- Akashi EllyotJoueur
- Messages : 71
Date d'inscription : 07/11/2020
Age : 28
Localisation : Un endroit.
Du vélo en famille. [Quête hebdomadaire][Solo]
Dim 8 Nov - 20:59
Finalement, ces bulles du système étaient toujours là, je devais vraiment avoir pris un sacré coup sur le crâne pour continuer d'halluciner ainsi. Depuis mon retour à la maison, je pensais que ça finirait par disparaître, mais pas du tout et je finis même par me prendre au jeu et à cliquer dessus. Des stats, un inventaire, on aurait dit un de ces RPG qu'Eileen adore. D'ailleurs, pourquoi était-elle encore à la maison à 7 h 30 ?
"Eileen, t'es pas censée être à ton travail à cette heure ?"
"Alors que t'es sorti de l'hôpital récemment ? Certainement pas ! J'ai demandé des congés jusqu'à ce que tu sois totalement remis !"
Quand elle était dans cet état, impossible de discuter avec elle. Maman a eu le malheur de lui donner ce trait de caractère qui définit les femmes de son côté de la famille d'ailleurs. Alors que j'allais simplement retourner dans ma chambre pour téléphoner à mon patron, une nouvelle bulle s'ouvrit, indiquant que je venais de recevoir une quête. Pardon ? Parcourir 150 kilomètres à vélo avec un kilomètre de dénivelé positif sinon... Je savais au moins une chose, ce système ne me connaissait pas, car à la vue du mot punitif, mes poings se serrèrent.
"Dis, ça te botte une longue balade à vélo ?"
Il était 8 h 30, le temps d'établir notre itinéraire et de demander à notre tante de vérifier les vélos. On ferait le chemin en deux fois : de Tokyo jusqu'à Arakawa, dans la préfecture de Saitama avant de reprendre jusqu'au mont Haruna, dans la préfecture de Gunma. Je remettais pour la première fois ma tenue d'entraînement depuis cinq ans. Heureusement, elle m'allait encore. Une fois prêt, nous fîmes un dernier signe à notre tante avant de commencer à pédaler.
À ma grande surprise, Eileen n'avait pas l'air choqué par l'itinéraire que je lui avais imposé, qui m'était imposé par le système d'ailleurs, et mieux que ça, elle arrivait à me suivre sans difficulté, finissant même par être à ma hauteur. C'était moi qui avais perdu ou elle qui avait une bien meilleure condition physique que dans mes souvenirs ? Elle finit même par me dépasser et prendre le commandement.
Les vingt premiers kilomètres étaient une longue succession de routes à péage, ce qui nous ralentissaient un peu, mais pas trop au final, vu qu'il n'y avait pas foule à cette heure. Je sentais mon corps travailler et je suais un peu, alors qu'Eileen allait parfaitement bien. Je ne pouvais pas avoir perdu à ce point, elle s'était donc entraîné quand elle était encore chez notre mère ? Alors que nous passions le dernier péage, elle se tourna rapidement vers moi avant de me lancer un regard malicieux et l'instant d'après, elle accéléra brusquement et commença à creuser un écart entre elle et moi. Mais quelle fille de... Non, on va éviter cette remarque.
Heureusement que j'avais retenu l'itinéraire, car elle avait réussi, en seulement dix minutes, à ce que je la perde de vue. J'ignorais le plan qu'elle avait en tête, mais visiblement, elle voulait me montrer ses progrès depuis tout ce temps. C'était bien parti en tout cas et je me retrouvai donc à pédaler tout seul, regardant autour de moi tout en gardant un oeil sur le compteur de kilomètres qui faisait son petit bonhomme de chemin. Il était 11 h 00 quand le compteur afficha trente kilomètres. Deux heures et trente minutes pour cette distance, en comptant tous les péages, ça me paraissait raisonnable. J'étais parti pour soixante kilomètres en ligne droite, largement tenable. C'est ce que je croyais.
Alors que je voulais prendre une petite rasade d'eau tout en continuant, ma main n'agrippa que du vide et c'est alors que mon cerveau se rappela que c'était ma soeur qui avait les boisons et le repas. Elle l'avait fait exprès ? Non, c'était pas son genre. C'est ce que je me serais dit si son regard juste avant de me fausser compagnie ne m'était pas revenu aussi ! Très bien, elle l'avait cherché. Malgré ma soif, je me mis à accélérer, accumulant les kilomètres plus rapidement que précédemment, mais en me fatiguant bien plus et en suant à grosses gouttes.
Quatre-vingt-dix kilomètres et le panneau m'indiquant Arakawa, j'avais réussi à atteindre notre halte vers 13 h 45, après 5 h 15 de course. Ma fatigue était plus élevée que prévu, sûrement dû au manque d'eau provoqué par ma démoniaque petite soeur. En parlant d'elle d'ailleurs, mademoiselle était gentiment assise sur un banc, en train de manger son bento et quand elle finit par me voir, son visage exprimait un doux mélange entre joie et appréhension de ce que j'allais lui faire. Elle me tendit ma gourde dont je bus la moitié d'une traite avant d'à nouveau la regarder et de lui faire comprendre que ce coup bas allait se payer. La seule chose que vous devez savoir, c'est qu'un simple cri finit par s'entendre dans les alentours.
"Eileen, t'es pas censée être à ton travail à cette heure ?"
"Alors que t'es sorti de l'hôpital récemment ? Certainement pas ! J'ai demandé des congés jusqu'à ce que tu sois totalement remis !"
Quand elle était dans cet état, impossible de discuter avec elle. Maman a eu le malheur de lui donner ce trait de caractère qui définit les femmes de son côté de la famille d'ailleurs. Alors que j'allais simplement retourner dans ma chambre pour téléphoner à mon patron, une nouvelle bulle s'ouvrit, indiquant que je venais de recevoir une quête. Pardon ? Parcourir 150 kilomètres à vélo avec un kilomètre de dénivelé positif sinon... Je savais au moins une chose, ce système ne me connaissait pas, car à la vue du mot punitif, mes poings se serrèrent.
"Dis, ça te botte une longue balade à vélo ?"
Il était 8 h 30, le temps d'établir notre itinéraire et de demander à notre tante de vérifier les vélos. On ferait le chemin en deux fois : de Tokyo jusqu'à Arakawa, dans la préfecture de Saitama avant de reprendre jusqu'au mont Haruna, dans la préfecture de Gunma. Je remettais pour la première fois ma tenue d'entraînement depuis cinq ans. Heureusement, elle m'allait encore. Une fois prêt, nous fîmes un dernier signe à notre tante avant de commencer à pédaler.
À ma grande surprise, Eileen n'avait pas l'air choqué par l'itinéraire que je lui avais imposé, qui m'était imposé par le système d'ailleurs, et mieux que ça, elle arrivait à me suivre sans difficulté, finissant même par être à ma hauteur. C'était moi qui avais perdu ou elle qui avait une bien meilleure condition physique que dans mes souvenirs ? Elle finit même par me dépasser et prendre le commandement.
Les vingt premiers kilomètres étaient une longue succession de routes à péage, ce qui nous ralentissaient un peu, mais pas trop au final, vu qu'il n'y avait pas foule à cette heure. Je sentais mon corps travailler et je suais un peu, alors qu'Eileen allait parfaitement bien. Je ne pouvais pas avoir perdu à ce point, elle s'était donc entraîné quand elle était encore chez notre mère ? Alors que nous passions le dernier péage, elle se tourna rapidement vers moi avant de me lancer un regard malicieux et l'instant d'après, elle accéléra brusquement et commença à creuser un écart entre elle et moi. Mais quelle fille de... Non, on va éviter cette remarque.
Heureusement que j'avais retenu l'itinéraire, car elle avait réussi, en seulement dix minutes, à ce que je la perde de vue. J'ignorais le plan qu'elle avait en tête, mais visiblement, elle voulait me montrer ses progrès depuis tout ce temps. C'était bien parti en tout cas et je me retrouvai donc à pédaler tout seul, regardant autour de moi tout en gardant un oeil sur le compteur de kilomètres qui faisait son petit bonhomme de chemin. Il était 11 h 00 quand le compteur afficha trente kilomètres. Deux heures et trente minutes pour cette distance, en comptant tous les péages, ça me paraissait raisonnable. J'étais parti pour soixante kilomètres en ligne droite, largement tenable. C'est ce que je croyais.
Alors que je voulais prendre une petite rasade d'eau tout en continuant, ma main n'agrippa que du vide et c'est alors que mon cerveau se rappela que c'était ma soeur qui avait les boisons et le repas. Elle l'avait fait exprès ? Non, c'était pas son genre. C'est ce que je me serais dit si son regard juste avant de me fausser compagnie ne m'était pas revenu aussi ! Très bien, elle l'avait cherché. Malgré ma soif, je me mis à accélérer, accumulant les kilomètres plus rapidement que précédemment, mais en me fatiguant bien plus et en suant à grosses gouttes.
Quatre-vingt-dix kilomètres et le panneau m'indiquant Arakawa, j'avais réussi à atteindre notre halte vers 13 h 45, après 5 h 15 de course. Ma fatigue était plus élevée que prévu, sûrement dû au manque d'eau provoqué par ma démoniaque petite soeur. En parlant d'elle d'ailleurs, mademoiselle était gentiment assise sur un banc, en train de manger son bento et quand elle finit par me voir, son visage exprimait un doux mélange entre joie et appréhension de ce que j'allais lui faire. Elle me tendit ma gourde dont je bus la moitié d'une traite avant d'à nouveau la regarder et de lui faire comprendre que ce coup bas allait se payer. La seule chose que vous devez savoir, c'est qu'un simple cri finit par s'entendre dans les alentours.
- Akashi EllyotJoueur
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Date d'inscription : 07/11/2020
Age : 28
Localisation : Un endroit.
Re: Du vélo en famille. [Quête hebdomadaire][Solo]
Dim 8 Nov - 23:48
"Dis, pourquoi tu voulais faire cette escapade à vélo vers le mont Haruna précisément ? On pouvait rester en ville et profiter des voies réservées aux vélos."
"Tu te souviens de ce très vieux manga qu'on lisait ? Celui sur un lycéen qui livrait du tofu avec une voiture des années 80 et qui était un monstre de conduite capable de battre des pilotes venant même des circuits professionnels ? J'ai appris que le mont Haruna était le vrai nom de celui apparaissant dans le manga, je me suis dit que ça serait un bon défi de le remonter à vélo. Et t'as plus mal vu que t'arrives à me poser une question sans te plaindre de la douleur ?"
Une langue tirée pour elle, un soupir pour moi avant qu'un sourire vienne prendre place sur nos visages et nous reprenions notre route. Oui, cette histoire était un mensonge, ce n'était pas moi qui voulais le grimper absolument, mais tout le reste était vrai. Ma fatigue s'était régulée, merci à une pause plus longue que prévu au final, mais ce n'était pas plus mal. Soixante kilomètres dont les huit derniers avec le dénivelé positif d'un kilomètre... Si je ne vomissais pas en arrivant en haut, ça allait être un miracle. Il était 14 h 30 quand nous reprîmes notre route, tabler sur quatre heures et trente minutes pour finir me paraissait plus que raisonnable. Enfin, ça, c'était dans la théorie, car dans la pratique, on allait clairement moins vite qu'en début de journée.
Ma petite soeur ne tenta pas de me dépasser pour la deuxième partie du trajet, préférant rester à l'arrière au cas où, je cite, "Mon grand frère adoré venait à faire un malaise". Un point sur lequel elle avait clairement raison, c'était le fait que je pourrais faire un malaise à n'importe quel moment. Le manque d'activité physique régulière ces derniers temps commençait à vraiment me mettre à mal. J'arrivais à tenir, mais parfois, mon esprit se mettait à vaciller et à deux reprises, j'étais passé à pas grand-chose de sortir de la route. Au moins, c'était clair : je ne pouvais plus me permettre le moindre arrêt, sinon mon corps allait clairement me le faire regretter et ne jamais vouloir reprendre la route.
Cinquante... Quarante... Le compteur continuait de grimper tandis que celui dans ma tête diminuait. De temps en temps, je jetais un regard à Eileen qui continuait de me suivre, mais quand il ne resta plus que trente kilomètres, elle se mit à ralentir légèrement et semblait avoir des difficultés à continuer. Elle commençait à accuser le coup elle aussi et son sprint de la matinée devait l'avoir fatigué plus que ce qu'elle voulait le montrer. Je ralentissais pour qu'elle puisse me rattraper avant de lui faire signe pour connaître son état. Elle fit mine que tout allait bien, mais je lui jetais un regard un peu plus dur et elle finit par admettre qu'elle ne tiendrait sûrement pas le sprint final.
Les vingt derniers kilomètres étaient un véritable enfer. Je continuai de suer à grosses gouttes et la cadette commençait à éprouver de vraies difficultés. Elle m'assurait qu'elle pouvait tenir au moins jusqu'à la petite ville avant la montée finale et qu'une fois là-bas, elle rejoindrait directement l'hôtel qu'on avait contacté avant de partir. Bien que je fisse comme si tout allait plus ou moins bien, mon esprit commençait vraiment à être embrumé, j'en avais même oublié le nom officiel du chemin et je ne me souvenais que de celui utilisé dans ce vieux manga. Bordel, j'avais plus envie de grimper.
Nous finîmes par arriver vers 18 h 00 dans la petite ville à côté du mont Haruna et à un croisement, alors que je continuais tout droit, ma soeur prit un virage pour aller en direction de l'hôtel tout en me souhaitant bonne chance pour la fin de ma course. Avant d'arriver à la montée, j'en profitais pour ralentir un peu et respirer, reprendre le plus de force avant de l'attaquer. L'état de mes jambes n'avait pas changé : il n'y aurait pas de reprise si je m'arrêtais et je n'avais pas intérêt à ce que ça arrive avant le sommet. L'envie me quittait de plus en plus, mais bon, c'était trop tard pour reculer, surtout que j'arrivais face à mon bourreau.
Moins de huit kilomètres, c'est tout ce que représentait cette route, mais le fait qu'il y ait plus d'un kilomètre de dénivelé était un coup de massue pour mes muscles qui me criaient d'abandonner. J'avais de la chance, il ne semblait pas y avoir beaucoup de voitures donc je n'avais pas la pression supplémentaire de devoir faire attention aux autres, même si dans mon état, je n'aurais pas fait attention à eux dans tous les cas. Mes jambes et mon dos me faisaient grandement souffrir et ma vue se mettait peu à peu à me lâcher. Il ne fallait pas, ils devaient tenir au moins jusqu'à l'arrivée. Si jamais j'échouais, je devrais tout recommencer... PAS QUESTION !
Cette pensée était comme une piqure d'adrénaline et je réussis à reprendre de plus belle pour essayer de valider mes derniers kilomètres. Je ne pensais à rien d'autre que grimper, encore et encore. Je ne faisais plus attention au compteur, son existence avait même disparu de mon esprit pendant un moment. Des gouttes de sueur coulaient sur mon visage, frôlant mes yeux, mais ça suffisait à gêner en partie ma vue. Le temps passait, les arbres bordant la route se faisant plus rare et me permettait d'apercevoir le ciel. Quelle heure était-il, quelle distance restait-il ? Je n'en avais plus la moindre idée, j'étais trop fatigué et mon corps avait décidé d'abandonner...
Je sentais quelque chose de moelleux à l'arrière de ma tête, probablement un oreiller. Comment était-ce possible ? J'étais certain d'avoir mis mon casque et les oreillers, ça n'existe pas en pleine nature. Je sortis de mes pensées en me levant d'un seul coup, faisant peur à ma soeur par la même occasion. Nous étions dans une chambre, probablement celle de l'hôtel où on avait réservé d'ailleurs.
"On est où ? Qu'est-ce qui m'est arrivé ?"
"On est au Ikaho Onsen Oyado Tamaki, l'hôtel où on a fait une réservation. Et apparemment, t'es tombé dans les vapes. Un type t'a suivi sur trois kilomètres car t'avais pas l'air bien, mais tu voulais pas non plus t'arrêter. Il t'a récupéré et a demandé à des gens de la ville si quelqu'un te connaissait. Une femme nous ayant vu arriver plus tôt et m'ayant vu entrer dans l'hôtel lui a indiqué le chemin pour qu'il te dépose."
"Je vois. Et il est où ce type, que je puisse le remercier convenablement ?"
"Il est reparti, il devait livrer du tofu de ce qu'il m'a dit.", disait-elle en s'approchant de moi.
"Du tofu... Ça me rappelle un truc."
Une longue minute de silence s'écoula et au final, je ne lançai même pas un regard à ma fenêtre de quête avant de me recoucher sur mon futon, ma soeur se mettant accroupi au-dessus de moi et me rendant le coup que je lui avais mis plus tôt.
"Nii-san, vas prendre une douche."
"Ouais, je pue."
"Tu te souviens de ce très vieux manga qu'on lisait ? Celui sur un lycéen qui livrait du tofu avec une voiture des années 80 et qui était un monstre de conduite capable de battre des pilotes venant même des circuits professionnels ? J'ai appris que le mont Haruna était le vrai nom de celui apparaissant dans le manga, je me suis dit que ça serait un bon défi de le remonter à vélo. Et t'as plus mal vu que t'arrives à me poser une question sans te plaindre de la douleur ?"
Une langue tirée pour elle, un soupir pour moi avant qu'un sourire vienne prendre place sur nos visages et nous reprenions notre route. Oui, cette histoire était un mensonge, ce n'était pas moi qui voulais le grimper absolument, mais tout le reste était vrai. Ma fatigue s'était régulée, merci à une pause plus longue que prévu au final, mais ce n'était pas plus mal. Soixante kilomètres dont les huit derniers avec le dénivelé positif d'un kilomètre... Si je ne vomissais pas en arrivant en haut, ça allait être un miracle. Il était 14 h 30 quand nous reprîmes notre route, tabler sur quatre heures et trente minutes pour finir me paraissait plus que raisonnable. Enfin, ça, c'était dans la théorie, car dans la pratique, on allait clairement moins vite qu'en début de journée.
Ma petite soeur ne tenta pas de me dépasser pour la deuxième partie du trajet, préférant rester à l'arrière au cas où, je cite, "Mon grand frère adoré venait à faire un malaise". Un point sur lequel elle avait clairement raison, c'était le fait que je pourrais faire un malaise à n'importe quel moment. Le manque d'activité physique régulière ces derniers temps commençait à vraiment me mettre à mal. J'arrivais à tenir, mais parfois, mon esprit se mettait à vaciller et à deux reprises, j'étais passé à pas grand-chose de sortir de la route. Au moins, c'était clair : je ne pouvais plus me permettre le moindre arrêt, sinon mon corps allait clairement me le faire regretter et ne jamais vouloir reprendre la route.
Cinquante... Quarante... Le compteur continuait de grimper tandis que celui dans ma tête diminuait. De temps en temps, je jetais un regard à Eileen qui continuait de me suivre, mais quand il ne resta plus que trente kilomètres, elle se mit à ralentir légèrement et semblait avoir des difficultés à continuer. Elle commençait à accuser le coup elle aussi et son sprint de la matinée devait l'avoir fatigué plus que ce qu'elle voulait le montrer. Je ralentissais pour qu'elle puisse me rattraper avant de lui faire signe pour connaître son état. Elle fit mine que tout allait bien, mais je lui jetais un regard un peu plus dur et elle finit par admettre qu'elle ne tiendrait sûrement pas le sprint final.
Les vingt derniers kilomètres étaient un véritable enfer. Je continuai de suer à grosses gouttes et la cadette commençait à éprouver de vraies difficultés. Elle m'assurait qu'elle pouvait tenir au moins jusqu'à la petite ville avant la montée finale et qu'une fois là-bas, elle rejoindrait directement l'hôtel qu'on avait contacté avant de partir. Bien que je fisse comme si tout allait plus ou moins bien, mon esprit commençait vraiment à être embrumé, j'en avais même oublié le nom officiel du chemin et je ne me souvenais que de celui utilisé dans ce vieux manga. Bordel, j'avais plus envie de grimper.
Nous finîmes par arriver vers 18 h 00 dans la petite ville à côté du mont Haruna et à un croisement, alors que je continuais tout droit, ma soeur prit un virage pour aller en direction de l'hôtel tout en me souhaitant bonne chance pour la fin de ma course. Avant d'arriver à la montée, j'en profitais pour ralentir un peu et respirer, reprendre le plus de force avant de l'attaquer. L'état de mes jambes n'avait pas changé : il n'y aurait pas de reprise si je m'arrêtais et je n'avais pas intérêt à ce que ça arrive avant le sommet. L'envie me quittait de plus en plus, mais bon, c'était trop tard pour reculer, surtout que j'arrivais face à mon bourreau.
Moins de huit kilomètres, c'est tout ce que représentait cette route, mais le fait qu'il y ait plus d'un kilomètre de dénivelé était un coup de massue pour mes muscles qui me criaient d'abandonner. J'avais de la chance, il ne semblait pas y avoir beaucoup de voitures donc je n'avais pas la pression supplémentaire de devoir faire attention aux autres, même si dans mon état, je n'aurais pas fait attention à eux dans tous les cas. Mes jambes et mon dos me faisaient grandement souffrir et ma vue se mettait peu à peu à me lâcher. Il ne fallait pas, ils devaient tenir au moins jusqu'à l'arrivée. Si jamais j'échouais, je devrais tout recommencer... PAS QUESTION !
Cette pensée était comme une piqure d'adrénaline et je réussis à reprendre de plus belle pour essayer de valider mes derniers kilomètres. Je ne pensais à rien d'autre que grimper, encore et encore. Je ne faisais plus attention au compteur, son existence avait même disparu de mon esprit pendant un moment. Des gouttes de sueur coulaient sur mon visage, frôlant mes yeux, mais ça suffisait à gêner en partie ma vue. Le temps passait, les arbres bordant la route se faisant plus rare et me permettait d'apercevoir le ciel. Quelle heure était-il, quelle distance restait-il ? Je n'en avais plus la moindre idée, j'étais trop fatigué et mon corps avait décidé d'abandonner...
Je sentais quelque chose de moelleux à l'arrière de ma tête, probablement un oreiller. Comment était-ce possible ? J'étais certain d'avoir mis mon casque et les oreillers, ça n'existe pas en pleine nature. Je sortis de mes pensées en me levant d'un seul coup, faisant peur à ma soeur par la même occasion. Nous étions dans une chambre, probablement celle de l'hôtel où on avait réservé d'ailleurs.
"On est où ? Qu'est-ce qui m'est arrivé ?"
"On est au Ikaho Onsen Oyado Tamaki, l'hôtel où on a fait une réservation. Et apparemment, t'es tombé dans les vapes. Un type t'a suivi sur trois kilomètres car t'avais pas l'air bien, mais tu voulais pas non plus t'arrêter. Il t'a récupéré et a demandé à des gens de la ville si quelqu'un te connaissait. Une femme nous ayant vu arriver plus tôt et m'ayant vu entrer dans l'hôtel lui a indiqué le chemin pour qu'il te dépose."
"Je vois. Et il est où ce type, que je puisse le remercier convenablement ?"
"Il est reparti, il devait livrer du tofu de ce qu'il m'a dit.", disait-elle en s'approchant de moi.
"Du tofu... Ça me rappelle un truc."
Une longue minute de silence s'écoula et au final, je ne lançai même pas un regard à ma fenêtre de quête avant de me recoucher sur mon futon, ma soeur se mettant accroupi au-dessus de moi et me rendant le coup que je lui avais mis plus tôt.
"Nii-san, vas prendre une douche."
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