Dépeçage aujourd’hui, hein ? Gura supposait que c’était une bonne chose ? Elle n’était pas spécialement fan de fouiller dans les entrailles des monstres mais son manager semblait convaincu que lui montrer chaque aspect du travail de chasseur était essentiel et en un sens, elle le pensait aussi ! La petite idole ne savait cependant pas comment cela allait se passer… Quel genre de créature allait-elle devoir… Hmm … Couper en deux ? Ouvrir ? Cela allait clairement la changer des strasses et paillettes de la scène ou encore des livestreams où elle devait faire sa petite princesse des océans pour des dizaines de milliers d’adulte affamés. En réalité, quel était le plus écœurant des deux jobs, comme maintenant ?

Au moins, l’endroit était sympa. C’était un peu loin de son Tokyo natale mais les Onsens de Kurokawa étaient réputé. Elle aurait besoin d’un bon bain après avoir fouillé dans les entrailles de monstre. Enfin, même si elle se doutait qu’elle n’allait pas faire un plongeon directement, faudrait pas polluer l’eau avec le sang, éventuellement. Lorsque Gura arriva dans un petit parc où le donjon était apparu, il y avait déjà quelques personnes attendant autour de la faille, sans compter les policiers et éventuels militaires qui avaient bouclé le secteur pour empêcher les civiles d’approcher. Encore une fois, la requine essayait de s’approcher le plus tard possible de ses rendez-vous pour ne pas attiser les foules trop longtemps ou bien ces vautours de journalistes mais en arrivant dans ce parc, elle vit un visage familier. Elle ne salua pas ses futures camarades comme d’habitude, fronçant les sourcils.

« … C’est vous, M’dame Aiko ? »

Aiko, la grande rousse à la peau bronzée qui lui avait servit de leader dans un précédent donjon. Le monde était petit, ou bien la coïncidence était trop grande … Dans tout les cas, elle avait laissé une mauvaise impression à la petite dame. Elle était professionnelle mais désagréable, rabaissant quand elle le pouvait et quand c’était un minimum justifier la requine.  Celle-ci avait l’air toujours aussi sérieuse, s’approchant de l’idole.

« Bonjour, Gura … Oui, je vais t’accompagner en donjon cette fois encore. »

… C’était … Etrange. L’air toujours farouche, elle posa quelques questions pour nourrir sa curiosité. « Eeeet … C’est vous la cheffe de groupe à nouveau ? Vous êtes du groupe d’attaque ? Je pensais que vous étiez de rang C. »

« Détrompe toi, je suis bel et bien de rang B. Et non, je suis du groupe de dépeçage que je vais seconder. »

… Donc elle était chef de son groupe à elle. On pouvait alors lire la consternation sur le visage de Gura qui regardait, tête penchée vers le haut, trident sur l’épaule. On pourrait presque dessiner un logo « Chargement » sur son front tellement c’était visible qu’elle essayait de faire sens de tout ça…

« Donc … Vous êtes en fait une chasseuse de rang B … Mais qui était la cheffe d’une expédition dans un donjon de rang D la première fois qu’on s’est vu. Et. Vous avez pas tout dégommé sur votre passage. » La petite Gura grimaça de plusieurs expressions, différentes saveur de confusions et de frustration. « … Pourquoi ? Qu’est-ce que … ? »

La grande brézilienne vint poser un doigt sur les lèvres de la jeune femme. Son air était sérieux et pourtant, ce doigt était posé si délicatement sur ses fines lèvres, la faisant loucher un instant avant que la rousse ne s’explique.

« C’était un test, disons. Pour toi comme pour moi. » La requine fronça les sourcils et secoua la tête dans ce même sentiment d’incompréhension. « Voir si tu étais capable de réellement t’en sortir après le fiascos de ta première fois… Et pour moi, c’était aussi un test pour voir si j’étais une bonne observatrice. Une bonne gardienne. »

Oh, tout d’un coup, tout était clair. Si claire que Gura vint frapper la main d’Aiko pour qu’elle cesse de lui bloquer la bouche avec son doigt. Encore un geste pour les gamines, au passage. Cela lui hérissait les écailles. Mais oui, c’était clair et elle ne savait pas comment le prendre, en réalité, montrant un peu les crocs d’un air farouche.

« C’est monsieur Matsui qui vous envoie alors ? Quoi, donc vous êtes en job de babysitter pour la pauvre petite Gura, hein ? La toute petite Gura qui ne peut pas se défendre et qui apprend encore à compter et lasser ses chaussures ? »

Il semblerait qu’elle ait choisit de le prendre mal. Visiblement, elle n’avait pas tort puisqu’Aiko n’avais aucune expression contredisant cette théorie. Encore une fois, elle voyait sa fierté se faire poignarder sans merci. A chaque fois qu’on la traite comme une gamine, le couteau se remuait dans la plaie mais là, c’était un tout autre level de n’importe quoi. La guilde de la Gloire était chargée de son apprentissage en tant que nouvelle chasseuse et ses cooéquipiers « naturels » se chargeaient assez bien de l’assister et de lui apprendre les cordes du métier. Elle n’avait pas besoin d’une Aiko de Rang B ou peu importe pour lui tenir la main constament. Surtout Aiko ! Elle semblait si sévère et presque sans émotions à certains moments. Un peu comme maintenant, en vrai, où elle ne réagit pas à son petit ras le bol, si ce n’est que par d’autres paroles calme.

« Ne soit pas ridicule non plus, Gura. Je te rappelle que je t’ai vu agir en donjon. Aucune petite fille n’aurait pu faire ce que tu as fait. Et tu te doute bien que je ne suis pas là pour m’amuser ou me moquer de toi. J’ai d’autres choses à faire que de constamment avoir le nez fourré dans des donjons. Que tu ais besoin de ma protection ou pas, Matsui Kazuma me paie allégrement pour t’accompagner et veiller à ce que son idole revienne en un seul morceau. Tu pourra raler et faire, les faits sont là : je t’accompagnerai souvent en donjon, ou du moins jusqu’à ce que ton manager en décide autrement. »

Donc en résumé, une babysitter qui la collera, qu’elle le veuille ou non. C’est bien ce qu’elle pensait. Derrière la petite dame, le chef d’équipe de rang B commençait à rallier ses troupes et la force d’attaque entrait déjà dans le donjon alors que la majeur partie de ce petit mon se reposait encore sous les arbres ou sur les bancs du parc. Ils n’allaient pas tarder mais il fallait laisser la force d’attaque faire son boulot. En attendant, Gura finit par soupirer par dépit… Et afficher un sourire en coin un peu moqueur.

« Pour que Matsui-sama vous ait dépéché, vous devez être quelqu’un de fortiche et d’influent, n’est-ce pas, Aiko ? Moi, à votre place, je trouverais ça plûtot humiliant de finir à votre place. A perdre votre temps avec une « gamine ». Mais bon. »

Oui, elle avait un peu de venin à cracher malgré les pas faits vers elle par la grande nounou. Celle-ci croisa les bras d’une air pensif. Elle ne semblait pas touchée par sa petite raillerie. Du moins en apparence.

« Détrompe-toi, Gura … C’est mon métier de protéger les autres, toi ou n’importe qui. Et s’il te plait, si nous somme destiné à nous voir régulièrement, tutoie moi. »

Gura leva sa main libre pour la faire prendre la forme d’une bouche qui parle et secouant légèrement la tête de droite à gauche, presque à faire « blah blah blah » avec pour lui faire comprendre qu’elle voulait avoir le dernier mot pour préserver cette fierté. Bien entendu, Aiko sembla frustrée par cette gestuelle enfantine, ce à quoi Gura répondit avant de se retourner vers le donjon et d'y entrer sans attendre la rousse.

« Je suis désolée Aiko. Ces moments sont sensés être mes échappatoire. Et toi ? C’est peut-êre pas ta faute … Mais t’es l’obstacle à cettee échappatoire. Allons-y … J'ai déja hate de rentrer pour me prendre une aspirine… »

Une fois dans le donjon en question, Gura regarda autour d’elle d’un œil circonspect. Ils étaient sur un bateau ? Alors pourquoi ne voyait-elle qu’un immense désert tout autour d’eux ? Le bateau était immense, en assez mauvais état mais ce n’était pas une simple crique asséchée, non. Ils étaient vraiment perdus au milieu du désert. Aucune trace de civilisation ou même de verdure ou d’eau à l’horizon, juste la chaleur qui déformait l’air et un soleil presque aveuglant en réalité. Gura aurait sans doute lancé quelques blagues ou des remarques pour faire sa maline et s’amuser avec les autres chasseurs qui sont rentré avec elle mais avec Aiko dans son dos, le morale n’y était pas vraiment. C’est même boudeur qu’elle regarda l’entrée de la calle à l’autre bout du navire qui ressemblait en tout point à un énorme galion qu’auraient pu utiliser les pirates à l’époque.

Aiko, de son coté, semblait se tenir à son professionnalisme et ne s’émerveilla, ni ne se fit surprendre par le décor. Au contraire, elle croisait les bras en fixant la petite dame qu’elle devait protéger, ressentant visiblement des sentiments conflictuels vis-à-vis de leur dernier échange. Du point de vue de Gura, la rousse n’était là que pour le fric et pour la fliquer, ce qui n’allait pas améliorer leur relation de si tôt, vu comment ce requin pouvait être têtu. Un homme avec un bandana sur sa tête se tenait à l’autre bout du bateau, quelqu’un de la force d’attaque sans doute, faisant signe au petit groupe qui venait d’arriver.

« Pas trop tôt ! Venez, l’entrée est par là ! Cela fait bien 10 minutes que j’attend pour vous montrer le chemin, hehe … »

Vrai que le temps passe différemment dans les donjons que dans leur monde. Ils avaient attendu quelques minutes à peine et cet homme semblait déjà dire que cela faisait des plombes. Mais qu’importe. Encore une fois, Gura était désormais un peu de mauvaise humeur et se contentait d’avancer avec les autres, trident sur l’épaule. Mais lorsqu’elle dépassa le mec au bandana, celui-ci ricana à nouveau.

« Hey, petite … T’es de l’équipe de dépeçage, non ? Tu crois pas que tu vas tâcher ton pijama ? Hehe … »

L’idole regarda ses vêtements. Oui, elle avait toujours son hoodie aux motifs de requins. Un hoodie trop grand pour elle, qui tombait presque à mi-cuisse, avec une machoire de requin un peu cartoon dessiné sur le coté, sans compter la capuche qui était 100% à l’effigie d’une tête de requin. Suite à ça, elle plissa les yeux et lui jeta un regard mauvais suivit d’un petit grognement de frustration. Si elle ouvrait la bouche, ça serait pour le ruer d’insulte alors elle contint sa rage pour se mettre à descendre les escaliers vers les entrailles du navire. Elle aimait ce costume mais il est vrai que de temps à autre, elle aimerait porter autre chose que ce truc. Pourtant, elle était … Obligée. Matsui-sama voulait que cela soit apparent, que cela renforce son image marketing au prix de sa dignité. Elle était une esclave. Elle était juste une esclave. Toujours, elle n’a été qu’une seule chose : une esclave.

Mais Aiko, derrière elle, ne manqua pas de faire ce que Gura se retint de faire et regarda le gars entre quatre yeux en veillant bien à lui agripper le col. Dommage que la requine était déjà partie dans les entrailles du navire.

« Tu es de rang B, n’est-ce pas ? Tu devrais savoir que la cohésion du groupe est importante à toute étape du donjon et ce genre de remarque ? Cela porte atteinte à cette cohésion. Lorsque tu seras en danger, elle ne viendra pas te sauver. » Puis elle lâcha l’homme un peu hébété de manière presque brutale « Et moi non plus … Alors va rattraper l’équipe d’attaque. Tu sera plus utile qu’ici, à cracher des blagues déplaisante … »

…

A l’intérieur, comme attendu, le bateau était jonché de cadavre de créature à écailles. Elle pouvait même se dire avec assurance que c’était des lizardman. Oui, comme le personnage de Soul Calibur. Ne croyez pas, Gura a passé quelques heures à s’amuser sur ce genre de choses aussi. Maigre distraction pour faire oublier sa vie misérable. Mais oui, ils ressemblaient très pour très au même genre de créature, avec des haches et des glaives non loin de leur cadavre et … des cadavres … D’autres créatures désertique. Il semblerait que l’équipe d’attaque les avaient dérangés juste après leur chasse. Un rugissement tonitruant vint cependant secouer les bois sec de l’endroit, quelques planches venant même craquer et percer quelques trous supplémentaire, apportant de la lumière à l’endroit. Se tenant grace à son trident planté dans le sol, Gura resta figée un instant avant de regarder autour d’elle.

« C-C’état quoi ça ? »

« Le boss. » Répondit simplement le mec au bandana d’il y a quelques instant. « L’équipe doit pas être loin d’avoir nettoyé l’endroit mais on a pas encore trouvé de signe du boss … Malgré qu’il gueule comme un putois. Mais du coup, c’est une raison de plus de pas trainer, hein ? Aller, moi je rejoins les autres. »

Et ainsi, les mains dans les poches, il se mit à trottiner dans les tréfonds de l’endroit, non sans une grimace de Gura qui ne pouvait pas piffrer ce mec, du coup. Elle soupira avant qu’Aiko ne pose sa main sur l’épaule de la petite.

« Prend garde à toi, Gura. C’est un donjon de Rang B. Même dans une équipe de dépeçage, le moindre soucis peut prendre des proportions extravaguantes pour qui n’a pas le même rang. »

Montrant un peu les dents, Gura vint donner une pichenette à la main sur son épaule pour la déloger. « Okay m’man. » Répondit-elle de manière arrogante avant de planter son trident dans un monstre mort et se pencher au dessus de lui … Sortir un couteau d’une de ses poches pour commencer le sale boulot.

Cela faisait trente minute que Gura se focalisait sur le dépeçage, récupérant cristaux de monstre sur cristaux de monstre. Les cris du boss continuaient de résonner et ils étaient bien à leurs troisièmes salles, liées par des couloirs en planche. Ce bateau était vraiment énorme. Alors que la requine assumait le coup de sa mauvaise humeur, l’équipe d’attaque revint sur ses pas pour rencontré l’équipe de l’idole. Le chef du groupe ne manqua pas de parler à Aiko, la cheffe de l’équipe de dépeçage. L’homme était moustachu, bien battit, chauve, il en imposait dans un sens et semblait sage, réfléchit.

« Bon, c’est plus compliqué que prévus. On a atteint le fond du bateau mais on n’a pas trouvé le boss. Mais de toute évidence, il est bel et bien là. Donc soit il se trouve dans une salle secrète, ce qui m’étonnerait forcement … Soit il est constamment en mouvement dans ou autour du bateau. Vous avez beaucoup de rang C avec vous ? … »

« Hmm … Une majorité, monsieur. »

« … Très bien. Alors soyez sur vos gardes. N’essayez pas de confronter le boss s’il apparait sur votre chemin. Courrez vers l’extérieur et laissez nous nous en charger. On a deux rang A avec nous. Le battre en sera pas un problème mais je ne veux pas un mort durant cette mission, comprit ? »

« Bien entendu monsieur. C’est mon but également. Je redoublerais de vigilance. »

Pendant ce temps, la petite était en train de dépecer un homme lézard … Assez violement. Elle tirait sur le cuir écailleux de toute ses forces, forçait la peau à se déchirer sous son couteau tendu, son trident planté à travers le crâne de la créature ne serait-ce que pour la maintenir en place pendant qu’elle le déchiqueter. Elle grognait de frustration. Non, ce n’était pas un bon jour. C’état sensé l’être, ça ne l’était plus depuis que Aiko lui révéla la vérité. Celle-ci vint d’ailleurs s’accroupir à coté d’elle, avec une expression un peu plus douce.

« Hey … »

Mais Gura ne la laissa pas répondre, fronçant les sourcils. « Oui oui, le boss rode dans les environs, j’ai entendu … »

« Non, je ne voulais pas te parler de ça. » La rousse se tût un instant, examinant avec … Presque inquiétude la façon un peu violente de faire de la petite. « Ecoute, Gura. Je ne veux vraiment pas travailler avec toi dans ses conditions. Je ne suis pas là pour te donner des ordres, d’accord ? Je suis simplement là pour veiller sur toi si quelque chose tourne mal. »

L’idole resta silencieuse un moment, son visage … Se fermant un peu plus à ses mots. Un coup de couteau plus tard pour déloger un cristal, elle finit par grogner. « C’est bien ça le problème … Mais tu ne peux pas comprendre. »

Personne ne pouvait comprendre. C’est ce qu’elle se disait. Une vie à être toujours sous les ordres de quelqu’un, à se faire dicter sa vie, lui donner des choix qui n’en étaient pas. La tyranie de ses parents la forçant à suivre des études qu’elle ne voulait pas, le rejet de ceux-ci la seule fois où elle se rebella, deux longues années de misère à se faire sous-payer et être traité comme de la merde par ses patrons … Et finalement, cinq longues années à faire l’idiote sur scène. Encore une fois, ses deux choix étaient ça ou finir à la rue. Autant dire qu’il n’y a jamais eut de réels choix. Elle était … Trainée ici et là comme de la marchandise, à se faire engueuler quand quelque chose n’était pas assez bien pour eux, à se faire réprimander, menacer, menacer, encore et encore menacer. Gura était une esclave des temps moderne. Et les donjons ? C’était… Son moment de liberté. Où elle vivait en égalité avec d’autres personnes, où elle n’était enchainée que par la loi de la survie et par rien d’autre. Elle venait de découvrir, en une existence de vingt-cinq ans, son seul moment de liberté, de joie, même si cette joie peut parfois être ternie par la dure réalité de la vie et des combats, la douleur et même la mort … Mais au moins, c’était des moments qu’elle s’appropriait complètement. Des moments à elle, et pas dédicacé à d’autres.

Gura était visiblement tortuée en déchirant la chair mais elle finit lentement par arrêter pour se passer une main sur le visage, cacher ses yeux tremblotant. Elle devait retenir ses larmes. Elle devait oublier cette existence misérable. Retrouver son rôle de petite gamine toute joyeuse … Mais Aiko, attentive, observatrice, pencha la tête sur le coté pour essayer de capturer son regard.

« … Peut-être est-ce que je comprends d’avantage que tu ne semble le penser, Gura. »

Elle ravala sa salive et respira profondément pour repousser les larmes et finir par reprendre son couteau en main, feintant de simplement essuyer la sueur de son front. « J’en doute … »

« Je fais mon boulot. Mais je sais que ce n’est pas ce que tu veux entendre. Au lieu d’être ton gardien de prison, tu ne préférerais pas que l’on devienne amie ? Je sais que lors de notre premier donjon, j’ai été un peu sèche et froide mais depuis, j’ai vu que tu n’étais pas qui je pensais que tu étais. »

« Ah, tiens, c’est intéressant ça. Et tu pensais que j’étais quoi, Aiko ? Je suis très curieuse, d’un coup. » L’idole lui adressa un coup d’œil en billet. « Une gamine ? Une pisseuse ? Une idole choyée avec des caprices de star ? Quelqu’un qui pète plus haut que son cul et qui se croit être la reine du monde ? Bah si c’était ce à quoi te pensais, non, effectivement. Je suis juste un déchet sur lequel on a collé un beau ruban … »

Un silence s’installa … Mais Aiko finit par trouver les mots. « Ce n’est pas l’impression que j’ai eu. J’ai vu une jeune femme avide d’aider les autres. De protéger ses partenaires. Qui avait juste besoin d’une tape dans le dos avant qu’elle ne gagne des ailes et fasse preuve d’un grand courage. Ce genre de personne, j’aimerais les appeler des amis et les faire sentir confortable en ma présence. »

En réfléchissant à ses mots, Gura se mit à rougir et à faire la moue. En vrai, elle voulait sourire, ça lui donnait envie d’être un peu plus radieuse mais sa fierté mal placé l’obligea à faire la moue. « M-Mouai … J’aurais pas dit ça exactement comme ça, moi. »

Mais avant de pouvoir extrapoler, les deux femmes tombèrent sur les fesses après une nouvelle secousse, mais celle-ci, pas seulement le produit d’un rugissement…

Le rugissement était puissant, très proche d’elles mais le navire commençait à craquer ici et là. Gura n’osa pas bouger, assise au sol. Elle avait l’impression … Qu’elle se retrouvait subitement sur un lac gelé. Pas en terme de sensation mais plutôt, elle avait l’impression que le moindre faux pas allait faire s’écrouler le sol. Le boss était là ? Il détruisait le navire ? La confusion s’emparait de la jeune femme alors qu’elle cherchait pour la première fois le regard d’Aiko.

« I-Il se passe quoi ? On fait quoi ? … »

Aiko prit un instant pour regarder autour d’elle, analyser la situation. Dans l’immédiat, aucun monstre ne surgissait des murs, le plafond ne leur tombaient pas sur la tête alors elle se remit sur pied et leva la voix.

« Ecoutez tout le monde ! Prenez le butin et commencez à le rapporter vers le portail ! On reviendra après qu’on ait évalué la situation, on ne prend pas de risque ! Aller ! »

Le reste du groupe, au moins aussi confus que l’était Gura, finit par suivre les ordres d’Aiko et rassembler les matériaux récolté dans des sacs et se hâter vers le haut du navire. La rousse vint aider le requin à se relever en lui tendant la main, mains que la naine accepta timidement. Ce qui était simplement une récolte devint une mission un peu plus stressante. Malgré son inexpérience, Gura comprenait bien qu’un boss de rang B était redoutable et mortel pour elle. Alors c’est en légère panique qu’elle ramassa tout ce qu’elle pouvait et commença à faire marche arrière, sortant de la grande salle dans laquelle elle était pour courir dans les couloirs  étroit du bateau. Mais alors qu’elle faisait la course dans cet endroit lugubre, une voix venant de loin gueula.

« ATTENTION EN DESSOUS !! »

Et comme annoncé, l’étage au dessus d’elle se mit à se fracasser dans un choc violent, le bois éclatant, les débris venant lui éraflé le visage alors qu’elle sentait son dos être repoussé contre le corps de sa gardienne. Dans ce grand fracas, Gura pu entrevoir … Trois chasseurs  utilisant toutes leurs forces pour donner un coup descendant sur une créature énorme. Ce n’était pas un homme lézard, non. C’état plutôt un énorme dragon de komodo avec crocs et piques partout. Le boss ? Les chasseurs hurlaient sous le poids de leur propre attaque, emportant l’énorme bête  de l’étage au dessus à cet étage, puis dans le même élan, fracassa la sol pour tomber plus bas. Alors qu’elle tenait debout seulement grace à la poigne d’Aiko, elle vit les autres chasseurs du groupe d’attaque sauter du trou plus haut pour rejoindre ceux qui s’étaient jeté à corps perdu sur le monde.

« ALLER, ALLER ! Les tanks, reprenez l’aggro ! »

« Que les DPS s’écartent, je vais les soigner ! »

« Ne le laissez pas repartir dans le bateau ! »

« Bougez !  Stalactite en route ! »

Des ordres et indications fusaient alors que les tanks s’étaient engouffrés dans l’énorme trou béant, le monstre de la taille d’une maison ayant presque coupé le navire en deux dans sa chute. Des stalactites tombèrent effectivement de l’étage d’au dessus, énormes piques de glaces lancé par un mage qui vint fendre l’air par dizaine pour empaler le monstre avec un peu de chance.

Mais du coté de Gura, elle voyait de l’autre coté du trou le reste de son équipe qui avait de l’avance, regardant avec surprise le même spectacle qu’elle. Aiko et elle fermaient la marche et désormais, un gouffre les séparaient du reste. Lorsque la petite regardait l’ampleur des dégâts, elle pouvait voir que le bateau était presque coupé en deux. Et comme pour rajouter du sel sur la plaie ouverte, une autre secousse vint lentement faire craquer le bois …

« Gura, saute ! »

« E-Et toi ?! »

Le sol commençait à … pencher. Tout la structure du coté de la requine et de la rouquine commençait à s’incliner en arrière.

« Je m’en sortirais, saute ! »

« Mais t’es une mage ! Tu peux sauter ça ? »

« Saute, je te dis ! »

Aiko la poussa, pas assez pour la forcer à sauter cependant. Elle se força à reculer pour rester du même coté qu’elle, une expression farouche au visage.  « Et te laisser là ? Jamais ! »

Mais à force de pencher, le bois se brisa de plus en plus jusqu’à complètement céder. Les deux femmes se mirent à rouler le long du planché qui devint de plus en plus vertical. Ce qui se passait, d’un point de vue extérieur, était que le navire se fendait en son milieu et la partie avant de celui-ci commençait à tomber le long de la dune géante qui supportait ce bâtiment marin. Il piquait du nez et finit par se planter dans le sable alors que les deux femmes criaient et gémissaient suite à cette mauvaise chute. Mais avant de s’écraser tout en bas du navire, la requine eut le réflexe de planter son trident dans le bois et de s’y tenir. Les pieds dans le vide, dans un décors penché à 90°, tenant son arme et l’autre main tenant son sac de butin … L’idole finit par pousser un petit cri de douleur et d’effort alors que dans sa chute, Aiko s’était accrochée à ses jambes pour ne pas tomber. Elle n’allait pas l’engueuler non plus mais ça lui tirait sur les muscles …

« Ghnn … A-Aiko … » Le bateau semblait s’être immobilisé et à part les débris des tonneaux brisé et des fillets qui tombaient encore, tout semblait se stabilisé. « Aah … Je pense que le bateau a foutu le camp … »

« Oui … Il s’est brisé en deux … Et le portail se trouve tout en haut. Il faut remonter. »

« Okay … Accroche toi ! »

La petite chasseuse sortit son couteau à dépecé de sa poche et le planta dans le bois, plus haut. Sortant son trident, elle le piqua plus haut encore, se hissant et se mettant à grimper la carcasse du navire ainsi, tirant Aiko vers le haut. C’était l’avantage d’avoir une force surhumaine.

« Tu es sure que ça va aller Gura ? »

« Ouai … Ouai, je … Y a que comme ça … Qu’on va monter, pas vrai ? Ghnn ! »

Petit à petit, les deux virent se hisser sur les planches brisées du « haut » de la ruine, se dressant parmi les débris, Gura un peu essoufflée alors que la mage se redressait  sur une poutre tordue. Les deux admiraient le spectacle au loin … L’équipe d’attaque en train de batailler corps et âme contre cette créature géante, dans le sable, dans l’espace séparant désormais l’avant et l’arrière du navire. Et elles devaient traverser cet étendue de sable les séparant pour rejoindre le portail, tout là haut, perché sur l’un des points les plus haut du bateau.

Gura soupira, remettant son sac sur son dos avec lassitude. « Bon … Bah on va devoir courir en essayant de pas attirer son attention. »

« Non. » Gura releva le regard vers Aiko, intriguée. « Je vais me joindre à l’équipe d’attaque. Toi, tu remonte. Je peux pas me permettre de te mettre en danger. »

« … Mais t’es sensée être ma gardienne, non ? Tu vas me laisser revenir seule ? »

« S’il te plait Gura. Fait moi confiance comme je te fais confiance pour sortir d’ici en un seul morceau. »

Gura n’était pas sûre que c’était la meilleur solution mais … Elle voulait lui faire confiance. Elle voulait faire confiance à Aiko car elle avait … Change du tout au tout entre la précédente mission et celle-ci. Elle s’inquiétait pour elle et elle n’avait pas l’impression que c’était que à cause de son contrat avec son manager. Peut-être qu’elle lui avait fait bonne impression durant leur premier donjon ? Peut-être avait-elle compris quel genre de victime elle était ? Elle n’en savait rien … Mais dans tout les cas, la fatigue de la chute puis de l’escalade n’eut pas raison du requin et elle porta son sac sur son dos, poussant un petit grognement déterminé.

« Si tu crève, je demande personnellement à Matsui-sama de rompre ton contrat … »

Une blague idiote pour se donner du courage et son regard devint sérieuse. L’idole n’attendit pas de réponse avant de sauter en bas de cette coquille vite qu’était les débris de cette grande arche. Elle sauta sur une poutre, puis dans un filet suspendu et finalement, elle tomba dans le sable, se redressant en voyant pas si loin d’elle tout le groupe en train d’essayer de pourfendre le boss. S’ils avaient fait forte impression en frappant le gros lézard à travers le navire, il était évident que ce n’était qu’un bon coup occasionnel  et que les deux camps étaient en réalité à armes égales. La bête se débâtait, mordait, griffait, fouettait de sa queue écailleuse et en toute franchise, elle ne savait pas comment les tanks arrivaient à encaisser à ce point la force dévastatrice de ce destructeur.

Aiko de son coté, se laissa glisser le long du « plancher » incliné après avoir offert un sourire amusé à Gura et se mit à courir sans hésitation vers le groupe d’attaque, confiante en ses capacités, elle aussi de rang B après tout. Des mots se sont échangé en criant lorsqu’elle se rapprocha du groupe mais Gura ne les entendit pas vraiment, trop focalisée à ne pas se faire chopper durant sa course de retour. Cela marchait plutôt bien. La créature était trop occupée pour voir la petite chasseuse bleue courir comme elle pouvait, les pieds dans le sable, un gros sac brun sur l’épaule. Mais un gros problème se dressa devant elle. La dune commençait à être beaucoup raide pour espérer grimper jusqu’aux rebords brisé du bateau. Elle marchait, elle grimpait, mais le sable fin se dérobait sous ses pieds, la faisant glisser à nouveau au pied de la dune. Elle essaya même de sauter avec sa force surhumaine mais même si elle arrivait plus haut, elle glissait comme sur une pente savoneuse.

« Urk, c’est pas vrai ! Quelqu’un peu pas aider un requin en difficulté ?! »

Elle râlait à voix basse, presque comme si elle s’inquiétait que le monstre la remarque… Mais au final, Gura se retourna en sentant un regard posé sur elle et bien évidement, elle croisa l’œil de l’énorme dragon de komodo.

« … Non ?! »

Elle se dit choquée, désabusée. La créature ignora alors les sorts qui ricochaient sur sa peau dur et les armes de lancé jeté sur lui, attiré par la perspective d’une petite créature comme elle embourbée dans le sable.

« Bien évidement … » Le sort lui en voulait, on dirait. La bête hurla. « Bien évidement. » Puis elle se mit à charger en sa direction. « BIEN EVIDEMENT ! KYAAAAAAH !! »

Mais alors que Gura patinait dans la semoule qu’était ce sable fin qui l’empêchait de s’élancer comme elle aurait pu le faire, un autre monstre apparut au dessus du bosse. Un loup vert qui venait de bondit et d’atterrir avec toute sa force sur la tête du monstre qui finit par planter son long museau dentu dans le sable, à quelques centimètres des pieds d’une Gura au sol. Pas le temps de cligner des yeux, le loup essaya de mordre la nuque épaisse du monstre, arrachant un bout d’écaille et une fine gerbe de sang avant que le boss ne se redresse. Retirant sa tête du sol, il catapulta sans doute sans même le vouloir  la petite chasseuse qui décolla dans les airs pour rouler dans le sable plus loin, dans une symphonie de cris de douleur presque adorable.

« Ah ! Ouh ! Gah ! Fouah ! »

En sortant la tête du sable, elle vit le loup revenir à sa maitresse, Aiko qui avait une position guerrière, le mouvement de ses mains dirigeant l’animal  alors qu’elle avait une expression de tueuse. Elle renvoya son invocation à l’attaque pour tenter de dévier son attention de Gura. Des voix s’élevaient ici et là.

« Les pattes ! Attaquez les pattes ! »

« Vite, il est en difficulté ! »

« Gamine, dégage d’ici ! »

« Gura, fuit ! »

En entendant les conseils, et réagissant en réalité qu’à l’appelle de son nom tellement elle était secouée par la situation, elle se redressa et reprit son sac et son arme enfouis dans le sol. La bête essayait encore d’avancer vers elle, faisant claquer ses énormes mâchoires devant elle mais retenu par les tanks et guerriers venant lui tirer la queue, les pattes, et surtout cette puissante invocation qui lui mordait la gorge et gardait le dragon près du sol dans des grognements sourd. Mais qu’était-elle sensé faire ? Il ne fallait pas juste s’écarter, ll fallait qu’elle se mettre à l’abri et rejoigne les autres équipes qui regardaient le spectacle impuissant depuis tout là-haut. Puis en voyant la taille imposante de la créature, elle eut une idée folle. Elle se saisit de son trident avec l’intention de l’utiliser, ce qui fit écarquiller les yeux d’Aiko plus loin qui transpirait en contrôlant son invocation et utilisant toute sa force pour retenir la machine à tuer.

« Qu’est-ce que tu fais Gura ?! Arrête !! »

Mais la rune du requin commençait déjà à agir. L’eau se formait autour de ses pieds et une colonne d’eau la fit bondit dans les airs. Pas assez pour atteindre tout là haut, bien entendu. Utilisant son Shark Jump, la forme d’un requin d’eau fondit en piquer sur le monstre, au niveau de sa tête. Elle ne pourrait pas percer ses écailles. Elle les avaient regardé, même les chasseurs de rang A avaient du mal à vraiment le blesser. Alors… Pour faire ce qu’elle voulait faire, elle devait planter son trident dans une surface molle.

Avec tout l’élan, le requin d’eau s’abattit sur le monstre, ne lui faisant pas vraiment mal mais l’aveuglant un instant … Avant que la bête ne pousse un autre puissant hurlement, faisant trembler le désert. Gura ressortit de l’eau, debout sur le crâne de la tête, son trident profondément planté dans l’œil désormais pissant le sang de la créature. Même l’invocation, même les tanks volèrent aux alentours sous la violence de sa réaction, se débattant, jetant son corps à droite et à gauche de douleur alors que le requin tenait son sac de butin avec les dents, tenant le manche de son arme comme si elle tenait à sa propre vie, se faisant balancer de droite à gauche violement. Elle devait tenir. Elle ne devait pas lâcher. Elle devait mettre toute ses forces justes pour tenir, resté sur cette créature. Elle grognait. Elle sentait les muscles de ses bras dépassant leur limite. Le tissu musculaire se déchirer petit à petit, elle en pleurait même tellement la douleur était fameuse, tellement la violence la menait tout autant à bout que le monstre l’était.

Mais lorsque le monstre se fatigua un tant soit peu, elle se redressa un peu, à genoux sur la tête de la créature … Et inclina son Trident pour faire réagir la bête qui se mit à avancer à l’aveugle, de manière chaotique, hurlant toujours. Elle ne pouvait même plus entendre les gueulantes des chasseurs, elle avait du sang dans la tête et ses bras étaient en charpie mais il fallait tenir, s’accrocher à ce trident, encore alors que le monstre fit ce qu’elle espérait qu’il fasse. Il monta la dune vers le bateau en haut. Ses puissantes pattes et sa taille n’étant rien contre l’inclinaison du sable. Mais bien entendu, la créature ne monta pas tout là-haut, non. D’un coup violent de tête, l’idole se mit à voler dans les airs, lâchant son arme, n’ayant plus la force de le tenir. Elle tournoyait de manière chaotique, comme un pantin désarticulé … Mais elle ne pouvait plus changer de plan. Plus maintenant. Il n’y avait pas de plan B. Plus de peur sur son visage, juste la douleur et la détermination.

Elle était si proche et pourtant si loin. Le rebord du bateau était presque là, à portée de main. Il lui fallait juste un peu de distance en plus. Elle utilisa alors Doppleganger, la rune qui lui servait à créer des clone, espérant qu’elle puisse s’en sortir ainsi, sa dernière chance. Ses clones jaillirent devant elle, le premier s’accrochant au rebord du bateau, puis la deuxème se tenant aux jambes de la premières et enfin, Gura s’accrocha aux jambes de la dernière… Non sans un énorme cri de douleur étouffé par le sac qu’elle avait en bouche.

« HHHRRRRRMMMMAMMMMAAAAANNN !!! »

Elle avait l’impression que ses bras allaient s’arracher d’un moment à l’autre. En réalité, ce n’était pas le cas, mais la douleur lui faisait lâcher prise, pendant ainsi, les pieds dans le vide. La seule chose qui la sauva … C’était les autres membres des autres équipes qui vinrent se précipiter, descendre les étages du bateau éventré pour venir  hisser Gura ses clones. Clones qui disparurent  une fois qu’elle fut couchée sur la terre ferme.

Elle cracha le sac et se mit à gémir, hurler presque. « AAAAAAAAAH ! OOOOH ! B-BORDEL ! J’AI JAMAIS EU AUTANT MAAAAAAAAAL !! MES BRAS ! »

Une soigneuse rejoignit alors la petite qui se tordait de douleurs, les bras ballant et vint apposer ses mains sur ses articulation souffrante. « Shhh, calme-toi… La douleur va partir. Mais il faudra aller voir un médecin après ça. Je pense que tu auras quelques séquelles … »

« Aah … Aaaah … M-Mes bras … Ghnn … Phew … » Elle sentait petit à petit la douleur être soulagée alors que le combat faisait encore rage là en bas … Comme on dit, c’est le métier qui rentre.

« Vous avez vraiment de la chance d’être une chasseuse, mademoiselle Gura. Sans ça, j’aurais dit qu’il vous faille plusieurs mois de ré-éducation progressive pour vos ligaments et vos muscles déchiré afin de vous remettre sur pied… Mais pour avoir vu ce genre de chose chez des chasseurs avant, je dirais que deux bonnes grosses semaines, peut-être trois, et vous pourrez retourner en donjon sans craindre les courbatures. »

Le monstre finit par être vaincu. Les équipes d’attaque, dépeçage, minage, tous étaient rentré. Ils étaient hors du portail du donjon qui se refermait après que le boss n’ait rencontré son créateur. Le butin était copieux, on lui avait même ramené son trident, il n’y a pas eut de mort, ni même de blessé grave … Sauf Gura. On lui avait retiré son hoodie en forme de requin, la laissant en t-shirt simple, les manches relevées  alors qu’elle avait des bandages partout autour des bras, et même l’un d’eux soutenu par une atèle. Elle était assise sur le bord d’une ambulance mise à disposition pour les chasseurs, le regard vide, dirigé vers le sol. Elle ne savait pas quoi ressentir.

De la douleur ? De l’épuisement ? Qu’est-ce qui la rendait si amorphe ? Non … C’était l’adrénaline du moment qui s’était dissipée. Elle était malheureuse ? heureuse ? Elle ne savait pas. Elle ne ressentait rien pendant un moment. Elle avait eu peur. Peur au point d’en pleurer mais la dureté de l’effort, son instinct de survie … Il y avait beaucoup de choses qui se bousculaient dans sa tête, ou au contraire, qui … N’arrivaient plus jusqu’à son cerveau.

« Ceci n’est que provisoire … On vous emmène une fois que votre équipe ait finit avec le rapport d’incident pour vous offrir un vrai traitement. Les soigneurs ont fait du beau boulot. »

Lorsque le médecin s’écarta, Aiko s’approcha. La grande rousse attendait à distance, l’air inexpressif. Elle s’assit à coté de Gura, silencieusement … Et en remarquant enfin sa présence, la petite ferma lentement les yeux et vint se laisser tomber sur le coté, reposant doucement sa tête sur l’épaule de la rousse qui fut un peu surprise … Mais qui au final, vint délicatement passer un bras autour d’elle pour caresser tendrement les cheveux de la jeune femme aquatique.

Elle n’aimait pas Aiko au début mais elle avait fait ses preuves. Elle y serait passé si elle n’était pas là. Et elle n’était pas si infâme qu’elle le croyait. La preuve, elle avait eut raison de se laisser aller contre elle car celle-ci lui offrait une tendre affection qui était sans doute rare pour elle de donner. Le requin resta silencieux un moment avant de chuchoter d’un air distrait.

« Je veux y retourner … Je veux retourner en donjon … »

Ce qui fit soupirer la brésilienne. « Je t’ai entendu hurler depuis le bas de la dune. Tu veux vraiment y retourner après ce que tu as vécu ? »

« … Aiko ? Cela va paraitre bizarre mais … J’étais … Morte de trouille … J’ai cru que j’allais mourir … Mais … Je crois que ça me plait. J’ai jamais ressentit ça. Je crois … Que je me suis jamais sentit autant en vie … Que lorsque le boss a faillit me bouffer et que … J’ai fait un truc dingue pour m’en sortir. Est-ce que … C’est normal ? C’est pas bizarre de dire ça ?»

La sénior secoua un peu la tête d’un air plus sérieux. « Je ne t’en félicite pas, d’ailleurs … Ton astuce a marché, mais à quel prix. » Elle marqua une pause avant de reprendre d’un ton plus doux. « Mais non. Ce n’est pas bizarre. Nous somme pareille. J’ai tout quitté pour pouvoir à nouveau être sur le terrain, moi aussi. J’ai un certain plaisir à être présente. Dans le moment. »

« Hmm, mais tu sais … J’ai déjà fait un donjon où quelqu’un est mort à l’intérieur. Cela m’a secoué. Je devrais me dire que je ne vais plus jamais en donjon, que je ferais plus gaffe et pourtant … Je veux y retourner. »

« Cela veut juste dire que tu es une casse-cou suicidaire, rien de plus. »

Elles ricanèrent, un peu amusées alors que la petite idole frotte son visage à l’épaule de la rousse. Elle avait peur d’être hors norme, étrange, dérangée … Elle avait peur de tuer des monstres et se mettre dans des situations folles comme ça, c’était signe de folie, de démence, ou même d’idiotie. Mais Aiko était réfléchie. C’était une experte. Même elle trouvait ça normal ? Alors … Cela devait l’être. Elles se ressemblaient plus qu’elle ne le croyait. Et ça lui rappelait ce moment où elle lui a dit qu’elles savait ce qu’était sa situation. Elle fut intriguée.

« Qu’est-ce que tu voulais dire tout à l’heure ? Quand tu disais que tu comprenait ma frustration ? Toi aussi, on te force à bosser contre ton grés ? »

Sa partenaire du moment secoua la tête. « Si tu le veux bien, Gura … Cette discutions sera pour un autre jour. Regarde. Les ambulanciers attendent que je me lève. On doit soigner tes bras. »

« … Okay. Aiko ? Quand je serais sortie, tu voudrais … Enfin … Tu sais … On pourrait peut-être en parler en profitant des Onsens de la ville ? »

La rousse se leva donc de l’ambulance en souriant en coin. Elle vint même … Rire. Franchement rire. Tout en s’éloignant. Elle n’avait pas l’air déplut par la suggestion mais la petite regardait cette dame partir ainsi et la laissant en plant.

« O-Oi ! … C’est un oui ou un non ça ? … »

Mais elle ne devrait pas s’inquiéter de ça. Elle devrait plutôt s’inquiéter de son manager. Ses actes auront des conséquences et Aiko avait beau faire sa douce et celle qui récomforte Gura, elle aussi aurait des comptes à rendre. C’était son job de la garder en un seul morceau. Mais l’idole sera là pour la défendre. Elle lui avait vraiment sauvé la vie.