Une tendance suicidaire [PV Akashi et Hoshino]

J’avais l’air fine comme ça, mon cabas derrière moi à avancer à travers les rues de la ville… Tu parles d’un programme. Faire mes courses ne devrait pas être si difficile, mais pour cause de « fermeture exceptionnelle », c’était la merde complète et l’impossibilité de pouvoir acheter ma malbouffe un peu moins grasse que ce que je commandais régulièrement. Et un peu moins chère aussi...

Un donjon. Un donjon en plein milieu de la grande surface, entre le rayon des pattes et celui des serviettes hygiéniques. Tu parles d’une raison, et clairement, j’aurais pas été convaincue si j’avais pas vu devant la ribambelle de mec en armure de la guilde des chevaliers. Une cohorte bien grande et bien équipée pour un donjon qui allait surement être accomplit d’une main de maître, sans trop de galères ou d’histoire. D’ici la semaine prochaine, j’pourrais recommencer à faire fonctionner ma carte de fidélité, mais pour aujourd’hui, j’avançais un peu à l’aveuglette, essayant de retrouver mon chemin. Car évidemment, je savais plus ou était ma carte de bus…

Des fois, j’aime pas une poissarde. Tout le temps en fait.

Et j’me demandais ce qui allait pouvoir se passer ensuite. Des yakuzas allaient-ils en vouloir à mes surgelés ? Des chiens errants se mettraient-ils à mon derrière ? Ou peut-être les deux, des chiens yakuzas… Tu parles d’une histoire à dormir debout. J’avais l’impression d’être dans un rêve éveillé, sans compter le paquet d’emmerde qui continuait de pleuvoir dans ma boîte aux lettres… Un cauchemar plutôt.

Enfin, jusqu’à ce que j’arrive au niveau d’une rue où y’avait une foule qu’était rassemblée. Genre il se passait quoi ? La finale de la coupe du monde et le Japon était en train de gagner ? J’savais que j’étais à la masse, mais quand même… Enfin, ils regardaient tous en l’air les cons, donc ils étaient… Oh. Un type, qui allait sauter. Et donc qui amenait à ses côtés son lot de curieux qui avaient une fascination morbide.

Et putain, ça m’énervait.

Qu’est-ce qu’ils espéraient voir, si ce n’était une grosse trace de confiture accompagné d’un bruit sourd particulièrement écoeurant. La moitié finirait en soutien psy, et d’autres raconteraient au diner de leur famille « chérie, tu va jamais me croire, mais j’ai vu un type sauter et mourir » entre deux bouchées d’un steak, comme si c’était rien de plus qu’un fait divers. Alors que putain, derrière, y’avait une vie brisée.

Et de l’autre côté… Ce mec m’énervait. Tu veux crever ? Bah en fait pas tout un spectacle putain. Met pas en scène ta mort et conserve ta dignité s’il t’en reste. Punaise, j’m’emportais trop pour des conneries pareilles, mais étant passée par là, par me dire si je devais me flinguer ou non… C’était dur. Dur car ces pensées finissaient toujours par revenir, à chaque petite descente. Même là, une partie de moi espérait qu’il saute sur moi et me brise la nuque au passage, pensée rapidement dissipée certes, mais punaise…

Je soupirais finalement longuement, avant de chercher un autre chemin, et essayant de penser à autre chose. De toute façon, je n’avais pas besoin de confiture sur mes tartines et… Putain il a sauté !

Merde merde merde merde merde !

Bon… niveau réflexe, à part me dire que c’était foutu pour lui, j’avais fait mieux. Heureusement, quelqu’un avait bougé son cul, et avait amorti l’impact, non sans utiliser quelques pouvoirs. Un chasseur ? Héroïque certes, mais… Bien dans la merde maintenant. Les lois étaient assez strictes à ce niveau là, mais bon, il eu tout de même le droit à des applaudissements, même s’il y avait au fond des personnes qui étaient plus inquiètes par cette démonstration de pouvoir que par ce qu’il venait de se passer, comme s’ils venaient de louper le moment le plus important de leur téléfilm quotidien.

Cette réaction m’agaçait de plus belle, mais bon… Vu que les deux s’avançaient vers moi, probablement pour avoir une discussion tête à tête avec le concerné, histoire de lui souffler dans les bronches… Hey, c’était un peu Mirai pour moi, mais… Il risquait gros là ? Pour son geste… J’allais peut-être le mettre au courant quand même… Mais de l’autre côté, ça me regardait pas non plus à fond. Punaise, j’me remettais à hésiter comme une conne.

Tu parles, j’suis incapable de faire quelque chose, et le fait de voir une voiture de police débouler depuis une rue adjacente me fit bien comprendre que c’était clairement pas une bonne idée qu’il ne poursuive par là !

Sans le prévenir, j’attrapais son bras et je commençais à l’entrainer vers une ruelle proche. Punaise, j’aurais dû lui dire que c’était la merde, mais là j’commençais à me bouffer une pression de dingue… Tu parles d’une idée. Je lui avais fait gagner quoi… Vingt secondes ? Et je m’étais mise dans la merde en plus. J’étais une génie des fois moi… Une putain de génie…

Dans quoi je m’embarquais encore ? Bon, je dirais pas que j’avais le chic pour m’amener dans des situations à la con qui, clairement, finissaient plus par me porter préjudice qu’autre chose, mais… Là ça puait, genre à fond, et mon petit geste pouvait au final me coûter gros. C’était comme aider un terroriste, sauf que ce dernier sauvait des vies. Genre un pompier. Un pompier terroriste.

Putain, ça fait aucun sens quand même.

Mais j’étais pas là pour débattre de si oui ou non la loi était juste. Elle était, et maintenant, fallait éviter d’en payer les pots cassés. Mais bon, vu comment j’étais peu claire dans mes intentions, il pouvait se dire que je l’amenais droit dans un piège ou je savais pas quoi. Enfin, tu parles d’un piège avec une fille qui transpirait pas la confiance et qui avait son cabas à roulette dans sa main gauche. Clairement, la crédibilité s’était suicidée et c’était le thème aujourd’hui, vu ce qu’il venait de se passer.

Mais bon, heureusement un troisième luron vint à se ramener, et avec lui des solutions pas mal adaptées à la situation… Donc ouais, il évoqué ce que j’avais pas été foncièrement capable d’annoncer, avant de commencer à nous guider vers un endroit un peu près sûr, à savoir… Son bar. Enfin, plutôt là où il bossait. Eh bah, tu parles d’une sortie tout d’même ! Bon, maintenant qu’on avait une solution et un minimum de plan, j’allais peut-être pouvoir souffler un coup. De toute façon, j’étais déjà grillée avec mes courses, donc bon…

‘’Hum… Merci pour cette… Planque ?’’ Commençai-je, après quelques dizaines de secondes d’hésitations. Bordel, j’étais trop crispée. J’devais faire quelque chose sinon j’allais faire une attaque dans les minutes à suivre. Pas l’habitude de faire des choses comme ça moi… ‘’Drôle de manière d’attirer des clients tout de même… Vous faites ça souvent ?’’

Ouais bon. Demander s’il amenait souvent de potentiels criminels dans son bar était peut-être pas non plus la meilleure manière d’engager un semblant de conversation. Tain, j’étais vraiment demeurée parfois, à se demander s’il allait pas me laisser en plan probablement. Tss, quelle galère…

Et pendant ce temps, l’éveillé et sa « princesse » se retrouvaient à discuter. Un mélange de compassion et de colère sur le thème du suicide. Bien joyeux. J’avais bien envie de rajouter mon grain de sel dessus, mais j’avais surtout l’impression que ça serait malvenu. J’étais pas là pour surveiller toute la misère du monde, et ce que j’avais fait là c’était plus une sorte de caprice dans mon train-train qui était plus de baisser la tête et de rentrer le plus vite possible dans ma bulle, là où le monde extérieur n’était qu’une vision au travers de ma fenêtre.

Donc, les bars c’était pas trop dans mes habitudes. Mais j’pouvais supposer qu’aujourd’hui serait une exception. Je crois que la dernière fois que j’avais trainée dans un tel endroit, c’était y’a deux ou trois ans, et encore, c’était au niveau de Tokyo, pour mes études. Une soirée étudiante privée pour fêter la fin d’un semestre, et j’y étais pas spécialement restée longtemps. Toutefois, celui dans lequel on entra fut au moins un peu encourageant. C’était pas le truc de contrebande avec quatorze mafieux en costumes qui sortaient des murs et du plafond. Enfin, en apparence tout du moins. J’irais pas vérifier les murs pour savoir ça.

Du coup, on était quatre. Un derrière le bar, trois sur des tabourets, à avoir une conversation pas mal zarb. Surtout qu’on me remerciait pour ce que j’avais fait, alors que bon…

‘’J’sais pas si j’ai fait grand-chose hein. Mais je m’battrai pas pour les refuser.’’

Et du coup, j’me faisais… Payer un verre ? Genre vraiment ? Quoi, c’était pas que dans les films ou dans les séries, y’avait VRAIMENT des gens qui faisaient ça ?! Punaise, j’crois que j’découvrais un truc là, et j’avais l’impression d’être ultra conne, genre l’alien qui débarquait dans un autre monde.

‘’Euh… Euh… Si vous y tenez ? Je crois.’’

Ça c’était nouveau tout de même, mais à sa tête, il devait pas venir d’ici, donc… Probablement qu’il avait pas entendu parler de ma bouille et des scandales associés. Bon, bonne nouvelle à défaut ! Et j’me retrouvais embarquée dans cette affaire là, donc bon… Autant laisser un peu les choses s’apaiser avant de repartir.

‘’Et euh… Pour moi… Euh… Désolé, je suis vraiment pas habituée à ça.’’ Commençai-je, alors que mes yeux se perdaient sur la montagne de boisson qu’il pouvait y avoir derrière : ‘’Y’a peut-être un peu trop de choix en fait…’’

Bon, à défaut, solution de facilité. Je me tournais donc vers le barman / sauveur, pour lui demander :

‘’Hum, vous me conseilleriez quoi ?’’

Ouais bon, là, j’me sentais pas vraiment chez moi. Comme un canari hors de sa cage ou je sais pas quoi. Pourtant, c’était là le vrai monde, ce qu’il y avait à l’extérieur de mes fenêtres… Combien de Japonais se réunissaient chaque soir dans des endroits comme celui-ci, à boire jusqu’à des heures d’ordinaire pas possible mais qui me paraissaient actuellement complètement banales ? Bon… J’imagine qu’il y avait un début à tout, et ça allait être le mien actuellement, qui commençait donc avec un truc « simple » et « classique ».

‘’Merci du coup.’’ Fis-je en regardant un peu la bouteille. Une… Bière donc ? Je savais pas trop, mais là, refuser m’aurait mit dans une position… Eh, clairement pas le genre appréciable. Après tout, je m’étais fiée à son expérience, et donc… Oh puis merde quoi ! C’était chiant toutes ces appréhensions. S’il me donnait ça, c’était qu’il y avait une raison ! Punaise, foutu stress qui m’obligeait à être si… Passive. Putain.

Ouais, ça jurait dans ma tête, et sans la moindre goute d’alcool. Mais j’allais remédier à ça, vu que je pris une ou deux gorgée de ce que l’on venait de me conseiller. Et c’était… euh, spécial ? Fin… j’étais pas une grande fanatique de l’alcool, ou même tout simplement habituée. Mais j’devais reconnaître que c’était pas si mal. Après tout, j’avais pas tout recrachée dans une scène ridicule, donc… C’était une victoire, même si y’avait un goût vraiment bizarre qui en ressortait. Peut-être le goût de l’alcool ? Après tout… j’étais pas une habituée.

Même si bon, malgré ses conseils, j’continuais d’être pas forcément à mes aises. Après tout, mes conversations avec des inconnus avaient été pas mal limitées ces derniers mois, surtout depuis l’arrivée de mon nouveau statut. J’devais faire au mieux pour le cacher, sinon, ce serait direction l’asile et sans contrevisite.

Alors après, parler des lois contenant les pouvoirs des éveillés et de tout le reste… Ouais, c’était chaud tout de même. Et le paquet de chips qui venait d’être sorti me laissait penser que cette situation était… Vachement zarb quand même. Genre rencontrer des gens dans la rue et dix minutes plus tard, chacun à son verre et on discute gouvernement et suicide. Ouais… Chaud et zarb.

Mais du coup, j’me retrouvais avec l’histoire de celui qui nous avait réunis dans cette galère. Donc un « perdant »… Ouais bon, vu ce qu’il avait tenté de faire tantôt, c’était probable qu’il était au fond du gouffre, et el pourquoi… Son fils était mort, et sa femme l’avait trompé avec son meilleur pote. Erf, pas forcément très sympa comme combo, ce qui l’avait conduit à se faire virer de son groupe. Tout qui dégringollait en quelques temps…

J’comprenais ça.

Même si le chasseur, James, vint à me surprendre en lui proposant de l’amener avec lui en donjon ! C’était… C’était de la pitié trop poussée ou était-il sérieux ? Sans le connaître plus que ça ? Ou alors souhaitait-il redonner du sens à la vie de ce pauvre diable… C’était chevaleresque, un peu trop même, et y’avait cette question du « droit », vu la situation. Encore une fois, j’comprenais cette galère là, si bien que ça m’affectait, au moins un peu. P’têt par procuration, ou un truc du genre. Enfin, jusqu’à ce qu’on me demande de faire un peu plus que d’écouter.

‘’Euh… Que j’parle de moi ? Euh… Bah j’étais en train de faire mes courses en fait et…’’ Ouais, mauvais départ. Tout le monde s’en foutait que j’étais en train de trimballer mon cabas avec moi dans cette galère. Au moins, si l’apocalypse se déclenchait dans les prochaines minutes, j’aurais quelques provisions…

‘’Enfin, c’est surtout que j’comprends. Le fait de perdre tout contrôle sur sa vie, que y’a tout qui lâche à la chaine, et qu’finalement, on s’dit que ça puisse pas être pire… Ouais, j’comprend. Surtout qu’y’a pas de solution miracle à ça.’’

Et j’pensais que de dire que j’avais pensée, plus d’une fois, à commettre le même geste que lui, serait pas spécialement la meilleure idée à dire dans l’immédiat. Ouais, je venais de teaser sans apporter toutes les réponses, et là, j’avais un peu le regret de m’être lancée. J’crois que j’avais besoin de quelques autres gorgées là, histoire de faire passer la pilule.

Très franchement, j’savais pas ce que je faisais là. Fin si, je savais la suite d’événement qui m’avait conduit jusqu’à c’t’endroit en ce moment précis, mais… Bah, j’me sentais pas à ma place. J’avais pas l’habitude de fréquenter des bars et ce genre d’établissement, à écouter les lamentations d’un type qu’avait voulu sauter de j’sais pas trop combien d’étages pour mettre fin à ses jours. C’était… Une journée space tout de même, et peut-être que j’allais avoir besoin d’un remontant. Fin, j’avais la bière dans mes mains, et même si j’étais pas la plus habituée à ça, et que ça avait un goût vachement bizarre, c’était pas non plus le truc le plus imbuvable. En tout cas, j’avais clairement une plus mauvaise image que ça de la bière, donc…

Au moins, j’me coucherais moins bête ce soir.

Bref, notre barman, ou plutôt Ellyot, commença à raconter son histoire. Originaire de Belgique, arrivé sur l’archipel y’a quelques années, petits boulots pour finir barman. Fallait croire qu’il avait réussi à s’en sortir. C’était pas forcément simple d’être dans une telle situation. Mais bon, il s’en était sorti, et ce, malgré c’qu’il racontait ensuite, sur le fait qu’il avait perdu quelqu’un et co… Il avait perdu quelqu’un ? Peut-être une personne de sa famille, ou un proche… Tain, une curiosité malsaine de vouloir savoir qui me titillait, mais c’était clairement pas le moment !

Et malgré l’fait qu’il parlait au quarantenaire, je… Je sais pas, ça m’affectait dans un certain sens. Après tout, j’aurais pu m’trouver à sa place. Même si bon, j’avais pas vraiment de famille qui pourrait m’pleurer. Et j’pense que mon daron avait oublié mon existence, donc à partir de là… Difficile de faire autrement que d’imaginer c’que pourrait voir d’autres gens à mon égard. Peut-être que… Bon, y’en aurait pas mal qui seraient limite content que j’disparaisse, mais… Y’en avait surement qui tenaient à moi. Peut-être qu’une voisine pousserait un « Ah merde » sincère en apprenant ça…

Erf, pas bon pour l’ambiance ça.

Car bon, on partait pas sur ça spécialement, mais plutôt sur le fait qu’il se reprenait en main. Il acceptait finallement la proposition et bam, c’était reparti pour un tour ! De nouvelles aventures pour lui et compagnie. J’crois que j’me laissais aller à un petit sourire en coin face à ça, alors qu’il commençait à pleurer. Fallait croire que y’avait du bon tout de même parfois, et même la scène suivante me fit un peu rire. C’était sûr que d’aller en donjon, c’était du sport. J’l’avais bien compris la première fois où… Bah, j’me suis retrouvée en tant que joueuse. Longue histoire ça, mais pas trop à être ébruitée.

Et c’était peut-être l’heure de manger en fait.

‘’Hein- euh…’’ Fis-je, un peu dérangée alors que James s’adressait à moi, demandant si je comptais rester le ventre vide. J’avais déjà ma bière à finir et, pas mal de fois, j’avais prit tellement d’temps à manger devant une série que j’devais passer au micro-onde ma bouffe pour terminer tout ça. Et de plus rares fois, j’oubliais de la récupérer.

‘’J’comptais pas me laisser mourir de faim !’’ Fis-je, un léger sourire une nouvelle fois sur mes traits, tout en prenant quelques chips du bout de mes doigts. Au moins, j’avais de quoi tenir, même si j’étais pas non plus la personne qui participait le plus à cette conversation. ‘’Même si bon, j’ai surement un paquet de kilo à perdre…’’

Je n’en menais pas bien large dans cette discussion. Au final, j’étais tout de même contente que notre cher suicidaire ne soit pas six pieds sous terre et qu’il commençait finalement à voir une sorte de lueur d’espoir à travers tout ce qu’il pouvait y avoir. Si y’avait une chose qu’était certaine, c’était que le monde allait bien trop vite pour qu’on puisse se rende compte de tout ça, et dès qu’on avait une pointe de lucidité, bam, on se retrouvait complètement à la ramasse avec l’impression d’être inutile. Ou un truc du genre en fait, ça avait pas forcément tant d’importance que ça.

Fin, c’était surtout que j’me faisais une nouvelle fois embarquer dans tout ça. Déjà qu’à la base, c’était un peu ça qui m’avait amené ici, et maintenant j’me retrouvais attablée sans trop avoir le contrôle. D’autant que ça pouvait presque ressembler à une sorte de séquestration, vu que j’avais pas trop l’option de refuser… mais bon, ça me changera de la malbouffe habituelle que j’prenais, donc à défaut… Ça serait pas une si mauvaise idée, d’autant que Mirai me défoncerait si elle apprenait que j’avais refusé de manger à l’œil dans un autre endroit que mon canap.

‘’Bon bah… Si j’ai vraiment pas l’choix…’’ Fis-je en roulant des yeux, un petit sourire en coin par rapport à ceci. Evidemment que si j’avais un truc vraiment urgent, j’pourrais toujours fuir, mais bon. Les banalités que j’irais consulter sur le net pourraient bien attendre quelques dizaines de minutes en plus. Pas comme si tout allait exploser dans ce court intervalle de temps. Puis bon, si c’était le cas, pas comme si ma présence à un endroit ou à un autre aurait changé énormément de point.

Cependant… Bah, la petite réflexion que j’fis concernant mon poids vint immédiatement à faire attirer les regards, suivit de compliments, comme quoi j’en avais pas besoin, que mon corps était très bien et compagnie. C’était… Euh, pas mal gênant en fait de recevoir ce genre de truc. J’avais pas trop l’habitude de me faire complimenter sur mon apparence !

‘’Euh.. Euh merci ? Je crois… Enfin, c’est pas trop ce que me dis ma balance en fait.’’

Même si ça faisait un temps tout de même depuis la dernière fois que j’m’y étais essayé, et qui avait résulté du fait que… Bah on était un peu en froid toutes les deux. Rien de p… Bon si , tout était personnel et j’essayais depuis ce temps de me voiler un peu la face sur le fait que j’avais des kilos superflus. Mais depuis était arrivé un autre point, les quêtes hebdomadaires et leurs fâcheuses tendance à me mettre dans des situations où j’devais bouger pour m’en sortir. Donc… Peut-être que ça avait eu un effet en fait.

‘’Enfin, j’me suis fâché avec elle la dernière fois, donc… Peut-être que ça joue.’’

Surement ouais. M’enfin, ça empêchait pas que le repas si spécial allait s’faire finalement, et qu’Ellyot se retrouvait à tout préparer pour nous, les… Invités. Punaise, ça faisait zarb tout de même d’être considérée comme ça… Surtout qu’au risque d’me répéter, je considérais pas que j’avais fait grand-chose, alors qu’on me remerciait encore… C’était bien gênant quand même, et ça arrêtait pas de me mettre bien mal à l’aise.

Mais lorsque James vint à me tendre une carte, avec son numéro, j’devais admettre que je l’étais encore plus ! On me donnait son numéro, comme ça, juste car je lui avais donné un coup de main !

‘’Euh… Euh… Merci ?’’ Commençais, un poil confuse, avant de la ranger où j’pouvais, dans la première poche venue. ‘’Je sais pas trop. J’risque déjà de bien vous ralentir et… J’ai déjà un truc que je suis par moi-même.’’

Quête hebdo hein… J’mettais toujours un sacré moment pour m’en remettre. Toujours une bien belle galère à chaque fois, et fallait que j’me trouve suffisamment ingénieuse pour le faire. Mais des fois, ça passerait pas, et je l’aurais dans l’os.

Quand au repas… Eh bah, je pris un peu de tout. Pas souvent que j’avais l’habitude de manger comme ça, donc si j’pouvais repérer deux trois trucs qu’étaient bon, je comptais pas m’en priver ! Même si pour certains ingrédients, j’allais pas trop avoir l’occasion de me resservir, vu que les deux autres invités ne s’étaient pas vraiment gênés pour se jeter dessus ! Au moins, ils mangeaient avec appétit, c’était l’essentiel, non !

Bref, pour une fois, j’passais un repas en compagnie d’autres gens. Pour une fois, j’eu le droit à un repas plutôt bien sympathique, et dans une bonne ambiance. Bon, là je savais que c’était exceptionnel, vu la situation, et que d’autres fois, j’aurais à payer. Mais ça restait tout de même une bonne expérience ! Cependant, j’du tout de même partir un peu tôt par rapport aux autres, ayant tout de même des produits à mettre au frais avant que la chaine du froid soit encore plus brisée qu’elle ne l’était déjà. Quelques mots, un petit geste, le manteau sur le dos et hop, j’étais de nouveau en vadrouille, mais avec cette fois-ci l’adresse d’un bar en ville qu’était… Eh bien, pas mal du tout !