Naël referma tranquillement la porte derrière lui. Il était plutôt tôt, mais le jordanien était d’ores et déjà pressé d’en finir avec cette nouvelle épreuve imposée par le système. Cette fois, en revanche, pas de collaboration prévue avec un autre des joueurs qui semblaient abondamment peupler le Japon. Cette fois, il se préparait à vivre son épreuve en solitaire, ne comptant que sur les indications du système – et pas sur celles d’un guide – pour pouvoir remplir son objectif. Un risque dont il ne pouvait malheureusement pas s’affranchir tant il était couteux de se doter d’un vrai guide, surtout en cette période. Mais qu’importait. Pour l’heure, Naël devait passer par deux étapes obligatoires : Se rendre au mont Aso, montagne la plus proche qu’il connaissait, et surtout « emprunter » un équipement de grimpe complet. S’assurer n’allait pas nécessairement l’aider tant il était inexpérimenté, mais, au moins, il pourrait sans doute compter sur des crampons, pioches et autres outillages de qualité pour l’aider dans sa quête.

La première étape ne fut pas si complexe. Il n’était guère difficile de frauder dans un car, et, pour le retour, le Jordanien avait même de quoi se débrouiller pour ne pas voyager en tout inégalité. Malin, le jeune homme s’arrêta au terminus, repérant rapidement des yeux une boutique qui louait le matériel qu’il recherchait. Il n’eut qu’à attendre quelques instants, s’emparer en toute discrétion des quelques affaires qui lui manquaient et, hop, l’affaire était dans le sac. Naël ne volait jamais rien, et rendait généralement tout ce qu’il empruntait. Mais il n’avait malheureusement pas le luxe de négocier ou de convaincre, aussi, il s’affranchissait volontiers de l’autorisation de ses bienfaiteurs.

C’était donc parti. Par chance, le temps était plutôt clément, et l’ascension ne démarrait pas trop haut. Néanmoins, le jeune homme n’était pas féru d’escalade, et, pour cause, cette activité ne faisait généralement que mettre en avant l’une de ses plus grandes faiblesses : Naël était vite sujet au vertige dès qu’il s’éloignait un peu trop du plancher des vaches. Néanmoins, après avoir suivi les indications du système, il était désormais face à un mur d’escalade vertical plutôt impressionnant. Il savait qu’il en aurait surement pour des heures, et que ses muscles allaient être soumis à rude épreuve.  Le jeune homme prit quelques secondes pour s’échauffer et se dégourdir les membres, puis il prit une profonde inspiration. Posant un regard déterminé sur la paroi, le jordanien commença alors sa longue ascension, priant pour que son corps nouvellement entrainé supporte cette épreuve.

Si les premiers mètres furent relativement faciles, Naël se rendit vite compte que tout trainerait en longueur. Il avait même arboré un sourire confiant les premières minutes, se persuadant que, malgré sa condition, il s’en sortait plus qu’honorablement, mais ce fut en jetant un œil au décompte des mètres demandés qu’il le perdit aussitôt. Il avançait incroyablement plus lentement que ce à quoi il s’était attendu, et ses muscles commençaient déjà à le faire souffrir. Il n’était pas au tiers du premier mur que déjà ses bras commençaient à se tétaniser. Il se rappela alors un conseil qu’un adulte lui avait confié quand il était petit, alors que lui et ses amis s’amusaient à grimper sur les monticules rocheux qui trônaient aux abords des chemins de la tribu nomade. Utiliser ses jambes plutôt que les bras pour se hisser, et ne se servir de ses bras que pour l’équilibre. Fort de cette nouvelle volonté, Naël reprit sa montée, grimaçant de douleur mais ne perdant en rien la ferme intention de réussir son épreuve.

[…]

Le jeune homme se laissa lourdement tomber sur le sol. Il avait tout donné, et il ne lui restait plus la moindre parcelle d’énergie à dépenser. Mais il était allé au bout, tant bien que mal, mais il était allé au bout. A chaque falaise qu’il franchissait, il avait pris de longues minutes pour se reposer. Sur la dernière ascension, il avait même utilisé ses maigres ressources magiques pour faire fondre un tant soit peu la roche et se permettre d’avoir des prises plus solides. S’il était rapidement tombé à court de mana, il avait néanmoins pu s’épargner des risques de chute mortelle grâce à ce procédé. Il lui fallait désormais retrouver un sentier pour redescendre, mais, pour l’heure, une longue sieste s’imposait.