Histoire

Je pourrai vous mentir. Avancer que ce n’est pas faute, que mon passé m’a forgé, que j’ai pris les mauvaises décisions et fréquenté les pires ordures. Qu’au final, tout ça n’est qu’un concours de circonstances mais, ce serait faux. Contrairement à ceux qui se cachent derrière ces excuses, j’assume pleinement mes choix, mes envies et mon égoïsme.

Oh, ça n’a pas toujours été comme ça, loin de là. Plus jeune, j’aimais raconter que mes parents étaient de mauvaises personnes, jamais présents et limite violents, vous voyez le genre.

Pourquoi ? Tout simplement pour me permettre de justifier mon caractère colérique et mes pulsions destructrices.

Vous êtes septiques ? Amateurs.

J’ai très vite compris que la gentillesse n’apportait rien, à part des sentiments inutiles et une reconnaissance éphémère. Alors que l’empathie et la pitié vous permettent d’excuser bon nombre de vos vices.

« Pourquoi personne ne dit rien quand Bella est toujours aussi méchante ?! »
« Ben… tu sais, avec sa famille, on peut comprendre qu’elle réagisse de cette manière. On sait que des fois elle abuse mais bon, vu sa situation c’est compréhensible… »

Jackpot.

Alors qu’au final, mes parents étaient adorables et aimants. Malheureusement, ils puaient la normalité, le moyen.
Un salaire moyen, une maison moyenne, une apparence moyenne. Bref, la parfaite famille équilibrée.

Sauf que, vers l'âge de quatorze ans, lorsque mon éveil apparut, je sus que je valais mieux que tout ça. J’aspirais à bien plus que du moyen et, soyons francs, j’aimais manipuler et me jouer des émotions de mon entourage.

Une phrase assassine le matin pour me délecter de la douleur sur un visage innocent, des doutes dispersés ça et là afin de créer la discorde dans un couple d’amis l’après-midi. Toujours plus de mensonges. Si bien que la réalité et l’imagination se confondaient pour ne former qu’un seul élément, ma vie.

Jusqu’à ce que.

Parce que oui, vous imaginez bien qu’agir de la sorte a fini par me retomber dessus. Karma is a bitch girl, time to pay. Pour faire simple, vers la vingtaine, j’ai voulu arnaquer la mauvaise personne et je me suis retrouvée piégée, acculée. Vous savez ce que fait un animal lorsqu’il se sent piégé ? Il se déchaîne. Usant de ma puissance de Chasseur, c’est ce que je fis. Sans me soucier des innocents, des caméras ou autre, je libérais cette puissance jusque là réservée uniquement pour les donjons.

Encore maintenant, je me souviens des cris, de la peur, de l’odeur du sang et de la sensation des os qui s’écrasent. Et puis, finalement, ce silence mortel. Debout, ma robe trempée de sang et de chair, j’éprouvais pour la première fois la sensation du pouvoir ultime, celui d’enlever la vie.

Bien évidemment, mes parents furent profondément choqués de me voir dans cet état. Et peut-être que j’aurais réussi à mentir correctement si je n’étais pas encore sous l’effet de l’euphorie de cette boucherie, un grand sourire extatique affiché sur le visage.

Et donc ? Ils me trahirent en faisant appel à la Guilde des Chasseurs. De parfaits français ces deux-là, prêts à vendre leur famille à la moindre occasion. Bon, j'étais responsable d'un massacre en l’occurrence mais, merde quoi ! Je restais leur fille !
Ainsi, Alexia Olistander mourut ce jour-là et Belladone naquit. Les poignets menottés, j’aurais connu une vie bien misérable si la guilde des Faucheurs n’était pas intervenue pour tuer les Chasseurs et me libérer.

Retenez bien ça les enfants : massacrer des innocents dans une soirée de gala attire les gentils, pressés de vous châtier pour vos crimes mais aussi les méchants qui, eux, souhaitent vous ajouter à leur équipe.

Évidemment, je vous ai raconté les grandes lignes. Qui se soucie des détails à part les grands-mères avides de gossip ? Enfin bref.

Résultat de ce merveilleux parcours, à l’âge de 28 ans, après de longues séances d’entrainements et des nuits blanches à travailler mes cours par correspondance, j’ai réussi à gagner sa place parmi la guilde des Faucheurs et à me faire un nom, bien qu’aucun membre à part mon recruteur ne connaisse mon véritable visage, préférant me dissimuler derrière mon masque en forme de crâne.

L’information est une arme, cultivez-la.

Et n'oublions pas mon poste de chargée de communication dans la guilde des Chasseurs. Une fausse identité, des contacts infiltrés et le tour est joué, bienvenue dans la place Yukina Otori.

Soyez proches de vos amis, mais encore plus de vos ennemis.