- Marshall EdwardsJoueur
- Messages : 11
Date d'inscription : 16/10/2020
Course contre la montre (Quête Hebdo)
Mar 20 Oct - 12:32
Précédemment.
A la sortie du donjon, Marshall est complètement exténué, sans vie. Il enjambe le onsen du vieux naturiste avec une injonction de tétanie dans ses cuisses. Derrière lui, ses alliés temporaires quittent le portail à leur tour, dont certains avec le corps épuisé de leurs camarades sur les épaules. Cela n'a pas été pas été une partie de plaisir, ces araignées aux mandibules tranchantes ont donné du fil à retordre à l'équipe de débutants. L'américain se fige instantanément, lorsque sa vision s'obscurcit par une fenêtre de système fleurie et étrange.
« - Qu'est-ce que... - murmure-t-il à voix basse, le regard dépité. »
Une étrange information, du même acabit que son inventaire, lui ordonne de faire une grossière randonnée sur une vingtaine de kilomètres ; une chance insolente que les coordonnées du point de départ se trouvent à ses pieds. Le bellâtre se pose alors la question du bien-fondé de ce pacte conclu avec une entité loufoque à souhait. Observant la ligne d'arrivée se situant à la frontière des bains et du mont Aso, il peste déjà sur cette seconde vie qui lui souhaite de vomir ses tripes. Pour appuyer cette mésentente, le brun cherche l'interaction qui lui permettrait de refuser catégoriquement la quête pendant plusieurs secondes, mais il finit par s'y faire à l'idée. Après tout, il imagine la sanction bien plus punitive qu'un rappel à l'ordre. Surtout de la part d'une puissance extraterrestre qui provoque consciemment toutes ces chasses de monstres et de donjons. La conscience éveillée, il interpelle de la main Naël et Emma afin de les questionner sur cette manifestation impromptue. Ces derniers, volatilisés depuis belle lurette, laissent un immense vide dans leur sillage. En réponse, l'homme de l'Oregon n'a que les remerciements du propriétaire et ceux de ses plus fidèles invités.
« - Merci infiniment jeune homme, je ne saurai vous remercier - s'exclame-t-il avec gaieté.
- Avec un petit plus, j'imagine. - répond sèchement l'américain.
- Evidemment, mais prendriez-vous le thé en ma compagnie ? »
Marshall détourne le regard de sa fenêtre de mission dans l'optique de se focaliser sur la proposition audacieuse du vieux à poil.
« - Pourquoi pas ? - surenchérit-t-il avant de swiper la fenêtre vers la gauche, comme les applications de rencontre sur smartphone.
- Vous venez de faire quoi, là, avec votre bras ?
- De quoi ? - questionne Marshall en agitant son bras de façon circulaire, assez maladroitement. C'est de l'étirement, rien de plus.
- Ah... bon... rejoignez-moi dès que vous le souhaitez. »
L'américain acquiesce de la tête, saisissant à l'instant même que les personnes extérieures ne sont pas censées voir ni comprendre ses interactions avec le système. Profitant d'un instant de sérénité, il se retape un peu le trois-pièces : la poussière accrochée au tissu se dissout dans un bain d'air ambiant. D'une démarche affirmée, il se dirige ensuite vers l'établissement à la recherche de son client.
« - Euh... salut. - dit-il brièvement après avoir entrebâiller des portes coulissantes donnant une vue imprenable sur un lieu de plaisir charnel. »
Le regard fustigateur d'un homme d'une quarantaine d'années en plein ébat lui foudroie ses deux pupilles.
« - Je recherche M. Satoshi, vous pensez savoi... - ajoute-t-il, très terre à terre avant de se faire interrompre violemment.
- CASSEZ-VOUS ! - hurle le bonobo d'âge moyen en plein acte. »
Les portes se claquent devant le visage de Marshall, manquant de peu de lui sectionner l'arrête nasale ; au même moment, une main chaude se pose sur son épaule.
« - M. Edwards, je vous prierai de ne pas déranger notre clientèle. Tenez, votre thé.
- Pardonnez-moi, figurez-vous que j'étais à votre recherche M. Satoshi. - répond le beau brun en attrapant la tasse en porcelaine.
- Revenons-en à notre affaire, j'ai étudié les clauses des différents contrats pendant votre nettoyage de donjon...
- Mmh, mmh - acquiesce Marshall, jouant de sa bouche pour refroidir la verveine brûlante.
- Il me manque un papier important, l'accord des deux parties. »
L'américain manque de s'étouffer lors de la déglutition, il parcourt frénétiquement ses poches à la recherche d'une sortie de secours ; l'oubli et le malaise l'enivre.
« - Euh... J'ai dû l'égarer dans le donjon, je pense.
- Et, comment fait-t-on ?
- Je, je... Je reviens tout de suite. - ajoute Marshall, fébrile.
- Prenez votre temps, mais nous fermons dans deux heures.
- Cette affaire doit être conclue aujourd'hui - crie-t-il depuis l'extérieur de l'établissement, déjà en pleine course contre la montre. »
Cette putain de paperasse, il l'a oublié dans le bus du matin ; et le bus du matin, il se trouve à la localisation d'arrivée de la mission hebdomadaire. Putain, les dieux lui sourient.
L'itinéraire de la quête est diabolique, à la limite du malsain ; entre les détours à cause du surpeuplement de bambous et les terrains accidentés proches de Kurokawa, il y a de quoi casser sa pipe. C'est avec une vitesse effrénée que Marshall dévale un dénivelé positif en direction de la crête du mont Aso ; comme si le donjon n'avait pas suffit pour cette journée déjà bien remplie. Suivant le chemin de terre avec pugnacité, il passe les premiers kilomètres avec un souffle irrégulier. Sa limite et ses points de côté ne sont jamais loin et lui font savoir à maintes reprises. Lors de ces moments de haute intensité, il se raccroche à ses membres inférieurs, marchant avec aigreur pour faire disparaître les coups de poignards sous ses côtes. D'ailleurs, plusieurs automobilistes manquent de le faucher dans des épisodes de manque de lucidité, dû entièrement à sa fatigue grandissante.
La fenêtre du système quant à elle, trône fièrement devant les yeux abattus de Marshall. Une jauge se remplit progressivement, lentement, comme si le manque d'énergie contribuait à faire augmenter la barre de manière épisodique. Il imagine déjà la semaine d'après, insultant ces instructions de « merdes » bonnes qu'à déchirer les muscles et à enflammer les tendons.
L'abandon n'est pas loin mais la pluie de yens qui risque de s'abattre sur lui est un leitmotiv plus que suffisant, le poussant comme un zombie vers l'odeur de la chair humaine. Il brave les multiples dangers des raccourcis miteux qui s'offrent à lui, manquant de s'empaler le crâne à plusieurs reprises sur des bambous découpés pour l'occasion. C'est avec ses dernières forces qu'il sort des sentiers non battus pour rejoindre la route principale et finir ses derniers kilomètres en faisant des pauses tous les dix mètres. La nuit est tombée depuis longtemps lorsqu'il arrive au dépôt de bus dans un piteux état, l'américain interpelle l'un des derniers conducteurs en service.
« - Le... le bus de ce matin, il est où ?
- Monsieur, vous allez bien ? - s'exclame le salarié, accourant vers un Marshall en état de décomposition.
- Mon putain de contrat... d'accord des deux parties... Il me l'faut.
- Tenez-vous à moi, nous allons en reparler une fois à l'intérieur. - répond l'homme avec sa veste jaune réfléchissante, agrippant la silhouette de l'auditeur. »
La minute d'après, à la sortie de la salle de pause, une femme fine comme une baguette chinoise se presse d'assister à la situation.
« - Je connais cet homme, je l'ai emmené ce matin, lorsque j'étais de service. - dit-elle avec inquiétude.
- Ma...dame... Je vous reconnais aussi, où est-ce qu...
- Vos affaires ? Je les ai déposées ce midi à l'adresse indiquée, à l'établissement de M. Satochi, dans sa boite aux lettres. Je pensais bien faire.
- Vous avez bien fait. - clôture Marshall, finissant sa dernière enjambée. »
Une fenêtre s'ouvre subitement, la quête hebdomadaire est réalisée. Une chance dans sa malchance. L'américain s'effondre au sol devant les deux employés, embrassant la terre qu'il a tant foulé ces dernières heures.
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|