Like there's no tomorrow [Pv. Izaya | Quête hebdo | +18 - S]

L'Arai s'étira. Son bras la faisait encore souffrir, mais il était quasimment remit. Une vitesse exceptionnelle pour un être humain normal mais pas pour une chasseuse à n'en pas douter. Elle n'avait décidément plus rien à voir avec la frêle jeune fille qu'elle avait pu être auparavant. Elle allait arriver d'ici quelques instants à l'appartement de la psy. Prenant une grande respiration, les joues déjà rouges de gêne, elle venait pour lui demander un soutient.

La fin de la semaine approchait à grands pas et avec elle, la nécessité de faire la quête hebdomadaire, sans quoi elle se retrouverait dans la même situation que celle qui l'avait poussé à passer toute une nuit sur le divan de la Miyamoto. Elle avait des flashs chaque nuit du donjon, faisait des cauchemars horribles, se réveillait en sueur et parfois même en criant. Elle avait dû déranger Elena sans doute. Elle s'en voulait. Mais elle n'y pouvait pas grand chose. À chaque fois qu'elle y repensait, la peur venait la saisir à la gorge.

Mais là, c'était pour avoir le soutien d'Izaya -et passer du temps avec elle- qu'elle était venue la voir. Elle voulait lui demander de l'aider à tenir les huit heures non stop. Elle avait bien réfléchi à sa stratégie d'attaque. Peut-être qu'elle parviendrait à être à peu près crédible cette fois ?.. Elle avala sa salive et sonna à la porte.

Attendant quelques instants pour que la doctoresse lui ouvre, elle rougit et détourna un peu le regard, ayant encore en tête les images de la matinée où elle lui avait déclaré son attirance. Ça avait été particulièrement direct, difficile à gére pour la jeune femme aux yeux violacés.

« Salut Izaya... Je... J'espère que je te dérange pas... Je peux rentrer ?.. »

Suivant la psy, incapable de décider comment elle devait se comporter, elle resta debout, avalant la salive qui l'empêchait de parler correctement et qui s'accumulait un peu trop vite à son goût.

« Je suis venue pour te demander... Tu es dispo aujourd'hui ?.. Ou demain... J'ai... C'est un peu bête je sais mais... J'ai un... »

Le passage difficile. Mentir à cette femme pour qui elle avait une certaine attirance. Tout ça pour ne pas le faire toute seule. Pour être avec elle en vérité. C'était gênant de l'avouer. Mais elle devait le faire.

« J'ai vu un challenge passer sur internet... Et... J'me suis dit... Que t'accepterais peut-être de le faire avec moi... Juste pour nous, pas besoin de se filmer ou quoi... J'oserai pas de toute façon... J'ai pas ton assurance à me montrer comme toi dans tes vidéos... Fin... Le challenge est dur en plus... Mais j'avais bien envie de le faire avec toi... »

Se perdant un peu dans ses explications imprécises, elle rougit un peu plus alors que venait le moment de dévoiler enfin de quoi il s'agissait réellement.

« C'est un peu bête mais... Le truc c'est de danser pendant huit heures non stop... Tu... Tu voudrais bien essayer avec moi ?.. Toute seule ça me paraissait assez nul alors... J'ai pensé à toi... »

Elle changeait sa version, elle n'était sans doute pas très crédible sur sa motivation à l'impliquer. Mais la Miyamoto comprendrait surement, même si elle essayait de lui cacher. Elle avait envie de le faire avec elle parce qu'elle l'appréciait bien.

Haruna fut un peu surprise de voir Izaya ainsi décoiffée. Elle ne l'avait encore jamais vu sans ses couettes, que ce soit lors de leurs deux rencontres précédentes ou sur ses vidéos. Elle semblait être quelqu'un de très organisé, alors la voir ainsi plus détendue était surprenant pour la demoiselle aux yeux pourpres.

Un peu intimidée par l'idée de sa propre demande qui était sortie de nul part pour qui n'était pas Joueur, l'Arai suivi son hôtesse à l'intérieur avant de dévoiler ce pourquoi elle était venue. Elle ne savait pas trop à quoi elle s'attendait, mais elle avait fait le choix de venir ici. Pour éviter un peu de solitude sans doute. Pour être avec Izaya aussi. Peut-être même pour lui éviter à elle aussi d'être seule. C'était toujours une bonne raison pour se voir après tout.

Face à la réaction plutôt enjouée de la psychologue, elle ne peut s'empêcher de rougir. Elle ne l'avait pas véritablement vu comme ça, mais c'était vrai que maintenant qu'elle y pensait, la proposition était plutôt osée. La danse avait toujours quelque chose de spécial, de différent par rapport à une rencontre normal. Quelque chose de plus intense. Sans doute par la proximité qu'elle imposait. Elle fut cependant un peu rassurée quand la Miyamoto lui confirma cependant qu'elle acceptait. Elle n'aurait pas à le faire toute seule, c'était déjà ça.

Elle s'inquièta alors pour son bras, ce à quoi Haruna fit un petit sourire gêné avant de se recoiffer un peu d'un geste de la main.

« Ça va aller, t'en fais pas... je pensais pas récupérer aussi vite, surtout après un truc pareil. C'est pratique parfois d'être chasseuse ! »

Le contact des mains ne la gêne pas, au contraire, il est appréciable, doux. Elle sent que son coeur s'emballe un peu, mais c'est encore léger. Les joues rosies cependant, elle ne s'attendait absolument pas à ce qu'Izaya s'approche plus encore, pénétrant dans sa bulle intime pour allez frotter son nez contre le sien, ce qui fait rougir violemment Haruna. Mais elle ne s'échappe pas. Elle détourne cependant le regard après quelques instants. Rire nerveux et bégaiement partiel sont à nouveau ses apparâts lorsque la psy la questionne sur le style de danse qu'elle souhaitait faire.

« Je... J'avoue que je m'y connais pas du tout en danse... C'est justement pour ça que je voulais faire ce challenge, je me suis dit que c'était une bonne occasion pour découvrir... »

Cette ligne là, elle l'avait bossé ! Elle y avait bien passé une heure pour paraître aussi crédible que possible. Elle avait peur d'être trop étrange, suspecte. Alors elle avait prit le temps de réfléchir à quelques détails, et elle était plutôt contente de l'avoir placé. Ce qui transparaissait sur son visage et devait donc paraître assez étrange sans doute ?.. Elle rougit alors dans la foulée, se rendant compte que même quand elle parvenait à être plutôt bien sur son mensonge, la joie enfantine qu'elle en retirait pouvait totalement briser ce qu'elle venait de réussir. Elle pouvait vraiment être une gamine parfois... Mais peut-être qu'Izaya ne le remarquerait pas ?.. Ou l'interprêterait autrement ?

« Du coup... Je veux bien essayer tes styles de danse si tu veux... »

Du coin de l'oeil, elle repéra aussi Neptune qui se baladait et qui vint les voir, intrigué sans doute par la nouvelle arrivée. Alors qu'il se frottait à ses jambes, elle s'accroupit tandis qu'Izaya partait mettre de la musique, sans doute une adaptée à la danse qu'elle avait choisi. Caressant le chat avec une certaine affection, Haruna lui gratouillait le cou, observant en même temps Izaya.

« Ta maîtresse va nous mettre de la musique. T'aimes bien ça toi ? Par contre il va falloir que tu fasses attention... Je serai sans doute pas très douée alors je risque de te marcher dessus si tu restes trop proche de nous. Fais attention d'accord ? »

Frottant désormais le dos du chat gris, elle se releva alors que la trentenaire revenait vers elle. Le rouge aux joues, elle la regarda droit dans les yeux. Elle allait passer huit heures dans ses bras, il fallait bien qu'elle commence à s'y faire maintenant qu'elle avait fait ce choix.

« On commence comment ?.. »

Neptune s'écartait nonchalament d'elle alors qu'Izaya revenait à ses côtés. Cette dernière avait décidé que la danse serait le foxtrot, un nom qui ne disait absolument rien à la jeune femme. Elle connaissait de nom quelques danses biensûr, que ce soit des danses classiques comme la valse ou le slow, ou alors des danses plus contemporaines, la breakdance, la zumba, des noms comme ça auxquels elle était cependant bien incapable d'accrocher la moindre image. Totalement novice dans le domaine, elle n'avait cependant pas le choix de s'y intéresser au risque de passer un nouveau moment atroce en donjon punitif. Et elle n'en avait absolument pas envie.

Mais alors que la mélodie commençait à résonner dans la pièce, l'hôtesse ayant vraissemblablement préparé une playlist adéquate sur son ordinateur, cette dernière décréta qu'il fallait avant tout s'habiller en conséquence, ce à quoi Haruna n'avait pas réfléchi ne serait-ce qu'un instant. Pour elle, la danse n'était qu'une affaire de pas, les habits c'était pour faire joli en soirée mondaine, non ?.. Visiblement, la Miyamoto n'était pas de cet avis et, les joues rouges, elle n'eut d'autre choix que de suivre la maîtresse de maison.

Izaya chantonnait en même temps. Sa voix était douce, agréable. Elle la berçait en partie. L'Arai se demandait alors comment une musique si calme allait pouvoir requérir un effort de danse intense, mais sans doute était-ce là le symbole de son ignorance dans le domaine. Puisqu'elle doutait sincèrement que son hôtesse ne lui parle de celle-ci si elle allait en désaccord avec la requête de la jeune fille aux yeux pourpres.

Main dans la main, elles allèrent donc jusqu'au dressing de la cavalière qui allait jouer le rôle directeur dans leur échange dansant. D'ailleurs, cette dernière se choisit un costard qui montrait clairement son envie de guider la jeunette ignorante. La longue robe rouge échancrée qu'elle lui montra pour elle la fit cependant bien rougir, ne s'étant jamais imaginée dans une telle tenue. Habituée des jupes d'uniforme et des pantalons usés avec t-shirt et veste légèr, elle n'imaginait pas qu'elle allait un jour mettre une tenue aussi sexy. Rien que l'idée de l'enfiler la faisait rougir à souhait. Elle n'allait pas être belle là dedans... C'était une tenue de dame raffinée, pas de gamine maladroite... Mais Izaya ne lui laissa pas véritablement le choix par son attitude, son enthousiasme. Elle n'avait pas envie de la décevoir, alors en détournant un peu les yeux, elle accepta, les joues carmin.

Tournant timidement le dos à sa future partenaire de danse pour se changer, elle jeta cependant un nouveau regard à la Miyamoto, remarquant l'absence totale de gêne de cette dernière par rapport à elle. Était-ce parce qu'elles étaient toutes les deux des filles ou, comme elle le sentait depuis un moment, parce qu'elle avait une certaine attirance pour elle ?.. Une attirance au delà de la simple amitié ?.. Elle secoua un peu la tête, les joues rouges, pour se reconcentrer. Elle avait une épreuve à faire, ce n'était pas le moment de flancher. D'ailleurs, maintenant qu'elle la regarde, elle se rend compte que plus qu'une absence de gêne, c'est presque un stiptease qu'Izaya s'applique à faire, ce qui fait tourner l'Arai au carmin.

Se retournant à nouveau, elle se concentre sur son propre habillage, enfilant la robe sur sa peau nue uniquement protégé par des sous-vêtements noirs de type sportif. Plus agréables à porter à son goût, la brassière tient notamment mieux sa poitrine pour son travail. Mais là, cette dernière se retrouve à être un peu visible au niveau du léger décolleté que la robe possède. Les mains derrière le dos, elle se retourne pour faire face à sa partenaire, le regard perdu sur le côté, intimidée.

« Oh euh... ahah... Merci... Toi aussi tu es très belle comme ça... »

Elle rougit alors d'autant plus, ayant retourné le compliment sans spécialement penser à sa signification sur l'instant. Elle le pensait certes, mais l'interprétation qui pouvait en être faite, elle n'y avait pas pensé, trop perturbée par la situation. Mais elle ne se corrigea pas. Elle le pensait, alors maintenant que c'était dit, autant ne pas changer sa version, autant ne pas mentir. C'était déjà trop tard pour ça. Le baise-main que lui fait la Miyamoto la fait lui aussi grandement rougir, totalement inhabituée à ce genre de pratique bien qu'Izaya semblait en être une fervente utilisatrice. Sans doute pour la taquiner puisqu'à chaque fois, elle réagissait au quart de tour en devenant pivoine.

Mais alors qu'elle pensait que ce serait là l'élément le plus gênant, elle se rendit rapidement compte que la danse proposée par Izaya n'était pas si innocente que ce qu'elle avait pu croire. Ainsi, elles allaient se retrouver presque collées pour toute la durée de l'épreuve, ce qui allait aussi être une épreuve en soi pour le coeur de la jeune fille qui battait déjà à tout rompre, rougissante à souhait.

Encore une fois cependant, si l'expérience d'Haruna est inexistante, sa grande dextérité en tant que chasseuse lui permet de se rattraper un nombre incalculable de fois et ceux dès le démarrage, évitant ainsi d'écraser les pieds de sa partenaire à tous vas. Et ainsi, si les premières minutes sont particulièrement compliquées, l'Arai prend vite le pli grâce aux conseils de son hôtesse qui la guide avec enthousiasme.

Les postures s'enchaînent alors et avec elles les moments de grande gêne pour la demoiselle aux yeux pourpres qui est à chaque fois bloquée par le regard et les bras d'Izaya qui la tient fermement, la guidant à tout instants. Elle passe ainsi la première heure à être quasimment tout le temps à la teine la plus carmin que ses joues sont capables de produire jusqu'à ce qu'enfin, elle commence à s'habituer. La fatigue arrive déjà, et son bras la tire un peu, mais ce n'est pas grand chose et elle n'a pas véritablement le choix. Mais alors qu'elle commence à gagner en assurance, la Miyamoto semble prendre la situation plus au sérieux, l'atmosphère change et la gêne de l'ingénue s'en retrouve redoublée.

Le regard d'Izaya, son souffle, ses mouvements, sa peau, ses cheveux, mais aussi son attitude, la manière dont elle la tient, la proximité entre elle, tout ça prend une allure plus séductrice, plus attractive, comme si elle se métamorphosait pour la séduire, ce qui eut pour effet de ramener le carmin aux joues de la jeune femme de vingt-et-un ans.

Le temps défile alors et avec lui, la fatigue continue de s'accumuler. Mais l'Arai tient bon. Elle sait qu'elle n'a pas le choix, que c'est vital pour elle. Lorsqu'Izaya commence à s'inquiéter à ce sujet, elle lui sourit, tâchant de la rassurer au mieux.

« Non non, t'en fais pas... Et puis j'ai vraiment envie de réussir le challenge, ce serait trop dommage d'abandonner maintenant ! »

Sa respiration se faisait alors plus intense avec le temps, son corps nécessitant plus d'oxygène pour alimenter ses muscles mis à rude épreuve. Mais alors qu'elle était en train de se replonger dans leur séance de danse endiablée, la question d'Izaya vint la prendre en plein ventre, lui coupant le souffle et la faisant rougir violemment.

« Je... Je-je... Tu... ahah... »

Il lui faut quelques instants pour se ressaisir, incapable de parler correctement, mais prêtant toujours la plus grande attention à ne jamais s'arrêter de danser.

« C'est pas juste de me sortir des trucs comme ça... Mais... »

Elle détourna le regard tout en continuant de danser, les joues toutes rouges.

« Mais ça me déplait pas que tu aies accepté de le faire avec moi... »

La danse reprend alors de plus belle alors que la playlist passe à la musique suivante sans véritable arrêt, le duo continuant les pas sans cesse. Lorsqu'elle commençait à être véritablement épuisée, l'Arai sentit qu'Izaya l'aidait à tenir. Plus endurante qu'elle de bien loin semblait-il, la trentenaire lui offrait un grand support pour continuer, que ce soit moral ou physique. Donnant tout ce qu'elle avait, Haruna se donna à fond jusqu'au bout, où alors que l'alarme pour leur signaler que les huit heures s'étaient déroulées, Izaya la fit se détacher un peu d'elle et, la guidant d'une main sûre d'elle, elle lui fit faire un de ces semi-portés plutôt sexy qu'elle avait vu quelques fois dans des films. Tournant à nouveau au rouge vif malgré l'épuisement, l'Arai avait du mal à soutenir son regard, mais dans cette position, elle ne put que gainer ses muscles pour tenir dans la position et ne pas s'effondrer au sol.

Ramenée d'un seul coup dans les bras d'Izaya, les joues carmin, Haruna se retrouvait ainsi blottie contre elle, respirant encore fortement, épuisée. La petite phrase qu'avait lâché la psy au passage l'avait bien atteinte et la suite la fit rougir tout autant.

« Je... Je m'attendais pas à ce que ce soit si dur... Mais... je suis contente d'avoir réussi... »

Se détachant légèrement de la Miyamoto parce qu'elle avait du mal à garder son esprit clair en étant si proche, sentant l'odeur de son corps après tant d'heures à faire des efforts. Ce n'était pas foncièrement désagréable, c'était même envoûtant. Non pas qu'elle soit une fétichiste aux pratiques étranges, c'était simplement la situation, la signification de cet effort qu'Izaya avait consenti à partager avec elle. Un tout qui la perturbait diablement.

« C'était... C'était dur mais c'était bien... Tu es douée en danse, et tu apprends bien... Je... Je veux bien rester mais... Ça te dérange si je vais prendre une douche ?.. Je me sens toute collante déjà... »

Qui plus est, l'eau lui ferait du bien à son bras qui lui faisait mal. Mais elle n'en avait rien dit. Elle avait encaissé la douleur, comme souvent dans sa vie. Elle avait absorbé les grimaces de souffrance comme elle le faisait à chaque fois qu'elle était en public et qu'elle devait faire bonne figure. Mais cette fois-ci, ce n'était pas pour ça mais pour ne pas inquiéter Izaya, pour que cette dernière ne la force pas à tout arrêter en plein milieu de l'épreuve qu'elle devait absolument réussir.

Épuisée, elle s'assit sur le divan en attendant la réponse de son hôtesse. Elles avaient déjà prit un bain ensemble, alors qu'elle prenne une simple douche ne devrait pas poser de problème... À moins qu'Izaya ait envie de la partager avec elle, auquel cas elle deviendrait carmin à nouveau. Mais pour l'instant, elle tâchait de reprendre son souffle. Autant ne pas tenter de prédire l'avenir même si une petite voix lui soufflait que la trentenaire ne résisterait pas à cette opportunité.

Alors qu'elle était fatiguée et ne pensait qu'à se détendre et à se laver, l'Arai demanda à son hôtesse si elle pouvait lui emprunter sa douche. Elle se doutait que cette dernière ne lui refuserait pas, mais elle ne pensait pas un instant, malgré ce qu'elles avaient pu échanger, la tension présente entre elles la dernière fois, qu'elle voudrait l'y accompagner. Les joues rouges, le regard un peu fuyant comme souvent, Haruna accepta, cédant sans trop de mal. Elle appréciait beaucoup la compagnie de la trentenaire. Elle était belle, intelligente, agréable à la vue, au toucher, à l'odorat... Au goût aussi...

Se perdant dans ses pensées, la demoiselle rougit d'autant plus qu'elle se laissait revenir à ses souvenirs de leur dernière rencontre. La réaction de celle pour qui ses sentiments se muaient avec le temps pour quelque chose de plus fort, de plus proche, ne laissa pas l'ingénue sans émotions. Ses mimiques, ses rires, ses sourires... Plus le temps passait, plus elle les discernait. Elle voyait les plus sincères et celui-ci en faisait partie. Et c'était ceux qui la chamboulaient le plus. Encore une fois, elle tourna au carmin en quelques instants mais se contenta d'aller avec elle dans la salle de bain pour profiter de la douche et laver cette sueur résultante de huit heures d'efforts physiques.

Toujours avec la même gêne pudique, l'Arai tourna le dos à la Miyamoto pour se déshabiller. Elle avait encore du mal à être aussi directe que cette dernière pouvait l'être. Izaya avait cet atout de séduction, cette confiance qui manquait à Haruna et qui, en un sens, la fascinait. Elle la fascinait tout autant que les yeux de la psy, ses attentions discrètes, ses réactions désormais habituelles pour la jeune femme qui pourtant ne l'avait rencontré que deux fois avant aujourd'hui. C'était si rapide, si soudain, si brusque, comme une tornade qui aurait déboulé dans sa vie pour tout emporter et ne laisser que quelque chose de fragile, en suspens. Un terrain propice à la nouveauté, au changement. À un futur différent.

Un peu intimidée dans cette situation de nudité partagée, Haruna se glissa dans la douche, rapidement suivie d'Izaya qui mena la danse de l'eau, laissant pleuvoir sur leurs corps les gouttes d'eau de cette averse chaleureuse. Face au commentaire d'Izaya, la brune aux yeux pourpres ne put s'empêcher de tourner pivoine une nouvelle fois. C'était vrai que la douche n'était pas si grande, contrairement au jacuzzi qui leur avait laissé un peu d'espace. Presque collées, l'Arai sentit le souffle chaud de sa partenaire sur sa peau. Frissonnante, elle écouta la requête de son hôtesse, tournant plus rouge encore qu'elle ne l'aurait cru possible, dépassant ses propres limites à la demande si particulière.

Elle appréciait énormément Izaya. Lui vouait des sentiments de plus en plus puissants. Mais cette contrainte charnelle qu'elle lui apposait sur les épaules la gênait encore beaucoup. Elle ne savait pas comment la gérer, comment l'accepter, tant pour elle que pour sa partenaire. Elle remarqua cependant une fragilité nouvelle chez Izaya, dans ses mouvements, ses réactions. Elle se livrait à elle dans ses retranchements, proposant quelque chose qui semblait, elle aussi, la perturber. Elle faisait des efforts considérables, et à cette vue, Haruna ne put que céder. Toute rouge, sans répondre vocalement à la Miyamoto, elle commença par l'embrasser une fois timidement, puis une seconde fois avec plus d'envie. Elle voulait partager ce moment avec elle. Mais elle n'était pas encore bien douée, même si sa grande adresse désormais naturelle l'aidait à constamment évoluer. À constamment reprendre et rendre plus juste chacun de ses gestes. Ceux-ci en faisaient aussi partie.

Se détachant doucement d'Izaya un instant, l'Arai prit du savon dans ses mains et commença par les épaules de sa partenaire, descendant avec tendresse le long de ses courbes. Elle était toute rouge, incapable de regarder la psy dans les yeux. Mais doucement, elle s'adaptait, ses gestes se faisaient moins hésitants. Elle développait un goût pour le contact qu'elle n'avait que peu vécu jusque là. Quelque chose de nouveau, de différent. D'hypnotisant.

Incapable de formuler la moindre pensée, elle se laissa ennivrer de la situation, se plongeant avec Izaya dans un échange charnel léger mais plus qu'elle ne l'avait jamais fait jusque là. Elle esquiva uniquement le bas ventre de sa partenaire, incapable pour l'heure de s'y attarder. L'embrassant encore et encore, Haruna sentait son coeur éclater en puissance plus qu'il ne l'avait jamais fait. Elle était dépassée par la situation, ne savait plus véritablement ce qu'il se passait. Elle voulait être avec Izaya, et son corps bougeait comme cette dernière le lui demandait. Plus rien d'autre n'avait d'importance. Ses sentiments, ses espoirs, ses rêves désormais l'absorbaient. Tout pour Izaya. C'était les seuls mots qui frappaient son esprit en cet instant.

L'eau embrasse sa peau tout autant que ses mains embrassent le corps d'Izaya. C'est une découverte calme, paisible, timide. Mais brûlante, déroutante, enflammée. L'Arai a les yeux fermés. Elle n'ose plus les ouvrir. Elle découvre les courbes, la douceur, les frémissements. Tout est si nouveau, la transporte. Jusqu'à ce que la Miyamoto brise leur lien, s'écarte un peu.

Rouvrant les yeux, Haruna la redécouvre avec sa vue qu'elle a obstrué de longues secondes pour apprendre autrement. Elle accepte le contact plus total que lui propose Izaya en se collant à elle, en faisant corps avec elle. Une unité étrange, frissonnante, étourdissante. Quelque chose qui surpasse la timidité habituelle de la demoiselle aux yeux pourpres pour l'embarquer ailleurs, là où elle n'a plus peur.

Sa respiration s'accélère, s'emballe même alors qu'Izaya l'embrasse dans le cou. Son coeur tambourine dans sa poitrine. Elle est surpassée par ce flux d'émotions fortes qui l'habitent, qui la changent. Ça va si vite qu'elle s'en perd elle-même. Elle n'arrive plus à se rattraper au moindre repère, ses certitudes s'envolent avec le courant. Noyées dans une immensité d'eau sous une pluie chaleureuse, elle halète alors que la psy se recule doucement. La regarde à nouveau, longuement. Sa main sur sa joue fait rougir plus encore la jeune femme aux cheveux longs qui tressaille lorsque Izaya lui prend la main, la guide. Non. Non non non. C'est trop, trop vite. Stop.

Son rythme respiratoire s'emballe. Il va trop vite. Les sensations agréables ont disparues. Seule la peur reste. Une peur terrible qui dévore son coeur. Qu'est-ce qu'il se passera, après, si elle cède maintenant ? Non. Elle ne veut pas. Elle ne veut pas savoir. Elle a trop peur. Cette dernière la dévore de plus en plus, à une vitesse si grande qu'elle ne peut pas la contrôler. Elle panique. Brusquement, alors que ses yeux se sont chargés de terreur, elle recule. Elle se plaque contre le carrelage froid des murs de la douche.

« Att... Attend... Non... C'est trop rapide... Je peux pas... »

Doucement, elle se laisse glisser au sol. Sa respiration va si vite. Elle a du mal à véritablement comprendre ce qu'il se passe. Elle n'est pas prête. Elle a peur. Si peur. Elle ne comprend même pas de quoi. Mais elle a peur. Elle a si peur. Sa vision se voile quelques instants. Le froid du carrelage la calme un peu. Un tout petit peu. Elle a si peur. Pas d'Izaya. D'elle. Elle a peur de ses réactions. De ce qu'il va se passer. Peur de ne pas être à la hauteur. De décevoir Izaya. Elle ne veut pas décevoir Izaya. Elle a si peur.

« Je... Je suis pas prête... Désolée... Pardon... Pardon... »

L'Arai fond en larmes. Elle s'en veut. Terriblement. Mais ce contact si direct, si brusque... Il la terrifie. Plus qu'elle n'est capable de gérer. Elle voudrait être avec Izaya. Lui apporter du plaisir, mais elle ne voit qu'une marée de peur. Une marée noire. Un tsunami. Un tsunami noir. Terrifiant.

Effondrée, en larmes, elle s'était laissée déborder par ses propres émotions, envahir par une terreur interne puissante qui l'avait empêché d'offrir à Izaya ce qu'elle aurait souhaité. Une partie d'elle avait aussi envie d'en découvrir toujours plus sur sa vie d'adulte. De le faire avec la Miyamoto. Mais un part plus grande d'elle lui imposait la terreur. Elle n'était pas prête, elle ne dominait pas ses sentiments, ne les comprenait pas. Elle les subissait comme des claques violentes et elle en portait encore les marques.

Doucement, elle se reprit. Doucement, avec la voix calme d'Izaya, elle retrouvait pied.

« P... Pardon... Je... Je veux mais... Mais j'y arrive pas... Je peux pas... »

À court de souffle, les yeux encore pleins de larmes, elle voyait la souffrance de la psychologue qui faisait de son mieux pour ne pas la dévoiler, ne pas la pousser plus encore. Dans un premier temps, elle se releva donc, essuyant d'un revers de main ses larmes de son mieux. Elle sentait des tremblements la parcourir, la secouer. Elle ne se sentait définitivement pas bien, et pourtant elle sentait de plus en fort qu'elle aimait véritablement la trentenaire. La chasseuse lui faisait beaucoup d'effet, elle était attentive et tendre, certes un peu impatiente mais elle semblait véritablement ne lui vouloir que du bien. Et cette idée tiraillait plus encore l'Arai qui se sentait coupable d'être incapable de lui rendre toute cette envie, cette positivité qu'elle lui partageait. Ces découvertes qu'elle pouvait lui faire vivre, ces sensations qu'elle sublimait.

Elle voit les gestes de son hôtesse. Ils sont plus distants, comme apeurés. Elle ne voulait pas la blesser et elle semblait croire qu'elle en était l'origine. Mais pour Haruna, elle était la seule fautive dans sa faiblesse face au changement. À l'évolution. Incapable de s'adapter correctement alors qu'elle souhaitait de tout coeur partager plus avec Izaya.

Continuant d'essayer de sécher ses larmes, elle se mordit la lèvre, blessée par elle-même, par ses propres réactions. Elle s'en voulait terriblement d'infliger ça à la Miyamoto mais elle ne parvenait pas à surpasser cette vague gigantesque. Elle était trop grande, trop puissante, trop écrasante. Elle était littéralement balayée par la masse de sentiments négatifs qui avaient surpassé, embarqué cette boule chaleureuse de positivité qu'elle s'était formée dans sa relation naissante avec la doctoresse.

Elle s'habilla alors, rongée par ses émotions, sa peur, par la situation aussi. Elle ne se sentait pas bien. Définitivement. C'était trop, elle ne pouvait pas rester comme ça. La situation la mettait mal à l'aise. Plus mal encore qu'elle ne l'était quelques instants auparavant, lorsqu'elle avait craqué. C'était différent. Insidieux. Elle sentait la peur d'Izaya désormais. Alors qu'elle était confiante, aimante jusque là. Et cette peur venait à son tour la terrifier. Hors de question.

Elle lui attrapa la main.

Comme à un dernier espoir. Comme à une bouée de sauvetage. Comme à ce dernier morceau de roche qui l'empêchait de sombrer dans un gouffre. Accrochée solidement, elle ne la laisserait pas partir. Elle tremblait, mais elle la tenait. Elle ne la laisserait pas partir. Elle avait trop peur de la laisser s'éloigner. Elle ne la laisserait pas partir. Elle sentait que si elle la lâchait, elles ne seraient plus jamais si proches. Elle ne la laisserait pas partir. Elle ne la lâcherait pas.

Serrant plus que nécessaire, communiquant sans doute grossièrement qu'elle avait peur de la voir s'extirper de sa grippe, elle la tenait fermement. Elle vit l'air étrange d'Izaya. Son doute. Mais elle rit ensuite. Pourquoi ? Elle ne comprenait pas. Est-ce que cette réaction d'Haruna l'avait amusé, est-ce qu'elle la trouvait attendrissante, mignone encore une fois ? Elle l'espérait. Elle l'espérait si fort. Elle en avait besoin. Elle avait besoin qu'Izaya l'apprécie. Qu'elle l'apprécie plus. Des larmes plus légères naquirent à nouveau dans ses yeux. Mais elle souriait. Ses yeux aussi souriaient. Ils souriaient en pleurant. Elle avait peur, mais elle avait besoin d'Izaya. Elle ne pouvait pas la laisser partir.

S'installant dans le salon avec Izaya, cette dernière voulu se détacher pour aller préparer un chocolat comme elle le lui avait promit quelques instants plus tôt. Une lueur de désespoir traversa les yeux de l'Arai alors que la psy retirait sa main.

« Non !.. »

Mais après un instant, elle comprit qu'elle allait juste faire sa préparation. Se sentant un peu bête d'avoir cru qu'elle allait partir alors qu'elles étaient dans son appartement, Haruna rougit et détourna un peu le regard, essuyant à nouveau ces larmes plus douces que les précédentes. Des larmes d'émotions, non plus de peur, mais de quelque chose de différent. De quelque chose sur lequel elle n'arrivait pas à mettre de mot. Des larmes d'amour ?.. Peut-être.

Heureusement, Izaya revient vite, une tasse à la main. Une seule, pas deux. Cette vision attriste un peu l'Arai, mais elle ne fait aucun commentaire. Elle n'a pas envie de parler. Elle n'en est pas véritablement capable de toute façon. Pourquoi faire après tout. Elle est cependant contente de la voir s'assoir près d'elle, lui parler. Mais elle ne dit rien. Elle garde le silence pour l'instant.

Izaya se rapproche. S'éloigne à nouveau. Elle hésite. Elle a peur de lui faire peur. Haruna le sent. Ça l'attriste. Profondément. Mais Izaya semble perturbée. Elle aussi elle doute. Son âge ne lui donne pas l'omniscience. Elle ne peut pas tout comprendre sans être dans son coeur. Littéralement dedans. Parce qu'elle l'est déjà. Virtuellement dedans. C'est normal. Il faut qu'elle l'accepte. Aux phrases de la psy sur l'acceptation, elle hoche la tête. Elle n'a pas de meilleure réponse de toute façon. Elle comprend. Elle assimile.

Encore un geste arrêté au milieu. Quelque chose qu'elle avait fait avant, qui avait plu à Haruna. Il lui plait toujours. Mais Izaya n'ose plus. Alors, pendant qu'elle parle, Haruna prend une grande respiration. Elle se met à genoux sur le divan. Elle n'est plus à côté d'Izaya, elle lui fait face. Elle l'enserre alors dans ses bras. Elle cache son visage dans le cou de sa partenaire. Elle l'enlace. Elle la garde dans ses bras. Elle ne la quittera pas.

« Je me force pas... »

Elle reste de longues secondes ainsi, immobile. Elle la garde contre elle. Agenouillée, face à Izaya. Les fesses sur les pieds, comme si elle allait prier.

« Tu sens bon... J'ai pas envie que tu t'éloignes... Mais te rapproche pas trop vite... C'est... Trop nouveau... Trop vite... Je sais pas gérer... Ça me fait peur... »

Elle qui a tant l'habitude de tout garder enfermer, elle tente de s'ouvrir. De parler.

« J'aime ton odeur. J'aime ta peau. J'aime tes sourires. Laisse-moi les voir encore s'il te plait. C'est pas ta faute. C'est moi qui suis faible... »

Elle ne s'arrête plus. Elle est lancée. C'est le moment.

« J'aime tes yeux. J'aime tes cheveux. J'aime tes mains, tes expressions, tes gestes. Tu me rassures. Sauf quand tu vas trop vite hehe... Mais ne t'en fais pas... Je veux apprendre. Je veux apprendre avec toi. S'il te plait. Ne pars pas. J'ai trop peur d'être seule maintenant... Plus que tout... J'ai peur d'être seule maintenant... Tu veux bien rester comme ça un moment ?.. S'il te plait... »

Elle respire profondément. Une légère peur s'est installée, mais elle est presque ridicule comparé à celle qu'elle avait avant de la prendre dans ses bras. Tout chez la Miyamoto la relaxait. Tout chez Izaya l'envoutait. Elle était bien avec elle. Elle ne voulait pas qu'elle parte. Elle ne la laisserait pas partir.