Ocean Nightmare [Solo | Donjon Punitif]

Haruna poussa la porte de l'appartement qu'elle avait commencé à partager avec Elena pour dormir. La semaine avait été chargée, tant par son travail que par sa rencontre avec Izaya, ou encore par sa rencontre avec Elena qui avait débouché sur cette nouvelle collocation. Au moins maintenant elle avait un endroit où dormir et se laver sans soucis.

Elena n'était pas là pour le moment, aussi Haruna en profita pour s'affaler sur le divan sans trop se soucier d'avoir une tenue correcte, bien fatiguée de sa journée de travail. Elle allait pouvoir souffler et profiter du weekend tranquillement. Elle avait suffisamment d'argent pour payer une semaine de loyer à sa collocataire ce qui devrait l'aider à tenir le coup puisqu'elle avait elle aussi des problèmes d'argent, raison pour laquelle elle avait collé ces affiches qui avaient fini par attirer la sans-abris.

Mais alors qu'elle était posée depuis quelques minutes, une fenêtre s'ouvrit devant ses yeux. Différente de celles dont elle avait désormais l'habitude, cette dernière avait un texte inscrit en rouge. "Donjon punitif" était écrit en gros dessus. Commençant à paniquer, la jeune fille qui croyait avoir réussi sa quête se rendit compte qu'elle avait en vérité échoué à faire quoi que ce soit et que le système avait décidé de considérer ceci comme un signe de manquement aux conditions de validation. Et donc elle se retrouvait maintenant face à cet échec. Elle qui croyait avoir parvenu à la remplir avait été trompée par ses propres sens soumis aux effets de l'alcool. Se mordant la lèvre, elle se redressa et ouvrit la fenêtre pour en voir le contenu.

Donjon Punitif

Suite à ton échec à remplir la Quête Hebdomadaire n°6, tu dois rentrer dans ce donjon punitif. Plongée sous l'eau, tu ne pourras pas sortir avant que la porte se rouvre après 12 heures d'épreuve.

- Tu dois tenir 12 heures dans l'épave.

Bonne chance Joueuse.

Une épave donc... Elle avala sa salive difficilement. Elle serait cloîtrée dans un vaisseau fantome ou tout genre de monstre pouvait se terrer et elle devait survivre douze heures dans un environnement clos. Rien que l'idée même de se retrouver dans un environnement pareil l'effrayait, alors l'hypothèse de devoir réussir à tenir face à des monstres dans un lieu pareil lui donna une soudaine envie de vomir tant la terreur commençait à monter dans ses trippes.

Se dirigeant ainsi en vitesse dans les toilettes, elle vida tout ce qu'elle pouvait, tremblante, puis nettoya tant bien que mal le rebord avant de se passer de l'eau sur le visage. Elle ne pouvait pas y échapper, elle le savait. Plus elle traînait à remplir cette nouvelle condition, plus cela risquait d'empirer. Un petit cadre sur le côté de la fenêtre l'invitait à "Invoquer la porte" dès qu'elle le souhaitait. Prenant une grande respiration, elle décida qu'elle le ferait le lendemain matin, après avoir un peu dormi. Si elle y allait maintenant, elle serait trop épuisée pour l'accomplir.

Ce qui était déjà certain, c'était que ses ailes ne lui seraient d'aucune utilité. Dans une épave, tenter de fuir par le ciel ne serait pas un bon plan. Quoi que, à la rigueur, elles pourraient peut-être lui permettre de gagner un peu en vitesse, ce qui serait toujours un avantage dans l'optique d'une fuite. Décidant qu'elle devrait malgré tout avoir quelque chose dans le ventre, elle ressortit au konbini le plus proche pour aller prendre un sandwich qu'elle mangea lentement ainsi qu'un fruit et des biscuits qu'elle se garderait pour le lendemain.

Se blotissant alors dans le divan sous une couverture chaude, elle essaya tant bien que mal de fermer les yeux pour se reposer un peu malgré cette peur qui la dominait. Elle allait passer douze heures dans un lieu terrifiant, elle ne savait même pas avec certitude si elle survivrait, elle avait donc d'autant plus peur et tremblait sans cesse. Ce fut finalement sa fatigue qui eut raison de sa résistance au sommeil, bien que la nuit ne fut pas des plus agréables avec cette image atroce de mort sous-marine potentielle.

Il était tôt lorsque la brune aux yeux violets se leva. Elena dormait encore. Tremblante, l'Arai se dirigea vers la table et attrapa un morceau de papier et un stylo. Elle devait la prévenir. Qu'elle sache qu'elle ne reviendrait peut-être jamais. Pas qu'elle allait peut-être mourir, non. C'était trop bizarre. Mais qu'elle ne revienne jamais, ça c'était un risque qui existait. Et dont elle devait parler à Elena, qu'elle n'attende pas pour rien... Griffonant donc quelques mots, elle posa alors le papier en évidence sur la table puis prit une grande respiration avant d'enfiler son anneau, son amulette et d'armer sa petite arbalète. Elle doutait sincèrement pouvoir affronter les créatures qu'elle rencontrerait, mais elle pourrait peut-être les blesser un peu histoire de les ralentir, ou faire diversion avec un carreau d'arbalète qui ferait du bruit loin de sa position.

Quittant donc l'appartement, elle se dirigea rapidement jusqu'à un lieu discret à l'arrière d'une ruelle, là où elle ne serait pas vue, puis elle rouvrit la fenêtre. Elle se mordit la lèvre, hésitante. Fouillant dans son sac, elle décida de manger un bout avant de se lancer là dedans. Elle en avait pour douze heures après tout. Prenant donc un petit déjeuner rapide, Haruna se frotta les bras pour se réchauffer et se donner du courage quelques instants une fois fin prête. Elle n'avait pas envie, mais elle n'avait pas le choix. Il fallait qu'elle y aille, un décompte l'empêchant de fuir. Si elle ne le faisait pas d'elle-même, elle serait jetée à l'intérieur. Elle le savait. Et elle ne serait pas forcément prête à ce moment. C'était donc tout à son avantage de prendre les devants, et c'est pourquoi elle prit une dernière grande respiration avant d'appuyer sur le bouton qui fit apparaitre la porte. Passant dans cette dernière, elle ne laissa qu'un vide dans la ruelle silencieuse. Elle n'était plus là.

La respiration d'Haruna s'emballait. L'humidité ambiante du lieu était pesante, écrasante même. Rien n'allait. Le lieu était exigü, trop petit pour véritablement fuir quoi que ce soit. Comment allait-elle s'en sortir dans des conditions pareilles ? Le bois grinçait à chaque pas sous ses pieds. Même sans bouger, elle pouvait déjà voir l'état pitoyable de ce dernier. Rien de surprenant pour une épave, mais tout de même. Elle voyait d'un oeil un escalier tout au fond, sans doute menait-il à la cale. Un autre montait, un autre étage à n'en pas douter.

Le bois fêlé qui l'entourait n'avait rien de rassurant non plus, laissant penser qu'à tout moment la pression de l'eau autour pouvait faire tout éclater et qu'elle serait alors littéralement broyée par l'océan dans lequel était enfoui ce navire ancien. L'odeur qui régnait n'avait d'ailleurs rien d'enviable aux visuels d'horreur qu'offraient ce lieu. Un mélange de moisissure, de mousse mais aussi de cadavre en décomposition rendait le tout nauséabond. Et d'ailleurs, une envie de vomir montait à la gorge de la Joueuse coincée ici pour douze heures.

Mais si ce donjon punitif semblait particulièrement sordide, il n'était pour l'instant pas très aggressif. Voilà plusieurs minutes que la demoiselle tâchait de comprendre son environnement et pour l'instant, elle était dans un silence presque plus terrible que l'aurait été un vacarme d'un monstre la poursuivant. Elle n'avait pas la moindre idée de ce qui pouvait se tapir dans l'ombre d'un vieux meuble en bois pourri, et elle se mettait alors à voir toute sorte d'horreurs dans chaque recoin noir. Puis soudain, une lumière rouge s'allume au fond. Elle ne la voit pas bien, mais elle semble venir d'en bas. Est-ce que c'est le signal qu'elle doit aller là-bas ? Peut-être... Ou alors peut-être pas. Ce qui est sur, c'est que dans cet entresol, tout est calme. Mais ce n'est pas rassurant pour autant.

Avalant sa salive avec difficulté, elle décide donc d'avancer. Et en atteignant les escaliers qui descendent, ce n'est plus un navire de bois mais bien un paquebot de taule qui l'accueille. La transition est particulièrement étrange, d'autant plus avec le rouge qui domine désormais au lieu d'un noir à peine éclairé par quelques faisceaux bleutés d'une supposée lumière "naturelle" qui viendrait percer l'eau mais aussi le bois. C'est donc désormais dans un environnement métallique qu'Haruna évolue. Vieux raffiot marchand où de nombreuses caisses traînent, là aussi un lourd silence ponctué uniquement de grincements de plaques de métal bougées par les courants marins.

L'ambiance est tout aussi morbide, mais elle fait même plus peur à la jeune femme. Là où la lumière légèrement bleutée avait un semblant de naturel, les lumières rouges d'urgence du navire plus récent ont un côté apocalyptique qui fait trembler la jeune fille. L'odeur est elle aussi à la limite du supportable, bien qu'un peu différente de celle de l'étage au dessus. Là, c'est plus celle de moisissure mêlée à du poisson pourri, avec une pointe de métal rouillé. Rien de très affriolant.

Alors qu'Haruna est en train de chercher si elle doit trouver un passage, un chemin à parcourir, un raclement se fait entendre. Un raclement d'une caisse contre le sol. Et qui vient du couloir, juste après le coude de ce dernier. Elle ne voyait donc rien. Mais elle retint sa respiration et se blottit derrière d'autres caisses qui se trouvaient à côté d'elle.

Après quelques longues secondes, la jeune femme aux yeux pourpres voit apparaître une silhouette au fond du couloir. Cette dernière gémit. Ses pas sont lourds. Mais alors qu'elle s'avance dans le rouge ambiant, l'Arai peut enfin la voir. Le visage à moitié mangé, c'est un véritable zombie de films d'horreur qui vient de pointer son nez dans le passage. Ce dernier boîte en partie, sans doute à cause de sa jambe uniquement constituée d'os. Seul le pied est encore recouvert de chaire.

Les deux mains sur la bouche, Haruna s'empêcha tout cri mais aussi tout vomissement impulsif qui avait fait signe de venir. D'autres silhouettes apparaissent derrière le premier, et avec elles arriva une odeur insoutenable. Après quelques instants, la musicienne tomba à quatre pattes et vida son estomac sur le sol. La tête tournante, elle entendit un cri strident. Elle était repérée... Relevant les yeux, elle put voir les zombis tendre les bras vers elle et amorcer un premier pas. Puis un autre. Puis un autre. De plus en plus vite. Elle n'avait plus le temps de réfléchir. Il fallait fuir.

Elle courrait à perdre haleine. Il n'y avait pas d'issue, pas d'endroit où se cacher. Ils étaient juste derrière elle et elle tournait plus ou moins en rond. Mais elle ne pourrait pas tenir comme ça douze heures. Ses traits s'étaient enfoncés dans la chaire des zombies sans même les affectecter, quand ils n'avaient pas tout simplement raté leur cible. C'était un désastre. Et elle devait tenir douze heures. L'odeur pestilentielle n'arrangeait d'ailleurs rien, lui mettant le coeur au bord des lèvres en permanence. Elle se sentait horriblement mal et chaque seconde ne faisait qu'empirer la chose.

Soudain, elle remarqua une porte entrouverte sur la droite. La plupart des précédentes avaient été fermées et inébranlables, aussi ne tentait-elle même plus de les ouvrir. Mais celle-ci... Peut-être que... Elle la poussa. Et elle la referma dans la foulée. Dans le couloir, les zombies continuèrent de courir en ligne droite, lui laissant quelques instants pour respirer.

Haruna se retourna alors, inspectant un peu la pièce. Au moins là, il ne semblait rien y avoir de mortel. Elle soupira un peu de soulagement et prit quelques instants pour se reposer, s'asseyant contre la porte. La pièce faisait à peine une dizaine de mètres carrés, peut-être qu'elle pourrait s'y cacher un moment ?.. Alors qu'elle réfléchissait, elle sentit quelque chose se poser mollement sur son épaule. Avec dégoût, elle découvrit un épais filet de bave. Sans un bruit, avec un regard empli de terreur, la demoiselle en détresse regarda vers le plafond pour y trouver une créature horrible coincée là. Cette dernière semblait dormir, mais son apparence...

C'était une sorte de pieuvre affreuse qui venait de lui baver dessus, des morceaux manquaient aussi à la créature marine, comme les zombies. Elle remarqua d'ailleurs que la bave en question commençait à brûler ses vêtements et sa peau... Ce qui la fit crier de surprise et de douleur. Se débarassant tant bien que mal de ce liquide épais, elle regarda à nouveau en l'air. Son cri avait réveillé la bête. Ouvrant à toute vitesse la porte, elle se jeta dans le couloir, terrifiée, alors qu'elle entendait un bruit d'affaissement. La pieuvre avait dû s'étaler au sol. Cette saloperie allait aussi la suivre. Mais dans quel enfer avait-elle mit les pieds ?!

Courant à toute allure, elle évita de justesse un coup de sabre rouillé. Enfin presque. Sa tunique était fendue au niveau de son ventre et une légère balafre parcourait son ventre plat sur toute sa largeur. Un genre de pirate squelette dont les organes étaient encore en parfait état dans sa cage thoracique lui faisait face, un immense sabre rouillé à la main.

Jetant un oeil derrière, la jeune femme eut tout juste le temps d'esquiver un nouveau coup qui ne trancha cette fois qu'une mèche de ses cheveux. Elle allait mourir. Pas d'issue dans cette carlingue, pas d'endroit où se cacher, et elle était maintenant encerclée par un pirate squelette, des zombies et une pieuvre morte-vivante. Pourquoi pourquoi pourquoi !

Reculant de quelques pas jusqu'à quelques caisses, elle en saisit une... Qu'elle lâcha immédiatement alors qu'une main venait de sortir brusquement pour tenter de lui attraper le poignet. Elle la prit alors sur un autre côté, et l'envoya directement dans le pirate, profitant de sa force qui n'avait désormais rien à voir avec celle d'avant son éveil, son amulette aidant bien évidemment.

Alors qu'elle sentait son propre sang commencer à couler sur son ventre et ses cuisses, Haruna reprit sa course, passant par dessus le pirate qui avait du mal à se sortir de sous la caisse. Remontant rapidement dans l'épave de bois, l'Arai pu respirer un peu, profitant d'un certain répis. Apparemment, les monstres d'en dessous ne venaient pas là. Mais s'ils n'osaient pas venir, il devait y avoir une raison, et elle n'avait pas très envie d'y rester trop longtemps pour la découvrir. Prenant donc juste le temps de s'occuper de sa blessure pour ne pas se vider de son sang pour les quelques onze heures qu'il lui restait à souffrir, elle se fit un bandage avec des vêtements déchirés. Les quelques minutes de repos qu'elle s'accorda seraient sans doute salutaires. Mais déjà, elle devait se replonger dans cet enfer. Prenant une grande respiration, tâchant d'oublier la douleur qui la parcourait, Haruna retourna vers les escaliers.

Appuyée sur la rambarde métallique, Haruna descendait lentement, aussi silencieusement que possible. Elle avait fait à peu près la moitié de l'étage en dessous, il lui en restait une bonne partie à explorer. Qui sait, peut-être y avait-il quelque chose de caché qui pourrait ne pas être totalement négatif, une petite salle véritablement vide ou quoi que ce soit qui y ressemblait. La perspective d'un calme sans danger cachés paraissait maintenant comme un graal à atteindre. Inaccessible, il était cependant l'objet de ses rêves tant la terreur qui habitait la jeune fille perdue dans cet enfer était grande.

Entourée de grincements, l'Arai avançait lentement, tâchant de ne pas tomber dans un trou du plancher en tôles qui avait été rongé par le temps par endroits, la rouille étant omniprésente. À chaque pas ou presque, là où elle se dirigeait, le sol menaçait de s'effondrer. Mais elle devait avancer pour tenter d'en découvrir plus sur le lieu et savoir comment gérer sa fuite. Elle dût se cacher à quelques moments, se dissimulant derrière des caisses le temps que les zombies qui continuaient leur ronde passent. À chaque fois, leur vue et leur odeur était à la limite du supportable, mais maintenant que son estomac était vide, la musicienne tenait un peu mieux.

Poussant les portes cà et là, elle finit par tomber sur toutes sortes de scènes marines, débouchant par moment sur des hublots ou des cimetierres de poissons morts au sol. A chaque fois, elle n'en reconnaissait pas, les créatures étant généralement loin d'être naturelles. Ce n'était pas des animaux qu'on trouvait sur Terre. Dans l'une d'entre elle, elle découvrit un humanoïde de près de trois mètres de haut recroquevillé, en train de dévorer les poissons morts à ses pieds. Lorsqu'il l'entendit, il releva la tête vers elle, dépourvue du moindre oeil. Il se jeta sur elle après quelques instants et elle eut tout juste le temps de refermer la porte pour qu'il s'y écrase. Retenant cette dernière de justesse, elle parvint à la bloquer avec quelques caisses, mais le bruit qu'il avait produit était phénoménal.

Après seulement quelques instants, ses anciennes rencontres ainsi que quelques autres immondices des profondeurs étaient de nouveau derrière elle et Haruna ne put que s'enfuir en courant à perdre haleine dans les couloirs. Par deux fois elle tomba dans des trous, se blessant aux jambes et déchirant ses habits. Dans un sale état, elle finit cependant par retomber sur les escaliers à force de tourner dans les couloirs et pu monter se mettre à l'abris pour quelques minutes. Elle avait repéré au passage d'autres escaliers qui descendaient, cette fois-ci, elle avait globalement fait le tour de ce premier étage. Mais ce n'était tout pas bon, et l'ambiance de l'étage de bois se faisait de plus en plus sombre.

Elle entendait des grincements, des craquements de bois pourri, des raclements aussi. Rien de rassurant alors qu'elle était déjà blessée et qu'elle avait même commencé à pleurer tout en fuyant tant sa peur était grande dans cet environnement chaotique. Regardant tout autour d'elle avec une terreur marquée sur le visage, la brune aux yeux violets tâchait de s'occuper de ses nouvelles blessures, mais la fatigue commençait déjà à la gagner. Comment allait-elle tenir si longtemps ? Est-ce que c'était seulement possible ? Un nouveau coup d'oeil à l'horloge de la fenêtre du donjon lui indiqua qu'il lui restait neuf heures trente d'épreuve. Elle n'allait jamais survivre, c'était certain...

C'est lorsqu'un raclement se fit beaucoup plus proche d'elle que l'Arai se décida à repartir, ayant trop peur de ce qui pouvait traîner là pour rester. Redescendant donc, elle se dirigea immédiatement mais en toute discrétion vers les escaliers suivants pour aller à l'étage du dessous.

Aussi en tôles, ce dernier était cependant troué par endroit et de l'eau s'y infiltrait, créant un fond de quelques centimètres. À chaque déplacement, il était impossible d'être silencieux. Mais les entrées d'eau faisaient une sorte de bruit de fond qui permettait de ne pas être remarqué directement.

Ainsi, elle passa quelques heures à vagabonder le plus silencieusement possible, faisant quelques aller-retours entre les étages pour fuir quand elle ne pouvait plus continuer son exploration. Les monstres en tous genre qu'elle avait croisé lui faisaient froid dans le dos, elle était maintenant couverte de blessures et ses vêtements, ou ce qu'il en restait, étaient en lambeaux. C'était notamment elle qui les avait déchirés pour se faire des bandages et éviter de laisser son sang à l'air libre.

Son corps entier n'était plus que douleur, et alors qu'elle se posait pour la neuvième fois dans cet étage, elle sursauta. Elle venait de voir quelque chose bouger dans l'ombre. Sur ses gardes, elle avala sa salive difficilement, mais elle ne vit pas venir le serpent gargantuesque qui sauta sur son bras et la mordit profondément dans le bras gauche, s'enroulant autour de ce dernier. Commençant à hurler de terreur, Haruna tenta de le repousser de toutes ses forces, mais ce dernier se mit à s'enrouler autour de son bras. Rapidement, il se retrouva broyé alors que la jeune fille manquait de basculer dans l'inconscient tant la douleur était puissante. Hurlant désormais sa souffrance, elle parvint à attraper une planche sur le côté et à l'éclater sur la tête du monstre qui tenait son bras dont les os étaient désormais fracturés à de multiples endroits, heureusement sans fractures ouvertes. Il lui fallut près d'une minute pour qu'enfin l'animal monstrueux lâche et qu'elle puisse s'enfuir, tentant cette fois-ci de s'aventurer en haut.

Là encore, ce fut un spectacle de monstres des profondeurs en tous genres, et l'Arai courrut à en perdre haleine encore et encore. Mais alors qu'elle se croyait perdue, ses dernières forces l'ayant abandonné, une porte bleutée s'ouvrit devant elle et elle s'y jeta avec désespoir. Épuisée, elle s'étala sur le sol de la ruelle où elle avait choisi de rentrer dans le passage des enfers sousmarins.

Couverte de blessures, les yeux pleins de larmes de souffrance, d'horreur et de terreur, elle resta prostrée quelques longues minutes avant de rassembler suffisamment de force pour se lever. Il était 20 heures, elle avait survécu les douze heures nécessaires pour passer son donjon punitif. C'était fini... Normalement...