller ? Y’en a qui seraient prêts à te casser le bras, ici …
— Merci de vous inquiéter, mais ça devrait aller, monsieur Tecchan !”

Pressant le pas vers la table, Tsubaki n’était pas sourde. Elle pouvait très bien entendre des petits rires, d’autres plus gras. Pas étonnant. Dans son gi, impossible de discerner ses muscles se dessiner sous les manches. Impossible également de voir les cicatrices résultant de ses entraînements intensifs. Son maître a été généreux de lui épargner le visage d’égratignures majeures, mais il n’a pas lésiné pour le reste, lui donnant autant de trophées qu’il faut pour prouver sa force et le résultats de ses efforts.
Aux yeux de tous, elle paraissait pour une jeune adulte insouciante en quête de sensations fortes. Au mieux, ils pouvaient se douter qu’elle était une chasseuse sans réels atouts.

“Eh bien, eh bien ! Il semblerait qu’il n’y ait pas grand monde qui veuille s’approcher ! Auriez-vous peur d’une simple jeune fille, ou cherchez-vous à rester galants et lui épargner la défaite ?!
— Bahahaha ! Elle est bien bonne, celle-là ! Allez, Tsubaki-chan, c’est bien ça ? On va éviter de te faire perdre ton temps plus longtemps …”

D’entre les spectateurs, une autre montagne émergea : un sumo, au sens littéral du terme. Les cheveux coiffés de façon traditionnelle, un bide tout aussi gros que le précédent, bien que, cette fois-ci, le muscle était bien présent dans toutes les parties de son corps. Heureusement, il n’avait pas la “tenue” de combat traditionnelle, aussi portait-il un kimono.
Décidément, Tsubaki est vouée à rencontrer ou retrouver des gens gigantesques, cet automne, ou bien ? À moins qu’il ne s’agisse que de ses standards de japonaise.
Ushiyama Tetsurou, le nouveau participant, s’assied à la table et tendit son bras à Tsubaki. Celle-ci fit de même, seulement après avoir déglutit en voyant la main massive, qui pouvait presque recouvrir son visage entier. Même si son nom de famille le sonnait comme une montagne à vaches, cela restait impressionnant …!

“Je vais pas dire non à une victoire facile en guise d’échauffement …” fit-il, l’air presque meurtrier.

Un frisson d’effroi parcourut Tsubaki. Il faisait son double de taille, en diamètre comme en vertical et en largeur. Avait-il vraiment besoin de la provoquer ainsi ? Et pourtant, cela faisait effet : la rousse avait l’impression qu’elle allait devenir le prochain repas de ce mastodonte. Ses propos l’ont déconcertée, si bien que lorsque le présentateur donna le feu de départ, elle le loupa.
VLAM ! … Tel fut le son que la table aurait provoqué, si seulement Ushiyama n’avait pas sous-estimé Tsubaki. Il y a été doucement, sans mettre trop de force. Une erreur de ne pas avoir fini dès le premier instant, car la réactivité de Tsubaki —ou plutôt son instinct de survie— s’est éveillé au dernier instant, avant même de toucher la table.
Là où tout le monde attendait un bruit sourd, rien ne se produisait si ce n’est un long “Eeeeeeeeeeeeeeeee” en provenance du fin fond de la gorge de la guerrière. Ça s’est joué vraiment de peu … Uwah …

“Oooh ! Sacré coup de chance de la part de Kinoshita, à moins qu’Ushiyama essaie de lui donner une seconde chance ?!
— Prévenez-moi la prochaine fois que vous faites un truc de ce genre, monsieur Vache !
— Qui c’est que tu appelles monsieur Vache ?!” rugit Ushiyama. “Et comment tu as fait pour arrêter ça … Ah, t’es une chasseuse, n’est-ce pas ? Tch, je me disais bien que ça ne pouvait pas être que de la stupidité …
— Ah, vous êtes le premier à dire que je ne suis pas que stupide ! C’est— Hé !” Sans même qu’elle ne finisse sa phrase, Ushiyama appuya sur son bras, essayant d’achever le dernier centimètre qui séparait son poing de la table. “Arrê … tez !”

VLAM !
… Cette fois-ci, ce n’était pas l’imagination de quelque soit. À la manière d’un balancier, la situation s’était renversée : confirmant la victoire de l’aînée des Kinoshita. Leur match a été ridicule, et jusque là, très peu se seraient doutés de cette fin : des gens auxquels Tsubaki ne faisait pas partie.

“Et, Et bien … Victoire pour mademoiselle Kinoshita Tsubaki ! Celle-ci est qualifiée pour le reste de la compétition !”

Une goutte de sueur froide perla le long du visage de Tsubaki, qui ne remettait pas encore de la vague d’effroi qui l’avait précédemment prise. La vue du visage dépité d’Ushiyama suffit pour la ramener au moment présent, et c’est par le fou rire de Tecchan qu’elle s’en remit aussi vite que cela lui est arrivé.

“Eh bah, c’est qu’il y en a dans un si petit corps ! Ça va être marrant, tiens, cette année ! Entre un américain et une gamine, y a de tout !”

Tsubaki ria, et voulut continuer de rire — mais le mot “un américain” lui rappela le match précédent au sien. Rapidement, elle s’excusa auprès de Tecchan, avant de se rendre du côté du bar, où elle y vit celui qui l’avait précédemment fortement intriguée.

“Monsieur Wilson !” s’écria-t-elle, trottinant en sa direction avant de se tenir debout à ses côtés. Son visage ne put contenir l’excitation qui montait en elle, mais aussi la gêne.  “Excusez-moi de vous déranger durant votre pause, mais … Vous êtes bien un boxeur ?! Le taureau écarlate ?!”

Il avait cette voix qu’elle avait toujours entendue, qu’elle reconnaissait malgré la langue différente. Il avait cette garde, qui couvrait son visage et pourtant le rendait encore plus caractéristique de l’homme qu’il était. C’en était de même pour ces mouvements, qui lui étaient familiers. Elle connaissait tout ça, et elle le redécouvrait en temps réel ; excepté pour ce qu’il fit en dernier, qui était de lui présenter sa main pour une salutation qui lui était destinée. Même via des pages colorées, ou un écran, elle n’avait la possibilité de le voir sous cet angle. C’était une première, et, pour s’assurer qu’elle n’était pas dans un rêve, peut-être que Tsubaki aurait eu ce réflexe de se frapper ou se tirer la joue. Mais cette réalisation, elle l’avait déjà eue tantôt, et le coup qui a été mis pour sceller cette réalité, c’était celui des poings qui s’abattaient contre la table.

Si elle était celle qu’elle était au collège, elle aurait sans doute secoué la main de son modèle en alignant des mots sans qu’ils puissent être distinguables pour celui-ci. Si elle était au lycée, elle aurait sans doute eu des larmes coulant en cascade, balbutiant des mots de remerciements là encore incompréhensibles. Mais ce n’était pas le cas. Elle avait grandi de la gamine otaku sur les bords au sujet du sport et des super héros. Elle avait grandi de la lycéenne perdue entre son idéal de justice et la réalité. Elle avait accompli son premier pas dans son rêve, et avait éclaté la bulle dans laquelle elle se confinait.
Aussi, même si elle avait du mal à l’admettre, l’influence de son père et les remontrances de son maître l’ont apprise à se canaliser quand il le fallait. Et sans avoir besoin d’un coup de pied dans le derrière ou d’un poing sur son crâne, le Ça qui bouillait en elle comme un volcan en éruption fut vite canalisé par le Moi.

“M— Moi de même ! Je suis ravie de pouvoir enfin vous rencontrer !” Sa main prit celle du boxeur, dans une poignée de main ferme qui, d’un point de vue extérieur, pouvait sembler aussi drôle qu’adorable de par la différence de leurs tailles de main. Et pourtant, ils avaient une force similaire en un point : elle était supérieure au commun des humains.
Apparemment, James avait apprécié l’échange avec le monsieur Vache, qui l’avait bien amusé. Il avait donc vu ce cirque ? Voilà que Tsubaki s’en voyait plutôt embarrassée.

“Vous avez donc vu ça … Ahahaha,” ria-t-elle pour cacher sa gêne, tournant sa jambe sur la pointe de son pied. “C’était pas très malin de ma part, j’ose pas imaginer ce qui se serait passé si j’avais perdu. Ç’aurait sans doute été un spectacle pathétique !”

Un nouveau rire, tandis que ses mains trouvèrent leur place derrière sa tête. Un mouvement qu’elle ne faisait pas toujours, mais elle avait tellement du mal à tenir en place, qu’elle ne savait où ni comment se mettre— jusqu’à ce que le boxeur lui pose une question, qui donna enfin à son cerveau une ligne directrice. Ce qu’il pourrait bien faire pour elle avant le prochain match ?... Non, décidément, ce n’était pas une ligne directrice : il y avait tellement de choses qu’elle aimerait lui demander, qu’elle ne savait lequel se décider.

“Et bien …”

Son regard partit de James, pour se poser sur le décor qui l’entourait. Il s’agissait d’un bar, avec, d’un côté, une masse de gens qui se disputaient les préliminaires au tournoi. D’ailleurs, de ce côté, il était possible de constater qu’avec les différents participants qui se présentaient, beaucoup commençaient à se désister pour se contenter d’être de simples spectateurs pour les événements à suivre. De l’autre côté, il y avait déjà beaucoup moins de monde, pour ne pas dire une ravissante barmaid à son poste— dont elle croisa le regard bienveillant, se baissant graduellement sur ce qui était … un verre à moitié entamé. Celui de James, puisqu’il était le seul de ce côté du bar.

“Ah, hm, oui. Je vous avoue que je sais pas combien de temps ça va prendre tout ça, du coup … Ce serait déjà un honneur pour moi de partager un verre avec vous !” Prenant place sur le siège à côté du boxeur, ses jambes balançant à quelques centimètres du sol, Tsubaki se pencha sur le comptoir. De sa main dominante, elle sortit de sa manche opposée son porte-feuille, et en tira un billet. “Que prendre ? Ah, je vous prendrais une bière, s’il vous plaît. Euh, blonde. En demi. Merci !”

Depuis combien de temps avait-elle atteint la majorité ? Pas longtemps, c’était certain. En tout cas, le nombre de fois où elle avait commandé de l’alcool se comptait sur les doigts de sa main, et il s’agissait d’une de ces choses qu’elle n’avait encore pas complètement assimilé. En tout cas, elle voulait miser sur une valeur sûre, et ce qui ne tarda pas à remplacer son billet en laissant une trace d’eau fraîche sur le bois du comptoir en était une.

“Comme je disais…” sa phrase commença doucement, sur une légère gêne suite à cette coupure qu’elle fit. Après tout, elle n’avait pas vraiment pris le temps de s’expliquer. Ça, et le fait que, en rétrospective, il s’agissait de quelque chose qu’elle n’avait jamais vraiment exprimé à qui que ce soit d’autre. “C’est vraiment un honneur pour moi de pouvoir vous parler ! J’ai entendu parler de vous il y a des années, et, depuis, je vous admire énormément ! Je m’attendais vraiment pas à vous voir, encore moins dans un quartier de Sapporo …” Buvant une gorgée de sa bière, celle-ci rafraîchit la rousse tout autant qu’elle lui éclaircit ses pensées. “Oh, mais quand j’y pense, que faites-vous au Japon ? Je n’ai pas souvenir d’avoir vu quoique ce soit évoquant votre arrivée !”