Rencontre paranormale [Ft. Dr. Miyamoto Izaya]

Dans ses pensées, se demandant si faire des rapprochements entre cette histoire et leur situation actuelle était bien normal ou si elle se faisait des idées, Haruna tourna la tête vers Izaya, le rouge aux joues, décalant légèrement son regard sur le côté pour ne pas être en face à face direct avec ses yeux encore marqués du signe de légers pleurs. Ce n'était pas grand chose, mais ça se voyait, elle le savait bien.

« Hmmm... Je me demandais, tu lis beaucoup de mangas comme ça ?.. Est-ce que tu as lu ou vu en anime Shigatsu wa Kimi no Uso ? L'ambiance douce et les personnages m'y ont un peu fait penser. »

Bon, en vérité, c'était pas du tout ça, elle avait sorti ça pour se dépétrer de la situation et éviter de revirer au carmin. Elle savait que si elle mettait des mots sur les impressions premières qui lui venaient en tête suite aux légers rapprochements qu'avait fait un peu plus tôt Izaya, elle ne résisterait pas à la gêne. Et elle ne voulait pas trop avoir l'air d'une cruche qui passait son temps à rougir, même si c'était un peu vrai pour l'instant en la présence de la psychologue.

L'Arai avait bien senti le corps de son hôtesse se serrer contre elle à certains moments, comme si elle venait réclamer un peu de chaleur supplémentaire. Il ne faisait pas particulièrement froid, il faisait même bon en vérité dans son appartement. Sans doute était-ce plus un réflexe lié à sa sensation de solitude ? Haruna essayait de comprendre ses réactions qui lui donnaient le rouge aux joues sans trop y parvenir, absorbée par l'histoire et ses pensées vagabondes.

Le temps défilait toujours lentement, alors que les pages se suivaient avec une cadence tranquille, paisible. Le seul rythme était celui ajouté par Izaya qui se blotissait par instants contre elle. Ce n'était pas spécialement désagréable, plutôt l'inverse même. Elles partageaient alors une chaleur apaisante l'espace de quelques secondes, même si cette proximité grandissante donnait envie à Haruna de disparaître, de se faire toute petite pour ne pas montrer qu'elle rougissait à chaque fois.

Avant qu'elles ne reprennent, Izaya pose une dernière question, visiblement curieuse de son avis. La brunette prend alors quelques nouvelles secondes à regarder le plafond pour classer ses pensées, déterminer ce qu'elle pensait honnêtement du manga, de ses personnages, de l'histoire.

« C'est... C'est joli. Attendrissant en fait. Mais je sais pas... Leur relation... Je la comprend pas trop. Enfin je comprends pas trop les réactions de Shimamura pour l'instant. »

Dans la première partie, celle qu'elles avaient lu jusque là, la blonde restait effectivement plutôt distante, ne semblant pas s'attacher à qui que ce soit réellement. Elle semblait juste garder des liens fictifs, ce qui troublait d'autant plus Haruna qui y voyait un peu sa projection d'Izaya. Bien que cette dernière ait dix ans de plus, elle l'identifiait assez facilement au personnage d'une quinzaine d'années. Quant à elle, il allait sans dire que les réactions maladroites d'Adachi l'obligeaient en quelques sortes à s'y voir, dans les choix, les doutes de cette dernière. Elle voulait être plus proche de son amie, mais rien n'était déterminé clairement, ce qui laissait une légère tension.

Mais là où Shimamura était plutôt passive, observatrice, Izaya était proactive. C'était même elle qui avait dirigé à peu près tous les échanges qu'elles avaient eu depuis leur rencontre. Après, la Miyamoto et elle avaient des bagages beaucoup plus fournis que ceux de jeunes filles banales de quinze ans. Et la paix qui était présente entre les deux adolescentes ne pouvait pas exister ici. Ou du moins, elle ne voyait pas comment.

La relation entre les deux autres filles qui étaient déjà apparues deux fois était cependant plus directe, plus claire. Elle n'avait pas encore retenu leurs prénoms, mais ces deux-là montraient explicitement qu'elles souhaitaient être proches l'une de l'autre, la plus grande allant même jusqu'à faire des câlins à la plus petite et à lui déposer des baisers sur le front. Un lien qui aboutissait d'une dizaine d'années de partage qui changeait la donne par rapport à de nouvelles rencontres.

« L'histoire... Elle est tranquille. Plutôt jolie, un peu lente mais c'est plutôt agréable. Je trouve que Shimamura manque un peu de développement pour l'instant, je comprends pas trop pourquoi elle agit comme ça... Mais c'est peut-être expliqué plus loin je suppose. Enfin j'espère. Ça m'aiderait pas mal à la comprendre. Les réactions d'Adachi sont mignones aussi, comme quand elle se balance sur le côté. »

Elle sourit légèrement, regardant à nouveau l'image dévoilée par le manga, l'une des dernières qu'elles ont aperçu.

« D'ailleurs, elle est plutôt jolie en robe chinoise. Tu as déjà eu l'occasion d'en mettre toi ? J'en ai même jamais vu en vrai maintenant que j'y pense... »

Haruna hésita alors, cherchant une question intéressante à poser à Izaya, pour voir si elle aussi appréciait la lecture. Mais maintenant qu'elle y pensait, elle se fit la réflexion qu'elle devait obligatoirement l'aimer, pour l'avoir dans sa collection plutôt que sur internet premièrement, et pour l'avoir sorti maintenant dans un second temps. Alors elle jeta simplement un nouveau regard vers la psy avant de lui poser la seule question qui lui vint.

« On peut tourner du coup ?.. »

C'était vrai que ce type de manga à l'histoire tranquille était apaisant, offrant une vision d'une vie tranquille, mouvementée par des petits évènements pour qu'elle ne soit pas ennuyeuse, mais sans excès pour ne pas la rendre insupportable. C'était quelque chose d'agréable par moments, de simplement profiter, de découvrir quelque chose de différent. Haruna avait vu un certain nombre d'animes de ce style, sans pour autant oublier la réalité de sa propre vie, bien plus complexe. C'était comme des petits pansements. Ou des cachets d'aspirine. Affichant un sourire simple mais sincère à son hôtesse qui était bien installée contre elle, Haruna lui répondit.

« J'aime bien ce style moi aussi. »

Continuant d'échanger, elles discutèrent un peu, marquant une pause dans leur lecture. L'Arai ignorait si Izaya avait déjà lu cette histoire ou si elle l'avait simplement acheté en se disant qu'elle la lirait plus tard. Alors qu'elle mentionne la robe chinoise que porte Adachi Izaya rebondit dessus en lui indiquant qu'elle en avait une dans son dressing. Elle sourit un peu, amusée, alors que la psy continuait et lui proposant de la tester pour elle. Rougissant un peu, elle détourne les yeux, gênée par la proposition. Elle ne savait pas où se mettre suite à cet échange, ne trouvait pas les mots pour répondre. Elle ne s'imaginait pas qu'Izaya avait ce genre de tunique assez rare au Japon, encore moins avec un nom masculin. Peut-être avait-elle inconsciemment projeté sur elle l'image d'un homme ? Allez savoir.

Sentant la psy se lover contre elle, elle est alors d'autant plus sensible juste après cet échange, d'autant plus avec les gestes qu'avaient de temps en temps les deux autres personnages l'un vers l'autre dans le manga. Les joues bien rouges, elle tâcha de son mieux de se reconcentrer sur le récit, essayant de passer à la suite. Mais avant qu'elles n'aient continué, Izaya se fendait d'une nouvelle taquinerie, ce qui la fit passer au carmin, utilisant le livre pour cacher son visage.

« J'arrive pas à me concentrer si tu me sors des trucs pareils toutes les deux minutes... »

Perturbée, elle se remet tant bien que mal de l'échange puis remet le manga à distance correcte, les joues encore bien roses. Les pages s'enchaînaient, l'histoire se développe. Ensemble, elles découvrent la gêne qu'éprouve Adachi à communiquer normalement avec Shimamura alors que leur relation évolue et que la première semble développer des sentiments plus forts pour la seconde. L'amitié forte qui s'en dégage plait bien à Haruna qui aurait aimé avoir des amitiés aussi sincères au lycée, estimant que la plupart se cantonnaient à du superficiel.

Le point de vue de Shimamura se mit alors à apparaître un peu plus au fil du manga, dévoilant alors une jeune fille distante, plus passive sur la vie du lycée. Elle semblait ne pas apprécier cette effervescence, ou du moins ne pas avoir envie d'y mettre le réel, puisque tout lui semblait superficiel à elle aussi. Et sur ce point, Haruna se retrouvait plus en elle qu'en Adachi. Remettant alors en phase ses comportements précédents, elle comprend mieux ses réactions face à Adachi qui n'est pas alors dans sa sphère, trop éloignée pour être plus qu'une connaissance.

C'est après ce moment où Adachi commence à se rapprocher de son amie et vient finalement chez elle qu'elles ont des rapports plus proches physiquement, alors qu'elles gardaient une distance raisonnable jusque là. Sous un kotatsu, Shimamura s'allongea, posant la tête sur les genoux de son amie pour se reposer, ce qui attira un peu de sang aux joues de l'Arai, les colorant à nouveau. La suite fut cependant beaucoup plus gênante pour la musicienne puisque c'est Adachi qui se mit à imaginer des contacts beaucoup plus directs et ce n'avait plus grand chose à voir avec de l'amitié. Entre baisers et caresses, les échanges qui étaient alors rêvés par la jeune fille allaient surtout d'Adachi à Shimamura, jusqu'à ce que la brune reprenne ses esprits et panique, assise entre les jambes de sa camarade, rougissant et fuyant, laissant une Shimamura qui ne comprenait pas ce qu'il venait de se passer.

Fermant le manga à cet instant mais en gardant la page à l'aide d'un doigt, l'Arai rougit fortement, se raclant un peu la gorge.

« Je... Je m'attendais pas vraiment à ça... »

Elle hésita quelques secondes, avant de tourner légèrement la tête vers Izaya. Puis de regarder à nouveau vers le plafond. C'était plus simple puisqu'elles étaient si proches.

« Tu l'avais... Tu l'avais déjà lu ?.. »

Maintenant, elle voulait savoir si c'était volontaire, ou si c'était un pur hasard. Mais maintenant qu'elle y repensait, leur position, le fait qu'elles soient ensemble allongées dans la chambre d'Izaya et qu'elles soient ainsi collé... Est-ce que c'était si habituel que ça ?.. L'idée la fit virer au carmin mais elle garda le silence, fermant les yeux quelques instants pour se calmer. Non, elle devait se faire des idées. Et puis contrairement aux filles du manga, elles se connaissaient à peine. Et puis... Elle n'avait jamais pensé à ça. À qui elle pouvait bien aimer.

Alors qu'Haruna essayait tant bien que mal de cacher ses rougissements et sa gêne bien prononcée à cette lecture, avec le contact et les remarques d'Izaya en plus, cette dernière s'amusait d'elle. Ce n'était aucunement méchant, mais l'Arai ne savait plus où se mettre, allant jusqu'à utiliser le manga pour cacher son visage au creux des pages.

La lecture continue un peu mais rapidement, elle bloque à nouveau, redevenant carmin alors que les fantasmes d'Adachi sont révélés, ne laissant plus aucune place au doute sur ce qu'elle cherche. Et l'Arai ne sait comment réagir, des frissons qu'elle ne parvient pas à comprendre parcourant son corps. La réaction d'Izaya manque même de lui faire lâcher un petit cri de surprise alors qu'elle l'observe. Mais elle ne soutient son regard que quelques instants avant de le cacher avec le livre une nouvelle fois.

Alors qu'elle croyait juste qu'elles lisaient un manga, la situation avait drastiquement changé et elle ne savait plus quoi faire. Elle était gênée au possible, n'osait plus regarder Izaya. La position allongée n'arrangeait rien, si bien qu'elle finit par se redresser d'un coup pour se retrouver assise, plus à l'aise dans cette position. La musicienne ramena alors ses jambes contre son ventre, cachant son visage quelques instants dans ses genoux, respirant profondément pour se calmer sans vision parasite qui trouble son apaisement.

Cherchant à retrouver une teinte normale et à calmer ces pensées qui venaient la perturber encore et encore, la révélation d'Izaya quant au fait qu'elle connaissait déjà l'histoire n'y arrangeait rien. Elle avait donc délibérément choisi cette lecture. Était-ce normal de lire ce genre de romance entre deux nouvelles connaissances ? Qui sait. Est-ce qu'elle était trop candide et qu'elle manquait un piège qui se refermait lentement sur elle ? Peut-être.

La remarque sur l'amour et l'âge des lycéennes de la part d'Izaya, le qualifiant d'innocent, de pur et d'attendrissant ajoutait à la gêne d'Haruna. Puisque pour elle, tout ceci était déjà plutôt osé. Il y avait tant qu'elle ignorait qu'elle se sentait stupide. Elle savait qu'elle prouvait trouver des tonnes d'informations sur le sujet de toutes les manières possibles et imaginables sur internet, mais elle n'avait jamais osé ouvrir un de ces sites interdits aux mineurs. Enfin si tant est que ce soit bien ces derniers qui recèlent les informations, les connaissances qu'il lui manquait. Un rire gêné et légèrement nerveux lui échappa alors des lèvres.

« Ahah... Ahaha... Ah... Je... Comme tu veux... »

Désormais assise, elle s'adossa à la tête de lit, prenant le temps de respirer.

« Ça te dérange par contre... si on continue de lire comme ça ?.. »

Trop gênée pour garder leur posture précédente, elle détourne un peu le regard, ne parvenant plus à regarder dans les yeux Izaya sans retourner au carmin vif.

« T'en... T'en fais pas... Ça ira... »

Elle se mordillait la lèvre, partagée entre gêne et doute. Est-ce qu'elle avait véritablement décéler des intentions dans les paroles et les actes d'Izaya, ou était-ce sa propre imagination, supportée par ce qu'elle venait de voir ce celle d'Adachi, qui lui jouait des tours ? Est-ce qu'elle ne se mettait pas à prêter certaines intentions à la psy alors que l'échange restait simplement courtois ? Impossible à dire. Elle ne parvenait plus vraiment à distinguer ce qu'elle croyait de ce qui était véritable et elle en avait bien conscience.

Alors qu'elle se rassoit pour prendre un peu l'ascendant sur ses impressions qui tendent à la dominer et à lui donner des flashs de visions où ce n'était plus les personnages mais bien Izaya et elle qui se trouvaient au coeur de cette histoire de tensions particulières, lui gardant le rouge aux joues de manière constante, elle est parcourue d'un grand frisson quand c'est littéralement à son visage que la trentenaire vient se frotter. Non, c'était pas possible. Elle faisait exprès pour la taquiner. Elle ne voyait pas d'autres raisons possibles et imaginables. Elles se connaissaient à peine après tout, sans doute cette dernière devait aimer taquiner les gens. Oui, ça devait être ça.

Plus calme, la fin du tome ne leur remontra pas de scène similaire. Mais la brunette ne savait pas si elle voulait lire la suite ou si rester ignorante n'était pas mieux. Alors qu'elle restait pensive quelques instants, regardant de nouveau la couverture du livre qui ne laissait rien penser de spécial, après tout c'était juste deux lycéennes qui se tenaient la main, Haruna entendit la voix d'Izaya s'élever à nouveau. Tournant la tête vers elle, elle ne put s'empêcher de rougir en la regardant à nouveau en face-à-face.

« Oui je travaille demain mais... Enfin... C'est à Ikebukuro... C'est loin... Si je rentre pas chez moi... Je risque d'être en retard... J'ai pas envie de faire ça à mes patrons... »

Plus elles restaient à se regarder ainsi, plus c'était difficile pour l'Arai de tenir son regard. Elle se sentait fondre, fondre sa résolution, fondre son envie de partir, fondre sa carapace. Les arguments s'accumulaient du côté de la psy, faisant finalement craquer la demoiselle aux yeux pourpres qui détourna le regard, ne revenant plus que par instants à celui de la Miyamoto.

« Je... Mais je... Fin... Tu... Non... Je... »

Perdue dans ses baffouillages, Haruna ne parvenait plus à construire une phrase et une pensée solide pour répondre à la proposition d'Izaya. Alors elle plongea à nouveau sa tête contre ses genoux toujours relevés, respirant profondément quelques instants.

« Je peux rester encore un peu si tu veux... Mais je pense que ce serait mieux que je parte... On se connait à peine et tu as déjà été très généreuse avec moi... Si tu veux on pourra se revoir... »

Et en plus, elle ignorait si elle parviendrait à dormir dans un tel lit. Elle qui venait d'échanger un moment si étrange avec Izaya, il y avait une tension dans cet appartement qui l'en empêcherait sans doute, et elle se retrouverait épuisée -ou en retard si elle dormait malgré tout- pour le travail.

Lorsque la psy s'excuse cependant, Haruna se redresse rapidement, les joues encore rouges.

« Non non ! T'en fais pas... C'est juste moi qui... Enfin... C'est rapide... Au lycée j'ai mis des semaines voire des mois avant d'aller chez des amies... Plus encore pour dormir chez elles... Et je l'ai fait que quelques fois pour des occasions spéciales... »

Gênée, elle baissa les yeux, frissonnant en sentant le contact se faire de nouveau avec Izaya qui lui avait prit la main avec douceur. Comme hypnotisée par le peau à peau, l'Arai la laissa jouer avec sa main, avec ses doigts.

« J'ai envie qu'on se revoit mais j'ai besoin de temps... Je comprends rien quand c'est si brusque... Si rapide... Je sais pas quoi faire ni comment me comporter, ou me mettre... Mais je peux rester encore une heure ou deux... Enfin je sais pas si je serai capable de lire un deuxième manga là... »

À vrai dire, elle préférait totalement faire autre chose, mais elle ne voulait pas totalement fermer la possibilité que ça se passe, ne voulant pas faire de peine à Izaya. Et puis le moment n'avait pas été désagréable non plus bien que très gênant. Ce n'était pas quelque chose de néfaste, c'était plutôt une découverte inattendue et un peu perturbante. Peut-être qu'elle aurait envie plus tard de finir ce manga. Après tout, Adachi et Shimamura étaient mignonnes ensemble.

Un peu déçue de ne pas accepter la proposition d'Izaya, la jeune demoiselle aux yeux améthyste se mordait un peu la lèvre, gênée. Elle était en partie rassurée lorsque Izaya reprit son sourire avec sa proposition de se revoir à l'avenir, mais elle resta un peu mal à l'aise, ayant l'impression qu'elle repoussait quelqu'un qui ne voulait pourtant que l'aider.

Les joues encore roses de toutes ces émotions multiples, elle proposa à son hôtesse de rester encore un peu. Elle n'était pas si pressée, les trains et métros roulaient encore pour plusieurs heures à la capitale après tout. Les jeux de mains d'Izaya la firent rougir à nouveau mais cette dernière enchaîna rapidement, ce qui détourna en partie l'attention de la musicienne qui la laissa alors faire. Lorsque cette dernière amena sa main à sa joue cependant, elle rougit plus fortement, les images des fantasmes d'Adachi encore en tête, et détourna le regard quelques instants, faisant des aller-retours rapides entre le visage de la psy et le comptoir juste à côté. Soutenir son regard à cet instant était très complexe pour la jeune femme.

« Ah... Ahah... Je... Je vois... Ahah... Ça va... T'en fais pas... »

Bon, en vérité, ce genre d'action la gênait énormément, mais elle n'osait pas le dire, d'autant plus que ça semblait faire du bien à Izaya, à l'aider à se rassurer, à se réconforter de cette solitude dont elle parlait. Et elle se sentait un peu redevable envers elle encore, bien qu'elle essayait de garder cette balance équilibrée entre ce qu'elle recevait et ce qu'elle donnait.

Alors que le temps restait comme suspendu l'espace de quelques longues secondes, le Dr. Miyamoto eut soudain une nouvelle idée, qui surprit un peu Haruna. La cuisine ?.. C'était vrai que dans un sens... Elles pouvaient faire ça et manger ensemble ensuite. Tant que ce n'était pas une préparation qui s'étalait sur des heures...

« Oh euh... Je veux bien... Je connais pas. C'est pas trop alcoolisé, si ?.. »

À vrai dire, elle n'avait presque jamais prit d'alcool. Tout juste y avait-elle goûté une fois par pure curiosité, et elle n'avait pas spécialement accroché au sake. Elle était donc un peu intriguée, tout en étant dubitative sur le sujet. Concentrée sur le sujet du repas, elle sursauta et rougit, détournant le regard lorsqu'Izaya lui fit un baise-main. Elle n'osa cependant rien dire, bien gênée, un peu perdue dans ses pensées et ses sentiments.

« On devrait commencer rapidement non ?.. Ça à l'air assez long à préparer... »

Pensive suite aux paroles de la femme qui l'accueillait chez elle à propos de la pluie, Haruna observa la fenêtre de longues secondes, un peu rêveuse. Elle laissa le temps s'écouler à l'image des gouttes sur le verre, puis après un certain moment, elle répondit, ayant pourtant une vision très floue de la chose.

« Je ne sais pas trop. C'est une musique qui nous accompagne, un rythme unique. Mais je n'y ai pas vraiment réfléchis. C'est quelque chose de naturel, et j'aime bien cet aspect. J'ai pas vraiment envie de le conceptualiser. C'est beau comme ça, tu vois ?.. »

Elle baissa un peu la tête, entendant le ton différent d'Izaya alors qu'elle expliquait cette peine qui l'habitait et son sourire que l'Arai trouvait plutôt faux, un sourire permanent, comme une malédiction. Elle s'en voulait un peu de douter de son hôtesse et gênée, elle se tritura à nouveau les mains, forçant un peu sur ses articulations. Elle ne savait pas quoi dire pour la réconforter et lui montrer que ce n'était pas grave. Elle était comme ça, et c'était tout.

Alors qu'elles échangeaient à propos de la pluie, Haruna ne prêtait plus trop attention à grand chose sinon les gouttes qui s'écrasaient les unes après les autres contre les grands rideaux de verre qui les en protégeait. Aussi, lorsque Izaya la saisi et l'amena à elle pour la câliner, l'Arai sentit sa respiration se bloquer, un grand frisson la parcourir. Elle ne s'y attendait absolument pas.

Tétanisée, elle demeurait tendue, incapable d'agir dans cette situation inédite. Dans les bras de la psy, elle restait immobile, les joues carmin, ne sachant où regarder alors qu'elle sentait le corps de la Miyamoto blottit contre elle. Certes elle était tactile, mais là, elle y allait un peu trop fort au goût d'Haruna qui avalait difficilement sa salive, ignorant comment réagir. Elle ne voulait pas la repousser, lui faire du mal en se montrant trop distante, mais pour autant, elle était bien incapable d'accepter un mouvement si brusque. Alors elle restait immobile, parvourue de légers frémissements qui s'amusaient à taquiner ses nerfs. C'était à peine si elle respirait, et pourtant elle aurait voulu le faire si vite...

Lorsqu'enfin Izaya se sépara d'elle, elle détourna les yeux, faisant un demi-pas en arrière, les joues embrasées. Elle lui laissa sa main, mais elle était incapable ne serait-ce que de parler, d'exprimer quoi que ce soit. Elle était juste un corps dont l'esprit essayait de se débattre dans un tsunami violent et sans merci qui était arrivé sans prévenir. Et maintenant, elle luttait pour comprendre, pour organiser ses pensées. Et juste après avoir lu Adachi to Shimamura, c'était d'autant plus complexe.

Haruna se laissa alors entraîner dans la cuisine, encore incapable de formuler le moindre mot, n'osant toujours pas lever le regard, les joues rouge vif. Lorsqu'Izaya la lâcha finalement pour frapper dans ses mains, elle ne réagit pas immédiatement, et ce n'est qu'après deux longues secondes suite à la remarque de son hôtesse quant à l'impossibilité de faire la première recette qu'elle sursauta et rougit de plus belle, baissant un peu les yeux.

« Ah... Ahah... Dommage... Enfin... Pas grave... Ahah... »

Elle baffouillait un peu, ne maîtrisant plus rien. Elle avait envie de se cacher. Écoutant cependant Izaya jusqu'au bout, elle la laissa sortir des tabliers et s'en équipa avec maladresse. Elle ne parvenait pas à effacer cette sensation étrange, ce contact inconnu. C'était si déroutant qu'elle ne savait plus quoi faire. Ce fut à peine si elle parvint à réagir au compliment taquin, rougissant un peu plus alors qu'il aurait été facile de croire que sa carnation était aussi rouge qu'elle aurait su l'être.

La laissant préparer la cuisine et sortir les recettes, l'Arai avait à nouveau les mains jointes, les torturant un peu pour essayer de retrouver une contenance. Sans succès. Alors que cela pouvait sembler si peu pour certains, c'était insurmontable pour elle. Et ce contact physique inconnu l'avait en quelques sortes bouleversée. Elle ne savait plus rien, son esprit était vide de toute capacité de réflexion. Soudain, elle repensa à Neptune. Et sans rien dire, en véritable robot, elle tourna les talons et se dirigea vers le chat, le prenant dans ses bras pour le câliner, se réinstallant sur le divan.

Cachant son visage dans la boule de poils, elle le serra contre elle pendant de longues secondes avant de parvenir à décompresser un peu et à revenir à ses sens. Le choc était passé, le gardant encore dans ses bras pour le caresser et le câliner un moment, elle eut besoin de près d'une minute avant de pouvoir relever les yeux sur une Izaya sans doute inquiète. Les joues rouges, elle détourna à nouveau le regard quelques instants.

« Je... Excuse-moi... C'est juste que... J'ai jamais eu ce genre de contact avec qui que ce soit... Et on se connait à peine... C'est pas que c'est insupportable hein ! Juste que... C'était étrange... »

Relâchant finalement le félin, calmée, elle se releva en le laissant reprendre sa sieste, visiblement un peu agacé d'avoir été ainsi dérangé. Haruna retourna à la cuisine avec Izaya puis regarda pendant quelques instants les recettes. Elle ne les connaissait pas dans le sens où elle ne les avait jamais pratiqué, mais elle avait une certaine vision de ce qu'ils représentaient.

« Ça me va... J'ai pas vraiment cuisiné depuis longtemps par contre... Et j'étais pas très douée... »

Un peu hésitante, elle se dirigea cependant vers l'évier pour se laver les mains, étape cruciale de la cuisine. Toujours garder les mains propres était capital pour faire un bon plat. Commençant ainsi la recette sous l'égide d'Izaya qui s'y connaissait mieux qu'elle à n'en pas douter, Haruna fut cependant bien surprise de sa propre adresse. Préparant les algues et découpant les morceaux de poulet avec adresse, elle s'étonnait elle-même de sa dextérité. Certes elle avait bien augmenté son agilité depuis qu'elle était devenue joueuse, mais de là à ce que cela impacte sa vie de tous les jours, elle n'en aurait jamais douté.

Cuisinant donc tranquillement, elle s'était peu à peu totalement calmé pour revenir à la normale, concentrée sur les étapes qu'elle avait à faire tandis qu'Izaya s'occupait du riz et d'autres préparations de son côté. Ensemble, il leur fallut près d'une heure et demi avant que tout soit près et qu'elles puissent finalement passer à table. La gêne revint alors qu'elle devait de nouveau voir la psy en face à face, repensant à ce qui s'était passé un peu avant. Se mordant la lèvre, elle n'osa pas entammer le repas, préférant que ce soit son hôtesse qui lance les hostilités.

Rassurée par son contact avec Neptune, elle libèra le félin et rejoignit Izaya à la cuisine, se lançant avec elle dans les recettes. Elle même surprise par son adresse, Haruna se fit cependant vite à cette dernière, préparant rapidement le tout avec la psy. Lorsqu'elle sentit la main de la femme à couettes sur son épaule, elle frissonna et rougit à nouveau, les images du manga et de leur câlin d'il y a quelques instants encore en tête.

« Je vais faire de mon mieux... »

Gênée sans pour autant trouver la situation désagréable, elle fit preuve d'un certain talent nouveau, qu'elle n'avait pas avant son éveil. Elle ne se serait jamais douté de l'influence que ces changements auraient pu avoir sur sa vie normale, et être ainsi mise devant les faits la surprenait un peu.

Sans trop y penser, alors que la musique mise par la psy commence à envahir l'air ambiant, Haruna qui avait capté son air sans la moindre difficulté se mit à chantonner doucement, par réflexe. Elle le faisait machinalement, par réflexe, comme elle le faisait auparavant avec son père.

Terminant ainsi la cuisine, elle rejoint Izaya pour assembler les diverses préparations et mettre la table avant de s'installer ensemble en face à face pour profiter de ce repas préparé en un peu plus d'une heure. Entre les cuissons variées et les divers petits plats ainsi faits, c'était un temps très raisonnable et elle savait qu'elle avait eu besoin en général de plus de temps pour des choses similaires. Encore une fois, cette adresse nouvelle ne montrait pour l'instant que des points positifs, à voir si cela durerait dans le temps.

« Itadakimasu. »

Avec le Dr. Miyamoto, elle attendait un peu, légèrement gênée, mais l'incitation d'Izaya et surtout sa faim purent la convaincre rapidement. Elle n'avait pas mangé à midi comme elle le faisait régulièrement pour économiser de l'argent quand elle le pouvait. Alors un repas pareil après un bon goûter... C'était luxueux. Qui plus est dans un tel appartement.

Se lançant donc, elle commença doucement, goûtant à chaque plat qu'elles avaient préparé ensemble. Elle releva la tête en entendant les questions d'Izaya peu après, prenant quelques instants pour réfléchir.

« Ils m'ont dit rang E, mais apparemment c'était presque rang D. Enfin j'ai pas trop compris... »

Bon, si, elle avait parfaitement compris, c'était simplement qu'elle savait qu'elle avait gagné en puissance et qu'elle ne voulait pas être trop suspecte dès le début de l'échange. Elle ne savait pas comment Izaya pourrait réagir si elle apprenait qu'elle était... différente. Elle n'avait pour l'heure entendu parler que de deux personnes comme elle, et elle ne voulait pas être celle qui les dévoile au grand jour et risque de leur faire subir un tas de tests peu agréables au minimum.

« Oh... Tu es forte alors, bien plus que moi. J'essaie juste de survivre et de tirer quelques bénéfices des donjons mais ce n'est pas simple à vrai dire... J'ai jamais appris à manier une arme, donc je fais ce que je peux avec mon arbalète de poing mais ce n'est pas très efficace je pense... Ils m'ont dit que j'étais une "assassin" aussi, mais je reste surtout à l'arrière pour aider à s'occuper des monstres et des cristaux, et je tire quelques traits de temps en temps pour essayer d'aider... Donc t'en fais pas, je comprends bien qu'être dit "assassin" veut pas dire qu'on va tuer tout le monde. »

Faisant un sourire un peu gêné, partageant la même classe générique lorsqu'elle avait eu son premier éveil, elle se mit alors à penser à ces grandes instances qui régissaient le monde des chasseurs.

« Je suis pas assez forte pour faire parti des grandes guildes et j'en ai pas encore trouvé de petite qui pourrait m'accueillir, mais toi t'es de rang C, tu serais acceptée dans ces guildes là. Tu en as rejoins une ou pas encore ? Ou tu comptes pas le faire peut-être ?  »

Essayant de s'intéresser à son tour à la psychologue, elle ne savait cependant pas trop quoi dire ni quoi faire, continuant de profiter du repas qui était décidément plutôt réussi. Les joues un peu rougies, elle osa finalement donner son avis à ce propos.

« En tous cas c'est bon... Tu sais bien cuisiner et tes recettes sont pratiques et rapides, c'est cool... »

Alors qu'elle essayait de montrer à Izaya qu'elle n'avait pas accepté juste parce que c'était un repas gratuit et que c'était bien qu'elle avait une certaine affection qui commençait à se développer envers cette femme généreuse et avenante, lui posant quelques questions sur elle, Haruna ne manqua pas de remarquer le nouveau sourire grandissant de son hôtesse. Au moins, elle appréciait sa tentative, c'était déjà ça. Elle ne s'était pas trop planté dans son aproche, bien qu'elle était diablement inexpérimentée en termes de relations humaines. Elle était souvent trop craintive, peureuse, n'avançait jamais voire partait à reculons. Elle connaissait ses défauts, envahie par ses craintes multiples.

Mais elle avait énormément de mal à en sortir, bien que là, tous les éléments pour l'aider à baisser sa garde avaient été convoqués ensemble ou presque. Une figure qu'elle connaissait déjà un peu, ne serait-ce que par le biais de vidéos, un inconfort par le temps soigné par la chaleur d'un bol de chocolat et de quelques crêpes, la présence d'un chat câlin, un dialogue qui ne la forçait pas à se surexposer... Elle voyait difficilement de meilleures conditions pour accepter de faire un minimum confiance à quelqu'un. Qui plus est une psy, une professionnelle qui pourrait toujours l'orienter un peu si jamais elle la sentait trop faible.

De toute façon, elle n'avait pas les moyens de payer une consultation, alors c'était un peu la seule manière pour elle d'avoir un avis de quelqu'un qui s'y connaissait, même si elle ne l'avait absolument pas suivi pour ça. Et puis il y avait la moto aussi. L'expérience avait été bien agréable pour la brunette qui n'avait jamais eu l'occasion auparavant de tester un tel bolide, de telles sensations. Elles lui étaient totalement étrangères jusque là.

Parlant alors de son rang avec un peu de gêne, elle espérait simplement ne pas trop se dévoiler sur ce point. Elle ignorait comment allaient être perçus des gens qui, comme elle, pouvaient évoluer à chaque affrontement, devenir plus puissants et ainsi de meilleurs combattants, mais aussi de plus grandes menaces pour les gouvernements en place. Allaient-ils y voir quelque chose à éliminer dans l'oeuf ? Ou alors est-ce qu'ils allaient décider de mener des expériences sur elles et ceux qui lui ressemblent pour déterminer ce qui avait permit ce changement, en vue de le reproduire et ainsi de créer une armée de soldats terriblement puissants ? C'était impossible à dire pour l'heure. La seule chose certaine, c'est qu'elle n'avait pas envie que cette information se diffuse. Elle en avait peur même. Elle ne voulait pas finir dans un laboratoire ou le cerveau détruit, en machine de guerre pour servir son pays sans âme. Aider à sa défense était une chose, être transformée en robot défenseur en était une autre.

Sa question à Izaya l'aida cependant à sortir de ce chemin de pensées plutôt sombres, la réponse de la femme à couettes la menant à réfléchir plus longuement sur le sujet. C'est vrai ça... Elle allait évoluer. Elle allait devenir assez puissante pour rejoindre une de ces guildes. C'était une certitude. Mais est-ce que pour autant elle aurait envie de le faire, ou est-ce qu'elle souhaitait rester dans l'ombre, à rejoindre une guilde de plus petite taille ou alors à simplement rester indépendante ?.. La Miyamoto avait semble-t-il fait ce dernier choix. Mais était-ce vraiment le meilleur ? Elle voulait aider le plus grand nombre, elle l'avait clairement exposé. Est-ce que c'était la meilleure manière que de le faire en solitaire ?..

« Oh je vois... Et la guilde des chasseurs ? Elle te plaît pas ?.. Leur siège est là et puis ça t'aiderait à atteindre ton but d'aider un maximum de gens, non ? Ou alors tu penses que leurs règles seront trop contraignantes par rapport à ton métier de psy et ta chaîne youtube ?.. »

Curieuse, elle essaya de ne pas être trop envahissante sur le sujet. Izaya pouvait très bien vouloir garder ça pour elle, ou alors elle avait d'autres raisons dont elle ne voulait pas parler avec une abonnée rencontrée il y a quatre ou cinq heures. Ce qui était tout aussi compréhensible pour la jeune fille. Le sujet dériva alors sur le repas, tandis qu'elle complimentait les talents d'Izaya. Mais cette dernière tint à la remettre dans l'équation, la faisant rougir et baisser les yeux à nouveau. Elle avait du mal à gérer les compliments, à savoir comment les accepter avec un sourire simple comme le faisait la psy. Elle avait une certaine admiration pour elle en ce sens où elle se sentait incapable d'être aussi simple dans cet accueil, aussi naturel. Aussi normal à vrai dire. Pour elle, c'était presque insurmontable. Peut-être parce que c'était quelque chose d'extrêmement rare puisqu'elle n'avait pas beaucoup de liens avec qui que ce soit, ou même parce qu'elle n'avait rien fait de particulièrement méritant jusque là. Elle n'avait pas monté d'entreprise ou fait quoi que ce soit d'impressionnant. La brune était juste elle-même et elle survivait de son mieux dans un environnement complexe pour elle.

« Merci... Je pensais pas que j'y arriverai mais ça va, c'était assez simple... C'était bien expliqué... »

Alors qu'elle avait dérivé d'elle-même sur le sujet de la guilde un peu plus tôt, elle fut surprise d'entendre Izaya la questionner à ce sujet maintenant, ne pensant pas être si intéressante que ça de toute façon. Elle avait vu dans les gestes, les manières de la psy qu'elle était décidément de la classe sociale supérieure, tandis qu'elle avait des habitudes simples, dépourvues de la grâce qui habitait les mouvements maîtrisés de son hôtesse. Et en l'entendant, elle ne pouvait aussi s'empêcher de penser que cette dernière devait s'adapter à elle, faire en sorte d'utiliser un vocabulaire assez limité, assez simple pour qu'elle comprenne. Il ne lui aurait pas fallut tant que ça pour qu'elle soit perdue. Mais la psy s'appliquait à rester abordable pour elle. La remarque de cette dernière sur sa capacité à se battre la fit cependant rougir, alors qu'elle était presque plus concentrée sur ses pensées que sur quoi que ce soit d'autre.

« Oh euh... Je sais pas trop... Je sais pas s'ils me prendraient, je suis vraiment pas très forte... Je suis juste rapide, au mieux... J'ose pas trop m'approcher... Mon premier donjon... Il s'est pas bien passé... Alors je préfère rester loin et faire attention... »

Haruna se mordit la lèvre, un peu gênée. Elle avait l'impression d'en avoir trop dit. Elle devait bien s'en moquer, Izaya. C'était juste un souvenir qui appartenait au passé, elle avait survécu après tout, alors ce n'était plus si important que ça... Surtout que c'était lié à sa nature de Joueuse... Et ça, ça ne devait pas se voir. Pas être repéré, compris. C'était mieux secret, enfoui.

« Mais non, en effet... J'aime pas trop me battre. J'en ai besoin cependant, pour avoir un peu d'argent de côté. Mon travail est pas si bien payé que ça, mais ils offrent les repas suite aux services et ils sont gentils, ils sont arrangeants et l'ambiance est agréable là-bas, alors j'aime bien y rester... »

Enfin, jusqu'à ce qu'elle se fasse repérer par les Yakuza et qu'elle doive fuir ailleurs. Alors qu'elle se mettait à penser à ces derniers qu'elle avait eu la chance de ne pas croiser depuis quelques jours, elle fut surprise de voir Izaya lui proposer du vin. Elle qui n'avait jamais goûté d'alcool, elle était maintenant confrontée à la décision alors qu'elle voulait partir juste après le repas et qu'elle avait un certain chemin à faire. Et puis elle ne savait même pas si elle aimerait. Après quelques instants d'hésitation, elle hocha la tête doucement.

« J'en ai jamais bu... Alors j'en veux bien mais juste un peu s'il te plait... »

Un peu embêtée face à sa propre ignorance, elle patienta, laissant la psy la servir. Après quelques instants, elle prit son verre et observa le vin avant d'enfin oser tremper ses lèvres dans le liquide chatoyant. Le goût était âpre, mais pas tout à fait désagréable. C'était assez étrange, mais pas véritablement plaisant pour la jeune femme aux yeux violacés. L'alcool cependant lui monta vite à la tête, la faisant légèrement grimacer tandis que son regard devenait moins certain. Mais elle avait encore l'esprit clair et il ne faudrait que quelques minutes pour que tout redevienne normal.

« C'est particulier... Je sais pas trop si j'aime bien ou pas... »

Indécise, elle n'arrivait pas à déterminer si elle le plaçait dans ce qu'elle appréciait ou non pour l'heure, continuant le repas plutôt que d'en prendre une nouvelle gorgée. Ça attendrait un peu.

Haruna hocha simplement la tête à la réponse d'Izaya. C'était vrai qu'être indépendant avait son lot d'avantages. La discussion continue alors plutôt paisiblement, l'Arai regrettant juste d'en dire un peu trop sur sa situation à son goût. Elle ne voulait pas que la psy se retrouve mêlé à ça pour rien. Elle ne le méritait pas.

Goûtant le vin, la jeune fille le trouva trop âcre à son goût, mais elle avait envie de réessayer, de voir si elle ne s'y habituait pas. Elle savait que certains mets s'aimaient rarement en un instant, qu'il fallait apprendre à les connaître pour les apprécier, et le vin en faisait sans doute partie, puisqu'elle doutait sincèrement que quiconque puisse tomber amoureux de ça sans avoir un minimum de connaissance sur le sujet maintenant qu'elle y avait goûté. Ou alors c'était parce qu'elle avait toujours eu une petite préférence pour le sucré et qu'elle ne retrouvait pas ce plaisir dans cet alcool ?

Heureusement, la Miyamoto ne semble pas le prendre mal et se lève pour aller lui chercher du jus d'orange, ce qui fait un peu rougir la demoiselle aux yeux pourpres. Elle se sent comme une gamine qui est déçue de sa boisson et à qui on va chercher une sucrerie pour lui changer les idées. Mais ce n'est pas si désagréable que ça. C'est bon le jus d'orange.

Alors qu'Izaya est de retour et lui sert un verre, elle la rassure quant au vin et lui propose de l'en débarasser. Alors qu'elle allait accepter, la femme aux couettes enchaîna sur un terme bien particulier qui fit virer au rouge effervescent la demoiselle aux cheveux lâchés. Cachant son visage dans ses mains, elle essaya alors de répondre tant bien que mal tandis qu'un frisson parcourait son échine.

« Ahah... Euh... Laisse moi un peu de temps... Je vais essayer de re goûter... Ce serait dommage d'abandonner si vite ahah.. »

Elle se redressa lorsque Izaya rit de bon coeur, faisant un peu la moue. Elle était trop facilement prise au piège de ce genre de taquinerie, mais elle n'arrivait pas à surpasser la gêne qui arrivait sur elle comme un tsunami après des remarques de ce type. Le compliment cependant ramena à nouveau du carmin à ses joues, la perturbant un peu.

La brunette attrapa alors à nouveau le verre à vin que lui avait servi la doctoresse et regarda quelques instants de plus le liquide avant de tenter d'en prendre une nouvelle gorgée, un peu plus grosse que la première. Gardant le vin en bouche quelques instants pour véritablement le goûter, elle finit par l'avaler avec une légère grimace, reposant le verre. Décidément, ce n'était pas son truc. Un peu triste de ne pouvoir apprécier la découverte que lui faisait faire son hôtesse, elle prit le verre de jus d'orange qui, lui, ne lui offrirait aucune mauvaise surprise.

« J'ai du mal pour l'instant en tous cas... Le goût est assez spécial... Après je sais pas si c'est celui de l'alcool en général ou celui du vin en particulier qui me gêne... »

Sirotant donc le jus sucré, elle ferme les yeux, profitant pleinement de l'orange. C'était tellement meilleur, pourquoi s'embêter avec des alcools ? D'ailleurs, sa tête recommençait à tourner un peu et elle préféra poser le verre de jus de fruit en portant la main droite à sa tête, penchant cette dernière légèrement sur le côté. Main au front, coude appuyé sur la table, elle ferma les yeux quelques instants, attendant que la sensation passe.

« C'est un peu bizarre cette sensation qui vient après coup aussi... Je sais pas si c'est agréable ou si ça me gêne juste... C'est particulier... »

Laissant ainsi quelques longues secondes s'écouler, elle se redressa et rouvrit les yeux pour mieux écouter les nouvelles questions d'Izaya. Elle eut un petit rictus, un tic de gêne plus qu'autre chose, lorsque la psychologue lui parla de soucis d'argent. Elle ? Un problème financier ? Non voyons... Jamais... Elle tâcha maladroitement de s'en persuader le temps de quelques secondes pour essayer d'être plus crédible aux yeux de la Miyamoto, mais elle ne pouvait pas véritablement la regarder en face. Elle faisait une piètre menteuse.

« Oh c'est à Ikebukuro... Un fastfood de petite taille. Il s'appelle le Rail Road, je sais pas si tu connais... Mais non non... T'en fais pas Izaya... J'ai juste pas beaucoup d'argent mais je m'en sors bien t'en fais pas... C'est rien je gère de toute façon... »

Bon, gérer par la fuite, c'était un moyen comme un autre non ? Alors c'était pas un si gros mensonge... Et puis elle ne voulait pas impliquer Izaya en plus de ne pas vouloir se faire offrir ce genre d'argent. Ce n'était pas qu'elle ne voulait pas effacer ses dettes et repartir d'un bon pied, mais elle ne voulait pas se retrouver avec de nouvelles dettes auprès de quelqu'un d'autre ou se retrouver soumise par le biais de l'argent. Elle aimait mieux les relations d'égal à égal, où chacun gagnait autant qu'il donnait, peu importe la forme certes, mais elle ne voulait ni être un parasite ni devenir une subalterne d'Izaya. Ce n'était pas ce genre de relation qu'elle voulait avec la psy. Mais maintenant qu'elle y pensait, c'était quoi, le genre de relation qu'elle voulait avec Izaya ?..

La brune fit un petit sourire gêné. Pas habituée à l'alcool était un euphémisme.

« C'est la première fois que j'en bois... J'aime pas vraiment non, mais par contre je voudrais bien goûter autre chose une prochaine fois... »

Cela impliquait forcément de se revoir, mais elle ne dépréciait pas l'idée. Elle appréciait bien la compagnie de la doctoresse et cette dernière semblait également bien l'aimer, c'était peut-être le début d'une amitié et non une simple connaissance. Elle ne serait peut-être pas qu'une fan de sa chaîne youtube, ce qu'elle préférait honnêtement puisqu'elle n'aimait pas beaucoup ce lien factice qui se créait facilement avec la plateforme de vidéos en ligne.

La discussion enchaîne sur son travail mais les remarques d'Izaya reprennent de plus belle, la faisant retourner au carmin aussitôt. La peste. Rougissante, elle ne sait de nouveau plus où se mettre, fuyant du regard, cherchant quelque chose à se raccrocher. Neptune qui se baladait à nouveau après une bonne sieste se fit donc attraper et câliner sauvagement, l'Arai cachant encore une fois son visage dans le pelage de la bête. Comme un calmant, l'animal avait la capacité de la relaxer très rapidement alors qu'elle le caressait dans ses bras tandis que la Miyamoto riait de bon coeur. Lui faisant un peu la moue, elle lui répondit cependant au bout de quelques secondes.

« C'est juste une tenue toute noire sans marque visible avec un tablier rouge et le logo du Rail Road... D'ailleurs la tenue en elle-même c'est juste le tablier, ils fournissent pas la tenue complète... Mais après si tu veux passer, on accueille tout le monde alors je pourrais pas t'en empêcher si tu veux venir te moquer... »

À l'opposé de l'extrême-centre de Ginza, Ikebukuro était un quartier très animé où elle aimait vivre sans trop de contraintes et avec une grande facilité d'y disparaître. Au coeur de Tokyo, même les Yakuza avaient du mal à retrouver une fille comme elle, sans liens fixes avec l'extérieur. Pas de réseaux sociaux, pas d'école, pas d'adresse... Rien à son nom qui permettait de remonter jusqu'à elle facilement.

Elle remarqua cependant la pointe de tristesse de sa comparse lorsque cette dernière regarda la pendule. Il était tard, il fallait qu'elle rentre dans son quartier pour être prête à temps le lendemain pour son travail. Et puis l'idée d'un second tour en moto ne lui déplaisait pas non plus. Les sensations étaient agréables, elle n'était pas contre les revivre.

Les questions de son hôtesse la gênèrent alors un peu et elle esquiva en partie la question, ne répondant pas honnêtement à propos de ses problèmes d'argent. Mauvaise menteuse, elle est cependant certaine que la psy a bien compris qu'elle lui cachait quelque chose, ce qui était désagréable comme sensation. Elle ne voulait pas être vue comme ça, comme une profiteuse qui n'hésitait pas à mentir ou alors mentait volontairement mal pour attiser les sentiments de celle à qui elle parlait. Jouer sur le pathos était quelque chose qu'elle conspuait et elle serait bien la dernière à le faire volontairement.

« Je vois... J'y penserai si jamais... Mais là ça va... T'en fais pas c'est rien... »

Bien trop gênée pour avouer, elle s'enfonçait un peu plus dans son mensonge, se mordant la lèvre au passage. Elle n'aimait décidément pas ça, d'autant plus que la psy avait été honnête avec elle et très sympathique. Elle n'avait strictement rien à lui reprocher, si ce n'était une trop forte tendance à la provoquer avec des sujets sensibles, d'autant plus juste après lui avoir fait lire un manga aussi osé.

Alors que la psy commence à la saluer, l'Arai un peu gêné rassemble ses mains dans son dos, les serrant un peu l'une dans l'autre.

« Ahah oui... Déjà... Il est tard, je dois vraiment plus trop tarder... »

Hésitante, elle avala sa salive avant d'oser mentionner ce qu'elle avait en tête.

« Tout à l'heure tu m'avais proposé... de me ramener en moto... C'est pas trop tard pour toi ?.. Si tu veux toujours bien... »

Elle rougit un peu en posant la question, n'ayant pas l'habitude de faire des demandes pareilles, mais sursauta à la question à propos de son téléphone. Ah ça...

« Oh euh... À vrai dire... J'en ai pas... Enfin plus... Il est tombé dans l'eau il y a quelques semaines et j'ai pas encore prit le temps d'en racheter un et de reprendre un forfait... Mais je comptais le faire bientôt ahah... Tu peux toujours me donner ton numéro si tu veux... Sinon je pourrais toujours passer ici... Ou on se recroisera peut-être au parc Ueno, j'aime bien y aller de temps en temps... »

C'était un mensonge éhonté, mais pour ce genre de chose, elle était un peu plus à l'aise. Quand il s'agissait de cacher ce genre de misère, elle avait au moins un minimum d'excuses, puisqu'elle était habituée à les sortir. Elle n'était pas autant au pied du mur que pour les autres questions plus directes et beaucoup moins courantes. En vérité, cela faisait trois ans qu'elle n'avait plus de portable, depuis que son père était mort. Certes c'était un avantage pour fuir plus facilement sans pouvoir se faire repérer, mais c'était aussi par manque d'argent qu'elle avait du faire ce choix, préférant dormir à l'abris qu'avoir un téléphone pour n'appeler personne à vrai dire.

Restant debout, mains toujours dans le dos, le regard légèrement sur le côté, Haruna attendait de savoir si Izaya acceptait toujours de la ramener dans son quartier, bien qu'elle commençait à échaffauder un plan pour ne pas qu'elle découvre qu'elle n'avait pas de toit. Et il allait en falloir du temps pour ça, c'était loin d'être aisé à sortir comme mensonge pour la musicienne.

L'Arai fit un petit hochement de tête timide, un peu gênée. Elle était contente de la soirée malgré toute la gêne qu'elle avait pu ressentir, ayant pu profiter d'un certain moment de paix dans sa vie de fugitive avait été véritablement agréable. Mais alors qu'elle pensait pouvoir partir avec elle en moto, le sujet du téléphone vint sur la table et la réaction de la psy ne se fit pas attendre.

Se sentant un peu coupable, la demoiselle se mordit la lèvre, regardant un peu sur le côté pour éviter de se retrouver yeux dans les yeux avec Izaya. Elle n'était pas capable d'affronter son regard alors qu'elle savait qu'elle lui mentait ainsi. Elle se sentait véritablement mal d'avoir à ainsi lui voiler autant de vérités sur sa situation. Elle sentit également la pression du regard de la doctoresse qui ne la laisserait pas fuir.

Avalant difficilement sa salive, elle hocha à nouveau la tête pour indiquer qu'elle comprenait la volonté de la Miyamoto. Elle ne put retenir un petit soupir de soulagement lorsqu'elle expliqua qu'il était trop tard pour lui acheter un téléphone, ce qui l'aurait encore plus mit dans l'embarras. Elle n'essaya cependant pas d'appuyer sa remarque précédente, se doutant bien qu'elle n'avait pas été très crédible. Elle ne voulait pas aggraver plus son cas aux yeux de la chasseuse.

Haruna prit alors le post-it tendu et l'enfoui dans sa poche, y plongeant sa main en même temps pour ne pas qu'il lui échappe. Si elle n'avait pas véritablement fait attention à celui de Shen, le numéro et l'adresse d'Izaya avaient cependant une certaine importance à ses yeux. Elle était quelqu'un de gentil et d'attentionné, plutôt belle aussi, et surtout elle se sentait bien en sa présence. Elle était plus apaisée que jamais, ce qui lui manquait terriblement depuis son enfance.

Lorsque Izaya enchaîna alors, expliquant bien l'apprécier, Haruna ne put s'empêcher de rougir un peu elle aussi, le regard toujours fuyant. Elle hocha la tête lorsque Izaya se reprit après un petit instant de silence. Elle aurait bien aimé lui dire qu'elle aussi elle l'appréciait bien, mais pour l'instant elle en était bien incapable. Elle eut finalement le courage de les relever pour tomber pile sur ceux de la psy, bloquant alors à nouveau dessus, les joues d'un rose bien prononcé.

« D'accord... J'y penserai... T'en fais pas... »

Totalement gênée, elle fut soulagée lorsqu'enfin Izaya se retourna pour prendre sa veste. L'Arai replongea alors son regard sur le sol, les joues redevenant carmin. Décidément, cette ambiance la chamboulait dans ses habitudes. Cette rencontre si particulière la déboussolait plus qu'elle ne l'aurait pensé. Oubliant totalement sa propre veste au passage, elle hocha la tête à la remarque d'Izaya et sortit de l'appartement avec elle pour rejoindre sa moto.

Blottie à nouveau dans le dos d'Izaya, cette fois de manière un peu plus consciente cependant, Haruna se laissa guider jusqu'à Ikebukuro. Observant par moment les lumières sur les côtés, dans un voyage plutôt silencieux par rapport au premier, elle avala sa salive et murmura, volontairement trop bas pour que la conductrice ne l'entende pas. Elle n'aurait pas osé lui dire en face après tout. Mais elle avait apprécié cette rencontre plus qu'elle n'aurait su l'admettre pour l'heure. Le réconfort qu'elle y avait trouvé était véritablement salvateur à son coeur en cette période particulièrement dure qu'elle traversait.

« Moi aussi... Je t'apprécie bien... »

Retournant au carmin de sa propre déclaration, bien que cette dernière était inaudible entre le vent, le bruit du moteur et les casques, l'Arai se concentra à nouveau sur le voyage, jusqu'à reconnaître un coin du quartier pas trop loin de là où elle vivait la plupart du temps. Se redressant alors, elle se racla un peu la gorge avant de parler de manière bien plus compréhensible.

« Tu peux t'arrêter là ! Au konbini ! Je dois m'acheter un petit déjeuner pour demain et j'habite à côté... Je pourrais rentrer sans problèmes t'en fais pas... »

Gênée, elle descendit lorsque le bolide s'arrêta, décrochant tant bien que mal le casque pour le rendre à Izaya, détournant à nouveau le regard un peu gêné. C'était le moment de se saluer, mais elle ne savait pas trop quoi dire. Aussi elle essaya d'attendre, de voir ce que dirait la Miyamoto. Peut-être que ses paroles l'aideraient à trouver quoi répondre.

En face à face, gênée alors qu'elle devait à nouveau soutenir le regard direct d'Izaya, elle ne pouvait s'empêcher de repenser à cet aveu qu'elle avait fait au milieu de la route que la psy n'avait sans doute pas entendu. Et elle avait donc d'autant plus de mal à la regarder en face qu'elle venait de lui mentir, prétextant vouloir acheter quelque chose pour déjeuner.

Descendant du bolide avec la trentenaire, la demoiselle aux yeux pourpres recommença à jouer avec ses mains, les serrant et faisant travailler chacune de ses articulations. Ce petit geste nerveux l'aidait à garder une certaine consistance quand la gêne d'une situation était trop grande, la Miyamoto l'avait sans doute remarqué. D'ailleurs, l'attitude de cette dernière ramena les joues au stade cramoisi où elles avaient passé sans doute la moitié de la soirée.

« Oui c'était cool... Je pourrais te faire visiter oui, quand tu auras un peu de temps avec ton travail... Et si jamais tu me cherches, tu pourras surement trouver le Rail Road sur internet, j'y travaille du lundi au vendredi... »

Alors qu'elle ne savait pas trop comment lui dire aurevoir, Izaya l'attrapa et se colla en partie à elle pour lui faire un nouveau baiser sur la joue. Mais si le premier lui avait fait remonter des souvenirs beaucoup plus anciens, celui-ci l'avait juste ramené au carmin. Frissonnante, l'Arai hocha doucement la tête. Si elle avait essayé de parler de toute façon, elle n'aurait pu que baffouiller, alors elle avait préféré garder le silence. Ce n'est qu'au bout de quelques secondes, l'émotion étant un peu redescendue, qu'elle osa répondre.

« Ou... Oui... Toi aussi... À la prochaine... »

Se forçant un peu pour surpasser la gêne qui l'habitait, elle parvint à relever les yeux et, toute rouge, à faire un petit sourire timide à la femme aux couettes qui allait bientôt s'envoler sur son destrier. Un dernier petit signe de la main puis la brunette se glissa dans le konbini, cherchant un peu dans les étagères de quoi se faire un petit déjeuner. Quitte à être là, autant véritablement acheter à manger.

Au bout de quelques minutes, son choix fait et les achats réglés, elle ressortit et regarda quelques instants le ciel avant de rougir à nouveau et de se presser dans la rue, traversant deux pâtés de maison avant d'atteindre un karaoké qu'elle connaissait où elle pourrait dormir tranquillement. Se glissant dans la bâtisse, elle régla le prix avant de s'allonger rapidement sur le divan, bien épuisée.