so lost
in the night sky
i'm faded
Le Deal du moment :
Sortie PlayStation 5 Pro : où ...
Voir le deal

Aller en bas
Vsevolod Yegorovich
Vsevolod Yegorovich
Messages : 7
Date d'inscription : 06/12/2020

Rituel et perversion [Quête solo] Empty Rituel et perversion [Quête solo]

Jeu 17 Déc - 18:25
Un dindon. Voilà quelle était sa cible. Lorsque le système lui avait expliqué, par le biais de son interface désincarnée, qu’il allait devoir pour satisfaire sa requête de la semaine chasser, Vsevolod avait d’abord été submergé par une joyeuse vague d’enthousiasme. C’était une activité dans laquelle il excellait, qu’il pratiquait depuis sa plus tendre enfance, et surtout qu’il appréciait par-dessus tout. Qui plus est, elle représentait après les diverses expéditions dans les donjons et le contact prolongé que ces dernières lui avaient imposé avec d’autres humains un moyen particulièrement appréciable de retourner aux sources, de se recentrer sur lui-même et de retrouver un peu la nature. Alors Vova, heureux et plein d’entrain, s’était préparé. La chasse devait débuter, avait-il lu, aux lever du soleil, dans les forêts paresseuses qui commençaient sur son terrain et continuaient en plongeant dans les recoins réellement sauvages de la nature de l’île. Il avait fait un bon repas, accompagnant la carcasse de sa dernière chasse d’un assortiment lourd et généreux de fayots en boites, achetés à grand frais dans une des quelques épiceries russes que l’on trouvait parfois dans la région. Il s’était soigneusement lavé, avait brossé ses dents et s’était assuré d’être particulièrement propre. Il avait rendu visite à la dernière personne qu’il avait enfermée chez lui, capturée sur le trajet du retour, et l’avait assuré du bon gout de sa jambe avant de l’exécuter sommairement et de jeter sa carcasse à ses bêtes. Il avait soigneusement sélectionné les vêtements qu’il allait porter le lendemain, des pièces certes décolorés par de nombreux lavages, mais solides et pratiques. Il avait accompli toutes ces petites choses, parties soigneusement orchestrées d’un de ses rituels, et avait traité cette chasse avec tous les égards qu’il réservait normalement à celles qui avaient pour but de traquer ses propres congénères. Tout cela, parce qu’il traitait le système avec soin, et qu’il prenait au sérieux ses directives.

Et maintenant que la lumière encore hésitante du jour dardait sur le lieu indiqué par cet esprit inconnu ses rayons roses, maintenant qu’il était harnaché, et que dans ses mains enthousiastes se reposait un fusil Baïkal (il n’avait techniquement pas le droit de chasser avec, mais le reste des nombreuses procédures administratives qui encadraient la chasse ici étaient en ordre, et personne ne venait vérifier chez lui), maintenant qu’il était prêt à retrouver véritablement la nature et sa nature, à abandonner temporairement la partie la plus encombrante de son humanité, à se ressourcer dans cet acte sacré, à honorer des générations d’ancêtres dans l’une des épreuves les plus pures de son espèce, le système lui présentait une dinde dorée. Une espèce de poulet glorifié, recouvert d’un écran d’or comme pour lui fournir la respectabilité que son allure ridicule lui interdisait en temps normal. Une dinde. Un animal stupide, lourdaud et doté de sens atrophiés, qui ne représentait même pour le plus débutant des chasseurs aucun réel défi. Vsevolod aurait aimé avoir quelqu’un à insulter, mais l’idée de prendre pour cible de sa colère l’écran bleuté du système lui sembla ridicule. Il se mordit à la place la lèvre inférieure, avant de suçoter le mince filet de sang qui s’en écoula. Peu importait, au final, se dit-il pour consoler. Il allait chasser ce dindon, lui loger une balle dans la tête, et se trouver ensuite une véritable proie. Pas un de ces sika, ces espèces de cerfs nains qui infestaient littéralement les régions sauvages de l’endroit, mais une vraie bête.

Traquer le dindon ne fut pas bien difficile. Outre le fait que ce dernier passe son temps à émettre des gloussements particulièrement sonores, il était littéralement doré et brillant, le rendant facilement repérable même au travers du bois qu’il traversait. S’approchant précautionneusement, Vsevolod rampa dans les fourrés, se hissant avec ses coudes, jusqu’à se retrouver en face de la maudite créature. Tout en elle l’irritait et provoquait dans son esprit un sentiment de révolte et de colère. C’était pour lui comme si le système avait décidé de délibérément le provoquer, de caricaturer un des piliers de son existence et de le forcer à participer à cette mascarade honteuse. Il mit le bestiau en joue, et visa. A cent mètres à peine de lui, le coup était assuré pour le tireur d’élite. Il pressa la gâchette, et la détonation emplit l’espace d’un instant assourdissant la nature silencieuse. Il se releva, et son sourire mauvais se changeant rapidement en une moue incrédule, puis en une expression de frustration et de haine profonde. L’animal n’était pas mort, et sautait sur place, le toisant d’un regard que le chasseur russe estima être profondément méprisant et moqueur. Pourtant, il était certain d’avoir bien visé.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, cette bestiole à l’apparence ridicule venait d’esquiver son tir, se montrant assez rapide pour éviter une balle.
Vsevolod Yegorovich
Vsevolod Yegorovich
Messages : 7
Date d'inscription : 06/12/2020

Rituel et perversion [Quête solo] Empty Re: Rituel et perversion [Quête solo]

Jeu 17 Déc - 21:31
Il resta planté quelques instants, immobile et sidéré. Une balle. Sous ses airs de grand péquenaud balourd et de brute, Vova pensait être relativement malin. Il était instruit, beaucoup plus que ce qui avait été exigé de lui lors de ses années d’études. Jeté dans un monde qu’il ne comprenait pas et qu’il considérait comme intrinsèquement étranger et hostile, un des moyens de palier ce problème avait été l’absorption maniaque et effréné de connaissances, particulièrement sur les sujets qui touchaient très directement à ses congénères. L’histoire, la littérature, les langues, la psychologie et toutes ces disciplines formaient dans sa tête un tissu interconnecté, bien que souvent analysé de manière peu conventionnelle. Une balle. Un projectile de métal allongé et pointu, servant de successeur à la flèche. Le symbole ultime de la domination de l’homme sur l’animal. Certes, ce dernier, en transformant leurs habitats, n’avait pas attendu de pouvoir simplement presser sur un petit bout de métal pour trouer à distance les corps des diverses espèces qui erraient sans but sur Terre. Mais c’était bien le fusil, et la balle, qui formaient ensemble le système mécanique qui symbolisait le triomphe du génie humain sur la férocité animale. Lui-même avait toujours été élevé dans le respect de cette vérité, aussi important pour sa famille que le caractère saint de l’icone blanchie qui tronait au-dessus de la cheminée, aussi immuable que le passage des saisons. Les loups, les ours et les tigres qui hantaient les étendues obscures et froides de la Sibérie n’étaient rien pour lui, tant qu’il avait entre ses mains cet humble tube de métal, fabriqué en série dans des usines lointaines et fumantes selon des principes inconnus. C’était là un nouveau totem mythologique, une arme capable de faire de la proie le chasseur.

Et aujourd’hui, l’animal se refusait à lui. Certes, il avait eu vent de chasseurs particulièrement prompts et rapides, capables d’éviter ce genre de projectiles, ou de monstres dotés des mêmes capacités. Mais c’était là des créatures qui dépassaient l’entendement de l’homme, des créations du monde nouveau proposé par les donjons. La forêt, sa forêt, celle qui démarrait sur son terrain dans laquelle il avait ses habitudes, n’était pas un donjon. C’était le lieu de ses rituel, parcouru de chemins qu’il connaissait et parcourait régulièrement, dont les troncs vénérables portaient pour beaucoup ses marques. Il était difficile, et à vrai dire insultant, de se dire après tout cela que la cause de ces réflexions effarées était, encore une fois, une bête prenant l’apparence honteuse d’un poulet bouffi et à la couleur criarde. Et que ce dernier, sautillant sur ses pattes grêles, le regardait de son œil de bête, dans lequel brillait par il ne savait quel prodige malvenu une lueur rieuse.

Ses doigts blanchis se desserrèrent un peu, laissant respirer la crosse de son arbre. Il devait se calmer. C’était là l’épreuve du système, et il avait été idiot d’imaginer qu’elle serait facile. Se contenter de lever un faisan aurait été représenté une épreuve bien trop facile après celle de la semaine dernière. Il y avait sans doute là une leçon à tirer, un enseignement sage à transformer en maxime dévote. Toujours rester méfiant et alerte, même devant les êtres aux apparences les plus inoffensives. Sans doute aurait-il été capable de mieux formuler cela s’il avait été plus empreint des courants mystiques de l’archipel. A la place de tout cela, il devrait se contenter de la satisfaction purement terrestre de l’offense dument lavée. Il se releva, regardant la bestiole. Il aurait été inutile de tenter de tirer une nouvelle fois dessus. S’il ne l’avait pas eu par surprise, il doutait sérieusement qu’une fois cet effet perdu, une tentative frontale n’aboutisse. Ce n’était pas en soi un problème, simplement une contrainte supplémentaire. Il regarda l’insupportable volatile, et s’éloigna, sourd aux bruits moqueurs qui suivirent sa retraite. Il lui suffisait de lui enseigner la même méthode qu’aux autres infortunés à avoir croisé sa route.

Ces créatures avaient beau être renforcées par le donjon, ni homme ni bête n’était capable d’égaler Vsevolod dans un domaine précis, domaine qui était pourtant d’une importance capitale : son instinct de prédateur et sa volonté à le mettre en œuvre. Il retourna à sa maison, troquant son fusil pour les outils nécessaires à l’élaboration des nombreux pièges qu’il comptait poser. Fort heureusement, l’endroit ne comptait aucun promeneur en cette saison, et il était de ce qu’il savait le seul chasseur présent à plusieurs lieux à la ronde, grâce à l’urbanisation de plus en plus importante de la population japonaise. Personne ne viendrait l’entraver dans sa noble quête.
Vsevolod Yegorovich
Vsevolod Yegorovich
Messages : 7
Date d'inscription : 06/12/2020

Rituel et perversion [Quête solo] Empty Re: Rituel et perversion [Quête solo]

Jeu 17 Déc - 22:07
Il lui fallut plusieurs heures de préparation, du matin encore hésitant jusqu’au milieu du soir, de lente méditation. Il trouvait toujours dans ce genre de pratique, en plus du plaisir simple que l’on pouvait éprouver en fabriquant soi-même ses outils, un effet calmant et presque méditatif, comparable sans doute à ce qu’éprouvaient les moines shaolin ou, plus proche de chez, les religieux qui entreprenaient l’escalades des montagnes. Rester assis et fermer les yeux, respirer en tentant de supprimer ce qui faisait l’être ne l’attirait pas. Il vivait les yeux ouverts, les narines remplies de l’odeur du monde, le conflit et la lutte dans le sang, et il espérait qu’au lieu de l’illumination la plus vénérable, il mourrait un jour le corps brisé mais l’esprit intact. C’est ainsi qu’il imposa à la nature sa marque si familière, répétant une fois de plus les gestes mille fois répétés. Ici, la branche se tordait, et la corde déformait la forme jusque-là intouchée de l’arbre. Là, le sol s’ouvrait comme une plaie béante, avec comme seule ossements les pointes de bois taillées qu’il avait préparées. Le barbelé coupait certaines routes, parfois visible, parfois caché de manière cruelles dans les buissons bas et sous la bruyère retournée. Les collets trompeurs attendaient dans les virages, et les fils métalliques et tranchants, invisibles et vicieux, attendaient la venue de l’imprudent. Sur près d’un kilomètre carré, la zone n’était plus que mort et désolation, et Vsevolod regrettait seulement de ne pas avoir accès à un arsenal plus conséquent. Il avait parfois eu le privilège insigne, lorsqu’il vivait encore en Russie, de piéger certains hommes à l’aide de mines ou de produits incendiaires, vestige de l’empire soviétique et de ses ambitions impérialistes.

Il retint difficilement un tremblement excité et un rire nerveux, le souvenir de l’explosion tonitruante et des flammes qui montaient en volute langoureuses jusqu’aux cieux déclenchant en lui un désir presque sexuel. Il lui faudrait trouver une autre proie, bientôt, une proie véritable et plein de chair et délicieuse. La dernière avait beau être fraiche encore, elle ne lui suffisait pas. Mais pas tout de suite. Pour l’instant, il se faisait l’exécuteur de la volonté désincarnée du système, et s’acquittait de sa corvée, aussi indigne qu’elle puisse être. Il se saisit de nouveau de son fusil, l’épaulant d’un geste rapide, son poids le ramenant au présent, loin de ses idées brumeuses et de leurs images charnelles et apocalyptiques. Il doutait de l’utilité de l’arme, mais il lui avait semblé comprendre que l’emplumé qu’il chassait était doté d’une certaine intelligence, et laisser tomber son arme risquait de l’alerter quant à ses intentions et au réel danger qui l’attendait. Le risque était mince, mais il ne lui semblait pas nécessaire de le courir. Il se remit donc en quête de la créature dorée, cherchant à lui mettre la main dessus. Cette dernière ne fut une fois de plus pas bien compliquée à trouver. En plus de sa couleur brillante, elle ne fournissait aucun effort particulier pour se cacher, semblant à la place faire l’étalage de sa confiance en ses propres capacités pour lui échapper. Vsevolod avait, lors des pauses qu’il avait marqué entre l’élaboration de ses pièges, observé la bête, cherchant toute forme de déviance dans son comportement, et il s’était rapidement compte de plusieurs choses. Premièrement, elle ne mangeait ni ne buvait. La vie d’un animal était normalement assez simple : manger, dormir, remplir les devoirs imposés par sa place dans la chaîne alimentaire, et à l’occasion se reproduire. C’était globalement tout, mais il ne semblait que cela concerne la créature.

Ce n’était pas en soi particulièrement étonnant. Ce qui était plus curieux était que malgré la présence physique de la bestiole, des empreintes visibles bien que légère qu’elle laissait sur son passage, de la végétation qui s’écartait lorsqu’elle la traversait, les autres animaux semblaient l’ignorer. Cela faisait plus d’un siècle que l’île ne comptait plus de prédateur réel, et les herbivores proliféraient grâce à cela, au point de devenir moins méfiant et de parfois pousser dangereusement proche de territoires qu’ils évitaient autrefois. Mais malgré cela, la présence d’une chose inconnue à la couleur si particulière, et surtout facilement associable aux lumières produites par les hommes, que ce soit par leurs voitures ou leurs centres urbains, tout deux synonymes de danger pour le monde animal, aurait du alerter la faune locale. Il n’en était rien, et le poulet pouvait même s’approcher tout proche des habitants de la forêt sans que ces derniers ne réagisse. Que ce soit parce qu’ils n’avaient pas conscience de sa présence ou parce que le système exerçait sur eux une quelconque influence, le chasseur n’en savait rien. Mais c’était néanmoins une découverte curieuse, quelque chose qu’il lui fallait retenir. Tout détail pouvait se révéler important, sinon aujourd’hui pour tuer sa cible, peut-être demain lorsque le système exigerait une autre réaction de sa part.

Ayant remonté la piste de la dinde, il se prépara à mettre enfin son plan en action.
Vsevolod Yegorovich
Vsevolod Yegorovich
Messages : 7
Date d'inscription : 06/12/2020

Rituel et perversion [Quête solo] Empty Re: Rituel et perversion [Quête solo]

Jeu 17 Déc - 22:35
Le chemin qu’il avait dressé pour l’animal était assez simple : c’était un long couloir au tracé serpentin, plein de courbes traitresses et de dénivelés trompeurs, qui se finissait abruptement dans un cul-de-sac naturel formé par plusieurs affleurements rocheux. Si l’animal réussissait à lui échapper jusque-là, il se retrouverait au moins pris au piège, et Vsevolod pourrait alors le travailler au couteau. L’idée lui plut, mais il se contenta pour le moment de viser de nouveau, et de tirer. La créature esquiva une fois de plus le projectile, mais cela ne surprit cette fois-ci pas le chasseur. Il s’était adapté, et elle non. Il avait déjà gagné. Il tira une fois de plus, puis une autre, et encore une de plus, ne laissant pas à son ennemi l’occasion de choisir la voie de sa retraite. Une fois la cible de sa quête rabattue dans le couloir piégé qu’il avait créé, il repassa son fusil en bandoulière. Le rôle de son armé était accompli, et il pouvait maintenant passer à la partie pour laquelle il s’était si longuement préparé. Ses mains, malgré leurs cals, étaient rougies et gonflées par le travail, et son front comme son col étaient maculés des traces séchées de sa sueur. Il puait d’ailleurs assez fort, une odeur âcre de transpiration, et sentait ses membres alourdis par la sensation familière d’une journée de dur labeur. Mais il n’était pas encore temps de se reposer, et sa course se fit derrière celle de l’animal conquérante.

Il la poursuivit d’aussi près que possible, et malgré ses efforts, dut bien avouer qu’il ne pouvait pas réellement tenir l’allure. L’animal était bien plus rapide que lui, et plus endurant encore. Son corps surnaturel défiait les lois de la biomécanique, et il maudit l’imagination perverse du système, qui lui infligeait cette cuisante humiliation. Lui, qui savait traquer les bêtes les plus dangereuses, réduit à l’état idiot de chasse-poulet. Il serra les dents, et se força à garder le rythme. Lui avait au moins l’avantage de connaître à l’avance la position des pièges. Si l’animal put facilement esquiver les premiers pièges, ces derniers le forcèrent rapidement à comprendre le danger dans lequel il se trouvait, et à ralentir quelque peu l’allure, se faisant plus prudent. Il pouvait esquiver, dix vingt, cinquante mécanismes s’il le voulait. Il pouvait échapper aux cordes, aux nœuds et aux pointes. Mais une erreur, un seul pas moins bien assuré que les autres marquerait la fin définitive de sa course et le triomphe de son poursuivant. La bête, résuma Vsevolod, avait pour elle les capacités surnaturelles du système. Lui avait l’héritage de quatre-vingt milliards d’humain et deux millions et demis d’années de lutte. Aussi impressionnants que soient les dons de l’animal, la lutte n’était pas égale.

La quête était de toute façon de toute évidence pensée pour qu’il triomphe, et s’il ne doutait qu’elle soit à la base plus un test de son endurance et de son agilité que de sa créativité et de l’étendue de sa cruauté, le joueur n’était pas homme à se formaliser sur les méthodes employées. A la fin, il était vainqueur, et le reste n’était que détails insignifiants et vanité. Plusieurs fois, il crut voir arriver la fin de son ennemie, et plusieurs fois, il la vit profiter de ses dons pour éviter de justesse une embuscade particulièrement vicieuse. Mais malgré cela, malgré la dizaine de minutes qu’il passa à courir derrière elle, à forcer l’allure pour ne pas la perdre de vue, il ne put pas la rattraper avant qu’elle ne parvienne au couloir final. Il la regarda entamer le dernier virage, qui devait l’amener dans la petite cuvette. Il ne doutait pas de sa capacité à s’en échapper en temps normal, mais il avait ici assuré le coup. Il trancha une corde derrière elle, et cela libéra deux lourds panneaux de bois, qui vinrent se rabattre dans un bruit lourd sur le haut des rochers, transformant le tout en une caverne improvisée, dont la seule sortie était gardée par le chasseur.

Dans l’obscurité de cette dernière, il était facile de percevoir le corps luisant de la bête. Vova se saisit de son couteau de chasse, et s’approcha d’elle. Le face-à-face avait beau ne rien avoir d’épique, il était en ce moment immensément satisfait de l’avoir enfin à sa merci. Il s’approcha, la regardant tenter de le contourner, sans qu’il ne lui en laisse jamais l’occasion. Elle était sienne, maintenant. Il se jeta sur elle, son arme illuminé d’un éclat prophétique, et dans un geste rageur, trancha dans sa direction. La créature esquiva, et, poussant pour la première un cri de défi triomphal, se rua vers la sortie.

Vova ne répondit pas par sa propre interjection. Pivotant dans les airs juste avant de tomber, il lança son couteau, tranchant une nouvelle corde. Une fois de plus, son mécanisme se déclencha, et une fois de plus, les lourds panneaux de bois se rabattirent, venant cette fois cueillir en plein vol le malheureux dindon, le renvoyant vers l’intérieur de la cave comme l’aurait fait pour une balle de tennis une raquette. Sonné par le choc soudain, la bête s’écrasa au sol, alors que déjà Vsevolod, ivre du sentiment de sa victoire prochaine, se jetait sur elle. Il écrasa ses grosses mains sur elle, et, la piégeant sous son poids, leva son poing droit, avant de l’écraser sur sa tête. Elle allait mourir. Il allait voir son corps sans vie sous lui, et sentir ses derniers tressaillements, et se délectait de son trépas, scellant de manière définitive sa supériorité. Ses doigts serrés ne rencontrèrent que le sol de la terre, et la lumière qu’avait jusqu’à présent dégageait la créature cessa d’éclairer l’endroit fermé dans lequel il se trouvait, le plongeant dans les ténèbres les plus complètes. Seule la lueur familière de l’écran éthéré du système vint troubler après quelques courtes secondes l’obscurité, l’informant des résultats de sa mission. Il n’avait jamais été question qu’il tue l’animal, se rendit-il compte. Juste qu’il l’attrape.

Quelqu’un allait devoir payer, se rendit-il compte. Il pensait avoir en lui la patience d’attendre même un peu avant de fondre sur sa prochaine victime, mais cette dernière se faisait comme la neige au soleil.
Contenu sponsorisé

Rituel et perversion [Quête solo] Empty Re: Rituel et perversion [Quête solo]

Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Utilisateurs en ligne :
Connectés au cours des 48h :